Chapitre 6 : Tu pourrais en avoir besoin toi aussi

LE LENDEMAIN, BASE DE RECHERCHE SECRÈTE DE LA KCIA

Si vous avez toujours voulu savoir à quoi ressemble une base secrète professionnelle de la KCIA, Jungkook pourrait désormais vous en donner une description très précise.

Imaginez-la nichée au cœur de la forêt, sur une parcelle étrangement bien entretenue et parfaitement tondue de plusieurs hectares. Avec des murs brun terreux bloquant toute lumière extérieure, des dalles de pierre recouvrant le sol, des toits plats qui donnent un air de station martienne, et une multitude de blocs carrés reliés entre eux par des couloirs longs et interminables. Clairement, c'était l'enfer moderne sur un terrain de golf.

Cependant, ce manque de goût avait quelques avantages : l'absence de voisins bruyants et une légère préférence pour de charmantes petites cours verdoyantes. Ces points étaient indéniablement positifs.

La voiture, remplie de Jungkook, Jimin, Taehyung, Yoongi et Hoseok, s'arrêta devant une grande porte vitrée tournante, gardée par trois hommes en costume, probablement armés.

"Bienvenue dans mon établissement," déclara l'agent de la KCIA, boutonnant son blazer en entrant. "Ma mission consiste à enquêter sur l'application des pouvoirs paranormaux dans la défense militaire."

"Ou l'offensive," corrigea Yoongi, vêtu d'un col roulé noir sous une veste en cuir brun foncé.

Le professeur Jeon marchait à ses côtés sans se priver d'entrer dans sa tête. Ou dans celle de qui que ce soit d'ailleurs. Il portait une chemise, un sous-pull et un blazer noir.

Le télépathe avait du mal à cerner cet homme à ses côtés. Il n'y avait rien de plus troublant que les pensées d'un homme qui n'a pas peur de la mort. En seulement quelques heures avec lui, Jungkook avait déjà vu plus d'horreurs dans sa tête qu'un film sur le génocide de 1915.

Yoongi pensait souvent à sa mère. Jungkook l'avait fréquemment entendu répéter son nom dans ses pensées. Aujourd'hui, c'était différent : il pensait à Jinyoung Park. Il réfléchissait au meilleur moment pour les planter et retourner à ses affaires de meurtre.

Jimin, à côté de lui, était bien habillé, ses cheveux blonds toujours aussi remarquables.

Taehyung, quant à lui, pouvait porter n'importe quoi ; l'œil de Jungkook serait toujours attiré par les coutures à moitié ouvertes de ses vêtements, un vieux tic difficile à perdre.

"Ce gars Park, Jinyoung, peu importe comment vous l'appelez... il travaille avec les Japonais. On pourrait avoir besoin de votre aide pour l'arrêter," expliqua l'agent un peu bedonnant en avançant.

Jungkook comprit immédiatement ce que signifiait 'aide'. "Merveilleux. Donc on va devenir la nouvelle division mutante de la KCIA, c'est ça ?"

"Plus ou moins," répondit simplement Hoseok avant de les conduire directement au laboratoire central.

C'était époustouflant. Comme Jungkook l'avait pressenti, les moyens développés par la KCIA dépassaient tout ce qu'il pouvait imaginer. Même s'il pouvait se permettre de racheter l'ensemble du complexe, le laboratoire était bien plus qu'un simple lieu de tests et de découvertes. Il y avait toutes sortes de modèles, de combinaisons, de traitements et de recherches.

Hoseok les arrêta devant un énorme avion suspendu par des câbles au milieu d'un arc en béton.

"C'est— euh... supersonique", lança une voix légèrement nerveuse depuis un bureau au centre de la pièce, juste devant l'avion. "Le plus avancé jamais construit."

"Soobin, voici les nouvelles recrues spéciales dont je te parlais", présenta Hoseok, les yeux brillants d'admiration. "Voici Soobin Choi, l'un de nos jeunes chercheurs les plus talentueux."

Choi Soobin portait des lunettes un peu trop grandes, ses cheveux plaqués sur le côté formant une étrange frange et une chemise à carreaux sous une cravate bien trop serrée. Par-dessus ce manque de style évident et cette absence de confiance, il avait enfilé une blouse de laboratoire et aligné trois crayons par taille dans la petite poche de devant.

Jungkook trouva difficile de ne pas remarquer son don. C'était aussi évident que le nez au milieu du visage ou la blouse sur le costume."Magnifique", s'approcha-t-il, tendant une main chaleureuse. "Un autre mutant, déjà là. Pourquoi ne pas l'avoir dit ?" demanda-t-il à leur nouveau patron.

"Dire quoi ?"

Jungkook soupira et regretta aussitôt ses mots.

"Parce que vous ne saviez pas... Je suis tellement, tellement désolé", s'excusa-t-il auprès de Soobin.

Soobin hésita un moment. Ses pieds... n'étaient pas vraiment des pieds.

Il hésita en regardant Jimin. En face d'un homme aussi beau, c'était comme montrer son dos poilu ou les prémices d'une calvitie en se penchant. Mais il le fit tout de même, retirant lentement ses chaussures puis ses chaussettes.

Si certains s'attendaient à voir deux pieds un peu cornés et à l'odeur douteuse, ils furent certainement surpris de découvrir deux mains usées aux ongles bien soignés.

"Splendide", rit Jungkook, c'était encore mieux qu'il ne l'avait imaginé.

Soobin leva la tête et se retrouva face au sourire éclatant de Jimin. Ses lèvres rouges s'étiraient sur des dents blanches comme une liqueur fruitée sur une glace. Le grand scientifique semblait particulièrement apprécier ce sourire. Il le fit en retour, ravi de le voir si heureux.

Jungkook s'éloigna légèrement, s'appuyant contre une barrière pour observer la scène. Soobin, visiblement motivé à impressionner Jimin, se mit en valeur de la manière la plus inattendue. Il s'élança dans un saut majestueux, accrochant ses mains – ou plutôt ses pieds – à une aile de l'avion supersonique, restant suspendu à l'envers dans une posture de singe en pleine gloire.

"Ta-da..." lança-t-il précipitamment pour couvrir la surprise générale, et surtout sa propre gêne.

L'agent Kim n'en revenait toujours pas. L'apparition de mutants était encore tellement nouveau dans son univers. Jimin, pour sa part, trouvait cela encore plus incroyable que drôle, tandis que Yoongi continuait à réfléchir à la manière d'attraper Park lors de leur prochaine rencontre. Ses pensées étaient perpétuellement focalisées sur cette mission.

Jimin s'approcha du chercheur suspendu.

"Vous êtes incroyable..." murmura-t-il, sans se rendre compte de l'impact de ses paroles.

Il n'était pas habitué à ce qu'un humain aussi beau lui parle d'aussi près. "Vraiment ?"

Et Jimin souriait encore plus que lorsque Jungkook lui avait offert le premier diplôme qu'il avait reçut d'Oxford. Ça réchauffait le cœur du professeur de voir le blond s'attacher et se faire des amis. Il méritait de rencontrer un homme aussi pur que Soobin. Il parvenait à garder des pensées saines, donc il n'y avait rien à craindre.

En tout cas, il ne pouvait pas en dire autant de tout le monde dans la pièce...

QUELQUE PART DANS L'OCÉAN ARCTIQUE, À BORD DU SOUS-MARIN DE PARK

Le sous-marin de Jinyoung Park reflétait parfaitement la personnalité de son propriétaire : luxueux, puissant et équipé des technologies les plus avancées. Le grand salon qu'il s'était aménagé brillait d'une blancheur immaculée et glaciale. Les étagères méticuleusement ordonnées, remplies de livres sur les sciences et la littérature Japonaise, non pas par amour du savoir, mais pour rappeler silencieusement sa supériorité intellectuelle. Il y avait aussi une petite télévision qui diffusait des images en noir et blanc captées par une antenne satellite, transformant ce qui devait être une simple halte en une pause stratégique pour suivre l'actualité.

"'La présence de missiles coréen à Taiwan représente une menace sans précédent pour le peuple de chinois et japonais', a averti aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères japonaise, Shota Hiroto." déclarait la télévision, passant d'images de Taiwan au président coréen, puis à Shota. "Mais il a rapidement insisté sur le fait que les Japonais ne seraient pas les premiers à initier une action militaire."

Jinyoung tourna la tête vers Somi, assise à côté de lui sur le canapé. Ses cheveux blonds encadraient un visage marqué par l'inquiétude. Il observa un instant cette expression vulnérable, une émotion qu'il savait exploiter à son avantage.

"Oui, on règlera ça dès qu'on arrivera au japon", ria-t-il d'une voix dénuée de toute compassion.

Somi redressa le menton, essayant de masquer son appréhension derrière un air de défi.

"À moins que la KCIA ne nous trouve avant."

"Je m'occuperai d'eux aussi."

"Si ce télépathe entre dans ta tête, il ne sera pas aussi amusant que moi", elle tenta avec une lueur de crainte dans le regard.

Il percevait sa peur, qu'elle croyait cacher, mais qui ne faisait qu'alimenter son mépris.

"Déjà pris en main, mon amour", la rassura-t-il, non par affection, mais parce qu'il savait qu'une Somi confiante était plus utile qu'une Somi effrayée. Il se leva pour ouvrir une boîte posée sur le petit bar, prenant soin de montrer une attention calculée. Il en sortit un casque au design unique, lisse et arrondi sur le dessus, avec des pointes menaçantes à chaque extrémité. "Les Japonais... m'ont fabriqué ça," murmura-t-il en enfilant un casque, le métal froid épousant ses joues avec une précision presque chirurgicale. "Alors, à quoi je pense ?"

Somi tenta d'entrer dans son esprit, mais son échec évident l'amena à admettre avec frustration : "Je ne sais pas..."

Jinyoung lui offrit un sourire, un masque de bienveillance dissimulant à peine son mépris pour sa faiblesse. Son regard glissa sur le décolleté qu'elle avait choisi ce jour-là, savourant d'autant plus sa propre domination.

"J'étais entrain de me dire que tu étais la chose la plus exquise que j'aie jamais vue dans ma vie... Et que ça manque de glaçons." Il tapa sur son verre, son ton passant brusquement de la séduction à l'ordre. "Va m'en chercher."

Le sourire de Somi disparut alors qu'elle se levait pour ajouter quelques glaçons dans son verre.

"Bonne fille", murmura-t-il, satisfait de constater qu'elle aussi, avec toute sa volonté, restait exclue de ses pensées grâce au casque.

RETOUR À LA BASE SECRÈTE DE RECHERCHES DE LA KCIA

Jimin se fichait bien de savoir où Jungkook avait disparu. Pour être honnête, c'était la première fois qu'il s'en souciait si peu. Ce crétin de Jeon pouvait être n'importe où, cela n'avait plus d'importance. Oui, cela lui traversait parfois l'esprit, mais il préférait concentrer son attention sur Soobin. Lui, au moins, le regardait avec une intensité qui le faisait se sentir vivant.

Après son petit spectacle, les autres étaient partis élaborer un plan d'attaque. Soobin, quant à lui, avait proposé de discuter. Un rendez-vous dans un laboratoire ? Il n'avait jamais fait ça.

Le métamorphe adorait les yeux de Soobin. Mais plus encore, il adorait la façon dont il le regardait, comme s'il était la plus belle œuvre d'art du monde. Après tout, il le méritait. Soobin n'était ni prétentieux, ni intrusif, ni constamment ailleurs. Il y avait quelque chose de charmant chez lui, avec ses lunettes de génie mathématique. Il n'essayait pas de le manipuler, ni de le traiter comme un enfant, et c'était rafraîchissant.

Il avait soigneusement étalé un drap sur le sol d'un des moteurs de l'avion, juste derrière une hélice, pour éviter que son pantalon ne se salisse. Une attention délicate, en contraste flagrant avec sa routine quotidienne.

"Je— je me suis promis de trouver un remède, depuis que je suis enfant. Tu n'as pas idée de ce que je donnerais pour me sentir-"

"Normal", compléta Jimin sans hésitation.

Soobin incarnait ce qu'il recherchait depuis toujours. Quelqu'un qui, contrairement à Jungkook, ne le faisait pas se sentir comme un fardeau.

"Jungkook n'a jamais compris. Il est différent, mais... il n'a jamais eu à se cacher." Il observa Soobin lever les yeux, comme si c'était évident. "Soobin, ce sérum que tu fabriques, il n'affecte pas les capacités n'est-ce pas ? Juste l'apparence. Il la normalise."

"Oui."

"Tu penses qu'il pourrait marcher sur moi ?"

"Eh bien, je- je peux me pencher sur la question, si tu veux. Je veux dire, c'est la moindre des choses après t'avoir demandé de venir ici avec une requête aussi étrange."

Avec Soobin, il savait où il mettait les pieds. Il sourit intérieurement. Soobin était différent des autres, et c'était précisément pour cela qu'il l'intéressait. "Eh bien, je dois admettre que, d'habitude, quand des gars m'invitent, ils ne s'intéressent pas à mon sang."

Choi rougit légèrement, maladroit face à l'évidence de la question que posait Jimin avec tant d'assurance. Même ses yeux semblaient avoir du mal à croire qu'il menait une conversation si longue avec un mutant aussi beau que lui.

"Euh, désolé. Je-je n'avais pas l'intention d'être direct. J'étais juste excité", dit-il, sa voix trahissant un mélange de nervosité et d'admiration.

Soobin Choi semblait le trouver fascinant sans qu'il ait à faire le moindre effort, et cela plaisait à Jimin.

"Tu sais, euh, la... la nature de ta mutation. Si des gènes détiennent la clé pour changer l'apparence, ils... ils sont dans les tiens."

"Soobin, tu n'étais pas direct. C'est un peu ce que je voulais dire."

"Non... Mais je suis désolé si tu l'a pensé."

"Et moi, je suis désolée que tu ne l'aies pas été", répliqua-t-il, se rapprochant de lui, sans détour, appréciant l'effet qu'il avait sur lui. "Vas-y, prends mon sang", son regard ancré dans le sien, le dos de sa main effleurant sa cuisse, un geste calculé pour lui montrer qu'il avait le contrôle.

Soobin inspira brusquement, prenant un moment pour se ressaisir avant de reprendre son travail. Il retroussa soigneusement sa manche, essayant de ne pas paraître étrange ou mal à l'aise sous le regard assuré du blond. Jimin l'observa calmement, sa confiance grandissant en voyant l'effet qu'il avait sur lui.

"Désolé. Je t'ai fait mal ?" demanda immédiatement Soobin après avoir remarqué sa légère réaction.

Il sourit, touché par sa véritable prévenance, avant de se rapprocher pour l'embrasser. Il était rare qu'un homme s'inquiète pour lui sans rien attendre en retour, et cela le captivait.

"Osé", lança la voix de Yoongi, surgissant de nulle part.

Il passa près d'eux, les mains dans les poches, s'approchant. Jimin, qui s'était assis brusquement et laissa Soobin de son côté du réacteur.

"Au fait si je ressemblais à toi", continua-t-il, regardant Jimin, qui avala difficilement, puis Soobin. "Je ne changerais rien.

Le trentenaire ne comprenait pas pourquoi ces gens n'agissaient pas pour arrêter Park. Ils avaient vu ce dont lui et ses hommes étaient capables. Il fallait le tuer.

Cette pensée le hantait depuis leur arrivée sur le site. Ils se permettaient même de s'adonner à des romances absurdes, sans la moindre excitation. Ce Jimin avait bien plus de charme et de pouvoir que la plupart d'entre eux, et il ne pouvait s'empêcher de ressentir à la fois de la pitié et une attirance subtile pour le mutant. Mais tant pis, si il choisissait un jeune puceau comme Soobin, c'était son problème.

Il quitta le laboratoire, se dirigeant rapidement vers l'endroit où il voulait vraiment aller, et referma précipitamment la porte du bureau derrière lui. Ses doigts parcoururent fébrilement des dizaines de dossiers jusqu'à ce qu'il trouve enfin ce qu'il cherchait.

Park Jinyoung. DOSSIER N° 118470

Yoongi glissa le dossier dans sa mallette, impatient de se tirer d'ici. Avec un peu de chance, personne ne l'empêcherait de partir.

La base de la CIA était aussi grande qu'un paquebot de luxe. Jungkook se le rappelait à chaque pas. Il y avait tellement de couloirs, tous peints du même gris monotone, avec les mêmes sols en béton poli et les mêmes portes métalliques noires coulissantes partout. Quel gâchis... Ils auraient au moins pu rendre l'endroit un peu plus accueillant, au lieu de le faire ressembler à un bunker des années 1920.

Le professeur marchait nonchalamment jusqu'à atteindre une intersection, où il croisa par hasard son homologue tendu et pressé. Oh, Jungkook savait exactement ce que Yoongi préparait et où il se dirigeait. Tout comme Yoongi savait parfaitement que Jungkook n'était pas là par hasard. Le long couloir rectiligne entre eux faisait résonner leurs paroles alors qu'ils échangeaient des banalités.

"Tu vas où ?" demanda Jungkook.

"Je vais à la salle de sport", répondit l'autre en mentant, une mallette à la main droite.

"C'est par là", indiqua Jungkook en pointant dans la direction opposée, juste pour l'agacer.

Yoongi haussa un sourcil et riposta, "Et toi, où tu vas ?"

"Je comptais me faire une tasse de thé."

"La cuisine est par là", indiqua Yoongi en pointant devant lui, à l'opposé du chemin de Jungkook.

Avec ses lèvres pincées et son regard fixe, Yoongi savait évidemment qu'il mentait. Jungkook le suivait.

"D'accord", répondit Jungkook en hochant la tête, pressant ses lèvres l'une contre l'autre. Maudit Min Yoongi.

Ils se jaugèrent une dernière fois, comme pour dire : "Je ne serai pas le premier à céder", puis tournèrent tous deux dans la direction indiquée par l'autre.

Les couloirs étaient déserts, et en un rien de temps, Yoongi atteignit la porte principale. La nuit enveloppait son départ, et demain, tout le monde aurait oublié qu'il avait été là. Il marchait rapidement sur le béton, savourant l'air frais qui l'envahissait de nouveau.

"Vu ce que je sais de toi, je suis surpris que tu sois resté aussi longtemps", lança une voix grave dans l'obscurité du bâtiment.

Jungkook Jeon l'attendait, puisqu'il avait déjà deviné chacun de ses mouvements. Yoongi se retourna, ses yeux trouvant immédiatement ceux de l'homme qui semblait incapable de rester loin de lui. D'abord dans l'eau, le couloir et maintenant ici. Il avait un sérieux problème. Une pointe d'irritation, mêlée de frustration, surgit en lui.

"Qu'est-ce que tu sais de moi ?" cracha-t-il, sa voix trahissant une menace qu'il espérait suffisante pour tenir Jungkook à distance.

"Tout."

"Alors tu sais qu'il vaut mieux rester hors de ma tête."

"Je suis désolé, Yoongi, mais j'ai vu ce que Park t'a fait", répliqua-t-il en le suivant de quelques pas.

Yoongi le tuerait lui aussi s'il essayait de se mettre en travers de son chemin. Jungkook n'avait ni la carrure d'un chef de gang ni celle d'un politicien. Il pouvait l'étrangler ici et maintenant sans que personne ne s'en aperçoive.

"J'ai ressenti ton agonie. Je peux t'aider", continua l'autre, imperturbable.

"Je n'ai pas besoin de ton aide."

"Ne te mens pas. Tu avais besoin de mon aide hier soir. Ce n'est pas qu'à moi que tu tournes le dos. Ici, tu as l'occasion de faire partie de quelque chose de bien plus grand que toi."

Être quelqu'un de bien ? Quelqu'un de grand ? Yoongi n'y avait jamais pensé. Toutes ces années, il n'avait vécu que pour la vengeance et la douleur. Jungkook mettait des mots sur des idées qu'il s'était interdit d'avoir, par peur de sombrer dans la folie : la bonté, le calme, la rédemption. Mais pouvait-il seulement ressentir cela ?

"Je ne t'empêcherai pas de partir", informa le télépathe en secouant la tête. "Je pourrais. Mais je ne le ferai pas." Il se dirigea vers la porte vitrée, reculant d'abord pour continuer à le regarder, puis se retournant. "Park a des amis. Tu pourrais faire de même toi aussi..."


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