MACAO, CHINE

Le Atomic Club était l'un des endroits les plus chics de Macao, le Las Vegas asiatique par excellence. Les plus belles voitures, les plus belles femmes et les plus riches personnes du pays s'y rendaient régulièrement. Taehyung en était certain : ce soir, c'était le soir pour attraper du criminel en flagrant délit.

Il n'avait ménagé aucun effort. Avec son collègue, l'agent Kim Seokjin, il avait surveillé le club pendant deux jours, assis dans une voiture inconfortable. Ils observaient les allées et venues des clients à travers une paire de jumelles noires.

Son collègue soupira bruyamment. "Une autre journée au bureau."

Taehyung remarqua quelque chose d'inhabituel." C'est pas le Colonel Park, ça ?"

"Le gars de l'OTASE ?"

"Ouais."

Il tendit les jumelles à son collègue, essayant de voir à travers le pare-brise et les reflets des néons à l'œil nu.

Seojoon était un homme dans la quarantaine. Plutôt beau garçon, le visage fier et le corps bien batit, il portait un costume trois pièces acheté chez le tailleur le plus réputé de New York.

Son partenaire confirma l'observation. "Oui, c'est lui. Parce qu'il y a trois chefs de la mafia, l'ambassadeur Japonais et le PDG de Loheed."

"Ils ne peuvent pas tous être communistes," ajouta Taehyung en fronçant les sourcils." Ce Hellfire Club, ça doit être quelque chose."

L'agent Kim eut un petit rire moqueur en pointant ses jumelles vers un groupe de jeunes hommes arrivant dans des tenues minimalistes, leurs abdos huilés à la vue. "Tu vois ça ? Salut les gars... Waouh. Très sympa."

Taehyung enlevait déjà sa veste et son t-shirt, tandis que son collègue était littéralement en admiration devant tant de testostérone et de muscles.

Il se tourna vers lui sans prêter attention à la scène et faillit s'étouffer." Qu... Qu'est-ce que tu fais ! ?"

"J'utilise un équipement que la KCIA ne m'a pas donné," répondit Taehyung en ouvrant la porte de l'Impala en sous-vêtements. "Reste là."

Taehyung savait que sa silhouette serait assez séduisante pour n'importe quel homme à l'intérieur. Il était même assez attirant pour rivaliser avec une femme. La beauté ne connaissait pas de frontières de genre.

À l'intérieur, une jeune femme blonde, également peu vêtue, se tenait à l'entrée du club pour accueillir les invités distingués. Ses cheveux étaient un mélange frappant de noir et de blanc, sa peau particulièrement pâle, et elle portait une tenue blanche brillante qui mettait en valeur ses yeux—et bien d'autres choses.

"Colonel Park ?"

"Oui, madame."

"Somi Jeon," se présenta-t-elle avec assurance, regardant le colonel se figer face à une telle beauté." L'associée de Jinyoung Park."

Seojoon s'approcha d'elle prudemment." Et où est M. Park ?"

"Nous faisons une fête." Elle désigna le groupe de jeunes hommes et femmes arrivant dans des tenues minimalistes. "Et voici le divertissement. Venez avec moi."

Il se laissa guider par le flot de créatures séduisantes et dépravées qui le suivaient. C'était un véritable défilé de mannequins en lingerie.

La grande salle de spectacle était magnifique, décorée dans un style d'une époque révolue : de grands lustres suspendus au plafond, des rideaux rouges tombant en cascade, des rampes en fer forgé magnifiquement sculptées et un splendide escalier en marbre recouvert pour l'occasion. Bien sûr, l'éclairage était tamisé, et les regards indiscrets devaient être discrets. Taehyung suivait silencieusement la procession, observant attentivement.

La salle était bondée. En bas, des tables de poker et de paris avaient été installées. Il y avait aussi des coins plus intimes avec des canapés et des rideaux occultants. En haut, des politiciens se mêlaient autour de verres ou de repas luxueux.

Le défilé des mannequins n'était pas passé inaperçu. C'était l'événement de la soirée. Ils étaient sifflés, commentés crûment, et des billets étaient glissés dans les lacets ou les sangles de leurs sous-vêtements.
Taehyung était le dernier à entrer sur scène. Il n'eut même pas le temps de s'adapter à sa nudité avant de voir ses camarades déjà se livrer à leurs propres distractions pour la soirée. Même la femme en blanc s'était retirée dans un coin privé avec le colonel, fermant les rideaux pour une conversation plus intime.

"Salut, beau gosse. Comment ça va ?" un homme plus âgé, au visage fortement ridé, s'approcha de Taehyung.

"Hé, bébé. Tu veux qu'on trouve un coin tranquille ?" suggéra un autre homme, arrivant par la droite et glissant une main sur les épaules nues de Taehyung.

L'agent Kim devait être rusé. "Désolé. J'ai été réservé par le Colonel Park." s'excusa-t-il poliment avant de continuer vers la zone privée.

Bien qu'il n'ait rien contre quelques regards insistants ou un flirt contrôlé, les missions exigeaient bien plus que de la simple séduction. Il devait être impeccable sous tous les angles. Alors qu'il attrapait les bords des rideaux pour les ouvrir, il se préparait mentalement à rejoindre un couple engagé dans une activité intime sur le canapé. Mais il n'y avait personne. La pièce était vide. Aucun signe du Colonel ni de sa compagne en tenue légère. Vide. Abandonnée. Il en profita pour s'y glisser et ferma les rideaux derrière lui.

Dans une pièce chic réservée à la haute société, Jinyoung Park installa un disque vinyle d'Édith Piaf — son artiste préférée — et le lança, permettant à "La Vie en Rose" de jouer doucement en arrière-plan. Que de bons souvenirs.

"Êtes-vous sûr que vous ne voulez pas un autre verre, Seojoon ?" demanda Jinyoung en s'installant en face du Colonel.

"Non," répondit-il sèchement.

Jinyoung descendit les trois marches qui le séparaient du gigantesque canapé couleur crème." J'ai cru entendre que vous avez bloqué la proposition de positionner les missiles Jupiter à Taïwan," proclama-t-il en prenant place de l'autre côté d'une table, face à une cheminée moderne." Je m'attends à ce que vous reconsidériez."

Le Colonel jeta des regards furtifs à Jinyoung, puis à son homme de main, qui était adossé au bar de la pièce, observant leur conversation. Sa présence n'était pas qu'une simple question de courtoisie.

"Nous avons déjà eu cette conversation. Vous placez nos armes nucléaires à Taïwan ou à proximité de la Chine, et vous regardez la guerre. La guerre nucléaire."

Pendant ce temps, Taehyung continuait de chercher où était le levier. Le Colonel ne pouvait pas avoir disparu de son coin VIP comme par magie. Il devait y avoir quelque chose — peut-être un bouton. Ah ! Il appuya sur le cône central de la petite table en forme de sucette, et l'arrière de la pièce commença à tourner. Comme prévu, un passage secret se révéla.

Le canapé rond menait à un bureau et à une grande porte en bois. La pièce était spacieuse, décorée de meubles en bois du sol au plafond. Un bureau antique trônait au centre, probablement une pièce de musée avec son revêtement en cuir. L'agent sous couverture fouilla les papiers sans cérémonie. Il trouva un document top secret chinois du Parti Communiste, qu'il ne comprenait pas.

"Je ne demande pas de faveur, Colonel," lança la voix grave de Jinyoung." J'exprime mes attentes. Alors laissez-moi vous le dire à nouveau. J'attends... que vous reconsidériez."

Le Colonel aurait dû se sentir en danger. Il était seul dans une pièce éloignée de tout le monde, entouré d'inconnus.

"La seule chose que je vais reconsidérer, c'est de prendre un autre verre de ce délicieux champagne," répondit-il en se levant pour se servir un autre verre.

Mais l'hôte l'en empêcha en faisant signe à l'homme au bar de s'en occuper à sa place.

La paume de l'homme s'éleva, créant un petit tourbillon qui grandit en quelques secondes. D'un simple geste du poignet, il le fit tourner.

"Qu'est-ce que tu as mis dans mon verre ?" demanda le Colonel, regardant l'homme effectuer son tour de magie et jeter le tourbillon, qui se réduisait visiblement, sur la table.

Le phénomène météorologique s'approcha dangereusement, puis, d'un geste décidé, Seojoon fut propulsé plusieurs mètres en l'air, s'écrasant contre le mur derrière lui.

Taehyung tomba en arrière, toujours dans le bureau, cherchant des documents étranges qui n'avaient aucun sens. Bon sang. Qu'est-ce que c'était que ça ? Il se leva pour vérifier qu'il était seul et se dirigea vers la seule sortie possible. Il se rapprocha de la bibliothèque d'où venait le bruit. Quelqu'un venait-il de frapper le mur ? Il jeta un œil entre les livres et découvrit la pièce adjacente.

La jeune femme en sous-vêtements blancs venait de retirer sa fourrure blanche et se rapprochait dangereusement du corps inerte du Colonel.

"Tu penses à fuir, à te cacher. On te trouvera, Seojoon," murmura-t-elle télépathiquement, ses lèvres restant immobiles." Il n'y a pas de forteresse au monde qui puisse nous arrêter." Elle conclut son message mental.

Taehyung resta stupéfait. Ces gens attaquaient-ils réellement un homme d'affaires aussi puissant ? Et en toute impunité ? Qui pouvait bien avoir frappé le Colonel avec une telle force pour l'abattre ainsi ?

Jinyoung hocha la tête vers la jeune femme. Soudain, son corps se transforma en une statue de cristal. Elle brilla de la tête aux pieds, comme une sculpture vivante. Et Taehyung ne plaisantait pas en disant qu'elle avait un corps parfait ; cette femme était un diamant sur pattes.

Il se tint contre le mur, essayant de comprendre ce qui venait de se passer devant ses yeux. Comment cela était-il possible ?

"Magnifique, n'est-ce pas, Seojoony ?" grinça le méchant, passant une main sur le corps de la femme en cristal. "Mutation génétique. L'évolution du génome humain. Où est Azazel ?" demanda-t-il à Somi.

Elle se mit à siffler, un son aussi aigu que du verre brisé, si perçant que Taehyung se demanda s'il était devenu un chien lui aussi. Il se tourna et vit quelqu'un apparaître dans la pièce à travers les livres. C'était un cauchemar. Comment...

Un homme entièrement rouge, avec de petites cornes diaboliques et vêtu d'un costume très élégant, venait d'apparaître à côté de Jinyoung et de la femme en cristal.

"Ah," s'exclama Jinyoung, voyant enfin son mutant arriver." Nous ne voulons pas que le Colonel soit en retard."

La créature démoniaque tendit la main vers le Colonel toujours au sol, soupirant. Il n'avait pas l'air ravi de jouer le rôle de taxi." Kamarade," dit-il d'un accent épais.

Ils disparurent dans un éclair de fumée rouge dès que sa main ridée toucha celle du démon.

ASSOCIATION DES NATIONS DE L'ASIE DU SUD-EST, COREE-DU-SUD

Le comité général du ANASE était une grande salle équipée de technologies de pointe et d'écrans plats, avec le drapeau américain bien en vue sur un mur. Au centre, une table ronde entourée de plus de trente officiers militaires de haut rang discutant avec agitation et stress. Le général, dominant la scène, parlait d'une voix forte. Le directeur, M. Bang Si-Hyuk, écoutait avec une grande attention, observant tous ces visages familiers. Il ne pouvait s'empêcher de penser que sa chemise était trop serrée et son costume trop bleu. Être dans une telle position ne lui permettait pas de porter des joggings quand bon lui semblait.

"Des missiles à Taïwan envoient un message très clair. Si nous décidons de les lancer, le système d'alerte précoce chinois n'aura même pas le temps de réagir."

Tournant le dos au général, le directeur, dont le costume est encore plus ajusté qu'un uniforme militaire, décroche le téléphone pour répondre à l'agent Kim, qui insiste pour parler à un moment aussi inopportun.
"Ça a intérêt à être important, Taehyung. Wow, wow, wow. Doucement." Il regarde autour de lui, incapable de croire ce qu'il vient d'entendre au téléphone."Tu fumes des cigarettes spéciales ou quoi ? Les gens ne disparaissent pas comme ça."

Dans la voiture, Taehyung, le combiné collé à l'oreille, se balance d'avant en arrière. S'il y a bien une chose agréable dans ces voitures de luxe, c'est le moelleux des sièges. Il s'écrie presque, incapable de se concentrer sur un seul élément d'information.

"Le Colonel Park était là ! Il était là, M. Bang, au Hellfire Club."

"Le Colonel Park ?" Le directeur de la KCIA tourne à peine la tête et remarque immédiatement son collègue de l'autre côté de la table, qui est déjà en train de parler.

"Je suis d'accord avec vous, Général. J'ai reconsidéré ma position et je crois maintenant que nous devrions placer des missiles Jupiter à Taïwan."

"Le Colonel Park est ici," siffle-t-il dans le combiné."Alors, à moins qu'il n'ait parcouru trois mille kilomètres en dix minutes... Écoute-moi bien. Je te suggère d'arrêter de me faire perdre mon temps !" grogne-t-il, essayant de faire le moins de bruit possible.

Son voisin se pencha vers lui, amusé. "On dirait que Seojoon veut déclencher la Troisième Guerre mondiale."

"J'ai des problèmes plus importants à gérer pour l'instant, Taehyung." Il raccroche brutalement.
"Monsieur, je... Bon sang !"

Taehyung raccroche à son tour, découvrant le visage horrifié de son collègue sous couverture.

"Tu as perdu la tête ? Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" demanda Seokjin, incapable de croire que l'agent Kim Taehyung s'est mis en danger pour des histoires apparemment absurdes.

Taehyung réfléchit rapidement. Il doit comprendre ce qui vient de se passer sous ses yeux. Il se tourne vers son collègue, attrape sa chemise pour s'habiller.

"On dois absolument trouver un expert en mutation génétique."

RETOUR À L'UNIVERSITE DE COREE DU SUD

Un tonnerre d'applaudissements remplit l'auditorium. La thèse a été si longue que Jungkook a du mal à se souvenir du début de la présentation, mais enfin, il se tient au sommet de son art, reconnu par l'académie. Il est fier d'avoir persévéré jusqu'au bout. Un homme légèrement vieillissant, au micro, annonce :

"Professeur en génétique, Jungkook Jeon."

Jimin est là, bien sûr, et il passe sous le parapluie avec lui alors qu'ils sortent, bras dessus bras dessous, de l'université.

"Alors, ça fait quoi d'être professeur ?"

"Oh, ne m'appelle pas comme ça. On ne devient professeur que lorsqu'on a vraiment un poste d'enseignement."

Jimin, rayonnant, semble sincèrement ravi par la nouvelle. "Je sais, mais ça te va bien."

"Oh, ne dis pas ça. Dis plutôt : "Allons boire un verre.""

"Allons boire un verre !"

"Magnifique," s'exclame-t-il en tournant à gauche à la sortie, l'entourant d'un bras protecteur, se dirigeant directement vers le bar, passant devant un homme grand, déjà en train de les observer en se dissimulant sous son parapluie.