Chapitre 9
Révélation
Je suis une fleur fanée. Indéniablement.
C'est assez morose, je l'avoue.
J'ai l'esprit complètement ailleurs depuis ce que m'a demandé Andrew, ne pas l'abandonner pour une raison que je ne connais pas.
Je ne sais plus quoi faire et le pire dans tout ça, c'est que j'aurai vraiment aimé avoir une épaule sur qui compter. Mais, je ne sais pas ce que cherche Andrew... Que veut-il ?
La plupart des gens ont quitté le navire car selon eux, il est complétement détraqué et instable. Seulement, Andrew n'a rien fait de cela et est resté près de moi.
La pluie s'abat contre ma porte-fenêtre.
J'écris mes dernières lettres que j'adresserai à certaines personnes.
Elles sont presque toutes prêtes, il ne manque plus qu'une lettre en particulier, avant que je puisse les déposer à des endroits précis.
Pourquoi ai-je besoin d'écrire des lettres aux personnes qui ne m'ont quasiment jamais considérée ?
Tout simplement parce que c'est le seul moyen de m'exprimer clairement et de leur montrer que tous leurs coups bas qui m'ont infligé n'ont pas changé les choses et que je me suis battue pour un seul espoir qui n'a pas tenu le fil.
Je refuse de leur montrer que je pars par faiblesse, que je baisse les bras, car je n'ai plus le courage qu'ils me demandent pour les affronter.
Je pars tout simplement pour rejoindre un monde meilleur.
Ce monde pour lequel j'y crois dur comme fer et qui pour moi est celui qui va le plus m'apporter.
Est-ce que j'ai fait le bon choix en quittant ce monde et les laisser gagner ? Aurais-je dû simplement quitter la ville et découvrir un autre endroit ? Je ne pense pas que cette solution soit la solution pour régler le problème qui est déjà présent depuis de nombreuses années.
Aurais-je dû croire en l'amour ? Peut-être que cela m'aurait apporté un soutien que je n'ai point mais j'aurai peut-être eu peur d'être une nouvelle fois abandonnée...
Se sentir aimée m'aurait-il poussé dans mes retranchements ? Je n'en sais rien.
**
Il est actuellement vingt heures, et je suis devant chez Andrew.
Un petit immeuble assez vieillot.
Il m'a demandé de le rejoindre à cette heure précise pour me parler.
Il fait froid. Je mets les mains dans les poches pour qu'elles puissent se réchauffer.
— J'suis désolé pour le retard Riley, dit-il en se positionnement devant moi.
— Ce n'est pas grave, on y va ?
— Oui, suis-moi.
Nous sommes tous les deux à marcher dans ce crépuscule.
Il fait noir et seule la lumière du téléphone d'Andrew éclaire nos ombres indécises.
— C'est par là, s'exclame-t-il en avançant plus vite.
Je le suis.
Nous arrivons dans un petit parc éloigné de son appartement et de ma maison.
Une petite cabane s'y trouve, et nous avançons à l'intérieur.
Je ne connaissais pas cet endroit et d'ailleurs c'est effrayant, car je m'aventure dans plusieurs lieux inconnus. Je connais tout par cœur...
Il fait meilleur ici que dehors.
Andrew allume une petite lumière et me demande de m'asseoir.
— Tu m'as fait venir à cette heure pour que je m'assoie sur ce banc hyper froid ? dis-je en rigolant.
— Il faut que je te parle d'un sujet important Riley, s'exclame-t-il en s'asseyant à côté de moi.
— Pourquoi ne suis-je pas rentrée chez toi directement ? je demande.
— La situation dans laquelle je suis est difficile, je n'ai pas vraiment le choix de venir ici, et je ne pouvais pas attendre, j'avais vraiment envie de te parler de quelque chose de sérieux.
Je le regarde, en fronçant les sourcils.
Je ne contrôle plus rien et c'est difficile, car je suis une personne qui a besoin de savoir où s'aventurer, mais là, je glisse sur ce sol livide sur lequel je ne sais pas comment avancer.
Cela me déstabilise.
— Je t'écoute, dis-je moins sûre de moi.
Je tripote mes doigts et ma jambe bouge inconsciemment. Je stresse.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tes parents te mènent la vie dure ? dit-il soudainement.
Je le regarde ahuri et je ne sais pas aligner un mot.
— Qu...Quoi ? bégayais-je.
— Arrête de faire comme si je ne comprenais pas.
— Mais pourquoi tu me parles de ça Andrew, je marque une pause avant de reprendre, je ne comprends pas pourquoi tu es comme ça avec moi ? on n'a quasiment jamais parlé ensemble, tu me parles d'un sujet que tu ne connais même pas et tu essayes de faire comme si on se connaissait depuis toujours. On n'a jamais rien partagé ensemble mise à part un chocolat chaud au sirop d'érable.
— Pourquoi tu ne poses pas la vraie question ? pourquoi tu penses que je ne te connais pas alors que c'est tout le contraire, explosa-t-il.
— Mais pourquoi tu changes de comportement comme ça ? Je questionne tout en fronçant une nouvelle fois les sourcils.
Je reste déstabilisée encore une fois. Mon monde, déjà fragilisé, se casse en mille morceaux sans que je puisse faire grand-chose.
— Mais qu'est-ce que tu veux me faire dire ? Je commence tout en montant la voix.
Mes nerfs sont à bout. La personne, qui pouvait être différente de mon entourage, se met à devenir identique.
— Promets-moi de ne pas m'abandonner toi aussi, Riley.
Je le fixe lourdement.
— Promets-le-moi Riley, me supplit-il.
— Je te le promets Andrew, je souffle.
Il souffle un bon coup et met ses mains sur sa chevelure blonde.
— Je....je suis désolé que ce soit toi qui en paye les pots cassés Riley, tu as tellement de courage et j'espère que tu pourras le garder autant que tu le peux. Je ne sais pas par où commencer Riley... J'ai tellement longtemps caché ce secret que je crois que c'est compliqué d'en parler quand aucun mot ne peut exprimer ça.
— Parle avec ton cœur, dis-je en lui prenant la main.
— Je te connais depuis très longtemps Riley.
— Qu'est-ce tu veux dire Andrew ?
Je le regarde intensément et attends les mots que je redoute le plus.
— Je suis Andrew Collins comme tu le sais mais je suis né sous le nom d'Andrew Derlin.
DERLIN ? Je lâche sa main et m'écarte de lui rapidement.
— Je ne comprends pas ce que tu essayes de me dire ? m'exclamais-je en fronçant les sourcils.
— Je...
— Pourquoi tu t'es approché de moi ? seulement pour me dire ça ? Pour te libérer de ce malheur comme si je n'en n'avais jamais eu ?
— Je suis ton frère, lâche-t-il rapidement, ton frère de deux ans de plus que toi.
Mes larmes s'écroulent sur mon visage fermé.
— Mon fr...frère ? Bégayais-je, mais c'est impossible tu es dans le même niveau que moi ?
— Oui, j'ai été adopté quand Hannah est arrivée Riley, s'explique-t-il, j'ai redoublé plusieurs fois et j'ai 19 ans.
— Mes parents, enfin tes parents t'ont fait adopter ?
— Ils n'arrivaient pas à joindre les deux bouts et j'étais tellement un garçon colérique, qui n'écoutait rien, que j'enchaînais les visites chez la psychologue et ça coûtait très cher.
— Ils t'ont abandonné car tu étais différent ?
— Je ne pourrais pas avoir de réponse là-dessus, Riley.
Il baisse la tête instinctivement.
— Pourquoi tu ne peux pas avoir de réponse ? Il suffit que tu viennes là où elles se trouvent.
— Je ne veux pas les revoir et ils ont ordonné que je ne m'approche pas de plus de cinq mètres de chez eux.
— Ce n'est pas vrai, dis-je en baissant la tête, honteuse d'avoir des parents comme eux.
— Comment as-tu su que c'était moi, ta..ta..so..sœur ? repris-je
— Derlin c'est assez connu pour moi non ? s'exclame-t-il.
— Oui, effectivement, pardon pour cette question bête... baissais-je de nouveau la tête tout en jouant avec mes doigts.
— Ce n'est pas une question bête, dit-il, j'ai dû mettre longtemps pour t'approcher. Il fallait déjà que je prenne le temps et surtout le bon moment.
— Je suis désolé d'avoir été un peu réticente au début, je n'ai pas l'habitude que des personnes viennent me parler.
— Je sais, je l'avais remarqué, j'ai pris le temps pour pouvoir gagner un peu ta confiance, sourit-il légèrement. Est-ce qu'ils sont dur avec toi ? redemande-t-il une nouvelle fois
— On est tous les deux des personnes différentes Andrew. Toi, tu es « difficile à gérer » pour eux et moi aussi car je n'ai pas été voulue. Maman est tombée enceinte six mois après la naissance d'Hannah, une enfant errante entre dans cette « famille ». Ils me l'ont bien fait comprendre Andrew que j'étais là par hasard et non par envie ou destin.
— Je suis tellement désolé Riley que tu vives comme ça.
— Ce n'est pas toi qui dois t'excuser Andrew.
— Est-ce que ça te fait souffrir tout ce que je viens de te dire ?
— Non, je marque une pause et reprend rapidement, cela renforce le choix que j'ai fait et qu'il est l'une des plus belles choses qui puisse m'arriver ?
— Qu'est-ce que tu veux faire ? dit-il en fronçant les sourcils.
— Je pars Andrew.... Tu es la seule personne à qui j'en parle mais tu es cette personne qui me dit que je ne suis plus seule.
— Que compte tu faire Riley, s'inquiète-t-il.
— Rejoindre un monde merveilleux, un monde pour lequel il n'y aurait plus de critiques, de regards désobligeants ou de paroles massacrantes.
— Tu ... tu veux mourir ? dit-il en angoissant.
— Oui, Andrew, je veux enfin décider de ce que je veux faire, de la vie que je veux mener.
— C'est lâche Riley, tu ne peux pas faire ça, pas maintenant, car je suis là et on peut s'entraider.
Je me lève d'un coup.
— Non ce n'est pas être lâche, je mérite de vivre dans un monde qui me convienne et c'est trop tard Andrew.
Il se lève aussi, se tenant face à moi.
Une rage commence à s'installer très rapidement. Comme une voiture de rallye qui parcourt le sol aussi vite que la lumière. Sans retour à la normale.
Je recule d'un pas et mon corps rencontre ce mur en bois délabré par le temps.
— Tu ne connais rien de ce monde. Comment pourrais-je vivre si tu pars ?
— Mais, tu ferras comme tu l'as toujours fait ! Avant tu vivais bien sans moi et depuis que tu m'as retrouvées, tu te mets en tête que tout pourra se passer bien alors que ce n'est pas le cas ! explosais-je.
— NON, Riley, je me suis battu pour te trouver, je-
Sa main droite se rabat sur le mur en bois d'un coup sec. Ma tête, à quelques millimètres, reste encore secouée de ce qu'il vient de se passer.
Mes yeux se sont fermés brutalement à cause du choc.
Andrew, tête baissée, tombe à terre.
Son corps est pris de secousses incontrôlables.
Aucun de nous deux ne brise le silence.
Je ne pensais pas qu'il pouvait être capable de s'énerver aussi violement.
Je me tourne et pose ma main sur le creux qu'il vient tout juste de faire.
Ma respiration devient forte et mes yeux laissent couler cette eau salée que je connais tant.
Andrew reste dans la même position initiale et je comprends qu'il est en pleine crise. Ces crises que je connais par cœur et qui sont difficiles à gérer en étant seul.
— Andrew, dis-je difficilement.
— Laisse...Laisse-moi tranquille et va-t'en, s'exclame-t-il.
Je me baisse à sa hauteur.
— Regarde-moi.
Il ne bouge plus, honteux de ce qui vient de se passer.
— REGARDE-MOI ! Criais-je.
Étonné, il lève rapidement sa tête. Son visage est rouge.
— Respire comme moi.
J'inspire et expire une dizaine de fois. Andrew suit mon rythme et commence à se calmer.
— Voilà, recommence encore.
Cinq minutes s'écoulent.
— Tu vois comment je suis...
— Tu es toi et moi je suis fière d'être ta sœur.
— Tu ne comprends pas que je suis ingérable et que même en te trouvant, j'ai cru que tu pourrais m'aider.
— Je suis encore là et je ne te laisserai pas tomber Andrew. Je n'ai pas peur de toi et je ferai tout pour t'aider.
— Pourquoi ? Je viens d'éclater ma main près de toi et toi, tu es encore là à me soutenir.
— Malgré tout ce que l'on a subi, on ne peut pas, un jour, aider quelqu'un qui nous ressemble ? Même si on se connait depuis peu, tu as raison, tu es maintenant ma moitié.
— Comment nos parents ont pu éduquer des enfants comme nous ?
— On n'a certainement pas eu l'amour que nous avons tellement voulu, mais on est devenu des personnes capables de se comprendre, de s'écouter, et surtout, de vivre comme on le souhaite sans jamais avoir peur de leur regard.
Andrew me regarde, intensément, comme la prunelle de ses yeux.
Ce n'est que maintenant que je remarque que notre tâche de naissance est identique.
C'est alors qu'il me prend dans ses bras et me serre fort, très fort, si bien que le froid ne parvient plus à rentrer.
— Promets-moi, promets-moi de ne pas me laisser Riley, promets-moi de rester et de vivre à mes côtés. Je serai prêt à tout, quoi qu'il advienne.
Je lui embrasse la joue et ne réponds pas.
Pour une fois, Andrew est sans doute celui que j'ai toujours voulu aimer.
Le manque n'a plus de place dans mon cœur et je crois que c'est ça qu'il me manquait.
Une personne qui croit en moi.
La pièce manquante à mon puzzle.
Hello tout le monde!
Voici le chapitre 9! J'espère qu'il vous plaît!
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire et un vote cela me fera très plaisir !
Laplumeecrivaine
☆ Progression 9/12 ☆
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