Chapitre 4



Fêtes

Nous sommes le six décembre, un mois après l'anniversaire de ma sœur.

Un mois, où il ne s'est pas passé grand-chose.

Mes parents commencent à préparer leurs affaires pour la fête de Noël.

Ils envisagent de le passer dans le chalet en Irlande avec toute notre famille.

Malheureusement, comme chaque année, il n'y a pas assez de place, je n'y irais pas, je le sais. Ou simplement, ils ne veulent pas que je gâche cette soirée, qui pour eux est très importante.

En effet, elle a aussi pour but de revoir certains engagements et accords passés entre eux, notamment financiers. Ce sont les hommes qui dirigent, les femmes doivent simplement écouter.

Encore quelque chose de machiste, je vous l'accorde. Ce n'est pas mon point de vue et seul dieu sait que le repas aurait été tumultueux.

L'éducation des « jeunes », comme ils nous appellent, est primordiale lors de cette soirée. Le bouche à oreille est idéal pour que chacun des enfants puissent intégrer la meilleure école.

Or, je ne suis pas une prodige dans les matières générales que j'étudie et ma passion ne doit pas en être un métier.

Alors, pour éviter d'aborder mon sujet assez désastreux, il est préférable que je reste ici ; selon eux.

Le passage à l'Église en milieu de soirée est aussi fondamental, car évidemment, il faut faire bonne impression devant tout le village.

Horrible, non ? En fait, cela m'arrange fortement.

Passer mon temps à encaisser et regarder leur joie face à ce réveillon me coûte beaucoup. Je n'ose même imaginer si j'arriverai à tenir jusqu'au six mai.

Mes cousines seront présentes en compagnie de ma sœur, qui est très contente de les retrouver.

Moi, pas. Heureusement. Car, même si chacun est maître de soi, nos parents ont forgé notre destin pour noud créer et façonner à leurs envies.

Nous ne pouvons rien y faire, si ce n'est qu'obéir.

Les valises sont déjà dans le coffre, le départ est imminent et je m'en réjouie.

Ma sœur est installée à l'arrière, mon père règle les dernières modalités sur son GPS.

Et ma mère, elle, me regarde comme si elle était désolée. Je fronce les sourcils et je me dirige vers la cuisine pour prendre un verre de jus frais.

— Tu sais Riley...

Je me tourne doucement en continuant de boire.

— Je... n'ai pas voulu tout ça j-

— Monica, cri mon père au loin, on va être en retard.

— Je suis désolée, mon ange, s'exclame ma mère en s'approchant de moi.

— Je n'en ai pas besoin. Et moi, c'est Riley et non mon ange comme tu le dis si bien, avec facilité, comme si tu avais tout oublié ! Rétorquais-je tout en posant mon verre sur le plan de travail, tu ferais mieux de retrouver ton mari avant qu'il ne vienne te chercher. Sur ce, bonnes vacances ! concluais-je avant de m'en aller dans ma chambre

Sans un mot, ma mère part en direction de la voiture.

Ils sont partis, enfin.

Je regarde la voiture se fondre dans la masse jusqu'à ne plus l'apercevoir.

**

Il est vingt heures. Je pars prendre mon paquet de cigarettes mentholées et quelques bouteilles de toutes sortes.

Je peux me libérer comme je le veux sans avoir ma sœur prête à me balancer comme une petite fille de trois ans. Et encore, je suis gentille.

Les bouteilles, les clopes s'enchaînent. J'ai l'air d'une vraie merde.

Les larmes sont remplacées par une colère qui m'envahit de plus en plus.

Je me redresse, difficilement, et je balance tout ce qui me passe sous la main. Mes cheveux longs sont brassés par tout cet engouement.

Je suis une merde.

Je crie à en perdre ma voix, qui déraille comme un train.

Je n'ai plus de solution, plus rien pour me replier sur mon unique choix de mourir, comme ils le font depuis des années. Ils me laissent crever petit à petit et c'est très vicieux.

Je cours pour rejoindre la salle de bains et prends une paire de ciseaux avant de couper mes cheveux comme une attardée.

Mes cheveux tombent comme l'espoir que je pouvais avoir étant petite.

Pas un seul mot gentil, pas une seule remarque mignonne à mon égard.

Ils ont tout enlevé de ma jeunesse pour me laisser comme je suis aujourd'hui. Une folle sans cœur.

Je laisse tomber une paire de ciseaux et je me regarde dans ce miroir. Je suis affreuse, tellement affreuse.

J'attrape mon rasoir près de moi, et j'enlève tous mes maux enfouis tellement loin dans ma tête.

Pourquoi faut-il que ce soit si compliqué ?

Pourquoi est-ce que je dois me mettre dans cet état pour faire resurgir tout le passé, qui ne s'efface plus ?

**

Après une crise comme celle que je viens de faire, je reste au pied de mon lit à respirer comme je le peux.

Mon rythme cardiaque décélère et je bande mon poignet pour stopper ce sang qui tâche le sol en parquet massif.

Je regarde autour de moi et je vois que j'ai encore tout gâché.

Ma soirée se passe alors comme une soirée normale.

Nous sommes le 24 décembre. Un jour que je pourrais vivre comme de nombreuses personnes.

Je pars me coucher après avoir fermé toutes les portes, fenêtres, pour qu'on me laisse tranquille.

De toute façon qui voudrait venir ici ?

« Je sais que nous n'avons pas été gentils, de bons parents pour toi et je tiens à m'excuser comme je le peux, même si je sais que cela ne servira à rien, car tu ne pourras pas nous pardonner.

Sache que tu as un petit cadeau dans le salon qui t'attend. Je voulais te montrer que j'essaye d'être là pour toi. C'est sans doute « trop tard » me diras-tu, mais j'ai vraiment envie d'être là pour toi.

Je suis tellement désolée de me comporter ainsi et de laisser ton père, ta sœur et le reste de la famille te faire du mal. Je n'ai jamais voulu t'infliger cela.

Il est tard, très tard, mais j'avais envie de t'envoyer ça.

Maman qui t'embrasse fort ».

Hey,

Voici un nouveau chapitre comme prévu pour ce vendredi férié.

J'espère qu'il vous plaira malgré qu'il soit assez court...

Laplumeecrivaine

Progression: 4/12

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