Chapitre 1
Comme d'habitude
À l'heure qu'il est, je devrais déjà être en bas en train de regarder ma sœur déballer ses cadeaux d'anniversaire.
Mais je n'en ai pas envie, pas cette fois.
Voir ma famille autour d'elle, la féliciter, tout cela je n'en peux plus.
Il ne me reste plus que six mois avant de partir.
Je n'aurai pas de fête d'anniversaire, comme chaque année, par faute de moyen sans doute.
Mes parents m'ont toujours dit qu'ils ne pouvaient pas offrir quelque chose pour deux. Plutôt, ils ne voulaient pas étant donné que je n'en avais pas besoin selon eux. Et que, la personne que je suis n'est pas à la hauteur de leur espérance.
Des espérances trop importantes à porter sur ses épaules dès l'âge trois ans.
Lorsque mon professeur a confié à mes parents que j'avais beaucoup de difficultés.
Au lieu de m'aider, ils ont préféré miser sur ma sœur qui accomplissait déjà de merveilleuses choses à son âge. Comme être la plus belle image de la famille.
J'ai toujours su qu'il y avait des préférences pour l'un des enfants. Et c'est sans doute l'une des grandes vérités. Or, mes deux parents sont aux abonnés absents avec moi. Pas un des deux n'a daigné m'apporter amour et réconfort !
Il a fallu que ça tombe sur moi comme d'habitude.
Enfin, comme je dois faire « bonne impression », je descends les escaliers doucement et essaye de trouver un sourire qui pourrait satisfaire tout le monde.
Je crois que ce sourire est le pansement pour guérir mes maux. Celui que je place chaque jour, chaque heure, chaque minute.
— Que tu es magnifique mon ange, s'exclame l'une de mes grands-mères.
— Ces cadeaux t'iront à merveilles tout comme toi, fait l'autre.
— Tes parents ont tellement de chance de t'avoir, renchérit-elle.
Allez Riley, je sais que tu peux le faire, il faut simplement sourire et effacer ses larmes. Comme d'habitude.
— Tiens ! enfin venue, et toujours en retard à ce que je vois ! s'exclame ma grand-mère Mina tout en levant les yeux au ciel.
— Comme toujours devrait-on dire, quelle ingratitude ! rajoute mon autre grand-mère Rosa sans gêne.
Courage Riley !
Je leur offre un sourire avant de m'asseoir à leur côté.
Mes grands-parents ont toujours été comme ça, assez désagréables devrais-je dire.
L'une de mes grands-mères avait quand même eu le courage de me défendre, et, je m'en souviendrais toute ma vie.
Elle m'avait prise dans ses bras comme pour me dire qu'elle veillait sur moi.
Seulement, le jour où nous nous sommes retrouvées, elle n'a plus jamais eu ce regard bienveillant, cette douceur dans ses paroles et ses bras réconfortants.
Je n'ai jamais su pourquoi, mais j'ai quand même une petite « idée », mes parents y sont pour quelque chose, je pense.
— Elle est tellement resplendissante cette petite, renchérit mon grand-père avant de manger une part du gâteau, fait par le merveilleux boulanger de la ville.
— Elle tient de ses parents, surtout de mon fils, rajoute de nouveau Rosa, réjouie.
Je prends quand même un peu de gâteau, car, quitte à « l'admirer », autant manger un peu.
— Tu ne devrais pas Riley, le sucre ce n'est pas bon pour toi, dit mon grand-père avant de reprendre une bouchée, veux-tu finir bouffie comme tante Odile ? reprend-t-il sérieusement.
Je le regarde, un instant, avant de poser le couteau et la pelle à tarte.
— Cela ne me dérangerait pas grand-père, au contraire, je me porterai mieux, dis-je en le fixant, lourdement, ne te fais pas de mouron pour ma santé, je reprends, ce n'est pas dans tes habitudes de toute façon. Je mangerai ce gâteau quand tu ne seras pas en train de me regarder de la sorte et de critiquer comme bon te semble ma corpulence.
— Que tu as un caractère acariâtre ma pauvre Riley, cela ne m'étonne pas que tes parents ne t'accordent pas d'importance, grommèle-t-il entre ses vieilles dents détruites pas l'alcool et la cigarette.
Je ne prends pas la peine de répondre et m'assoie tout en regardant ma sœur sourire et saluer tout le monde pour tous ses cadeaux.
Je ne devrais pas rester comme ça, je devrai au contraire mettre mon bouclier et affronter leurs missiles, leurs bombes qui me lanceraient à chaque fois qu'ils le veulent.
Seulement, ce bouclier a été détruit le jour où mon père et ma mère m'ont annoncé que je n'avais jamais été voulue et que j'existe uniquement et grâce au destin.
Ce hasard est alors lié à moi comme les feuilles d'un arbre.
Je les vois tomber les unes après les autres, comme ce que je m'apprête à faire : partir le moment espéré et toucher le sol mystérieux que sera ce nouveau monde.
Lorsque ces feuilles naîtront au bout de ces branches, moi, vieille feuille qui ait tant résisté à la pluie, l'orage, les ouragans, je tomberai et me déposerai là où je serai le mieux.
**
Toute la journée, Hannah a été encore une fois présente aux yeux de tous et plus particulièrement, à ceux de mes parents, tellement fiers.
J'ai mangé un bout de gâteau aux fruits dans ma chambre et j'ai continué à regarder le ciel pour admirer toutes les facettes qu'il cache.
Il était d'une douceur indescriptible, comme si rien ne pouvait l'atteindre et qu'il ne contient aucune haine, violence ou férocité.
J'ai rigolé, pour une fois, à en perdre la tête.
Le soleil commence rapidement à s'éteindre, telle une bougie qui se consume elle-même, sans souffle ni vent.
Tout le monde est couché sauf moi.
Je prends mon paquet de cigarettes et un petit gilet, avant de descendre dans le jardin humidifié par la rosée pour m'installer sous le grand chêne.
Un quercus ayant plus de deux cents ans.
Une légère couche de mousse s'est glissée le long du tronc. J'aime admirer les petites bêtes qui se faufilent pour rentrer chez elles.
Il fait si bon dehors que j'en perds vite la notion du temps.
Mes cigarettes se glissent toutes seules entre mes lèvres abimées, c'est tellement fou de se sentir accro à ce genre de chose. Elle me fait sentir vivante.
Ma tête se pose délicatement sur le chêne et je me laisse aller dans ce tourbillon de larmes. Comme d'habitude.
Ai-je mérité autant de haine pour quelque chose dont je ne suis pas l'auteur ?
Premier chapitre de mon roman Riley !
J'espère qu'il vous plaira.
Je vous remercie pour tout !
☆ Progression 1/12 ☆
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