Chapitre 9
Les premiers jours de John à la tête du Sanctuaire de Becca Pramheda se passèrent dans une relative tranquillité, mais le jeune homme n'était pas serein pour autant, même si ses prêtres s'ingéniaient à lui assurer qu'il ne craignait absolument rien.
— Avec ça, nous savons tous ce que vous avez enduré à cause de la traîtresse, dit Seiden ce matin-là alors que Murphy était devant son petit-déjeuner, à la longue table de la salle à manger.
— Je ne veux pas vous entendre en parler, répondit-il un peu rudement.
— Non, nous n'en parlons pas, mais nous savons, répondit une autre jeune femme en inclinant la tête. Nous savons, Fleimkepa, et nous vous respectons aussi pour cela. Même sur l'Arche, votre vie a été teinté de noir ; en venant sur Terre, vous pensiez sans doute pouvoir tout recommencer de zéro, mais la malchance vous a suivie...
John baissa le nez sur son bol de porridge. Plissant les yeux, lèvres serrées, il regarda la douzaine de prêtres et apprentis prêtres assis autour de la table. Il y avait sept hommes et cinq femmes, de vingt à soixante ans.
— Je vais vous raconter mon histoire, dit-il alors en se redressant. Depuis le début, jusqu'à maintenant. Je ne le ferais qu'une seule fois. Pourquoi ? Parce que je veux que vous compreniez que si je suis ici, avec ce poids sur les épaules, je ne l'ai jamais demandé et encore moins voulu, mais je n'ai pas eu le choix. J'ai un instinct de survie beaucoup plus développé que la majorité des autres Cents, voire des Skaikrus entièrement, et je veux que vous sachiez d'où cela me vient.
Les prêtres se regardèrent un instant puis chacun termina son petit-déjeuner, John y compris, et ils s'installèrent au salon, dans les innombrables coussins de cuir et de fourrures qui jonchaient le sol. Assis sur une petite estrade, en tailleur, John les observa un moment avant d'inspirer pour commencer son récit...
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Au sommet de la tour du commandant, Clarke prenait elle aussi son petit-déjeuner, mais devant les actes du jour avec Goran pour compagnie, comme tous les matins depuis trois mois désormais.
— Combien de doléances, ce matin ? demanda-t-elle en croquant dans un toast beurré.
— Douze personnes ont sollicité une audience, pour des demandes aussi variées qu'un déménagement, une envie de bébé et... ah oui, une demande de cheval.
Clarke haussa un sourcil ; Goran esquissa un sourire.
— C'est un cheval de labour, répondit-il en consultant le parchemin devant lui. Ces animaux sont relativement chers et ces dernières années, seul Heda en avait dans les écuries de la tour. Ils étaient prêtés pour les travaux des champs pendant l'été.
— Étaient ?
— Beaucoup ont été tués pendant les affrontements récents, déplora l'Intendant. Pour en obtenir de nouveaux, il faut envoyer une demande aux Cavaliers de la Plaine, via leur Ambassadeur, et négocier l'achat du ou des animaux via courrier volant.
— Je vois. Combien un tel animal coûte-t-il ?
— Dans la devise des Skaikrus, je ne sais pas, mais pour nous, un bon cheval coûte une récolte de grain ou un chariot de bois.
Clarke plissa les yeux puis haussa les épaules.
— Il faudrait instaurer une devise, dit-elle. Ce serait plus clair que des denrées, même si je sais que vous avez l'habitude ainsi. Cela obligera cependant à revoir toutes les données pour déterminer un prix fixe pour une chose fixe.
Goran sembla intéressé.
— Exemple ? demanda-t-il.
Clarke regarda autour d'elle et se saisit de la salière.
— Admettons que ceci, sans le sel, vaille un Crédit, parce que c'est du bois tout simple non travaillé. Le sel, au kilo, vaudrait, par exemple, dix Crédits. Un kilo de viande pourrait valoir six Crédits, un kilo de sucre, huit Crédits... Le prix varierait en fonction de la pénibilité du travail qui a été nécessaire pour le produire.
— Je vois, oui, c'est intéressant. Et pour avoir ces Crédits, j'imagine que les gens les obtiendraient en échange de services ?
— Oui, tout à fait. Un charpentier pourrait toucher, par semaine ou au mois, par exemple, cent Crédits. Là encore, le montant se ferait en fonction de la pénibilité du travail ou sa dangerosité. Est-ce que les travailleurs sont payés d'une manière ou d'une autre ?
— Oui, en nourriture ou en fourrures, peaux, matériaux, etc.
— C'est basique, mais...
— Nous utilisons aussi les pierres brillantes pour le commerce avec les autres clans. Après Praimfaya, des zones gigantesques de sol ont été transformées en verre, nous les minons et en faisons des pierres de différentes tailles et de différentes valeurs.
— Donc, il y a un système monétaire, quand même.
— Oui, mais il n'est pas universel, il ne sert que pour les marchands, en général, qui peuvent le distribuer sur tout le continent en commerçant avec les autres clans.
Clarke hocha la tête.
— Il faudrait se pencher sur cela, dit-elle en griffonnant rapidement sur un parchemin. Ce serait bien de généraliser ce système pour tout achat et de poser des bases fixes immuables.
— Les gens auront du mal à s'y faire...
— Sans aucun doute, mais avec le temps et la pratique, ils s'habitueront.
Goran opina et griffonna également.
— Vous étiez payés sur l'Arche pour vos travaux ?
— Bien sûr, mais les choses là-haut étaient parfois tellement rares qu'une dose de café pouvait coûter jusqu'à mois de salaire... Je me souviens de mes treize ans, mes parents m'ont offert un paquet de fusains, il y en avait quatre dedans, dont deux déjà utilisés. J'étais tellement contente ! J'ai plus tard appris qu'ils avaient tous les deux mis des mois à les trouver et que la personne les leur avait vendus pour plusieurs centaines de Crédits...
— Vous les avez toujours ?
Clarke sourit.
— Oui, malgré les années écoulées, je ne m'en suis presque jamais servie... Je les garde dans ma besace avec mon carnet à croquis et je dessine avec des morceaux de charbon de bois.
Goran lui sourit en miroir puis proposa qu'ils en restent là pour ce matin. La jeune femme hocha la tête et le laissa ensuite partir. Observant la pendule la plus proche, elle décida d'aller réveiller Derek, que Roan n'allait plus tarder.
Toquant contre la porte un petit coup discret, Clarke entra dans la chambre où le futur Heda avait pris ses quartiers. Elle s'approcha du large lit recouvert de fourrures brunes et s'assit au bord.
— Bonjour, mon grand... souffla-t-elle en posant une main sur le dos du jeune garçon. Il est huit heures, Roan ne va plus tarder...
Derek grogna.
— J'ai pas envie...
— Je sais, lapin, mais il le faut...
Derek soupira puis se tourna sur le dos et observa la jeune femme qui lui caressa les cheveux.
— Tu sais que ma mère me réveillait comme ça aussi, pour aller à l'école ? dit-il.
— Elle te manque ?
— Oui, beaucoup, mais elle est morte en faisant ce qu'elle avait à faire, tout comme mon père. Ils sont des héros.
Clarke sourit et se leva ensuite. Elle tira les lourdes tentures qui fermaient les ouvertures sans vitres donnant dehors et un courant d'air glacial traversa la petite chambre.
— Je te laisse dix minutes, dit-elle en se dirigeant vers la porte. Quand tu seras Heda, tu pourras dormir tout ton soûl le matin, mais pas pour le moment.
— Oui, maman... marmonna Derek en lui tirant la langue.
Clarke haussa les sourcils puis secoua la tête et quitta la chambre. Quand elle revint dans la pièce principale, elle sentit une présence et trouva Roan à l'entrée de l'appartement, visiblement juste arrivé.
— Il n'est pas levé ? demanda-t-il.
— Bonjour à toi, rétorqua Clarke.
— Ouais, bonjour, Rijant...
Il inclina la tête et Clarke retourna à sa table en indiquant à Roan de s'installer.
— Tu as pris un petit-déjeuner, déjà ? demanda-t-elle.
— Oui, mais je suis toujours partant pour une tasse de café en plus.
Clarke esquissa un sourire. Le Terrien s'assit alors en face d'elle et se servit. Derek apparut quelques secondes plus tard et salua Roan d'une poignée de bras un peu molle avant de s'asseoir à table à son tour pour se servir du porridge.
— Qu'est-ce qui est prévu ce matin ? demanda alors Clarke.
— Entraînement au maniement de la hache, à pied et à cheval.
Derek marmonna dans son bol ; Roan lui jeta un regard, mais Clarke le dissuada de rétorquer d'un mouvement discret de la main. Ils prirent donc leur petit-déjeuner en silence puis, quand Derek eut terminé et s'excusa pour aller s'habiller, l'Azgeda interrogea Clarke du regard.
— Il n'avait pas envie de se lever, ce matin, répondit-elle.
— Il n'a pas le choix, il doit...
— C'est un enfant, Roan, répondit la jeune femme en fronçant les sourcils. Ce n'est pas un guerrier, c'est un enfant de douze ans qui a vu mourir ses deux parents il y a moins d'un an. Tu ne peux pas lui demander de se blinder sous prétexte qu'il a été choisi pour devenir Heda. Surtout que cela ne presse pas, puisque je suis là.
Roan prit la pique de plein fouet, mais ne répondit pas. Il se contenta de finir son café et avala un toast puis quitta l'appartement en indiquant à Clarke qu'il attendait Derek dans les écuries dans une heure. La blonde opina et, quand la porte se fut refermée, avisa le jeune garçon à la porte de sa chambre. Elle lui fit signe de venir et il s'approcha, presque penaud.
— Tu as le droit d'avoir des moments sans, d'accord ? dit-elle en lui prenant les mains. Je sais que c'est un honneur pour toi d'avoir été choisi pour devenir Heda, mais tu restes un enfant, ne l'oublie pas. Tu as le droit d'avoir envie de rester couché un matin ou de faire ta mauvaise tête.
— Mais Roan...
— Roan n'est rien pour toi, Derek. S'il est ici, c'est juste pour qu'il pense avoir encore une responsabilité dans les affaires des Triges, cela nourrit son orgueil d'homme de pouvoir. Je pourrais très bien me passer de lui et te faire entraîner par Tylo, ce n'est pas un problème.
— J'aurais préféré... Parfois Roan me fait peur...
— À moi aussi ; c'est un homme foncièrement gentil, mais il a été trahi trop de fois, par sa mère, par sa sœur, par Lexa... Il a donc une solide carapace qui lui donne un air patibulaire à souhait et un caractère parfois explosif, mais tant que tu vas dans son sens, tu ne crains rien, même en y mettant de la mauvaise volonté.
Derek grimaça.
— Regarde-moi, dit alors Clarke.
Il leva les yeux vers elle.
— Dès que je trouve un Natblida adulte prêt à montrer sur le trône, je l'y mets, tu as ma parole, d'accord ? Pour le moment, tu es le seul à pouvoir assumer cette tâche, mais je ne te laisserai pas tomber, tu as ma parole.
— Pour ce qu'elle vaut...
Clarke pencha la tête, surprise.
— Je te demande pardon ?
— Je ne dis pas ça méchamment, mais tu es Wanheda et la seule parole que tu as, c'est d'emmener les âmes de l'autre côté...
Clarke serra les lèvres et posa une main sur la joue du jeune garçon.
— Le jour où j'aurais à guider ton âme de l'autre côté n'est pas encore arrivé, je te le promets, dit-elle doucement. Je me mettrais devant l'épée qui te seras destinée, comme je l'ai toujours fait depuis mon arrivée sur cette planète pour protéger les miens.
Derek se mordit la lèvre et Clarke le prit dans ses bras une longue seconde. Il avait beau être l'héritier du trône, il n'en demeurait pas moins un gamin de douze ans, traumatisé par la mort de ses parents qui l'avaient caché toute sa vie pour ne pas qu'il devienne Heda... Lorsqu'il se redressa, la jeune femme lui caressa la joue.
— Va t'habiller, dit-elle doucement. Roan t'attend en bas ; tâche de ne pas l'énerver et tout ira bien, d'accord ?
— Je vais essayer.
— Ça ne sera plus très long. Dès que John aura maîtrisé ses nouvelles fonctions, nous t'implanterons. Ensuite, advienne que pourra.
Derek grimaça.
— Et si l'Esprit des Commandants me rejette ?
Clarke haussa un sourcil.
— C'est déjà arrivé ?
— Je l'ignore, je suis trop jeune pour le savoir ; le seul Heda que j'ai connu, c'est Lexa, alors... Mais si jamais ?
— Eh bien, dans l'éventualité où ce serait possible, je ferais en sorte de te retirer la Flamme et de trouver un autre Natblida, ou bien de me sacrifier.
— Clarke, non... Tu n'as pas à faire ça, pas pour nous...
— Je n'ai pas le choix.
— On a toujours le choix... Tu as répondu à l'appel de Roan parce qu'il était désespéré, mais je ne veux pas que tu sacrifies ta vie avec Bellamy pour moi, pour les Triges. Dès que je serais implanté, tu partiras le rejoindre.
— Derek...
— Ce n'est pas négociable. Je sais que tu auras tout fait pour m'assurer un règne parfait ; je te fais confiance, je vois bien comment tu travailles, alors dès que je serais Heda, tu reviendras Clarke Griffin et tu retourneras auprès de ton mari.
— Bellamy ne...
Mais Derek se détourna et disparut dans sa chambre. Clarke s'ébroua alors en se demandant ce qu'il venait de se passer, puis elle reporta son attention sur les reliefs du petit-déjeuner. On toqua contre la porte au même moment et deux servantes entrèrent pour nettoyer la table...
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Toute la matinée durant, Clarke fut prise par les complaintes des Triges qui demandaient qui une autorisation pour se marier, qui annonçait être enceinte, ou encore demandait le fameux cheval pour faire ses labours.
— Accordé.
— Merci, Rijant.
— Merci à toi de nous nourrir avec ton champ, Sedar, répondit la jeune femme en inclinant la tête. Goran va te donner la lettre à remettre au chef des écuries de Heda, prends le cheval qui te seras le plus utile.
L'homme s'inclina puis récupéra le parchemin roulé et quitta la salle du trône. Une fois les portes refermées, Clarke soupira bruyamment.
— C'était le dernier ? demanda-t-elle en se levant.
— Oui. Maintenant, allons déjeuner, je suis mort de faim.
— Et moi donc, mais avant, je dois récupérer Derek.
Goran haussa un sourcil.
— Vous ne le laissez pas déjeuner avec Roan ? Il ne s'entraîne pas l'après-midi ?
— Non, il est avec moi durant ce temps-là, pour apprendre à diriger.
— Oh, je l'ignorais, depuis quand ?
— Environ une semaine. Je ne vous ai rien dit ? Bizarre, je suis pourtant sûre de vous en avoir parlé ? Bon, ce n'est pas grave, désormais vous le savez.
Goran sourit et griffonna rapidement sur un carnet qu'il rangea ensuite. Clarke lui décocha un sourire amusé ; l'homme était si consciencieux dans son travail qu'il avait établi un agenda entier pour Rijant, de neuf heures du matin à plus de vingt heures, réglé comme du papier à musique durant les six jours de la semaine.
— Goran ? dit-elle soudain.
— Oui, Rijant ?
— Pouvez-vous envoyer un message à Bellamy en mon nom, lui demander si tout va bien pour lui et s'il a besoin de quoi que ce soit ?
L'Intendant regarda la jeune femme avec étonnement mais hocha néanmoins la tête. Il quitta ensuite la salle du trône en emportant ses affaires et Clarke souffla par le nez. Elle aurait bien rédigé elle-même cette lettre, mais elle savait que si elle le faisait, elle n'aurait qu'une envie, sauter sur son cheval et partir le rejoindre, or elle avait encore tellement à faire ici qu'elle doutait pouvoir rentrer avant l'hiver...
Quittant la salle du trône, la jeune femme descendit d'une douzaine d'étages, saluée par au moins une centaine de personnes qu'elle croisa en chemin, avant d'arriver au troisième étage où se trouvait une immense salle d'entraînement remplie de toutes les armes possibles, y compris, désormais, celles des Skaikrus.
— Rijant ! entendit-elle en entrant dans la pièce. Bonjour !
Un jeune homme s'approcha rapidement et s'inclina.
— Bonjour, Apprenti Maître d'Armes, répondit-elle. Comment s'en sort Derek ce matin ?
— Bien, bien, il apprend vite.
— Tant mieux. Je ne vois pas Roan, où est-il ?
L'apprenti regarda alentours et fronça les sourcils.
— En voilà une bonne question... Maître ? Vous savez où est Roan ?
Un homme à la bedaine prononcée leva les yeux d'une épée qu'il affûtait et fronça les sourcils en voyant Clarke.
— Parti, répondit-il en retournant à sa tâche.
— Mais quand ? demanda la jeune femme.
L'homme haussa les épaules et Clarke comprit qu'il ne lui dirait plus rien. Si elle était appréciée et respectée par la majorité des Triges vivant à Polis, il en restait quelques-uns qui ne l'aimaient pas, sans pour autant avoir envie de la tuer toutefois.
— Derek ! Tu viens mon grand, on rentre ? appela alors la jeune blonde.
Le jeune garçon cessa de taper un mannequin avec une hache en bois et traversa aussitôt la grande salle, presque en courant. Clarke lui décocha un sourire et remercia les deux hommes avant de tourner les talons.
— Quand Roan est-il parti ? lui demanda-t-elle une fois dans le monte-charge.
— Tôt ce matin, vers dix heures, je dirais.
— Dix heures ? Mais c'était à peine une heure après votre départ...
Le monte-charge s'arrêta soudain au douzième étage et deux servantes entrèrent en s'inclinant. Elles débarquèrent trois étages plus haut tandis que Clarke et Derek continuaient leur chemin jusqu'au sommet de la tour en silence. Là, Clarke avisa Tylo qui lisait, assis sur une chaise devant les appartements de Rijant.
— Tylo, trouve-moi Roan, dit-elle.
— Le trouver ? Il n'était pas avec Heda ?
— Non, il est parti ce matin une heure après le début de l'entraînement, répondit Derek. Je ne l'ai pas revu depuis...
— Trouve-le et amène-le-moi, ajouta Clarke.
— À vos ordres, Rijant.
L'homme disparut dans le monte-charge et la jeune blonde inspira. Derek l'observa ; elle était aussi grande que lui malgré ses six ans de plus que lui, mais on sentait dans sa posture qu'elle n'avait pas dix-huit ans dans sa tête. Un grondement se fit soudain entendre et le jeune garçon posa une main sur son estomac.
— Allons déjeuner, dit alors Clarke en poussant la porte de son appartement.
— Tu es en colère ?
— Oui. Je te confie à Roan pour qu'il t'entraîne, pas pour qu'il fiche le camp à la première occasion sans prévenir.
Derek baissa le nez ; oui, elle était en colère, très en colère, même, et Roan allait sans doute passer un très mauvais moment une fois que Tylo l'aurait retrouvé...
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