Chapitre 21
Abigail observait les environs. Le chariot de Jorgen venait de s'arrêter et ils allaient passer la nuit ici, leur dixième nuit depuis le départ d'Arkadia, précisément, et même si le voyage était monotone, les paysages splendides permettaient d'en prendre plein les yeux.
— C'est magnifique...
— C'est vrai. Ça ne l'est que depuis de l'humanité n'est plus. Tenez.
Abby regarda le marchand qui lui tendait une tasse de café ; elle la prit, lèvres pincées, puis s'assit sur un rondin et regarda la cabane en bois qui se dressait fièrement à quelques mètres de là.
— Il y a ces abris partout le long de la route ? demanda-t-elle.
— Oui. Ils sont mis à disposition de n'importe quel voyageur, qu'il soit seul ou non, et l'unique condition est de remplacer ce que vous avez utilisé. J'ai pris deux bûches pour le feu, par exemple, tout à l'heure, j'irais couper un petit arbre pour les remplacer.
Abigail hocha la tête, impressionnée.
— Avez-vous des souvenirs de l'ancien monde ? demanda alors le marchand.
— Oh, pas en tant que tel, mais j'ai appris, à l'école, comme les autres avant moi, à quoi il ressemblait, et je peux vous assurer sans me tromper, que la Terre est sans aucun doute bien mieux ainsi. Les Ancêtres avaient presque tout détruit, rasé toutes les forêts, détourné toutes les rivières, inondé des vallées entières en construisant des barrages...
La femme médecin secoua la tête.
— Alors oui, ce nouveau monde est dur et y survivre demande quelques compétences que nous les Skaikrus n'avons pas encore, mais c'est mieux ainsi.
Un reniflement dédaigneux ponctua sa phrase et Abigail tourna la tête vers Raven, assis au bord du chariot, grignotant quelque chose dans un bol.
— Vous croyez pas ce que vous dites quand même, doc, si ? dit-elle. Comment vous pouvez penser qu'un monde sans aucun confort, sans aucune technologie, sans médecine est mieux que cela d'avant ? Ces sont des sauvages, tous autant qu'ils sont, et c'est pas la Princesse des Cents qui y changera quelque chose !
Abby serra les lèvres en baissant le nez ; Jorgen posa une main sur son bras. Raven montra alors les dents et se détourna pour disparaître dans le chariot.
— Elle souffre, répondit simplement Abigail en secouant la tête. Son petit ami depuis plus d'un an l'a abandonnée parce qu'elle ne veut pas d'enfant, et elle ne pensait pas que cela la blesserait autant.
Jorgen opina.
— Ma femme m'a fait le même coup il y a vingt ans, dit-il alors avec un sourire en coin.
— Votre femme ? Mais si elle est votre femme, alors...
Le marchand plissa le nez.
— Deila est handicapée. Comme Raven, elle a une jambe qui marche mal. Son père ne l'a pas supprimée à sa naissance parce qu'il a pensé qu'elle pourrait survivre malgré ce handicap, et elle l'a fait, elle a grandi, elle a appris à faire autrement et elle est devenue un exemple pour beaucoup d'autres personnes avec des handicaps mineurs.
— Elle n'a pas été chassée de votre clan, comme Emori ?
— Non, parce que, encore une fois, son handicap n'était pas si handicapant que cela. Votre Wastelander, Emori, n'a qu'une seule main de valide, elle ne peut rien faire avec l'autre et ça, c'est un critère de mort, voire, au mieux, de bannissement. De plus, elle est née Wastelander, donc...
— Je vois. Elle a accouché d'une magnifique petite fille, il y a deux mois, et elle est parfaite. Aucun signe de déformation quel qu'il soit.
— C'est une bonne chose, mais si vous n'aviez pas été un clan à part, elle n'aurait jamais eu le droit d'avoir d'enfant. Elle n'en a toujours pas le droit, du reste, mais son mari est Fleimkepa, j'imagine que cela lisse pas mal de choses...
Abigail plissa le nez.
— Je ne comprends pas pourquoi Clarke l'a mis à ce poste, dit-elle.
— Parce qu'il est le seul en qui elle a pleine confiance, j'imagine ?
— Oh non, loin de là... Ma fille n'a confiance en personne, pas même en elle-même...
Jorgen inspira.
— C'est là que je vais vous corriger, dit-il en se redressant. Rijant, ou Wanheda, est la personne qui inspire le plus de confiance chez les gens qu'elle côtoie, docteur Griffin. Votre fille est ce genre de femme qui n'a qu'un regard à lancer, une main à lever, pour que même les brutes d'Azgeda lui obéissent sans broncher.
Surprise, Abigail fronça les sourcils.
— Comment est-ce possible ? demanda-t-elle. Ma fille est toute petite et n'a jamais été confrontée à plus fort qu'elle...
— Vous verrez par vous-même, répondit Jorgen. Je pense qu'être envoyée sur Terre en tant que chair à canon aide pas mal à se forger une solide résilience.
— Ça, c'était petit mais mérité ! s'exclama Raven depuis le chariot.
Abigail rougit aussitôt, à la fois de gêne et de colère, mais ne répondit pas et préféra se concentrer sur son café.
.
À Polis, pendant ce temps, la vie avait repris son cours et si les Terriens ignoraient toujours que Derek n'avait plus la Flamme depuis bientôt deux semaines, Clarke, elle, travaillait d'arrache-pied pour que ces hommes et ces femmes reconnaissent enfin que tout ce qu'elle faisait n'était que pour le bien des Terriens et leur futur sur cette planète.
— Non, Rijant, je ne suis pas d'accord.
La jeune femme regarda les Ambassadeurs des douze autres clans assis autour de la salle.
— C'est entendu. Quelqu'un d'autre ? demanda-t-elle.
Un homme leva la main.
— Toi ? demanda Clarke.
— Oui. Je ne suis pas d'accord.
— Très bien. C'est entendu. Qui d'autre ?
Les onze autres clans restèrent silencieux. Clarke opina. Depuis une semaine, elle soumettait au vote des Ambassadeurs le texte de loi concernant l'accession au trône dans le futur. Il avait été rejeté en bloc la première fois, modifié, puis revoté et rejeté encore une fois. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce n'était pas le fait qu'il n'y ai plus de Conclave ou que la Flamme soit transmissible de père en fils, ou de mère en fille, mais plutôt le fait que l'enfant Natblida pouvait rester dans sa famille jusqu'à la mort de son aïeul sans recevoir de formation des Prêtres de Polis depuis son plus jeune âge.
— Bon, dit soudain Clarke. Ambassadeur Podakru, Ambassadeur Trishanakru, je vous écoute. Qu'est-ce qui vous ennuie encore avec ce texte de loi.
Le ton était las, la journée avait été longue et tous n'aspiraient qu'à rentrer chez eux. Le Podakru leva la main et Clarke lui fit un signe de tête.
— Nous avions convenu que l'enfant Natblida pressenti pour reprendre le flambeau de son aîné sera conduit à Polis dès son plus jeune âge, dit-il. Je propose qu'il soit intégré à une école qui sera créée uniquement pour les Natblidas, ici à Polis. L'enseignement qui y sera dispensé sera complet et devra comporter aussi bien de l'entraînement physique que psychologique.
Il se tut et Clarke observa un silence.
— Ambassadeur Trishanakru ? demanda-t-elle.
— Je n'ai rien à ajouter, je pensais à la même chose, répondit l'homme. Peu importe comment on prend la chose, il faut que ces enfants reçoivent la meilleure éducation possible. Ils sont notre futur, quoi qu'on en pense.
— Peut-être que les tuteurs de ces enfants devront être des Natblidas plus âgés qui pourront leur apprendre à gérer leur sang noir ? proposa l'Ambassadeur Trikru. Ils sauront tout ce qu'il y a à savoir sur les origines de ce sang, pourquoi ils l'ont et pas les autres...
Clarke releva le menton.
— Ma foi, dit-elle. C'est une bonne suggestion. Mais ne pensez-vous pas que les croyances des vôtres pourraient être remises en question ? Ce sont des enfants, ils auront des amis Reidjus et ils vont donc leur en parler...
— Non, répondit l'Ambassadeur Trikru. Nous... étions ignorants jusqu'à maintenant. Nous nous sommes enlisés dans des histoires tronquées, morcelées par le temps et les précédents Prêtres. Pour tout avouer, Rijant, j'ai eu beaucoup de mal à avaler l'histoire de Fleimkepa, mais j'ai entendu plusieurs autres versions et j'ai fini par admettre que je ne savais pas tout. Grâce à vous et à Fleimkepa, nous avons désormais l'histoire de Becca Pramheda en entier et c'est un sentiment très satisfaisant, même si la fin est des plus tragiques.
— Je n'en attendais pas moins des survivants de Praimfaya, ceci dit, répondit l'Ambassadeur Trishanakru en croisant les bras. C'était une époque de terreur et de noirceurs, ils étaient perdus, ils avaient peur donc ils ont fait ce qu'ils pensaient être le mieux à ce moment-là pour survivre...
Clarke hocha la tête. La porte de la salle s'ouvrit alors et Derek entra. Aussitôt, tous les Ambassadeurs se levèrent pour le saluer en s'inclinant et le jeune garçon marcha jusqu'à Clarke et se posa près d'elle.
— Heda, puis-je vous poser une question ? demanda alors l'Ambassadeur des Ingranronas.
— Je vous écoute, répondit le jeune garçon.
— Approuvez-vous la décision de Wanheda concernant la disparition du Conclave et le choix du Commandant ?
— Oui, répondit Derek. Je n'ai pas eu de Conclave, je n'ai pas été entraîné à devenir Heda et je souffre de cette situation. Sans Wanheda, je ne sais sans doute pas capable de vous parler. Elle m'a appris tout ce que je devais savoir, quand bien elle ne soit pas une Natblida. Je...
Clarke esquissa un sourire. Soudain, Derek porta sa main à sa nuque en gémissant. Il tomba sur un genoux et Clarke bondit.
— Heda ! s'exclama-t-elle. Derek, qu'est-ce qui se passe ?
— Je... Je ne sais pas ! haleta le garçon. J'ai mal ! Clarke... !
Il serra ses doigts sur sa nuque et se roula en boule en gémissant.
— C'est la Flamme ! s'exclama l'Ambassadeur Trikru. Wanheda, il faut...
— Tylo ! aboya alors Clarke.
Son garde personnel jaillit dans la pièce et s'approcha vivement de Derek qui se tordait de douleur sur le tapis.
— Heda... ! Mais qu'est-ce qu'il a ?
— Tylo, emmène-le chez moi et fais chercher Fleimkepa, vite ! Il doit y avoir un problème avec la Flamme.
Tylo ne perdit pas de temps. Il ramassa le garçon qui perdit connaissance dans ses bras, avant de quitter la salle. Il se rua dans l'escalier et entra chez Clarke. Il déposa le garçon sur la canapé et celui-ci resta étendu un instant avant d'ouvrir un œil et de s'asseoir.
— Comment j'étais ? demanda-t-il.
— Très réaliste, répondit Tylo. Les Ambassadeurs sont paniqués.
— J'ai entendu quelqu'un parler de la Flamme, est-ce que tu crois qu'ils vont tomber dans le panneau ?
Tylo grimaça.
— Tu passes trop de temps avec Wanheda, dit-il. Mais sinon, c'est fort possible qu'ils le croient. Ils ont accepté que la Flamme ne soit pas une chose magique, mais un objet de très grande technologie et même si j'ai du mal à me faire à l'idée, Clarke sait très bien raconter et Fleimkepa aussi...
Derek hocha la tête. Ils avaient convenu de monter ce petit scénario deux jours plus tôt afin d'avoir une raison de retirer la Flamme à Derek et de lui rendre sa liberté. La venue de Raven à Polis était une des motivations pour cela, car ainsi, il allait pouvoir repartir avec elle et s'installer à Arkadia le temps que Clarke trouve un autre Natblida pour le remplacer à la tête des Terriens, quand bien même cela prenne plusieurs années.
Quand la porte de la chambre s'ouvrit, Derek retomba sur les oreillers en gémissant, mais c'était Roan, suivi de John.
— Ils ont été pris ? demanda le guerrier.
— Apparemment oui... répondit Tylo. Ils étaient tous paniqués et surpris. Je pense qu'ils doivent être en train de se demander si la Flamme ne se rebellait pas. Qu'est-ce que Wanheda leur dit ?
— Aucune idée, mais j'ai entendu pas mal de discussions en passant, répondit Roan. C'est possible que la Flamme se rebelle ? demanda-t-il ensuite à John.
— En théorie non, car elle ne l'a jamais fait, mais jusqu'à maintenant, personne ne savait que c'était un objet crée par l'Homme. Maintenant qu'ils le savent, ils pourraient croire que la Flamme ne reconnaît qu'un maître qui aurait été choisi de façon convenable...
Roan grogna.
— Tant de mensonges ! s'exclama-t-il. Détruire les croyances de tout un peuple n'était peut-être pas nécessaire, si ?
— Pour rétablir la vérité, parfois, si, répondit John. Après, Derek a été rejeté par l'Esprit des Commandants, car il n'a pas été entraîné correctement. Ce fut l'erreur de Clarke de croire que cela se passerait bien et cela nous donne un argument supplémentaire pour le vote de la loi contre le Conclave. Savoir se battre et tuer n'es pas la solution, il faut apprendre la vie, connaître le monde et ce que l'on affronte pour être un bon chef.
— Tu crois ? demanda Tylo. Donc, il n'y aurait plus de Conclave, mais un apprentissage solide basé sur... quelque chose, pour optimiser les chances de fusion avec la Flamme ?
— Tu parles trop bien pour un simple garde, grogna Roan. Mais c'est l'idée, oui.
S'asseyant, Derek souffla par le nez.
— Je n'aime pas mentir, dit-il. Ma mère m'a toujours interdit de mentir...
— C'est pour la bonne cause, dit John. Je sais que tu as été très flatté quand Clarke t'a choisi pour être Heda, mais il est clair que l'Esprit des Commandants ne veut pas de toi et c'est légitime. Tu n'es pas prêt. Peut-être que tu pourras retenter ta chance dans quelques années ?
Derek regarda Murphy avec surprise.
— Tu veux dire, aller dans cette école que vous allez créer et apprendre à devenir Commandant, puis retenter ?
— Et pourquoi pas ? demanda Roan. Tu pourrais être un exemple. Tu as porté la Flamme, tu as été rejeté parce que tu n'étais pas suffisamment entraîné, c'est un bon exemple pour les autres prétendants.
— C'est surtout sacrément humiliant...
Aucun des trois hommes ne répondit. Des voix se firent alors entendre dans le couloir et Derek se jeta aussitôt dans le canapé en gémissant, feignant admirablement la douleur. John s'assit près de lui, faisant mine de l'examiner, puis la porte de l'appartement s'ouvrit et Clarke s'approcha, suivie de Serena, la Guérisseuse de la Tour.
— Il vient de revenir à lui, dit Roan. Qu'est-ce qui se passe ?
— C'est la Flamme, dit alors John.
— La Flamme ? s'étonna Serena. Mais aucun Commandant n'a jamais souffert de la Flamme ! C'est absurde, il a un simple mal de tête, je vais lui donner...
— Tu doutes de mes paroles, Guérisseur ? demanda Murphy en se tournant vers elle.
— Non, Fleimkepa, répondit la femme en baissant légèrement le nez. Je dis simplement qu'aucun Commandant n'a jamais souffert de la Flamme, c'est tout.
— Tu es bien silencieuse, Wanheda, dit alors Roan.
Clarke regardait Derek qui gémissait de douleur. Bien qu'elle sache pertinemment qu'il simulait, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la douleur.
— C'est ma faute, dit-elle alors. J'ai voulu en faire le Commandant, mais il n'était pas prêt...
— C'est à dire ? demanda Serena.
— Il se plaint de cauchemars depuis des semaines, répondit Clarke en croisant les bras. Je n'ai pas voulu le croire, je lui disais que c'était normal, qu'il fallait qu'il apprenne à vivre avec les murmures de l'Esprit des Commandants...
Elle baissa les yeux, lèvres pincées.
— Retire-lui la Flamme, Fleimkepa, dit-elle.
— Quoi ?! s'exclamèrent dans un ensemble parfait John, Serena et Roan.
— Tu ne peux pas ! continua Roan. C'est Heda, il...
— C'est un enfant ! répliqua Clarke. Et il souffre de mes actions ! Je me suis trop avancée, je pensais que l'entraînement ne servait qu'à endurcir le futur Commandant, mais non, il permet de résister à la pression des Commandants... et Derek n'est pas prêt. Il ne le sera peut-être jamais, du reste...
— Wanheda, tu te rends compte de ce que tu me demandes ? demanda alors John.
Clarke le regarda. Alors certes, tout n'était que mise en scène, certes non répété, mais l'on aurait dit une scène plus vraie que nature et Clarke réalisa alors qu'il y avait du vrai tout de même.
— Oui, dit-elle. Et j'assumerai les conséquences de ce choix. La vie de Derek en dépend et je ne veux pas avoir encore une fois le sang d'un enfant sur les mains, ceux de Mount Weather suffisent.
Un silence s'installa et Derek gémit. John le regarda. Le garçon, caché par Murphy, ouvrit un œil et hocha imperceptiblement la tête. John soupira alors profondément.
— Très bien, dit-il.
— Tu ne peux pas faire ça, Fleimkepa ! s'exclama alors Serena. Heda... Heda doit assumer, il...
— Il va mourir, lâcha alors Murphy.
Un épais silence tomba sur la pièce et Clarke décroisa lentement les bras en regardant John.
— Je te demande pardon ? dit-elle.
— Si je ne retire pas la Flamme, son corps va produire des anticorps et essayer de la combattre comme si c'était un virus, répondit le jeune homme. Cependant, il n'y a rien à combattre...
— D'où tu t'y connais mieux que moi en médecine ? demanda alors Clarke, réellement surprise, cette fois.
— Dois-je te rappeler que tu as fichu le camp d'Arkadia pendant des mois avant que je reçoive un gentil message me demandant de ramener mon cul ici ? grinça Murphy en se levant. Non, alors ne dis rien.
Clarke serra les mâchoires.
— Dehors, dit-elle alors. Tout le monde dehors.
Personne ne se fit prier et Roan attendit John dans le couloir tandis que Serena et Tylo s'éloignaient en silence. Le jeune homme ferma la porte dans son dos et soupira.
— C'était nécessaire ? demanda le Roi d'Azgeda.
— Non, sans doute pas, mais elle l'a mérité.
— Et en quel honneur ?
— Elle nous a abandonnés, Roan, répondit Murphy, les sourcils froncés. Alors que nous sommes contraints de vivre dans cette porcherie qu'est Arkadia, même si les Trikrus qui vivent avec nous font de leur mieux pour arranger les choses, ça reste un camp miteux qui prend l'eau quand il pleut, alors que Clarke, elle, vit dans une jolie maison au bord de la mer avec tout le confort !
Roan grimaça.
— Tu es jaloux ? demanda-t-il.
— Jaloux de Clarke ? Non. Non, je ne suis pas jaloux, mais je la trouve très égoïste pour le coup. D'abord elle nous lâche juste après la fin de ALIE, elle décide qu'elle vivra mieux seule et elle abandonne son peuple à lui-même et voilà maintenant qu'elle ne trouve rien de mieux à faire que prendre la tête de ton peuple, Roan.
— Tu préférerais qu'elle soit Chancelière des Skaikrus ? Ça changerait quoi ? Kane est un bon chef et si Clarke est devenue la Régente des Terriens, c'est uniquement parce qu'il faut faire ce qui doit être fait et qu'aucun des miens n'en est capable. J'ai lamentablement échoué alors qu'elle me faisait confiance et je n'en suis pas du tout fier, mais je reste pour la soutenir. J'ai moi aussi ma part de responsabilités concernant le gamin, ajouta-t-il. J'ai approuvé le choix de Clarke et depuis deux mois, j'entraîne Derek à devenir plus fort, tous les matins pendant quatre heures d'affilée alors qu'il se plaint de ces cauchemars à répétition !
John resta silencieux. Il regarda vers la porte fermée de l'appartement puis se détourna et Roan le laissa partir sans un mot. Il jeta un regard vers la porte close, soupira et décida d'aller frapper sur quelque chose en attendant que leur petite pièce de théâtre reprenne du service.
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