Chapitre 2
Bellamy devait arriver d'un moment à l'autre. Il avait appelé sur le talkie et Clarke avait donc tout préparé pour son arrivée. Elle n'avait plus repensé au Terrien qui était venu la voir, trois jours plus tôt, et qui était reparti sans elle le lendemain, sans surprise. Elle gardait tout de même en tête que Roan ne parvenait pas à se faire obéir de son propre peuple et cela l'inquiétait un peu. Ils n'avaient pas besoin d'une révolte si peu de temps après la fin de la guerre qui avait fait tant de morts...
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La jeune femme était en train de surveiller le dîner quand un cheval ronfla dehors. Elle s'approcha de la fenêtre et sourit en reconnaissant l'animal brun qui venait d'entrer dans son jardin. Elle jeta aussitôt ce qu'elle avait dans les mains et sortit ; Bellamy sauta alors à terre et l'enlaça aussitôt.
— Tu as voyagé vite ! Tu m'as appelée il y a deux jours ! s'exclama la jeune femme en appréciant l'accolade.
— Pourtant, je ne me suis pas plus pressé que d'habitude... Probablement que je connais le chemin maintenant, donc je sais faire au plus court, sourit Bellamy.
Il lui caressa les cheveux puis l'embrassa sur le front. Clarke sourit et ils rentrèrent dans la petite maison comme un grand coup de vent glacial balayait les environs. Clarke lui annonça alors qu'un Terrien l'avait visitée, trois jours en arrière, et qu'il lui avait demandé de se rendre à Polis dans les plus brefs délais.
— Pourquoi Roan n'a pas envoyé le messager à TonDC ? demanda Bellamy. Ça aurait été plus simple que d'envoyer un de ses hommes jusqu'ici... J'imagine que tu as refusé puisque tu es encore là ?
— Oui, mais ça m'inquiète un peu tout de même, répondit Clarke en préparant la théière. Je pensais qu'en demandant à Roan de prendre la tête des Terriens, il allait pouvoir se faire respecter, il est le Roi de l'un des plus puissants clans du continent, après tout, il est naturellement imposant, mais ça ne fonctionne pas... Les Terriens de Polis ne reconnaissent pas l'autorité d'un chef qui n'est pas un Natblida, pire encore s'il ne porte pas la Flamme. Le messager n'a pas tout dit, je le sens et je crois que la situation est pire que ce que je pense...
Bellamy plissa le nez et observa les tasses en bois qu'il avait prises sur l'évier.
— Je vais t'accompagner là-bas, répondit-il. Si Roan n'a pas besoin de nous deux, je reviendrai ici pour m'occuper de ta maison le temps que tu règles les choses.
Clarke haussa un sourcil.
— Qui t'a dit que j'allais y aller ? demanda-t-elle, surprise.
— Ton attitude.
— Mon... ? Tu me connais décidément trop bien... Je vais y aller toute seule, répondit la jeune femme avec un sourire amusé. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose, je ne fais pas suffisamment confiance aux Terriens pour ne pas attenter à ta vie quand je ne serais pas près de toi... Après tout, tu demeures un assassin à leurs yeux, et contrairement à moi qui ait obtenu un titre, certes pompeux, mais qui semble imposer le respect, toi tu n'es rien pour eux.
Bellamy grimaça puis opine. Il regarda la maison autour de lui et proposa alors de rester ici jusqu'à ce qu'elle revienne, afin que la maison ne soit pas abandonnée et risque d'être occupée par des voyageurs ou des chasseurs de passage. De plus, il avait besoin de s'isoler un moment.
— Isoler de quoi ? s'étonna Clarke. Je pensais que ça allait bien à Arkadia, non ? Enfin Harper et Octavia ne m'ont rien dit en tous cas.
— Oui, tout va bien au camp ; c'est moi qui déconne en fait... Je fais des cauchemars terribles depuis quelques temps et j'ai du mal à réfléchir. Octavia m'a conseillé de rester une ou deux semaines chez toi, histoire de faire un point, mais je ne pensais pas que tu allais devoir partir...
Clarke pinça les lèvres et baissa le nez en comprenant le sous-entendu.
— J'aurais aimé pouvoir rester avec toi, mais apparemment, Wanheda n'a pas encore raccroché, répondit-elle en grimaçant. Tu peux rester aussi longtemps que tu veux, tu le sais. Je ne vais pas rester éternellement à Polis, de toute manière, trois semaines, tout au plus un mois ; je suis sûre que dès que je serais là, les choses vont s'arranger, ensuite je rentrerai.
Bellamy hocha la tête. Clarke lui demanda ensuite de lui raconter les dernières nouvelles d'Arkadia et quand elle apprit que sa mère, Abigail Griffin, avait autorisé les femmes Skaikru à tenter d'avoir des enfants, elle fut très surprise.
— Pourquoi est-ce qu'elle a fait ça ?
— Parce qu'il est temps que nous pensions à notre futur, selon elle, répondit le jeune homme.
— Je vois... Et... elle a dit quelque chose la concernant ?
— Pas que je sache, mais j'imagine qu'elle va donner l'exemple...
Clarke plissa le nez. Bellamy haussa un sourcil puis secoua la tête.
— Si tes parents ont un bébé, tu n'auras pas à t'en occuper, tu sais ? dit-il avec un sourire amusé.
— Kane n'est... commença la blonde. Ouais, tu as raison, mais cet enfant sera tout de même mon frère ou ma sœur et...
— Tu sais, avoir une moitié pendant les temps difficiles, c'est une consolation. Le reste du temps, c'est une plaie...
Clarke rigola. Elle était jalouse, au fond d'elle, de la relation qu'il y avait entre Bellamy et sa sœur, mais elle doutait d'avoir une telle relation avec un bébé... et non pas parce qu'il n'aurait pas Jake comme père, mais sans doute parce qu'ils auraient toujours dix-huit ans d'écart et qu'elle pourrait très bien être sa mère...
— Sinon, tu comptes aller à Polis, ou pas ? Ça fait déjà trois jours que le messager est parti.
— Il lui faudra dix jours pour rentrer, j'ai le temps de voir venir. De plus, si Roan veut mon aide, il va devoir la mériter.
Bellamy plissa les yeux.
— Tu n'es pas un peu dure ?
— Si, sans doute, mais je lui ai demandé de prendre la tête des Triges, il a accepté, je lui faisais confiance. Au final, il m'a déçue. En tant que roi d'Azgeda, je le pensais de la même trempe que Lexa, mais non, il n'est pas à la hauteur et ne le sera sans doute jamais.
Bellamy grimaça puis inspira.
— Bien, je n'ai de toute manière pas mon mot à dire dans l'histoire, tu es Wanheda, c'est toi qui décides, dit-il. Saches cependant que pour moi, c'est une mauvaise idée.
— Et je prends ton avis en compte, ne t'en fais pas. Maintenant, va donc rentrer un peu de bois, je vais préparer quelque chose de chose de chaud.
— À vos ordres, Princesse !
Clarke haussa les sourcils puis sourit ; cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été gratifiée de ce surnom au départ péjoratif puis devenu sa marque de fabrique. Elle le préférait largement à Wanheda, du reste...
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Clarke décida de partir pour Polis quand elle fut certaine que Bellamy avait tout ce qu'il lui fallait. Elle prit la route très tôt un matin, deux semaines après l'arrivée de son ami, et devoir partir lui fit plus de mal qu'elle ne se l'imaginait.
— Tu vas revenir, je ne m'en fais pas, et tu retrouveras ta maison comme tu l'as laissée.
La jeune femme esquissa un sourire et renifla.
— Pleure pas, Princesse...
Bellamy la prit dans ses bras et elle se serra contre lui avant de reculer et de passer sa main sous son nez. Elle enfourcha son cheval dans la foulée et Bellamy posa une main sur son genou.
— Je vais rester ici jusqu'à ce que tu reviennes, ça me fera des vacances et ta maison ne restera pas vide comme ça.
— Tu n'es pas obligé.
— Non, mais j'en ai envie.
Clarke esquissa un sourire. Se penchant, elle embrassa le jeune homme sur la joue une longue seconde puis se redressa en ramenant sa capuche sur ses cheveux blonds. Quand elle remonta son cache-nez, Bellamy recula d'un pas.
— Envoie un oiseau à Arkadia quand tu es arrivée, dit-il. Octavia me transmettra le message via la radio.
— Entendu.
— Bon voyage.
— Merci.
D'un claquement de langue, Clarke fit tourner son cheval lourdement chargé et s'éloigna sur le chemin en pente qui menait sur la plaine. Bellamy la suivit du regard et, quand elle disparut au sommet, il renifla et se détourna. Il ramassa deux bûches et rentra dans la maison pour se préparer un petit-déjeuner avant d'entamer sa journée en suivant la liste que Clarke lui avait faite.
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Sans se presser, quand bien même elle savait que Roan avait besoin d'elle, Clarke mis douze jours pour atteindre la capitale de Terriens, Polis, une ville des Ancêtres partiellement rasée pendant Praimfaya. Ici, des milliers de personnes vivaient, des familles entières, des soldats, des prêtres et surtout, Heda. Du moins, ce qui faisait figure de, depuis la mort de Lexa, Roan d'Azgeda.
Lorsqu'elle fut aperçue sur la route par des chasseurs, ce fut le branle-bas de combat dans la ville, on se demandait pourquoi Wanheda revenait en ville, qu'est-ce qu'il se passait pour qu'elle s'en sente l'obligation... Sept mois s'étaient écoulés depuis la fin de ALIE et les Terriens étaient plus que reconnaissants envers ce petit bout de femme qui avait osé braver l'interdit en fusionnant avec la Flamme pour pouvoir atteindre l'entité informatique démoniaque, mais ils en avaient très peur aussi, car selon leurs croyances, c'était elle qui guidait les Morts de l'Autre Côté et que souvent, Wanheda venait chercher ceux qui allaient mourir...
Quand Clarke fut en vue des portes de la ville, elle ne fut même pas surprise de voir qu'un véritable comité d'accueil s'était formé et qu'une sorte de haie d'honneur de soldats d'Azgeda attendait son passage. Les chasseurs n'avaient pas été discrets du tout, elle les avait remarqués trois jours plus tôt et savait pertinemment que son arrivée en ville n'allait pas passer inaperçu ; elle n'avait cependant pas imaginé une telle débandade et, un peu perturbée, elle ne fut pas fâchée quand Roan apparut au bout de l'avenue principale, juché sur son cheval, entouré de six guerriers des glaces, afin de l'accompagner jusqu'à la Tour du Commandant sans qu'elle n'ait l'impression d'être scrutée de partout et de risquer prendre une pierre. Ce qui étonna le plus la jeune femme, cependant, c'étaient toutes les mains qui se tendaient vers elle pour effleurer sa jambe ou son cheval... Certains réussirent même à planter des fleurs dans ses bottes ou dans son harnachement et elle se promit de demander à Roan si cela avait une quelconque signification ou si c'était juste des signes de reconnaissance.
Ils entrèrent sous la tour à cheval après quelques minutes plutôt angoissantes et, dans le souterrain, deux hommes vinrent tenir les brides des chevaux et d'autres entreprirent de défaire les sacoches de selle de Clarke pendant qu'elle mettait pied à terre.
— Tu as fait bon voyage ? demanda Roan en l'imitant.
Clarke hocha la tête comme on conduisait son cheval à l'écurie. Elle récupéra ses sacoches et soupira.
— Je ne suis pas fâchée d'arriver, mais je ne m'attendais pas à un tel accueil, répondit-elle. Tu n'aurais pas dû, je ne le mérite pas...
— Je n'ai rien fait, répondit Roan en se renfrognant. Il semblerait que mon peuple décide désormais de lui-même comment agir...
Clarke fronça les sourcils, intriguée. Roan lui fit alors signe de la suivre et ils remontèrent dans la tour où le Roi d'Azgeda lui montra ses appartements, situés deux étages en-dessous de celui de Heda, resté inoccupé depuis la mort de Lexa.
— J'ai pensé que tu n'aimerais pas avoir l'appartement où Lexa est morte... dit le Terrien en regardant la pièce ronde.
— Cela ne m'aurait pas vraiment dérangé, surtout si tout a été nettoyé.
— Bien évidemment, nettoyé et réorganisé puisque d'autres personnes s'y sont installées depuis ton départ.
Clarke hocha la tête et déposa ses sacs sur la table.
— Installe-toi, dit alors Roan en retournant à la porte. Le dîner sera servi à la nuit, j'enverrais quelqu'un te chercher, on pourra discuter à ce moment-là. Tu peux aller te promener, si tu veux, mais je laisse deux guerriers dans le couloir, ils te serviront d'escorte.
— Entendu. À ce soir, alors.
— À ce soir.
Roan sortit dans le couloir et, alors qu'il refermait la porte, la jeune blonde le héla.
— Oui ?
— C'est possible d'avoir un bain, tu crois ?
— Un bain ? Bien évidemment. Je t'envoie des servantes avec tout ce qu'il faut.
Clarke lui décocha un sourire puis le Terrien s'en alla et la jeune femme soupira en balayant la pièce du regard. Elle était moins grande que l'autre, mais semblait tout aussi confortable ; le lit était large et couvert d'un monticule de fourrures toutes douces sur un matelas de plumes et de laine. Dans la penderie, la jeune femme trouva de quoi se changer et cela l'étonna, mais elle se choisi une tenue et entreprit ensuite de déposer les vêtements qu'elle portait depuis douze jours. Elle les avait bien lavés dans une rivière quelques jours en arrière, en même temps qu'elle, et avait aussi pris une grosse pluie qui avait eut le même effet, mais ils avaient quand même besoin d'un bon lavage. Elle enfilait une robe de nuit en coton quand on toqua à la porte ; trois servantes entrèrent alors en portant un baquet de cuivre, suivies par six hommes chargés de sceaux d'eau brûlante qu'ils versèrent dans le baquet avant de partir, non sans saluer Clarke au passage.
— Wanheda, c'est un honneur de vous servir, dit alors l'une des femmes une fois les hommes partis. Nous allons vous bichonner, vous verrez, ces douze jours de voyages ne seront plus qu'un mauvais souvenir.
Clarke esquissa un sourire puis fut invitée à se glisser dans le baquet. Sa robe de nuit lui fut retirée au dernier moment et déposée devant la cheminée tandis qu'un grand drap était posé sur le baquet pour préserver son intimité. Cela l'étonna, mais elle ne dit rien et décida que, pour une fois, elle allait se laisser chouchouter un peu.
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