XXIII

"Sick of crying, tired trying, yes i'm smiling,
but inside i'm dying."

«-May? Ça va?»

Je serre le poing sur la table en grimaçant.

«-Hey! Qu'est-ce qu'il y a?
-On peut partir s'il te plait?»

Il fronce les sourcils mais opine, il paye et nous sortons du restaurant. Mon cœur bat à cent à l'heure, je respire pour calmer ses battements effrénés, mais rien ne change.

«-May? Qu'est-ce qu'il s'est passé?
-Mon père.»

Il ouvre la bouche, pour dire quelque chose, mais rien n'en sort. Il prends ma main et la caresse doucement avec son pouce.

«-Viens, je te ramène chez toi.»

Je n'essaie même pas de protester. Il passe son bras autours de mes épaules et m'entraîne vers un arrêt de bus.

Il y a beaucoup de monde, les vitres sont pleines de buées, j'aperçois par-ci par-là quelques dessins sur le verre, me laissant voir à travers le paysage défiler. Le conducteur n'est pas très délicat, il tourne brusquement. Je fais un pas en avant, Noah me rattrape m'évitant de me cogner à lui, et me sert contre lui. Ses bras entourent mon dos et ma taille, je pose ma tête contre sa poitrine en fermant les yeux. Tant de choses s'entrechoquent dans mon esprit, je n'y comprends plus rien.

Quand le bus freine brutalement, Noah me serre contre lui pour que je ne perde pas l'équilibre. Son nez caresse ma nuque me provocant un long frisson. Nous restons immobiles pendant quelques secondes jusqu'à ce que je reconnaisse la façade de mon immeuble, je m'écarte doucement de lui et lui fais signe de me suivre.

Alors que je pose mes pieds sur le trottoir mouillé, je cherche ma clef dans mon sac.

«-Bon bah... À plus?
-À plus! J'espère qu'on pourra bientôt se refaire ça!»

Il sourit en se grattant l'arrière de la tête, son regard plongé dans le mien. Je baisse la tête et m'approche de lui pour lui donner un petit baiser sur la joue.

Je monte les escaliers vers la porte en secouant la main, il m'imite. J'ouvre la porte et traverse le couloir pour ensuite appuyer sur le bouton de l'ascenseur. Je ne peux m'empêcher de fixer le miroir pour vérifier si elle est là. Mais à mon grand bonheur elle a déserté, j'ai déjà beaucoup de choses en tête.

J'entre dans l'appartement et enlève mon manteau, je l'accroche et me dirige vers le canapé. Le silence et l'obscurité règne dans l'appartement. Je vois Thomas allongé, endormi. Je ne peux m'empêcher de sourire en m'accroupissant à ses côté. Ses sourcils sont éternellement froncés, même dans son sommeil, ses cheveux song décoiffés et ses lèvres entre ouvertes. On dirait un enfant, si quelqu'un qui ne le connaissait pas passait pas là, il n'aurait aucune idée de son âge. J'embrasse doucement son front et passe ma main dans ses cheveux.

Ses paupières tremblent, il ouvre les yeux et m'aperçoit, un énorme sourire se dessine sur ses lèvres.

«-Oh...
-Oh?
-T'es là? Me demande-t-il d'une voix pâteuse.
-Oui.»

Il passe sa main sur son visage et soulève la couverture pour que je me glisse près de lui, ce que je fais sans hésitation.

«-Ça s'est bien passé?»

J'opine, il caresse ma joue, je ferme les yeux.

«-On se regarde des films?
-Mouiiiiiiii!»

Il rit et me serre contre lui alors qu'il allume la télévision.

Je ne regarde pas le film, du moins pas totalement. Demain, c'est l'anniversaire de Noah, et le lendemain c'est celui de Thomas. J'ai ma petite idée pour Noah, mais pas pour Thomas. Je passe en revue chaque moments où il m'a parlé de ses passions, de ce qu'il voulait, mais rien ne fait surface. Je décide de fermer les yeux et de laisser le sommeil m'emporter.

•••

Tout est de ta faute.

Je me réveille en sursaut, couverte de surfeur, la respiration sifflante. Thomas n'est pas à côté de moi, je fronce les sourcils et me lève du canapé. Je m'apprête à l'appeler quand je sens un courant d'air froid. Je me dirige vers le balcon, la porte est ouverte. Les rideaux blancs dansent avec grâce contre la vitre.

Je me glisse dehors et le voit, il est accoudé contre la barrière en metal. Je m'approche de lui doucement, une fois près de lui, il tourne la tête vers moi et me fixe. Il a pleuré, encore. Il renifle en essuyant ses joues et me sourit, je secoue la tête et le serre contre moi. Sa respiration est saccadée, il sanglote.

«-J'en ai marre... Je fous tout en l'air...
-Arrête Thomas tu sais très bien que c'est faux.»

Il s'écarte de moi et me fixe pendant un long moment, je baisse la tête. Le voir dans cet état est horrible, ça me déchire le coeur. Il se tourne vers la ville et sort un paquet de cigarettes, il en allume une et la pose entre ses lèvres. Le mégot brille dans le noir, je reste hypnotisée par cette petite lueur, entouré de tellement de démons...

Je tend la main vers sa cigarette, il fait un mouvement de recul, puis me regarde, suppliant. Je la lui prends des mains, il baisse la tête. J'observe la cigarette fumante, puis d'un coup de tête je la pose sur mes lèvres à mon tour et aspire. Je sens la fumée gagner mes poumons, détendre tous mes organes, je la sens monter dans mon cerveaux et estomper toutes mes pensées. Thomas tourne la tête vers moi, puis écarquille les yeux. Je tousse, puis cligne des yeux en regardant la petite lumière s'éteindre.

«-May... Non.»

Il essaie de me la prendre des mains mais je tire un autre coup, puis lui donne. Il baisse la tête et ferme les yeux. J'ouvre doucement la bouche, la fumée blanche s'échappe entre mes lèvres et s'élève dans le ciel, jusqu'à ce qu'on ne la voit plus.

Ce que j'aimerais faire ça avec mes pensés noires.

Je m'assieds sur les dalles gelées et passe mes jambes sous la barrière métallique, elles pendent dans le vide.

Je déteste chacune de mes facettes. J'ai l'impression qu'une guerre à éclaté dans ma tête, tout est flou et illogique.

Moi.

Thomas, juste à côté de moi, lui aussi assis sur les dalles.

Tout.

J'ai accumulé tellement de choses en moi que je ne comprends pas comment mon cerveaux n'a pas pu exploser. Peut-être qu'il l'a déjà fait, ce serait pour ça que j'ai l'impression d'être droguée toute la journée. Je ne ressens presque plus rien, des fois je souris, c'est automatique je ne contrôle rien. Je pense que c'est mon corps qui cherche à cacher le fait que mon âme est en train de sombrer lentement.

J'aurais tellement voulu en parler.

Je veux crier.

Je veux hurler.

Mais tout ce que je sais faire, c'est murmurer "je vais bien."

J'ai faim mais je ne veux pas manger, je suis fatiguée mais je ne sais pas dormir, je suis triste mais les larmes refusent de couler quand je le veux. Je veux mourir mais je n'y arrive pas.

J'en suis malade. J'en ai marre de faire semblant que tout va bien, de me cacher derrière mon sourire. Derrière mon silence.

Mais le fait que je suis silencieuse ne signifie pas que je n'ai rien à dire.

Malade de pleurer, fatiguée d'essayer. Oui, je souris, mais à l'intérieur je meurs. Et je n'ai aucune idée de comment arrêter ça.

Ce ne serait pas aussi facile de... Juste sauter?

Si je mourrais aujourd'hui ce serait le chose la moins importante dans l'univers.

«-Je pensais que tu allais mieux... Que tu étais heureuse. Tu... Tu souriais? Non?»

Je me tourne vers Thomas, il me fixe.

«-Je ne suis jamais totalement heureuse...»

Il fronce les sourcils.

«-Certains jours, je suis juste moins triste que d'autres.»

•••

La porte de l'appartement de Noah s'ouvre, c'est lui même qui nous accueille en souriant.

«-Crystal, May et Thomas!
-Salut!»

Il embrasse Crystal puis se tourne vers moi. Il me serre amicalement contre lui puis fait pareil avec Thomas. Le blond écarquille les yeux.

J'avance en prenant la main de Crystal, elle se tourne vers moi. Je la fixe un moment. Ses cheveux roux sont bouclés et tombent en cascades dans son dos. Sa robe est magnifique, couleur coquelicot, comme ses lèvres. Ses grands yeux verts sont mis en valeur par son fard à paupière noir. Son ventre s'arrondit de jours en jours, comme une bulle de chewing-gum, le petit bébé grandit. Si on y colle son oreille on peut entendre les battements de son coeur. De petits coups rapides et fragile. On a le sentiment qu'ils peuvent s'arrêter si facilement, d'une seconde à l'autre.

Ma mère me disait que quand je suis née, elle avait tellement peur que j'arrête de respirer qu'elle me gardait près d'elle la nuit et m'observait. Je me demande si un jour je ressentirais la même chose, si j'aurais des enfants. Si je serais confrontée à la même chose, aux mêmes peurs, que les parents normaux.

Mais ce que je sais c'est que Crystal sera une mère incroyable.

Je marche avec difficulté, il y a beaucoup trop de monde pour un si petit appartement. C'est vrai que Noah a beaucoup d'amis.

Crystal me propose une bière, je baisse la tête et la prends. Je sursaute quand deux mains se posent sur mes épaules et me tourne vers le brun bouclé.

«-Bon anniversaire Noah!» Je m'exclame en lui tendant une boite.

Il la fixe puis lève un sourcil, un immense sourire se dessine sur ses lèvres. Il me le prends des mains et me tourne le dos en déballant le paquet, je lève les yeux au ciel. Un vrai gamin.

Il se tourne vers moi les yeux grands ouverts, bouche béé.

«-Ça te plaît?»

Il lève le regard vers moi.

«-C'est son tout nouveau...
-Oui.
-Mais il vient juste de sortir et... Il est sold out dans toutes les librairies même sur internet...»

Je hausse les épaules.

«-Faut dire que j'avais du temps à perdre et que j'ai cherché sur tous les sites... Ouvres-le.»

Il fronce les sourcils et tourne la page de la couverture. La signature qu'il voit juste en dessous du titre le fait perdre l'équilibre. Il lève la tête vers moi, les yeux encore plus ouvert qu'avant. Il pose le livre sur la table et me saute dessus, j'éclate de rire. Il me soulève et me fait tourner dans tous les sens. Les gens autours de nous se retournent avec un grand sourire. Il me repose puis me fixe un moment, ses yeux pétillent de joie, ce qui me fait sourire.

«-Bordel May je... C'est...
-Ça te plaît?
-C'est incroyable j'ai jamais eu un cadeau aussi merveilleux... Merci...»

Je ris.

•••

Je regarde ma montre, il est bientôt minuit, je cherche Thomas du regard. Dans quelques minutes c'est son anniversaire. Je le trouve en train de discuter avec un garçon que je ne connais pas, il se tourne vers moi et me sourit.

«-Tu viens sur le balcon avec moi?
-Bien sûr, tout va bien?»

J'opine et prends sa main, je le tire vers l'extérieur, il rit doucement alors que je ferme les portes. Le silence prends place, seul le bruit de la circulation persiste. Des klaxons, le ronronnement des moteurs,...

11:59.

Je souris et prends sa main.

«-Thommy?
-May?»

Je lui tend une petite boite.

«-Bon anniversaire.»

Il ouvre la bouche, il ne s'y attendais apparemment pas. Il plonge son regard dans le miens et secoue la tête en souriant, puis enlève l'emballage. Quand il l'ouvre il reste bloqué. Il sort le petit mediator, ce qu'on utilise pour gratter les cordes d'une guitare, et lève les yeux vers moi d'un air rieur.

«-Tu sais que j'ai revendue ma guitare? Ça m'attendris mais je ne vais pas aller loin avec ça.
-Ça va avec ça.»

Sur ce je m'écarte et laisse apparaître derrière moi un étui de guitare. Il fronce les sourcils et ouvre la bouche, je le lui tend, il me fixe, le regard plein d'incompréhension.

«-May je...
-Ouvres-le.»

Il s'exécute et ouvre l'étui, il pousse un cri quand il voit la marque de la guitare.

«-Tu m'as acheté une Fender...» Murmure-t-il.

Je souris.

«-Une Fender...»

Voualaaaaaaaa
Ça vous plait?

Ça pars en couille hein?
Le cadeau de Noah?
Le cadeau de Thomas?

Biz je vous aime ❤️

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