C'est ta faute...

Tout est de ta faute.

Je me réveille en sursaut, trempée et essoufflée, je tourne la tête vers Thomas, il dort paisiblement. Ses cheveux sont en bataille et ses sourcils froncés, sa bouche est légèrement entre-ouverte, j'entends sa respiration d'ici. Je souris, si je pouvais je l'embrasserais sur le champ, mais je ne veux pas le réveiller. Je lui caresse doucement la joue, il fronce encore plus les sourcils et grogne, je retire tout de suite ma main et le fixe, il ne se réveille pas pour autant.

Ma respiration ne ralenti pas, au contraire elle s'accélère, je décide donc de prendre l'air. Mais où? Il n'y a pas de balcon et se pencher par la fenêtre n'arrangera rien, surtout avec les vertiges qui arrivent je risque de tomber. Mes yeux se posent sur le vasistas, cette fenêtre que l'on peut ouvrir pour accéder au toit, je souris, prends une chaise et me hisse sur les tuiles froides.

Une fois debout je sens le vent sur mon visage et respire un grand coup. Il fait frais, enfin... L'air était tellement lourd et pressant dans l'appartement...

Je m'assieds sur le toit et regarde le ciel étoilé, c'est bientôt la pleine lune, elle resort tel un disque blanc cassé. Je l'observe, presque hypnotisée par son éclat, au bout d'un moment, je ferme les yeux pour apercevoir la trace qu'elle a laissée sur mes yeux, quoi que je fasse, où que je pose les yeux, la lune sera la pour un petit moment. Ce que j'aimerais faire ça pour les personnes que j'aime...

Thomas...
Crystal...
Dylan...
Et ma mère...

Un poignard s'enfonce dans mon coeur, l'affreux cauchemar qui m'a réveillée me revient à l'esprit, je l'avais presque oublié...

Tout est de ta faute.

Je ferme encore les yeux, mais cette fois ce n'est pas pour me rappeler, mais pour oublier. J'aimerais tant oublier, oublier cette après-midi, oublier la neige, oublier l'odeur, celle du sang, de la peur, le goût salé de mes larmes.

Tu t'es regardée? Comment tu fais pour ne pas te dégoûter?

Une larme coule sur ma joue, je la sens laisser une trace froide, le vent n'arrange rien.

Tu détruis tout ce que tu touches...

Je plaque mes mains sur mes oreilles en espérant taire la voix qui me hante depuis ce jour, mais rien ne change, ça s'empire même.

Tout est de ta faute... Tu aurais pu empêcher ça, mais tu n'as rien fais.

Je secoue la tête en gémissant. Les larmes ruissellent sur mes joues.

Tu vas les faire souffrir, tu vas les détruire...

«-May? T'es là?»

Je sursaute et me retourne, la tête de Thomas dépasse de la fenêtre, quand il m'aperçois il écarquille les yeux.

«-Putain mais qu'est-ce que tu fous là?!
-Je...
-T'es folle?!»

Il se hisse aisément sur le toit et court vers moi en manquant de glisser plus d'une fois. Il s'assied à côté de moi et me regarde sévèrement mais j'arrive à discerner de l'inquiétude dans son regard.

«-Pourquoi tu as grimpé sur le toit? Tu veux mourir ou quoi?! Tu pourrais tomber!
-Je voulais... Je sais pas, je pensais que ça me ferais du bien.
-Ça a pas l'air d'avoir marché...» Dit-il en prenant mon visage pour voir les larmes glisser au coin de mes yeux.

Il fronce les sourcils et me regarde, il essaie de déchiffrer quelque chose dans mon regard mais n'y arrive pas, il renonce et se rapproche de moi pour que nos épaules se touchent, je frissonne.

«-May t'as froid, viens on rentre.»

Je secoue la tête en la levant vers le ciel, mon regard se perds dans les étoiles, il y en a tellement... Des plus petites, des plus grosses, des plus brillantes, ou moins... Je sens quelque chose effleurer mon bras, je sursaute encore et me tourne vers Thomas, sa main est tendue vers moi. Son regard est préoccupé, ses sourcils sont froncés, ses yeux me transpercent, il se mord la lèvre en caressant ma joue.

«-Qu'est-ce qu'il y a May?
-C'est rien c'est...
-Encore un cauchemar? Pourquoi tu pleures?
-C'est rien je te dis...»

Il serre la mâchoire, il se retient de me poser toutes ses questions, il ferme les yeux et pose son front contre le miens. Je l'imite et inspire son odeur. Il s'écarte en souriant.

«-Bon, toi t'as peut-être pas froid, mais moi je me gèle les boules!»

J'éclate de rire, il sourit et m'aide à me lever, il fait pareil pour retourner à l'intérieur, il y va en premier puis me porte, j'ai l'impression d'être une enfant. Quand mes pieds touchent le sol, ma tête devient lourde, je la pose sur l'épaule de Thomas. Ses bras entourent mes hanches, et son menton se cale sur ma tête, je m'accroche à lui.

Au bout d'un moment elle ne tourne plus, je m'écarte doucement et lui sourit faiblement, je m'assieds sur le lit et passe mes mains sur mon visage, il se place à côté de moi et m'observe. Il ouvre la bouche puis la referme, il ferme les yeux.

«-Pourquoi tu as tout ces cauchemars?
-Parce qu'on a tous des cauchemars.
-Mais toi c'est presque toutes les nuits, et je sais que ça s'empire. Pourquoi tu les as?
-Tu avais promis pas de questions.»

Il cligne des yeux et soupire en détournant le regard.

«-C'est vrai mais je ne te pose pas cette question par simple curiosité, je veux t'aider, je voudrait que ça s'arrête, que tu arrête de te réveiller en hurlant ou en pleurant une nuit sur deux. Ça me détruis de te voir comme ça...
-Je suis désolée mais je t'ai pas demander d'être là. »Je lui dis un peu trop sèchement.

Il fronce les sourcils et se tourne vers moi, le regard triste.

«-Pourquoi tu dis ça?
-Je t'ai pas demandé de venir dans cette université, ni de me sourire, ni d'entrer dans notre groupe ou de devenir mon meilleur ami, je t'ai encore moins demandé de m'embrasser ni de tout faire pour que je tombe amoureuse de toi. Tu crois vraiment que ça m'arrange?
-Alors tu veux quoi? Tu veux qu'on casse?»

Je baisse la tête et hausse les épaules, un long silence s'en suit, puis il rit amèrement et se lève.

«-J'y crois pas...»

Il s'éloigne et passe la porte, je reste assise sans rien faire. Le silence m'assourdi... Je pose ma tête entre mes mains et ferme les yeux en serrant les dents.

Je te l'avais dis...

Une larme coule le long de ma joue, je secoue la tête et me lève. Je passe la porte et entre dans la cuisine, Thomas n'y est pas, ni dans le salon, j'inspecte toutes les pièces, mais il n'y est pas. Soudain mon regard se pose sur la chaise et vois le vasistas ouvert, je baisse la tête et me hisse encore sur le toit, Thomas y es, il est assis, les pieds dans le vide, mon coeur s'arrête, je marche prudemment vers lui. Il porte une cigarette à ses lèvres, je secoue la tête et m'assieds à côté de lui.

Il tourne lentement la tête vers moi, je manque de perdre connaissance et tomber dans le vide, son regard est triste, ses sourcils ne sont pas froncés, un voile de tristesse et de souffrance recouvre son visage d'habitude si joyeux. Mais ce qui me fait le plus mal, ce sont les larmes qui coulent sans s'arrêter le long de ses joues. Il me regarde, il y a presque de la colère dans ses yeux, plus noirs que d'habitude, il détourne le regard et secoue la tête.

Il tire un coup sur sa cigarette, le bout s'allume et créer une lumière hypnotisante, il ferme les yeux en inspirant, puis expire en faisant sortir la fumée blanche de sa bouche en un fin ruban, je la regarde s'estomper haut dans le ciel et disparaître.

«-Alors c'est ce que tu veux? Toi et moi? Que ce soit fini...
-Je veux faire une sage décision... Pour ton bien...
-Ce sera jamais la bonne décision si tu veux mon bien. Regarde-moi May! On s'est juste un peu disputés et je suis déjà en train de chialer comme une chochotte!»

Il me fixe, ses larmes redoublent, je ferme les yeux pour ne plus le voir, ça me fait trop mal.

«-C'est mieux tout de suite que d'attendre... Si on attends encore, je vais te détruire et on devra te ramasser à la petit cuillère...
-J'ai jamais entendu une connerie pareille...
-Thomas...»

J'effleure sa joue, il grimace et frappe ma main en grognant.

«-Lâche-moi putain! Tu vois pas que tu me détruis en ce moment! Je peux pas vivre sans toi May! Tu l'as pas compris ça?!»

Je baisse les yeux, une larme coule le long de ma joue pour venir chatouiller ma lèvre. Il baisse le regard vers elle, pendant un moment j'ai l'impression de retrouver mon Thomas, mais il ferme les yeux et secoue la tête.

«-Tu sais quoi May? Moi non plus. Moi non plus j'ai rien demandé, j'ai pas demandé d'entrer dans la même université, ni de te rencontrer, j'ai pas demandé de tomber amoureux de toi dès que mon regard s'est posé sur toi, je voulais juste devenir acteur! J'ai pas demandé de t'embrasser à la discothèque devant ma soeur et ses amis, ni de t'embrasser encore toutes ces fois. J'ai pas demandé que tu devienne la personne la plus importante de ma vie, ni que je ne voies que toi. Tout ce que je voulais, c'était me barrer du bled pourri où vivaient mes parents et me faire embaucher, trouver une petite copine pas trop compliquée et me marier avec elle, ensuite avoir des enfants et réussir ma vie...»

Sa voix se brise sur ces derniers mots, il baisse la tête en sanglotant, je me rapproche de lui et lui prends sa cigarette des mains pour la jeter et ensuite les lui prendre et les serrer.

«-Je t'ai prévenu Thomas, si ça continue... Je vais te détruire, je vais te briser le coeur...
-Je demande que ça... Que tu me brises le coeur... De... De toute façon je l'ai mérité, c'est ce qui se passe quand on s'attache trop à quelqu'un... Ça m'apprendra...
-Non arrête...»

Il serre la mâchoire et ferme les yeux, les larmes redoublent, j'essaie de le prendre dans mes bras mais il s'écarte et me repousse.

«-Pourquoi tu fais ça?! Tu dis que tu veux casser et puis tu viens près de moi avec ton regard suppliant, tu sais très bien que j'peux pas y résister putain! Ça t'amuses ou quoi?! C'est pas un jeu bordel!
-Thomas... J'ai jamais dis que je voulais casser... Tu sais très bien que ça me briserais le cœur autant que toi. Il rit amèrement, je l'ignore. Tu le sais que tu comptes pour moi...
-T'es sûre?
-Thomas...»

Il secoue la tête.

«-Je t'aime...»

Il fronce les sourcils et secoue encore la tête.

«-May on t'as jamais dit que c'était mal de mentir.
-Je mens pas Thomas, je t'aime... Je suis tombée amoureuse de toi...
-Et moi je suis rien sans toi! J'suis incapable de faire quelque chose de bien sans toi et j'ai l'impression que tu t'en fous!»

Je baisse la tête une larme coule encore.

«-Laisse-moi tranquille... »Siffle-t-il en se levant.

Je reste bouche béé, mon coeur me fait atrocement mal, j'ai du mal à respirer. Je suffoque, je me lève et cours sur le toit vers le vasistas. Je descends à la quatrième vitesse, le ferme et entre dans la chambre. Thomas est allongé sur le côté, il me tourne le dos, je contourne le lit et m'allonge en face de lui. Il n'essaie même pas de se cacher, il pleure à chaudes larmes, ça me fait tellement mal de le voir comme ça.

C'est ta faute...

Je ferme les yeux, secoue la tête pour assommer la voix et le prends dans mes bras, il ne prends même pas la peine de me repousser. Nous restons comme ça pendant un moment, je ne bouge pas, j'attends qu'il se calme, mais c'est lui qui s'écarte de moi, il me regarde dans les yeux, je sens son souffle s'échouer sur mon visage.

«-Bordel May je t'aime tellement...
-Moi aussi je t'aime Thomas... Je pourrais jamais m'arrêter de t'aimer comme une folle...»

Il ferme les yeux et se mords la lèvre, la seconde d'après il les pose sur les miennes.

Je suis désolée pour le retard😭 je me suis plus consacrée sur mes covers en ce moment

Alors vous en pensez quoi?
La dispute?