Chapitre 54 - Brooklyn 🌶

Quelques jours plus tard

Carlyle me tapota le haut du crâne avant de se déshabiller. Il jeta ses habits sur la machine à laver le linge et entra dans la douche italienne. Je reluquai ses abdominaux puis son dos musclé, m'attardant sur ses fesses rebondies. Son corps était si attirant. Mes vêtements rejoignirent les siens et je me glissai à ses côtés.

Mes bras se croisèrent sur ses pectoraux alors que je me lovais contre son dos. Ma joue s'appuya sur son épaule. Mes doigts caressèrent doucement sa peau, créant de longs frissons. Sous mes mains, je sentis sa respiration s'accélérer. Son corps réagissait à ces effleurements sensuels. J'embrassai sa nuque et il tressaillit. Mes mains flattèrent ses flans et se posèrent sur ses hanches. Je rapprochai nos bassins. Son épiderme était si doux à toucher.

Alors que mes mains descendaient jusqu'à l'intimité de Carlyle, celui-ci ouvrit l'eau. Un jet glacé nous enveloppa et je retins à grande peine un cri de surprise. Je poussai Carlyle en avant et reculai précipitamment. Un rire trancha l'air. Mon trentenaire se moquait de moi. Il se retourna et me saisit par le poignet. Avec douceur, il m'enlaça. Des nombreux frissons me traversèrent alors que l'eau commençait à se réchauffer. Des perles translucides glissèrent dans mes cheveux et ceux-ci flattèrent le bas de mon dos. Mon intimité se réveilla alors que Carlyle collait son bassin au mien. Mes joues rougirent, envahies par le désir. De longues vagues brûlantes m'envahirent lorsque les mains de Carlyle se posèrent sur mes fesses. Ses doigts y dessinèrent de petits cercles.

D'un geste de la tête, Carlyle repoussa les mèches noires qui tombaient devant ses yeux. Ses prunelles bleues m'observaient avec désir. De l'eau coulait sur sa peau pâle. Je distinguais chaque gouttelette sur son visage alors qu'il relevait mon menton de deux doigts. Il me souriait avec tendresse, mais une pointe de taquinerie s'y lisait.

Il plongea la main dans mes cheveux et les repoussa en arrière. Je frissonnai à ce contact et me lovai contre lui. L'eau chaude ne faisait qu'amplifier mon désir. Je voulais que Carlyle me touche plus, qu'il me fasse l'amour jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Je pressai mon corps contre celui de mon compagnon. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux et tirèrent les mèches les plus longues.

— Fais moi l'amour, Carlyle.

Les prunelles bleues brillèrent de désir. Ses lèvres embrassèrent les miennes avec passion. J'approfondis notre baiser. Mes mains exploraient chaque rondeur de son corps, chaque courbe. Je caressai sa peau alors qu'il déposait ses lèvres dans mon cou. Ses dents titillaient ma peau. Un gémissement indécent m'échappa lorsque sa langue détoura mon téton. Mes ongles griffèrent son dos alors qu'il mordillait le mamelon rosé. J'haletai de plaisir lorsque mes épaules s'appuyèrent contre le mur embué. Un tressaillement de froid me fit trembler.

Carlyle me lança une œillade amoureuse. Il se détourna un instant pour couper l'eau. Il prit une pompe de savon au creux de sa main. Toujours appuyé contre le mur, je l'observai frotter ses paumes l'une contre l'autre. Une mousse riche enduisait ses doigts. Il déposa un nouveau baiser sur mes lèvres. De doux mouvements, il massa mes épaules, puis mes flancs. Des vagues de chaleur envahissaient mon corps alors qu'il caressait mon torse.

Mes ongles accrochèrent ses cheveux et griffèrent son crâne alors qu'il s'agenouillait devant moi. Il embrassa le bas de mon ventre. De nouveaux gémissements m'échappèrent alors que ses lèvres entouraient mon intimité. Mon corps tremblait sans que je ne puisse l'en empêcher. Le désir me submergeait alors que ses lips chaudes continuaient de titiller mon érection.

Ses doigts glissèrent le long de mes cuisses jusqu'à se glisser entre mes fesses. Ma respiration devenait erratique sous les assauts du plaisir. J'ondulai du bassin alors que Carlyle léchait la base de mon intimité. Ma tête ploya alors que mon amant levait le regard. Nos prunelles s'ancrèrent.

— Puis-je ? demanda-t-il en flattant l'anneau de chair.

— Oui... haletai-je.

Mon corps cherchait son contact. Je me cambrai alors que la pulpe de ses doigts étalaient la mousse de douche. Avec douceur, il introduisit une phalange. Une légère douleur me crispa. J'inspirai pour me détendre. De l'autre main, Carlyle caressa le creux de mes reins. Un picotement de plaisir se répandit le long de ma colonne vertébrale. Je frémis plus fort alors que ses lèvres jouaient avec mon érection.

Un autre doigt me pénétra et je grognai alors que les phalanges m'étiraient. Un gémissement se bloqua dans ma gorge tandis que Carlyle cherchait en moi le point de mon plaisir. Ma peau se couvrait de sueur et mes tremblements s'intensifièrent. De longues vagues de plaisir me submergeaient alors que Carlyle stimulait cet endroit si spécial. Un cri m'échappa et des larmes roulèrent sur mes joues. À nouveau, cette sensation d'intense plaisir me submergea. Pourquoi était-ce si agréable ? Je criai plus fort alors que l'orgasme naissait dans le creux de mes reins. Ma respiration s'accéléra au rythme des mouvements de Carlyle. La jouissance se répandait en ondes brûlantes. Telle une obsession, mon esprit ne pouvait plus s'en détacher. Dans un hurlement de volupté, je jouis contre Carlyle.

Le souffle court et les yeux fermés, je sentis à peine mon amant se redresser. Ses lèvres m'embrassèrent à nouveau. Perdu dans le bien-être post-orgasmique, je me laissai choir dans ses bras. Carlyle caressa mes cheveux avec bienveillance. De ses mains croisées dans mon dos, il me soutenait alors que mes jambes vacillaient. Il déposa un baiser sur le haut de mon crâne. Le visage plongé dans son cou, j'inspirai son parfum apaisant. Après quelques secondes, je me détachai de lui. Il caressa ma joue du bout des doigts et m'adressa ce sourire amoureux qui me faisait rougir.

— Pourquoi n'es-tu pas allé plus loin ? soufflai-je.

— Je veux prendre mon temps, ne pas te bousculer. Ces moments, je veux que tu les associes à notre amour et pas à une obligation.

Il m'embrassa à nouveau et une larme de bonheur roula sur ma joue.

— Si tu en as envie, on le fait, si tu n'en as pas envie, on reste tranquillement sur le canapé. J'attendrai que tu sois prêt et que tu me dises quand toi tu souhaiteras passer à la prochaine étape. Ce n'est pas à moi de décider de ça.

D'autres larmes glissèrent sur mes joues alors qu'il prononçait ces mots avec tendresse. Je me sentais si heureux, si... aimé. Du bout des doigts, il essuya les perles translucides. Il m'enlaça à nouveau de longues secondes avant de m'écarter avec douceur.

— On va être en retard au boulot. Dépêchons, je n'ai aucune envie d'entendre Devyan crier de si bon matin.

Un rire m'échappa devant la grimace de Carlyle. Alors qu'il prenait du savon dans le creux de sa main, je me blottis contre son dos et chuchotai :

— N'as-tu pas envie que je te rende la pareille ?

— Brooklyn, t'entendre gémir et te voir jouir grâce à mes doigts est suffisant.

Mes joues s'empourprèrent, je fus incapable de dire quelque chose de sensé. Le rire de Carlyle coupa ma gêne. Il me lança un regard taquin par dessus son épaule. La mine boudeuse, je pris quelques gouttes de savon et massai ma peau de petits cercles.

Une fois séché et habillé, j'abandonnai Carlyle pour me brosser les dents. Prêt à partir, je ramassai mon casque de moto et pris la route. Si j'avais délaissé ma bécane quelques temps, je n'étais pas prêt à l'abandonner définitivement. Carlyle avait protesté lorsque j'avais décidé de ne plus l'accompagner en voiture, mais il avait fini par accepter ma décision. Il était temps de reprendre certaines habitudes et la moto en faisait partie.

Je garai ma moto à côté d'une voiture de luxe orangée. Ce véhicule ne m'était pas inconnu, il appartenait à Rolland. Le millionnaire étant le nouveau Conseiller gérant les Milices, il venait sans doute visiter les bureaux et se présenter aux autres collègues. M'était d'avis que le Président avait précipité l'arrivée de Rolland à son poste.

En me recoiffant dans mon rétroviseur, j'attendis que Carlyle arrive. Mon trentenaire détailla un instant la voiture de luxe avant de me sourire et de m'entraîner vers l'entrée. Je n'osais pas prendre sa main par peur du jugement des autres. C'était stupide, j'en avais conscience. Carlyle ne s'en offensa pas, il ne voulait pas jeter de l'huile sur le feu déjà grésillant de ma réputation. Il tapota le haut de mon crâne du bout des doigts et m'adressa un clin d'œil rassurant.

Nous étions en avance de quelques minutes, ce qui nous permit de rejoindre Fred à la cafétéria. Il était seul et discutait tranquillement avec Yohan. L'homme de main devait attendre son patron. Ses yeux ambrés couvaient Fred avec bienveillance. Ses doigts caressèrent la joue de l'agent. Il allait embrasser les lèvres pulpeuses, mais se ravisa en nous entendant entrer et se contenta de déposer un baiser sur le front de Fred. Celui-ci rougit et se détourna en se raclant la gorge.

— Bonjour, Yohan, le saluai-je en me tirant un café.

Il inclina la tête. Ses pommettes s'étaient empourprées. Il lissa ses mèches laquées en arrière et effleura le tatouage à sa gorge.

— Monsieur devrait bientôt arriver.

— Tu veux un café ? lui proposai-je.

— Volontiers.

Je lui tendis un gobelet en carton et en préparai un autre pour Carlyle. Mon trentenaire me sourit et m'embrassa sur la tempe avant de s'asseoir à côté de Fred. Ils discutèrent un instant avant que je ne prenne place à côté de mon trentenaire.

— Alors votre restaurant, concluant ? interrogea Carlyle.

Je retins un rire en voyant les joues de Fred rougir. Pauvre petit cœur, il n'était pas prêt à être autant chamboulé. Se faire recaler par Devyan, puis courtiser par Yohan. Fred n'avait pas l'habitude d'être le centre de l'attention. Il m'avait un jour confié qu'il serait incapable d'offrir son cœur à quelqu'un à cause des multiples tromperies de ses ex. Si Thussvor lui avait donné l'illusion de connaître l'amour, Yohan la lui avait confirmée. L'homme de main avait réussi à déverrouiller les barrières que Fred avait construites. Voir mon collègue heureux me réjouissait. Et même si le chemin serait long pour qu'il accorde entièrement sa confiance, il avait le droit de connaître ce bonheur.

Des voix résonnèrent dans le couloir. Je reconnus celle autoritaire de Rolland, puis la neutralité agacée de Thussvor. J'échangeai un regard avec Carlyle et Fred. Yohan resta stoïque, mais se leva lorsque nos chefs respectifs entraient.

— Je ne te le répéterai pas, Babydoll. Sois sorti de ton bureau à dix-sept heures.

— Et que se passera-t-il si je ne suis pas sorti de mon bureau à cette heure-là ?

— Je me ferai un plaisir de rougir ton cul à coups de cannes dès notre retour à la maison.

Devyan secoua la tête alors que Rolland lui claquait la fesse. Un rictus moqueur ornait ses lèvres. Rolland lui ébouriffa les cheveux avant de l'embrasser avec tendresse. Leur relation me stupéfiait. Qui aurait cru que Thussvor puisse accepter ce genre de relation ? Tout comme Rolland, il devait retirer quelque chose de particulier de leur liaison. Peut-être était-ce de l'amour, peut-être pas. Difficile à dire.

Thussvor se tira un café avant de nous saluer. Même ses bonjours étaient moins glaciaux. Il nous fit signe de le suivre jusqu'à son bureau. Rolland s'assit dans son fauteuil attitré, Yohan derrière lui. Une impression de déjà-vu me saisit à la gorge alors que je m'asseyais sur l'autre fauteuil. Carlyle prit place à mes côtés, en équilibre sur l'accoudoir, tandis que Fred se postait à côté du bureau de Devyan. Notre chef se laissa tomber sur sa chaise avec élégance. Il prit le temps de détailler chacun de nous avant de parler.

— Monsieur Deswalters siégera au Conseil dès la fin de la semaine. En accord avec le Président, toute cette affaire sera tue. Le Président souhaite en revanche garder tous les documents au cas où de nouvelles pierres bipolaires devraient apparaître. Tout sera conserver dans son coffre fort à la banque nationale.

Thussvor échangea un regard avec Rolland qui hocha la tête en signe d'acquiescement.

— Le Conseiller Alterswarse est officiellement décédé d'une infection massive et sera incinéré dès la fin de la semaine prochaine. Son bureau sera fouillé par Monsieur Deswalters dès qu'il y aura accès. Le club de Duncan, du moins les sous-sols, sera détruit pour ne laisser aucune preuve matérielle.

— Et Alres et Duncan ? interrogea Carlyle.

Il me serra la main. Sans qu'il ne le formule, je savais qu'il souhaitait la mort d'Alres. Sa disparition aurait peut-être été une source de soulagement, mais j'avais déjà trop de morts sur la conscience pour souhaiter celle de mon ex. Je ne voulais pas me sentir responsable d'autres décès.

— Leur mémoire seront effacées afin qu'aucun élément ne soit divulgué. Tout ce qui concerne les pierres bipolaires et leur collaboration avec Alterswarse sera détruit.

Voyant que je déglutissais avec peine, Devyan me sourit.

— Alres ne se souviendra pas de toi, pas même de votre relation après l'évasion du laboratoire. Tu n'as plus rien à craindre, Brooklyn.

J'en aurais pleuré de soulagement. Ma gorge était nouée par des larmes qui ne voulaient pas couler. Une page de ma vie se tournait définitivement. Devyan croisa les doigts.

— Alres sera emprisonné pour violences conjugales, coups et blessures ainsi que pour tentative d'assassinat. Duncan sera quant à lui incarcéré pour enlèvement et coups et blessures. Le Président est en train de faire les démarches. Au vu des preuves, les autres Conseillers ne devraient pas s'opposer.

Bien sûr, les chefs d'accusation étaient légèrement modifiés pour ne pas trahir l'existence des pierres bipolaires. Thussvor s'en était occupé et avait construit seul les deux dossiers. En tant que membre de l'Unité 5, il était de son rôle d'enquêter sur toutes les affaires qui ne relevaient pas de la corruption de magie, mais qui concernaient les magiciens. Les affaires judiciaires magiques et humaines ne se mélangeaient pas, nous gérions les nôtres et eux les leurs. La justice humaine ne s'appliquait pas à nous. L'Unité 5 se chargeait de l'enquête et envoyait le dossier au Conseil. Celui-ci rendait son jugement après avoir pris connaissance des preuves. Selon la gravité du crime, l'Unité 6 était convoquée et éliminait secrètement l'inculpé. Si cette Unité n'était pas demandé, le coupable était emprisonné. Le nombre de jours s'accordait à la gravité du crime.

— Pourquoi n'ont-ils pas été exécutés ? s'insurgea Fred. 

— Le Président en a décidé ainsi. Il a invoqué l'excuse qu'il restait trop peu de magiciens noirs pour éliminer Duncan. Selon lui, si l'un échappait à la peine capitale, l'autre ne pouvait pas en écoper, grimaça Devyan.

— À mon avis, il ne souhaitait pas tuer deux des nôtres. La magie se raréfie et le Conseil redoute qu'elle disparaisse, avança Rolland.

Devyan hocha la tête. Le millionnaire avait raison. Depuis de nombreuses années, le Conseil faisait de moins en moins appel à l'Unité 6. La transmission de la magie s'amenuisait et le Conseil mettrait les moyens pour que notre héritage ne s'éteigne pas. Et cela commençait par ne plus tuer de magiciens. Seuls ceux qui étaient considérés comme un danger pour les nôtres trépasseraient.

Je me sentis soulagé de ce jugement. Même si j'avais toutes les raisons de détester Duncan et Alres, je ne souhaitais pas leur mort. Cela me paraissait bien trop doux pour les crimes qu'ils avaient commis. La torture qu'étaient les prisons du Conseil serait suffisante pour leur rendre la souffrance qu'ils avaient infligée.

— Il reste un dernier point à traiter avant de conclure définitivement cette affaire. Brooklyn, as-tu pris une décision concernant l'antidote ?

Je regardai Thussvor. Mon cœur battait si vite dans ma poitrine que ça en devenait douloureux. J'avais eu plusieurs jours pour y réfléchir. Cette question avait tourné en boucle dans mon esprit, m'obsédant à en perdre le sommeil. Seules les caresses de Carlyle étaient parvenues à m'apporter du réconfort. Je jetai un regard démuni à mon trentenaire qui me serra la main. Il m'encouragea d'un sourire.

— Je suis d'accord, mais à deux conditions ; Carlyle fera les injections et je ne les recevrai que lorsque la magie blanche devra être utilisée.

Nous en avions longuement discuté. Carlyle avait accepté d'être celui qui tiendrait l'aiguille. Il avait compris qu'il était le seul à pouvoir le faire. Selon les recherches qu'il avait effectuées avec Yohan et Fred, les cellules souches devraient injectées en quantité massive pour s'ancrer définitivement dans mon corps. Me les administrer en petites doses au moment où la magie blanche était utilisée permettrait de neutraliser les anticorps et d'éliminer ensuite les cellules souches. Celles-ci ne pouvaient arrêter qu'une certaine quantité d'anticorps avant de mourir. Elles étaient éliminées par le corps une fois mortes. Ce procédé, bien que coûteux, éviterait une pierre multipolaire et une souffrance inutile. Carlyle gardait des cellules souches dans son bureau pour les multiplier et éviter un nouveau prélèvement chez Duncan. Fred en conservait également au cas où les échantillons de Carlyle venaient à être détruits.

Les deux agents avaient fait en sorte d'optimiser les ressources, de préserver mon intégrité et m'éviter des douleurs inutiles. Je leur en étais reconnaissant, même si je craignais de mal réagir à ces injections. Le traumatisme était enraciné au plus profond de mon âme et mettrait du temps à guérir. Avec de la patience, j'avais bon espoir que cela s'améliore.

Carlyle serra mes doigts avec tendresse. Je lui adressai un sourire timide. Sa présence m'apaisait, elle suffisait à me rendre fort. Son bras entoura mes épaules alors que Devyan concluait l'entretien. Un soulagement implicite envahit la pièce. Cette affaire était définitivement close. Nous pouvions enfin nous tourner vers l'avenir et les surprises qu'il nous réservait.

Et la perspective de vivre heureux avec Carlyle me poussa à l'embrasser avec douceur. Cela fit sourire Yohan et Fred qui n'osèrent pas nous imiter. Rolland, en revanche, ne se gêna pas pour déposer un langoureux baiser sur les lèvres de Devyan. Le Milicien y répondit timidement, les joues rougies. Il n'avait pas l'habitude d'être si démonstratif en public. Il n'aimait pas s'exposer au regard d'autrui.

— On y va, Yohan.

L'homme de main hocha la tête. Il embrassa Fred sur le front avant de suivre son patron. Avant de refermer la porte, Rolland jeta un dernier regard d'avertissement à Devyan.

— À dix-sept heures, tu es sorti de ton bureau, Babydoll.

— Je serai sorti de mon bureau, Monsieur.

Satisfait, Rolland sortit. La porte se referma dans un claquement sec. Fred eut une grimace d'appréhension.

— Lui as-tu précisé que tu avais la réunion trimestrielle inter-Milice à seize heures trente ? questionna-t-il.

Ce genre de réunions, passées en visioconférence depuis la dernière pandémie, durait généralement plus d'une heure. Thussvor y faisait le point avec les autres chefs de Milices sur les cas de corruption et les différents crimes magiques. Quatre réunions étaient prévues pendant l'année. Et comme devait le penser Fred, Devyan n'aurait pas fini dans le laps de temps imposé par Rolland...

— Il n'a pas besoin d'être au courant. En l'occurrence, je serai sorti de mon bureau à dix-sept heures puisque j'utilise la salle de réunion du sous-sol pour ce genre de briefing. Il ne pourra rien me reprocher puisque c'est ce qu'il m'a demandé.

Carlyle éclata de rire. Devyan jouait sur les mots et semblait s'amuser à défier ainsi le millionnaire. Je ne donnais pas cher de lui lorsque Rolland comprendrait qu'il avait été ainsi dupé. Cela ne paraissait pas l'inquiéter. Se pourrait-il que Devyan se soit découvert une tendance masochiste ?

D'un petit signe de la main, il nous fit signe qu'il avait du travail. Il promit de nous rejoindre à midi pour partager un repas. Il mangeait généralement seul dans son bureau. Fred nous abandonna pour rejoindre l'étage.

Je m'attardai un instant dans le couloir avec Carlyle. Sans que je n'ai besoin de le lui demander, il m'attira contre lui et me serra avec force. Respirant son parfum, je lui rendis son étreinte et me lovai contre son torse. Il me fallut de longues minutes pour me détacher de lui. Nos yeux s'encrèrent. Ses prunelles turquoises resplendissaient d'amour. Mon cœur rata un battement alors que je prenais réellement conscience de la force de nos sentiments. Il serait là pour moi. Plus jamais je ne serais seul. J'avais enfin une famille. Une famille qui m'aimerait et me soutiendrait.

Une larme roula sur ma joue. Carlyle la cueillit du bout de l'index. Il m'embrassa avec douceur. Je l'avais attendu tant de temps. Après tant d'années de douleur, j'avais enfin le droit de m'autoriser le bonheur. L'espoir devenait réalité. Dans les ténèbres de tourments, n'y avait-il pas toujours une lueur qui finissait par éclairer notre vie ? Carlyle était la mienne. Son amour dissiperait la souffrance et me rendrait heureux. Jamais je ne t'abandonnerai ; ce fut la promesse que je lisais dans ses iris resplendissantes.

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