12 - Zero

Lorsque le docteur Zero revient à l'infirmerie, les vêtements de Tadashi ne sont plus à l'endroit où il les avait laissés. Le capitaine doit donc en toute logique être à l'intérieur et – les lieux étant déserts – en vadrouille.

Prétendre être étonné serait un mensonge, toutefois Zero se surprend à ressentir pour Harlock davantage d'inquiétude que d'habitude (oui, y compris la fois où cet énergumène s'était enfui avec une putain de fracture ouverte au tibia). Probablement parce que sept ans, c'est à peine plus âgé que Lydia et que, Zero le constate tous les jours avec sa petite fille adoptive, un vaisseau pirate n'est pas un terrain de jeu idéal pour un enfant. Même (surtout ?) quand ledit enfant est le capitaine.

Le médecin marmonne deux ou trois de ses imprécations favorites impliquant notamment la propension de Tochiro à laisser traîner des armes mortelles à chaque coin de coursive, soupire, puis consulte le rapport du médicobot. Les enregistrements vidéos révèlent que le capitaine a tenu quarante-cinq minutes avant de se faire la malle, un record : d'ordinaire, il patiente au minimum une heure trente à deux heures avant de décréter qu'il est parfaitement guéri, merci bien.

À nouveau, Zero est traversé d'un pic d'inquiétude. Sans commune mesure avec ce qu'il ressent habituellement pour Harlock. Identique à ce qu'il éprouve tous les jours pour Lydia. Il frissonne, soudain saisi d'une angoisse inextinguible. Et irrationnelle, s'efforce-t-il de se persuader. Après tout, Harlock connaît son vaisseau jusqu'au dernier boulon, pas vrai ?

Zero se racle nerveusement la gorge. Le capitaine n'est pas physiquement blessé, ou malade, ou dangereux pour les autres. Il pourrait le laisser tranquille. Et pourtant...

— Bon, où tu t'es planqué, p'tit salopiaud ? plaisante-t-il.

Harlock est très prévisible, en réalité. La passerelle en premier choix, pour montrer à l'univers entier qu'il est un capitaine très occupé et que le combat pour la liberté ne peut attendre. Ses quartiers, quand il veut du calme et de la solitude (et en général, se soûler au brandy d'Andromède). Et, dans le cas où il sait qu'il fait une connerie (par exemple se barrer avec une putain de fracture ouverte au tibia), les locaux techniques de l'avant, beaucoup moins fréquentés que les zones milieu et arrière.

Le front du médecin se plisse tandis qu'il écarte une option après l'autre. Chou blanc. Le capitaine n'est pas non plus au mess, ni au hangar aviation (deux autres de ses spots de prédilection). Nom d'une outre d'hydromel, où est-il ?
Un frisson glacial lui chatouille soudain la nuque. Il n'a trouvé aucun enfant dans ce vaisseau. Bon... Ne paniquons pas. Mise en œuvre des moyens de recherche lourds.

Le « oui » rogue de Tochiro sur l'intercom lui fait bien comprendre que l'ingénieur n'a pas la moindre envie de jouer les gardes d'enfants, mais Zero n'en a cure : il s'agit de leur capitaine, après tout.

— J'ai perdu le capitaine, insiste-t-il. Je ne l'ai pas trouvé aux endroits habituels, c'est possible de checker la vidéo-surveillance ?

Le médecin inspire. L'angoisse le transperce.

— Et d'ailleurs... Est-ce que vous avez vu Lydia ?

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