Chapitre 24 - Bip Bip Bip...

***

Les deux derniers mois d'Hugo s'étaient écoulés. Il se trouvait à l'hôpital depuis une semaine, sous assistance respiratoire. Il y a quelques jours, alors qu'il était de plus en plus mal, il était en train de faire l'amour avec Kaën et après un énième coup de bassin où il a voulu reprendre son souffle, il n'a pas pu. Il s'était littéralement étouffé et, dans la panique, le brun avait juste eut le temps de quitter le corps de son amant et d'enfiler son caleçon à la hâte, afin de prévenir les quelques présentes dans la maison. Il n'avait pas eut le temps d'être gêné par leur activité, il avait du expliquer à Lukas, Nate et Charlie que leur frère avait perdu connaissance. Ils l'avaient rhabillé rapidement, sous le regard tétanisé de Kaën qui se rongeait nerveusement les ongles, avant de le prendre pour l'emmener à l'hôpital. A présent, Hugo était relié à un tas de machines, toutes plus bruyantes les unes que les autres, plongé dans un profond sommeil. Les médecins leurs avaient annoncé clairement : le châtain était dans le coma.

Kaën se sentait vraiment mal. Après tout, il était avec lui quand il a fait sa crise. Comme à son habitude maintenant, il se trouvait assis sur une chaise près du lit d'Hugo. L'une de leur main était liée, et Kaën attendait patiemment que son petit ami se réveil. Il savait très bien que le châtain ne pouvait pas sentir ses doits entrelacés aux siens, mais lui, ça le rassurait. Il amena sa main à sa bouche et déposa un baiser sur sa paume.

« Je t'aime... Réveilles-toi, je t'en prie... » ; souffla-t-il.

Mais aucun signe de réveil. Rien. Ses paupières demeuraient closes. A le voir comme ça, on aurait pu penser qu'Hugo dormait. On aurait pu effectivement le penser, s'il n'y avait pas toutes ces machines... Kaën soupira, quand la porte de la chambre s'ouvrit derrière lui. Il se retourna et vit toute la famille Kerry entrer, suivie d'un médecin. Le brun ne le sentait pas du tout... Il vit la mère de son petit ami s'approcher de lui, l'air grave. Elle posa une main sur son épaule en soupirant doucement.

« Kaën... » ; commença-t-elle. « Je suis désolée mais... C'est l'heure. »

Les yeux du brun s'humidifièrent immédiatement. Il se leva brusquement, faisant basculer sa chaise en arrière, tremblant.

« Non ! » ; s'exclama-t-il. « Il est pas encore trop tard ! »

« Il est paralysé et souffre, Kaën. Essaye de comprendre... » ; intervint Lukas.

L'adolescent détailla les visages de toute la famille d'Hugo. Ils étaient tous au bord des larmes, certains ne se retenant même pas de pleurer, et semblaient tous ne pas vouloir quitter le châtain. Même si Lukas avait raison, Kaën ne pouvait pas comprendre. Il ne voulait pas comprendre. Il finit par détourna la tête.

« J'peux pas... » ; souffla-t-il. « C'est trop dur... Je veux pas qu'il meurt... »

Les larmes débordèrent de ses yeux et il se mit à pleurer.

« Je l'aime... »

Il amena ses mains à son visage et appuya ses paumes sur ses paupières. Il se laissa tomber sur le sol et se mit à pleurer plus franchement.

« Putain je l'aime je veux pas qu'il parte ! » ; cria-t-il.

Deux bras vinrent enlacer son corps secoués de spasmes, et il reconnut le parfum de la mère d'Hugo.

« Il peut pas s'en aller, c'est trop tôt... » ; sanglota-t-il. « Tout ça c'est ma faute... »

« Non, non. » ; rassura l'adulte à ses côtés. « Ne crois surtout pas ça, Hugo ne le voudrait pas. »

Kaën n'arrivait plus à parler. Il hoquetait à cause de ses pleurs et en avait du mal à respirer. Il crut qu'il allait finir par s'étouffer mais il se calma soudainement quand il entendit quelqu'un se mettre à tousser. Il se redressa et vit Hugo cligner difficilement des yeux. Sa toux était de plus en plus forte et le médecin, qui n'avait rien dit depuis qu'il était entré dans la pièce, s'approcha rapidement de son patient et lui retira le masque à oxygène.

« M-merci... » ; dit-il faiblement.

« Hugo... » ; geint Kaën à ses côtés.

Il se dégagea de l'étreinte de la mère du châtain et s'approcha de lui. Il caressa doucement sa joue et déposa un baiser sur ses lèvres.

« Comment tu te sens ? » ; demanda-t-il à voix basse.

« M-mal... »

Il tourna doucement la tête et vit que toute sa famille s'était réunie autour de son lit.

« Dit pas ça... » ; reprit le brun, le cœur serré.

« K-Kaën, j-je v-vais mou... Rir... » ; répliqua Hugo avant de se remettre à tousser.

Il fut obligé de remettre le masque à oxygène pour ne pas s'évanouir. Il attendit quelques minutes avant de le retirer à nouveau.

« J-j'ai entendu v-v-votre conv-versation... » ; bafouilla le châtain en grimaçant. « J-je veux pas que... T-tu cro-crois que c'est... D-de t-ta faute. C'est pas v-vrai. Ok ? »

Kaën hocha la tête, se retenant de soupirer.

« P-promet-le... M-moi. » ; insista Hugo.

« Je te l'promets. » ; assura le brun.

Il embrassa son petit ami avant de se reculer pour laisser sa place à la famille. Ils discutèrent quelques minutes tous ensemble, jusqu'à ce qu'Hugo soit trop faible pour continuer.

« J-je vous aimes... » ; fit-il en essayant de garder les yeux ouverts.

« On t'aime aussi Hugo. » ; répondirent les autres.

« Je t'aime aussi Hugo... » ; chuchota Kaën, en retrait.

Il passa une main sur ses joues alors qu'il vit son petit ami ne plus réussir à lutter et fermer les yeux. Sa tête roula légèrement sur le côté, et sa canule glissa de son nez. Le bip régulier de la machine contrôlant son rythme cardiaque se mit soudainement à résonner dans la chambre, vrillant les tympans de Kaën dont les oreilles étaient marquées à jamais au fer rouge à cause ce son. Son cœur s'était arrêté. Il ne respirait plus.

Hugo Kerry venait de quitter ce monde.

La mère de ce dernier éclata en sanglot alors que son mari la prenait dans ses bras. Leurs enfants n'étaient pas mieux. Lukas avait les joues trempées de larmes, berçant doucement Thomas dans ses bras qui, malgré son jeune avait compris ce qu'il venait de se passer. Josh trempait l'épaule de Newt qui était également dévasté par la mort de son ami. Leyä et Nate se serraient les coudes, les larmes défigurant leurs beaux visages. Les jumelles, Capucine et Charlie, étaient dans les bras l'une de l'autre en train de pleurer également, les yeux rivés sur leur frère décédé.

En voyant tout cela, Kaën n'y tint plus. Il s'enfuit de la chambre en courant et quitta l'hôpital le plus rapidement possible. Quand l'air frais frappa son visage, il serra les dents et se laissa tomber sur les marches du perron du bâtiment. Il posa ses coudes sur ses genoux et plongea son visage entre ses mains. Il souffla un grand coup avant de se mettre à pleurer fortement. Ses sanglots étaient bruyants, et il était conscient que tous ceux qui passaient par ici le regardaient mais il n'en avait clairement rien à faire. Il venait de perdre l'homme de sa vie.

Il renifla élégamment et essuya ses joues. Depuis combien de temps était-il ici, assit à pleurer ? Quoiqu'il en soit, il se remit debout, peut-être un peu trop vite car un vertige le prit et il plaqua une main sur sa bouche, les yeux écarquillés. Il avança de quelques pas avant de se plier en deux pour rendre ses tripes, sur l'herbe fraichement tondue. Une infirmière, qui promenait un patient, s'approcha de lui, inquiète.

« Tu vas bien mon garçon ? » ; lui demanda-t-elle.

Il se redressa en essuyant le bord de ses lèvres.

« Ouais... Je crois. »

Mais il se cambra de nouveau et vomit encore. L'infirmière appela un médecin mais Kaën la stoppa.

« C'est pas la peine, je vais mieux. » ; dit-il en crachant sur le sol pour retirer l'affreux goût dans sa bouche. « Je viens... De perde mon petit ami, normal que je sois pas au top. »

La femme posa une main amicale sur son épaule. Elle n'ajouta rien et retourna aider son patient. Kaën passa une main dans ses cheveux et retourna chez lui. Fort heureusement, ses parents et Aren n'étaient pas là. Il s'avança dans le salon, à pas lents, et se laissa tomber sur le canapé. Il se remit à pleurer en se souvenant que c'était là, que lui et Hugo s'étaient embrassés pour la première fois. Il pouvait encore percevoir son odeur dans les coussins. D'ailleurs, il y avait toujours la tache de sang qui marquait le tissu du canapé, comme une marque indélébile qui ne s'en irait jamais. Une nouvelle envie de vomir le prit, et il couru aux toilettes. Il rendit à nouveau le peu que contenait son estomac avant de s'écrouler contre le mur derrière lui. Il passa une main sur son front en sueur et s'endormit ici, épuisé.

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