XXXVIII.
Ariel avait le souffle court en refermant la porte derrière Neven. Son pouls n'arrivait pas à redescendre à un rythme normal et il sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il était triste et furieux que le bouclé ait pensé, durant une seconde, qu'il se tapait d'autres mecs. Déjà qu'il se sentait extrêmement coupable avec Neven, il n'allait pas chercher la mort non plus. Il désirait seulement son voisin. Il n'avait ni envie de toucher ni d'embrasser personne d'autre que lui, Anna y comprit...
— Ari, ça va ? demanda Fabien, juste derrière lui.
Le brun reprit son souffle et se tourna, avec un sourire faux collé aux lèvres.
— Ouais, nickel ! Neven est juste venu demander un doliprane.
— Euh, j'ai entendu votre conversation...
Ariel blanchit instantanément. Avait-il vraiment tout entendu ? Même la partie où Neven avouait qu'ils avaient fait des choses ensemble et qu'Ari affirme n'être attiré que par lui ? Ce n'était pas le fait que Fab puisse le prendre pour un gay refoulé qui le dérangeait, c'était surtout que Fab était aussi un ami d'Anna. Et s'il décidait de tout lui répéter ? Il avait envie de se tirer les cheveux avec tous ses questionnements qui brouillaient son esprit.
— Est-ce que... Est-ce que ça peut rester entre nous ? demanda-t-il d'une petite voix.
Il savait que ce qu'il lui demandait était extrêmement déplacé, mais il se devait de tenter.
— Oui, mais... Tu ne vas pas faire de mal à Anna, n'est-ce pas ? s'assura son ami.
— Non ! Bien sûr que non, j'adore Anna, je ne pourrais jamais lui faire de mal. Ce qu'il s'est passé avec Neven était juste... Un accident, essaya-t-il de le convaincre.
Un accident répété plusieurs fois. Fabien sembla le comprendre, du moins, il le paraissait, et Ariel en fut soulagé. Anna ne devait rien savoir de cette histoire tant qu'il ne savait pas ce qu'il se passait dans sa tête. Cela devait rester un secret.
Ils regardèrent un film en mangeant puis décidèrent d'aller se coucher, étant donné qu'ils travaillaient tous les deux le lendemain. Ils n'avaient plus reparlé de l'incident avec le voisin et c'était préférable de la sorte.
À la galerie, Neven hantait toujours ses pensées. Il se demandait bien ce qu'il lui avait pris d'agir de la sorte. Ariel n'avait rien fait pour mériter ça, il s'était même montré conciliant, à aller s'excuser pour la piscine et à l'inviter chez lui pour le match ! Il se torturait l'esprit pour connaître les éventuelles raisons d'un pétage de plombs. Il tilta en se rappelant de l’air satisfait, collé sur le visage de son voisin, lorsque celui-ci était parti de chez lui. Pourquoi aurait-il été content ? C'était absurde.
La journée passée, il rentra chez lui et prépara son sac de musculation. Il avait besoin de se défouler et il savait que son voisin ne viendrait pas seul, donc il allait être tranquille durant sa séance. Aurél l'avait prévenu qu'il viendrait avec lui, c'est donc devant sa maison qu'il l'attendit.
Ils papotèrent tout le long du trajet et cela lui fit changer les idées, il arriva à la salle, détendu. Il serra quelques mains et débuta son échauffement dans son coin.
— Neven, comment tu vas ?
Ariel se tourna d'un bond vers la voix d'Aurélien, pensant d'abord à une illusion avant d'apercevoir Neven en face de son ami.
Ce n'était pas possible ! Le bouclé, venir seul dans une salle de musculation ? Il n'en croyait pas ses yeux. Cependant, quand l'Apollon tourna son regard vers lui, il fit mine de continuer ses pompes sans le calculer.
— Salut, lâcha le bouclé, juste à côté.
Ariel l'ignora et continua son activité. Il savait que, s'il répondait, Neven allait déguster.
— Tu vas vraiment me bouder pour ça ? lança Neven avec nonchalance.
— Dégage, Neven.
— Ce sont des questions que je peux me poser, non ? On ne se connaît pas, on devrait apprendre à se connaître.
Sa dernière phrase le fit se stopper, surpris. Puis, il se leva en comprenant que son voisin faisait passer ses suppositions pour normales. Ça l'excédait.
Ariel eut l'intelligence d'agripper son poignet pour l'emmener dans les vestiaires, histoire de pouvoir crier sur lui sans attirer les regards curieux et les oreilles indiscrètes.
Il le poussa avec brusquerie à l'intérieur, referma la porte et vérifia qu'il n'y avait personne, avant de revenir vers le bouclé et de l'acculer contre un mur, les sourcils froncés.
— Comment est-ce que tu peux minimiser le fait que tu m'ais limite traité de putain ! Tu as insinué que, parce que je t'avais embrassé, je le faisais avec d'autre ! Mais qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête, merde ? l'engueula Ariel, d'un ton sec.
— Je prends mes précautions, avoua Neven en haussant les épaules.
— Mais on n’est pas ensemble ! On n’est pas un couple, on ne flirte pas, on n’est même pas amis, alors tu n'as pas à prendre tes précautions. Je suis avec Anna, tu as Marion et ça s'arrête là !
Neven eut un petit sourire auquel Ariel aurait souhaité répondre par un coup de poing bien placé. Il détestait l'insolence.
— J'ai envie de t'embrasser, Ari.
Le faux bad boy en ouvrit la bouche sous le choc. Sa main desserra le t-shirt et il fit un pas en arrière. Malgré lui, cette phrase lui avait fait de l'effet et il sentait son estomac se retourner. Dans un moment de faiblesse, son regard se posa sur sa bouche bien dessinée, avec l'envie folle de goûter une nouvelle fois ses lèvres. Cependant, il le repoussa, lui jeta un regard noir et dit d'une voix presque haineuse :
— Tu ne peux pas me rabaisser et ensuite, me dire ça.
Puis il sortit des vestiaires et reprit sa séance normalement. Toute l'heure, il sentait le regard gris de son voisin le scruter. Heureusement, celui-ci se tenait à bonne distance. Il se risqua, lui aussi, à jeter quelques regards et il bavait littéralement en voyant ses muscles en action, étant donné que Neven ne portait qu'un short court et un t-shirt qui laissait transparaître son torse. Il se mordait l'intérieur des joues pour arrêter ses pensées obscènes. Le bouclé avait été un connard envers lui, il ne pouvait pas lui pardonner aussi facilement.
Lorsqu'il partit pour regagner sa voiture, le bouclé était à sa suite et lança :
— Je suis désolé si je t'ai offensé.
Puis il s'écarta pour partir de son côté, rendant le brun pantois. Il avait fait l'effort de s'excuser et cela le toucha. Il n'était pas du genre rancunier, à part si c'était grave.
Sur le chemin du retour, il repensa à ses mots et se dit que Neven n'était pas méchant, il ne devait pas être si sévère envers lui. Mais, surtout, un désir inconnu montait en lui de minutes en minutes et il arrivait de moins en moins à le gérer ou, encore, à le réprimer. Il espérait se calmer en rentrant chez lui et ne plus avoir de pensées peu catholiques envers son voisin.
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