XXXVI.

 

          L'ambiance était particulièrement glaciale dans la voiture, Ariel avait mis le son à fond et regrettait déjà d'avoir avoué une telle chose. Neven l'avait poussé, aussi ! Il accéléra sur la route, souhaitant rapidement quitter son voisin pour rentrer chez lui, seul. Et puis, ce n'était même pas lui qui l'avait embrassé, dans la piscine; il avait juste réceptionné. Bon, d'accord, il avait fait bien plus que l'accueillir gentiment, il y avait répondu avec envie. Il l'avait carrément souhaité, même. 

Il sentait mal d'avoir autant réagi à son baiser et de s'être laissé faire, une énième fois. Il avait l'impression de ne rien contrôler quand il était avec son voisin. 

— Tu comptes bouder ? demanda Neven. 

— Tais-toi. 

— T'es vraiment un gamin, souffla le bouclé. 

— Tu peux parler ! T'es le premier à m'ignorer à tout va, alors que je n'ai rien fait, répliqua Ariel. 

Cela eut le don de le faire taire et Ariel put enfin se calmer. La fin du trajet se fit en silence, mais celui-ci n'aida pas le plus vieux à faire le vide dans sa tête. Constamment, des images d'eux en train de s'embrasser polluaient son esprit et l'empêchaient de penser correctement. Il avait envie de trouver une solution pour qu'ils arrêtent de s'attirer comme des aimants dès qu'ils étaient ensemble, mais il ne trouvait rien pour le moment. 

Il le déposa finalement devant chez lui, sans aucune salutation, et se gara quelques mètres plus loin, dans son propre stationnement. 

Cette prise de tête commençait à le miner et il regrettait presque de s'être emporté. Il se disait qu'il aurait mieux fait de se taire, que ce n'était pas si grave que ça. C'était juste les sensations qu'il avait eues qui l'avaient rendu si irritable. 

À peine était-il rentré chez lui que l'envie d'aller s'excuser le démangeait déjà. Cependant, il s'en abstint et partit s'affaler dans son canapé pour regarder la télévision. Il n'était pas encore l'heure du taff, alors il en profita pour flâner un peu. 

        La journée fut légèrement agitée, entre un couple qui avait tenté de se frapper dessus à la suite d’une mésentente, au beau milieu de leur petite galerie, un homme qui les avait menacé, car son colis prenait du temps à arriver chez lui et qu'il avait peur de se faire " arnaquer " et deux jeunes hommes qui s'étaient moqués ouvertement de son prénom. Il fallait dire qu'Ariel n'avait pas eu le temps de penser aux événements du matin, à Neven tout court, en fait.  

Chez lui, il reçut un message d'Anna qui donnait de ses nouvelles et qui avait envoyé quelques photos du lieu, tout bonnement magnifique. Ari pensait que lui-aussi, il devrait faire des vacances entre potes, avec Jim, Aurélien, Fabien et, pourquoi pas, Neven ? Enfin, ce dernier était plutôt utopique, jamais son voisin n'accepterait de passer plusieurs jours en bande. C’était sans compter sur leur attrait physique... Ariel avait peur de ce qu'il pouvait se passer s'ils étaient dans la même maison durant plusieurs jours. 

Son téléphone reçut un second message, mais cette fois, de Marion. 

Marion : Coucou Ariel ! Tu vas bien ? Nous, c'est vraiment super et on pense à vous :D Est-ce que Neven va bien ? Il ne m'a pas envoyé un seul message depuis notre départ, alors je m'inquiète un peu :/ 

Le brun soupira. Néanmoins, il répondit aussitôt. 

Ariel : Hey, oui ça va bien, merci. Je suis content pour vous. Anna m'a envoyé des photos et ça a l'air vraiment magnifique. Amusez-vous bien ;) Pour Neven, tout va bien, on s'est vu ce matin à la piscine et on se voit demain pour la musculation, tu n'as pas à t'en faire. :) 

Marion : T'es génial, merci beaucoup ! 

Quelques minutes après, on sonna chez lui. Ariel partit ouvrir et eut un large sourire en découvrant ses deux voisins et Jim. Aurel et Fab tenaient des bières dans leurs mains et Jim avait les cartons de pizza sur les bras. Il les fit entrer et s'installer dans le canapé. Jim prit ses aises et mit le téléviseur à la chaîne du match de foot, qui diffusait un match opposant la France au le Pérou. Les garçons étaient hyper excités, ils avaient des drapeaux français et s’étaient même dessiné celui-ci sur les joues. Ariel adorait cette ambiance, que ce soit l'euro ou le mondial, ça le mettait toujours dans un état de bonheur immense. 

En attendant que le match commence, Ari partit faire réchauffer les pizzas, qui avaient refroidi durant le trajet, tandis que les autres s'occupaient de servir une bière à tout le monde et d'ouvrir les paquets de chips. 

— Les gars, j'en ai pour une minute, je reviens, les prévint-il avant de s'éclipser. 

Il sortit presque en courant et alla toquer chez la maison voisine. Il avait bien envie de faire venir le bouclé, il aurait l'occasion de se faire pardonner pour ce matin. 

Le plus jeune ouvrit la porte et planta son regard gris dans le sien, d'un air presque las. Il portait ses lunettes et avait l'air fatigué.

— Si t'es venu pour me dire que ce n'était pas bien ce que j'ai fait à la piscine et blablabla, tu peux retourner chez toi, car je n'ai aucune excuse à t'offrir, lâcha Neven, d'un ton sec. 

— Non ! Non, je ne viens pas chercher d'excuse. À vrai dire, c'est à moi de t'en faire. Je suis désolé d'avoir réagi pour si peu. Oublie ça, c'était bête de ma part. 

Neven sembla sonder son regard, puis finit par hocher la tête. 

— En fait, je suis venu te demander si tu voulais regarder le match avec moi ? proposa timidement Ariel. 

— Tu le regardes seul ? demanda le bouclé. 

— Non, Fabien et Aurélien sont là. Tu sais, ceux du barbec'? Il y a aussi mon meilleur ami et patron, Jim. 

— Non, lança soudainement Neven. 

— Quoi, non ? 

— Je n'ai pas envie de regarder le match avec vous, s'expliqua le plus jeune. 

Ariel soupira et se rappela que son voisin n'aimait guère la compagnie. Il tendit alors sa main vers lui. 

— D'accord, mais le prochain match, on le regarde ensemble, ok ? 

— Laisse-moi tranquille, finit Neven en lui claquant la porte au nez. 

Ari en fut bouche-bée, le vent qu'il venait de se prendre ! Il en aurait été extrêmement vexé s'il ne connaissait pas les penchants impolis de son voisin. 

Au moins, il avait essayé.


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