XXVIII.
Dans la voiture, les deux hommes ne prononcèrent aucun mot. C'était comme d'habitude, en soi, mais Neven sentait bien le malaise d'Ariel et ça le lassait. Quoiqu'il puisse faire pour le déculpabiliser, il avait l'impression que ce serait inutile. Ariel était buté.
— Ne refais plus ça, ok ? demanda le brun, en claquant la portière de sa voiture.
Le bouclé le suivit, mais ne répondit rien. Il voulait lui répliquer " déjà, commence par ne pas répondre à mon baiser et, ensuite, on reparlera de ne rien faire ". Mais s'il l'avait embrassé, c'était justement pour le décrisper, pas pour l'enfoncer encore plus. Et puis, il préférait se taire que de lui promettre des choses qu'il n'avait pas l'intention de tenir, parce que, pour être honnête, la bouche de son voisin ne lui déplaisait absolument pas. Il avait envie de recommencer. Il en a eu l'occasion, il l'a fait, point. D'ailleurs, Ariel était bel et bien doux dans ses baisers, pensa-t-il, répondant ainsi à sa question du restaurant.
Ils arrivèrent donc ensemble dans la salle et Neven se dirigea vers l'accueil pour remplir un papier et payer son abonnement, tandis qu'Ari partit se changer dans les vestiaires. Étant déjà en tenue, il s'approcha de la première machine et débuta sa séance doucement. Son voisin débarqua peu de temps après, avec un homme à ses côtés. Neven observa l'inconnu, qui semblait bien connaître Ariel, au vu de leur grand sourire et de leur proximité. Le bouclé avait l'impression de le connaître, sûrement un faux souvenir. Cependant, l'inconnu s'approcha de lui et il lui offrit un grand sourire avant de lui tendre la main.
— Neven ! Ça va, mec ?
Le plus jeune regarda la main tendue, puis leva son regard vers l'homme. Ils se connaissaient ? Ariel, à côté, ajouta :
— C'est Fabien. Tu sais, le gars du barbecue.
Voilà pourquoi il s'était souvenu de lui. Il lui serra la main, mais ne répondit rien. Devant la non-expressivité de son visage, les deux partirent dans leur coin, toujours en papotant. Neven leur lançait quelques regards, de temps en temps. Ça l'énervait qu'Ariel ne le calcule pas une seule fois parce que son pote était là, celui qu'il lui avait lancé le défis de se foutre en boxer pour aller dans la piscine.
Il déverrouilla son téléphone et mit ses écouteurs pour lancer une musique. Il se concentra sur les poids qu'il soulevait et tentait de faire abstraction des deux hommes, qui n'étaient pas loin de lui.
Après une heure et demie, Ariel vint lui demander s'il avait fini, pour rentrer. Neven acquiesça et lui répondit qu'il pouvait aller se doucher, qu'il allait arriver. En réalité, il ne voulait juste pas se retrouver avec lui, nus, dans les douches, surtout s'il y avait Fabien. Quand il vit les deux hommes sortir, il s'autorisa à aller se laver. Il prit tout son temps pour se savonner afin de bien faire attendre son voisin, qui l'avait ignoré durant toute la séance alors que, lors de leur première, il s'était occupé de lui et lui avait montré comment s'y prendre. Sa réaction le décevait. Il l'avait embrassé pour briser la glace entre eux et, finalement, ça l'avait fait fuir.
Neven ne savait jamais comment s'y prendre avec les gens. Même avec son seul ami de l'époque, il avait toujours été à côté de la plaque, ce qui n'était pas étonnant. En effet, sa mère, manipulatrice, lui disait, chaque jour, à quel point le monde extérieur était horrible, à quel point les amis étaient faux-cul et n'hésiteraient pas une seule seconde à faire du mal.
Lorsqu'il daigna sortir des douches pour rejoindre Ariel, il retrouva celui-ci appuyé contre sa voiture à l'attendre, les yeux baissés au sol. Le brun leva les yeux vers Neven en entendant ses pas.
— T'as fini ? demanda Ariel, d'une voix étonnement très douce.
Le bouclé se contenta de hocher la tête et de contourner la voiture pour rejoindre le place passagère, rapidement suivi du conducteur.
— Écoute, mec, je suis désolé pour la manière dont je t'ai parlé, en arrivant. Je n'aurais pas dû être aussi sec, j'ai paniqué après... Ce qu'il s'est passé. T'as raison, je...
— Je te pardonne, le coupa Neven.
— Laisse-moi finir. Tu as eu raison quand tu as dit que je n'assumais pas le baiser que je t'ai donné. Je ne sais toujours pas pourquoi je l'ai fait ou pourquoi tu y as répondu, mais j'en ai eu envie. Peut-être parce que j'avais envie d'essayer avec un homme ? Peut-être que je me suis trop emporté ? Je n'en sais rien, sauf que toi et moi avions une copine, alors je pense que nous sommes d'accord pour garder les baisers pour nous et ne plus les ressortir. C'était juste une erreur de notre part.
Ariel soupira et Neven fut satisfait de ce qu'il entendit. Son voisin acceptait enfin ce qu'il avait fait, qu'il en avait eu envie à ce moment.
— Alors, même si tu me repousses, je suis sûr qu'on peut bien s'entendre tous les deux.
Le brun s'arrêta à un feu rouge et se tourna vers Neven, tout en lui tendant sa main.
— Soyons amis, lâcha-t-il, avec un petit sourire.
Le bouclé en fut bouche-bée. Il regardait sa main offerte comme s'il découvrait, pour la première fois, ce qu'était une main. Neven était choqué de cette demande, non seulement car elle venait d'Ariel, mais aussi parce que c'était la première fois qu'on lui demandait d'être son ami. Jamais personne n'avait fait ça. Son seul et unique ami s'était juste rapproché de lui alors que les autres étaient assez intelligents pour le fuir.
— On fera à ton rythme, ne t'en fais pas. Je te connais un peu, je sais qu'il faut y aller lentement, alors j'attendrais que tu sois à l'aise avec moi pour faire ce que font tous les potes, tenta-t-il de le rassurer.
Neven n'avait pas vraiment envie de l'avoir en ami, mais il devait avouer qu'ils s'étaient considérablement rapprochés depuis peu, il lui avait même proposé de lui refaire son site internet, ce n'était pas rien. Pourquoi ne pas tenter ? Et puis, Ariel ne semblait pas être aussi bourrin que Marion, à l'obliger à faire des choses qu'il n'aimait pas. Sinon, il pourrait toujours le jeter si l'autre ne respectait pas son mode de fonctionnement.
Finalement, il prit sa main et la serra dans la sienne pour sceller l'accord.
— Très bien. Cela dit, tu fais un faux pas et tu dégages. C'est clair ?
Ariel eut un grand sourire aux lèvres et hocha vivement la tête.
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