XV.

Petit cadeau x)



          Ariel avait eu cette idée de génie, au matin même, quand Anna lui avait annoncé leur sortie. Il s'était immédiatement souvenu de leur compromis.

— Tu as menti ! Je t'ai aidé pour cette folle dingue et toi, tu me la mets à l'envers ! se crispa Neven.

— Je t'avais dit que j'allais t'éviter des sorties, est-ce que tu es dehors, là ? lança sournoisement Ariel.

Le bouclé sembla réfléchir, mais reprit aussitôt :

— Le compromis était de me laisser seul, Ariel ! Pas de t'incruster chez moi, pas de vouloir jouer à des jeux stupides en ta compagnie, tu entends ça ? tenta-t-il de lui faire comprendre.

Le brun finit de brancher les liens et ramassa les deux manettes sur la table, dont une qu'il lança sur le canapé, à côté de lui.

— Ce n'était pas dans le contrat, répliqua-t-il en lançant le jeu de combat. Viens jouer au lieu de râler.

Il pouvait presque sentir l'aura assassine de son voisin. Ariel soupira et décida de se la jouer franc, il comprenait que le forcer n'allait qu'attiser davantage sa colère envers lui.

— Ok, c'est mesquin ce que je fais, mais... Je me suis dit que si tu me connaissais, peut-être que tu m'apprécierais un peu ? avoua-t-il d'une petite voix, beaucoup moins assurée qu'il y a quelques minutes.

Un silence s'installa entre eux et le brun se retourna vers Neven, qui était toujours debout derrière le sofa et qui le regardait sans rien dire. La bonne nouvelle était qu'il semblait plus calme et détendu.

Neven se retourna et repartit à l'étage en lançant :

— Je n'ai pas envie de te connaître, ni toi, ni personne.

Puis, il disparut. Ariel rejeta sa tête en arrière, découragé par sa mauvaise volonté. Il regarda sa partie chargée et se dit qu'il allait tout débrancher et remballer pour retourner chez lui, son plan tombé à l'eau. Mais, il fut surpris en le voyant descendre, son pc à la main, s'asseyant dans le canapé, à ses côtés. Ariel le fixait tellement il n'en revenait pas. Certes, ils étaient à bonne distance l'un de l'autre, mais le plus petit se mit à sourire bêtement.

— Tu ne joues pas ? questionna-t-il, finalement.

— Non, j'ai des choses à faire.

Le brun hocha la tête, alors que Neven était trop occupé à activer ses doigts sur son clavier pour le voir. Bon, il allait jouer seul et son compagnon d'une soirée allait être aussi utile qu'un pot de fleurs, mais c'était déjà ça. Le bouclé ne lui gueulait pas de se casser et ne le repoussait pas. Il trouvait ça génial.

Quand il débuta sa mission, il fixa son regard sur son écran, mais son esprit voulait toujours persévérer.

— Écoute-moi ou non, je m'en fiche, mais je m'entêterai, quoique tu dises, le prévint-il.

Neven ne répondit pas, Ariel n'était même pas sûr qu'il l'ait écouté.

— Je m'appelle Ariel, mais pratiquement tous mes potes m'appellent Ari... Parce qu'ils pensent vraiment que je m'appelle comme ça.

— Ça n'assume pas, balança le bouclé, lui faisant savoir qu'il tendait bien l'oreille.

Ariel décida de l'ignorer. Il se rappelait de leur première rencontre, il s'était juré de ne pas lui montrer ses faiblesses et puis, finalement, ces quelques semaines lui avaient appris que Neven n'était pas ce genre de type. Il devait montrer les armes pour adoucir le loup.

— J'ai vingt-cinq ans, bientôt vingt-six et...

— Quoi ? T'as vingt-cinq piges ? s'étonna Neven.

Ariel tourna la tête quelques secondes pour tomber dans les yeux gris envoûtants de son voisin.

— Oui, pourquoi ?

— Rien, je pensais que tu étais plus jeune, répondit le bouclé en se concentrant de nouveau sur son écran.

Ariel en fit de même et mitrailla deux types qui étaient dans l'équipe adverse. Il se mordait la langue en évitant les balles qui lui étaient renvoyées.

— Tu as quel âge, toi ? demanda-t-il curieusement.

—Vingt-trois.

Le brun en écarquilla les yeux, surpris qu'il soit le plus vieux d'entre eux. Un sourire conquis se dessina sur ses lèvres. Alors comme ça, l'Apollon était plus jeune que lui, c'était intéressant...

— Je suis sous-directeur de galeries d'art et j'ai la chance d'avoir pour patron Jim, mon meilleur ami. Je suis super excité à l'idée d'en ouvrir une autre prochainement, surtout que Jim veut me faire directeur de celle qu'il prévoit au Québec et, si les affaires sont florissantes, il me laisserait en ouvrir d'autres. Ça serait tout bonnement énorme ! J'ai déjà fait mes petites recherches pour savoir quels artistes je veux, j'ai tellement hâte.

Cette fois, pas de réponse, pas de remarque, mais Ariel poursuivit :

— J'aime les chats, les peluches, les pandas et les bergers allemands. D'ailleurs, j'en veux un depuis longtemps, mais Anna veut pas.

— J'en avais un, quand j'étais plus jeune, prononça enfin Neven.

— La chance ! Il s'appelait comment ?

— Oggi.

— Oggi, qui veut dire " aujourd'hui " en italien, c'est pour ça que tu as choisi ce prénom ? demanda Ariel en fronçant les sourcils.

Il avait les bases en italien, car il vivait avec une Italienne et qu'il la connaissait depuis un bon bout de temps.

— Non, pour Oggi et les cafards.

Ariel réprima un rire. Il venait d'en apprendre beaucoup sur Neven. Enfin, ça paraissait peu, mais, en presque un mois, il ne connaissait que son prénom, son adresse, sa copine et son métier, rien de plus.

L'air dans la maison se fit de plus en plus étouffant et Ariel mit son jeu sur pause pour retirer son t-shirt. Après tout, ils étaient entre garçons, pas de pudeur à avoir. Mais, alors qu'il reprit sa manette, il sentit le regard de son voisin sur lui et il releva la tête. Aussitôt, Neven se leva et lâcha un petit :

— Je vais chercher de l'eau !

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