XLVII.
Comme à son habitude, Neven était devant son téléphone à ignorer toute chose extérieure. Il faisait la tête, alors que la bonne humeur régnait autour de la table. Lorsque Ariel revint avec des bières pour ses amis, le bouclé releva enfin la tête pour le regarder. Son voisin avait l'air heureux de se retrouver en bonne compagnie, il l'entendait rire et s'exclamer à tout va. Neven avait l'impression qu'il avait oublié les tracas de leur infidélité, il n'avait pas fait attention à lui depuis le début. Cela lui faisait grincer des dents, surtout que Marion l'avait encore obligé à venir.
La sonnette de la porte retentit et Neven se retourna vers la maison, ils étaient dans la cour, assis sur la terrasse. Il se demandait qui était la personne derrière la porte, étant donné que tous les amis de ses voisins étaient assis autour de la table.
Il observa Ariel se diriger à l'intérieur de la maison pour ouvrir à l'invité mystère. Il ne quittait des yeux la porte menant à la terrasse, impatient de voir le petit nouveau de ce dîner.
Quelques minutes après, un grand brun fit son entrée et Anna se jeta sur lui pour l'enlacer en criant son prénom. Il était sûr d'avoir déjà entendu le prénom " Jim " de la bouche d'Ariel, mais il n'arrivait pas à se souvenir pour quelles raisons. Il détailla donc le fameux Jim de la tête aux pieds. Il était, apparemment, aussi grand que lui, avait les cheveux mi-longs bruns clairs, de petits yeux rieurs, des fines lèvres qui s'étiraient pour laisser apparaître une belle dentition. Il portait un t-shirt ample et un jean noir troué avec des baskets.
Neven pouvait assurer que c'était un bel homme qui devait avoir la cote auprès des femmes et des hommes. Il était beau et dégageait un certain charme. Cependant, il trouvait Ariel bien plus attirant.
Le bouclé releva ses lunettes sur le haut de son nez et continua d'observer l'homme, qui dit bonjour à chaque personne présente. Quand ce fut à son tour, Marion lui donna un coup de coude pour qu'il se lève de sa chaise et lui dise poliment bonjour.
A contre cœur, il se mit à sa hauteur et comme il le pensait, il faisait la même taille. Il attrapa la main de Jim qui lui était tendu, il sentit l'homme le dévisager plusieurs secondes avant que sa bouche n'esquisse un plus grand sourire encore.
— Enchanté de te connaître, je suppose que tu es Neven ? Moi c'est Jim, le patron et l'amant d'Ari, lança-t-il en pouffant.
Neven fronça légèrement les sourcils. Il venait de se rappeler la raison pour laquelle il le connaissait au travers de son prénom. Ariel lui en avait déjà parlé.
— Jim ! gronda Ariel en l'entendant.
Anna se mit à rire et ajouta :
— Ça ne m'étonnerait pas d'apprendre que vous aillez déjà fait des choses ensemble.
Tout le monde se mit à rire, sauf Neven et Jim. Celui-ci avait toujours cet énorme sourire collé au visage et lui fit un clin d'œil avant de lâcher sa main. Le bouclé comprit aussitôt qu'il ne l'aimerait pas, il l'énervait déjà avec son insolence.
Jim s'attarda ensuite sur Marion en la complimentant sur sa tenue et son choix de rouge à lèvres, mais Neven s'en fichait et avait posé son regard sur Ariel, qui lui observait Jim. Ça le saoulait que le brun ne lui offre aucune attention et l'ignore comme s'ils étaient de parfaits inconnus.
Il profita donc que Ariel aille chercher à boire pour son patron pour le suivre. Quand ils furent dans la cuisine, Neven se mit contre l'encadrement de la porte.
— C'est quoi ton problème ? lança-t-il, contenant son énervement.
Il vit son voisin faire un bon, ne s'attendant sans doute pas à sa présence.
— Qu'est-ce que tu fais là, Neven ? demanda Ariel en soupirant.
— Je te demande : c'est quoi ton problème ?
— Arrête de te faire des idées, il ne se passe absolument rien avec Jim, il a dit ça pour rire, souffla-t-il.
Neven se passa une main sur le visage, désespéré, avant de s'approcher de son voisin, qui était occupé à couper un citron en rondelle pour le mettre dans le coca de Jim. Le bouclé attrapa sa mâchoire pour faire tourner son visage vers lui. Une fois leur regard l'un dans l'autre, Neven précisa :
— Pourquoi est-ce que tu m'ignores ?
Il gardait sa main sur sa mâchoire pour s'assurer que l'autre ne se défile pas. Ariel semblait perturbé par leur proximité, mais Neven n'en avait cure, il voulait des réponses avant de devenir fou.
— Je... Je ne t'ignore pas, je ne sais pas quoi te dire, ni quoi faire, répondit-il.
Encore une fois, l'envie de poser sa bouche contre la sienne se fit ressentir. Il se forçait à contenir ses envies.
— Je te dégoûte ? demanda Neven, très sérieusement.
Immédiatement après, Ariel fronça les sourcils et le poussa.
— Mais à quoi tu penses ?
Ils n'eurent pas le temps de terminer leur conversation, que Jim fit irruption dans la pièce.
— Bah alors princesse, t'en mets du temps ! Oh, je dérange quelque chose ? demanda-t-il en les voyant.
Le bouclé n'y croyait pas un mot, cela ne faisait pas plus de deux minutes qu'ils étaient dans la cuisine. L'autre était juste curieux. Ariel fit deux pas en arrière pour s'écarter de lui. Il sourit à son patron et lui tendit son verre.
— Non t'inquiète, on y retourne ? répondit Ariel, comme si rien ne venait de se passer.
Neven en décida autrement et s'interposa entre les deux meilleurs amis, face à Jim et dos à Ari.
— Ouais, tu voyais pas qu'on était en train de discuter ? lâcha-t-il sèchement.
Il ne l'aimait définitivement pas.
— Apparemment, Ariel n'est pas du même avis, répliqua Jim avec un sourire provocateur.
Les deux hommes s'approchèrent l'un de l'autre, bombant leur torse dans un geste viril ridicule. Aussitôt, Ariel se glissa entre les deux et poussa doucement Neven une seconde fois.
— Oh les gars, on se calme. Vous allez pas vous battre, quand même !
Le bouclé continuait de fixer Jim d'un air menaçant.
— Neven, on a plus rien à se dire et si tu voulais qu'on parle, il ne fallait pas m'éviter pendant plusieurs jours, lui annonça Ari sur un ton accusateur.
Il allait partir avec Jim rejoindre les autres, mais le plus jeune n'avait pas dit son dernier mot et lui choppa le poignet pour le retenir.
— On a pas fini, Ariel.
— Lâche-le, mec, gronda Jim, tout de suite plus sérieux.
Il avait perdu son sourire et le menaçait du regard.
— Jim, va sur la terrasse, j'arrive, le rassura Ariel.
Il craignait probablement une altercation entre les deux, mais celui-ci ne bougea pas.
— Jim ! insista-t-il.
Son patron finit par céder, mais ajouta avant de partir :
— S'il y a un soucis, tu m'appelles.
— Il n'a pas besoin de toi, lança Neven entre ses dents.
Jim ne semblait pas l'avoir entendu et quitta le lieu. Ariel se tourna de nouveau vers son voisin, le regard las.
— Tu joues à quoi, là ?
— Je t'ai posé une question, réponds.
— Tu m'énerves, Neven. Je sais plus comment je dois me comporter avec toi.
Ariel s'approcha de lui, pour ne pas qu'on les entende.
— Un jour, tu m'embrasses, l'autre, tu me rejettes. Un jour, tu m'esquive, l'autre, tu viens me chercher pour me demander des comptes. Apprends à savoir ce que tu veux et ensuite, on discutera, balança Ari.
Neven comprit que son voisin était très en colère contre lui, de ne pas le laisser le voir à l'hôpital, mais il ne pouvait pas lui dire la raison. Il avait été confronté à deux de ses phobies : les médicaments et forcer une personne. Il lui fallait du temps pour digérer ça, mais Ariel ne pouvait pas le savoir, alors le bouclé ne lui en voulait pas.
Ariel baissa la tête.
— Et puis, je sais que c'est à cause de moi, que tu as fait ce malaise...
Le bouclé écarquilla les yeux, comment Ariel le savait ?
— Quoi ?
— Tu as eu du remord, vis-à-vis de Marion, alors ça t'a fait stresser et provoqué une crise d'angoisse.
Cette fois, il fut encore plus surpris. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? L'idée du remord lui plaisait bien, ça dissimulait les vraies raisons. Il ne démentit, ni ne répondit à sa phrase, laissant Ariel s'éloigner, coupable...
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