XLVI.
Ariel était furieux, surtout quand il voyait l'air impassible de son voisin alors qu'il lui demandait des réponses, en vain. Il lui criait presque dessus, mais Neven n'avait aucune réaction, il se contentait juste de le fixer.
Le plus vieux lâcha son voisin et s'écarta de lui d'une distance raisonnable.
— De toute façon, si tu as peur que je tente quoique ce soit avec toi, tu n'as aucun soucis à te faire. C'était la dernière fois, lâcha-t-il d'une voix amère.
Il tourna les talons et s'enfuit de chez Neven. Il n'avait même pas l'envie de voir sa réaction, et puis, il était sûr que le bouclé était du même avis que lui. Ils avaient été beaucoup trop loin et Neven en subissait les conséquences, désormais. Il était sûr que celui-ci se sentait affreusement coupable vis-à-vis de Marion et qu'il regrettait ce qu'il s'était passé entre eux, durant un moment d'égarement. Ils devaient prendre leur distance, réinstaller une barrière sociale, comme avant, quand ils ne se connaissaient pas encore.
Enfin, Ariel ne le connaissait vraiment. Il ne savait que quelques petites choses que Neven souhaitait bien lui communiquer.
Il partit directement au travail, il était déjà habillé et avait les clés de sa maison et sa voiture dans sa poche de son jean. Le brun aurait aimé avoir une discussion avec son voisin, afin qu'ils puissent mettre les choses au clair. Visiblement, Neven n'était pas d'accord avec ce plan.
Ariel soupira, il ne savait plus comment se comporter avec lui. Est-ce qu'il devait faire comme si rien ne s'était passé ? Ou devait-il prendre en compte le fait qu'ils aient couché ensemble ? Dans tous les cas, il ne fallait plus en parler, ni le penser. Même si, honnêtement, il se ressassait sans cesse ce moment intime entre eux. Il est vrai qu'il n'avait pas aimé la pénétration, mais ce n'était pas si pire que ça. Il avait, en revanche, adoré les prélis. Il n'avait jamais ressenti de plaisir et de désir dans des gestes aussi simples. Une de ses caresses lui faisait voir les étoiles.
Ses dents mordirent sa langue, pensif. Il avait conscience, au fond de lui, que faire l'amour avec un homme lui était souvent passer par la tête, mais comme il s'évertuait à le dire, jamais aucun d'entre eux ne lui avait plu jusque là. Passer ce cap était très important pour lui, il s'était également rendu compte qu'il aimait, bel et bien, tous les genres. Peu importe que ce soit une femme, un homme ou autres, il désirait la personne qui lui plaisait. Neven lui plaisait énormément.
Depuis leur première rencontre, il se sentait attiré par lui. Dès les premières secondes, quand il avait ouvert la porte et qu'il les avait accueillit bien gentiment pour faire bonne impression, Ariel avait été captivé par son physique, sans même écouter ce qu'il avait à dire.
Neven avait un caractère de cochon, mais il était très attachant. Il avait une personnalité peu commune, qui pourrait troubler n'importe qui, mais qui faisait aussi qu'on pouvait rapidement tenir à lui.
Un des traits de Neven qu'Ariel aimait le plus, était le fait qu'il avait l'impression d'être le seul pour lui. De nos jours, les gens ont plusieurs amis, disent des " je t'aime " à un nombre incalculables de personnes, promettent des choses à plusieurs d'entre elles, ont la même relation avec trois personnes différentes, un ami était remplaçable. Alors qu'avec le bouclé, il était le seul ami qu'il avait, le seul ami avec lequel il allait à la musculation, à la piscine, avec qui il passait du temps. Neven était comme une sorte d'exclusivité.
A la fin de sa journée de travail et après avoir réfléchi durant des heures et des heures, Ariel avait trouvé un moyen d'apaiser les choses : il allait faire un dîner chez lui, avec le couple voisin et aussi quelques amis que Neven connaissait. Il pourrait prendre la température, accompagné d'amis et de sa compagne. Parce qu'il était certain que le bouclé n'accepterait pas qu'ils se voient juste tous les deux.
En rentrant chez lui, Ariel organisa donc ce dîner. Il envoya tour à tour des messages personnalisés à chacun de ses amis, ils devaient être là le lendemain soir, à dix-neuf heures précis. Il prévint Marion mais pas Neven, il laissait sa petite-amie lui annoncer.
Le lendemain, il partit donc faire quelques courses, il avait décidé de cuisiner lui-même. Il avait recherché une recette dans le vieux livre de sa mère, une simple de préférence. Lorsqu'il eut choisi, il se mit aux fourneaux. Anna était en train de jouer à la play avec Jim et il entendait sa meilleure amie criait des insultes, au micro, à son patron et cela le faisait beaucoup rire.
— Anna, bouge tes fesses du canapé et mets la table ! lança-t-il.
Il l'entendit ronchonner et dire à Jim qu'elle revenait dans cinq minutes. Ariel sentit un corps se coller à son dos et des bras enserrer sa taille.
— J'aime tellement quand tu cuisines, c'est incroyablement sexy, minauda Anna.
Ariel sourit affectueusement, tout en continuant de couper les légumes.
— Tu voudras un homme qui sache cuisiner pour faire ta vie, alors, lâcha-t-il sur un ton détendu.
Aussitôt, il sentit les mains de sa compagne se détacher de lui, sans rien ajouter. Il la regarda prendre les couverts et les assiettes, le visage fermé. Qu'avait-il donc dit de mal ? Ils étaient au courant tous les deux qu'un jour viendra où ils se sépareront. Ils le savaient bien plus que tous les couples de cette planète, étant donné qu'ils n'en étaient pas vraiment un. Ils en avaient d'ailleurs parler auparavant, pourquoi se vexait-elle maintenant ?
Ariel eut soudainement peur qu'Anna ait de vrais sentiments envers lui, qu'elle soit finalement tombée amoureuse sans le prévenir. La boule au ventre, il partit la rejoindre dans la salle à manger et s'appuya contre la porte.
— Anna, j'ai dit quelque chose de mal ? demanda-t-il, craintif.
— Non, ne t'en fais pas, je suis juste fatiguée. Repars en cuisine pour finir de préparer le dîner, il est bientôt l'heure, répondit-il d'un faux sourire.
Le jeune homme fronça les sourcils, mais se contenta de sa réponse. Il connaissait Anna, quand elle avait cette expression sur le visage, il ne pouvait rien tirer d'elle.
Il repartit donc aux fourneaux, toujours avec cette peur logée en lui. C'était étrange, car il y a quelques mois de cela, Ariel n'aurait jamais su laisser partir Anna, il l'aimait beaucoup trop, en amitié, et était très possessif envers elle. Désormais, il avait surtout la crainte que les rôles soient inversés et que ce soit Anna qui le retienne.
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