XLIV.


     Ari avait mis de côté l'inquiétude, pour laisser place à la colère et à la frustration. Anna venait de rentrer, elle lui avait donné des nouvelles de Neven et avait fini par lâcher que celui-ci ne souhaitait voir personne, pas même lui.

— Bébé, ne t'énerve pas, tu connais Neven, il est spécial, tenta Anna pour le calmer.

— C'est moi qui l'ais ramené, alors qu'il était inconscient dans son vomis, à l'hôpital, Anna, comment veux-tu que je ne sois pas en colère ? gronda-t-il en faisant les cent pas.

— Je sais, Ariel, je sais. Je sais que vous vous êtes beaucoup rapprochés tous les deux mais ne lui en demande pas trop, commença-t-elle.

Ari se statufia sur sa dernière parole. Ses pas se stoppèrent automatiquement et il attendit, avec nervosité, la suite.

— Mais n'aie pas espoir d'une amitié comme celle que tu as avec Jim. Neven est différent et rappelle-toi, au début, tu le trouvais extrêmement étrange. Il n'est pas comme les autres, les choses sont plus compliquées avec lui.

Le brun pivota de sorte à être face à Anna. Il était surpris par ses paroles, mais agréablement surpris. Il avait l'impression qu'elle avait mûri, elle qui ne voulait pas s'approcher du voisin parce qu'il était spécial. Elle tenait, à présent, un discours très sensé. Cela eut le don de faire disparaître sa colère.

Il s'approcha alors de sa copine et l'enserra dans ses bras, déposant un baiser dans ses cheveux. Ils ne s'étaient même pas embrassés ni câlinés, quand Anna avait débarqué chez eux. Ari lui avait directement demandé comment allait Neven et si elle avait pu le voir.

Sa meilleure amie lui avait manqué, mais il se sentait coupable au fond de lui, d'avoir trahi leur promesse.

— Un jour on s'entend bien, et l'autre, c'est la rupture. Je sais pas si je suis capable de vivre constamment dans l'indécision... pensa Ariel à voix haute.

— Je te comprends, ça doit être dure. Mais attends encore un peu, avant de tout couper avec lui, peut-être que par la suite, il sera plus stable ? proposa Anna.

Ariel doutait fort que le bouclé puisse être stable dans les jours, voir les mois qui suivent. Il semblait en guerre avec lui-même, c'était déjà épuisant d'un point de vue extérieur, alors il n'imaginait même pas celui intérieur.

— Tu as raison, finit-il par lâcher.

Ils se posèrent ensuite dans le canapé, toujours collé l'un à l'autre et discutèrent de leur vacance. Ari omit les moments intimes qu'il avait passé en compagnie du bel Apollon et écouta attentivement les péripéties des vacances de sa compagne. Entendre sa voix et son rire le détendit considérablement. Il n'aimait pas être seul, il avait toujours besoin de compagnie.

     Finalement, Anna s'endormit dans ses bras et l'heure sonna pour aller travailler. Il la porta jusqu'à leur lit avant de partir rejoindre Jim à son lieu de travail. Celui-ci avait quitté sa maison peu de temps après qu'Ari ait déposé Neven à l'hôpital.

—T'es en avance, princesse, lâcha Jim en le voyant entrer dans la galerie.

Ariel ne put retenir un soupir désespéré. Il avait entendu les mots d'Anna, comme quoi son voisin était spécial et qu'il devait s'en contenter, mais il n'arrivait pas à s'y résoudre. Ces derniers jours, ils avaient été très proches l'un de l'autre, Neven lui avait même clairement avoué qu'il était attiré par lui, et là, il le rejetait ? Il se sentait trahi. Le bouclé acceptait sa petit-amie, mais pas lui. Ce qui, en soit, était tout à fait normal, mais il se sentait triste par ce choix.

— Wow, ça n'a pas l'air d'aller. C'est à cause de ton voisin ? demanda son patron, une mine inquiète.

— Quelle perspicacité, répondit Ariel, sur un ton ironique.

— Il ne va pas bien ?

— Si, il va bien, lâcha-t-il. Il s'est évanoui hier dans sa chambre, mais ça va mieux désormais.

— C'est quoi le problème, alors ? question Jim, les mains sur les hanches et les yeux plissés.

— Il ne veut pas me voir.

Devant le silence de Jim, Ari répliqua :

— Et n'ose pas te foutre de moi. Après tout ce qu'on a fait ensemble...

— Comme couché ? le coupa Jim, un sourire aux lèvres.

L'employé lui montra son majeur en lui faisant un regard tueur, puis poursuivit :

— Je comprends pas...

Son meilleur ami s'approcha de lui et posa son bras sur ses épaules. Personne n'était encore dans la galerie, alors Jim en profitait pour dévoiler le fond de sa pensée.

— Tu sais, j'y ai réfléchi, mais est-ce que ça n'aurait pas un lien avec ce que vous aviez fait hier ? Puis, le fait qu'il ne veuille pas te voir,  concorde avec cette théorie.

— Tu veux dire qu'il aurait fait un malaise à cause de moi ? Mais pourquoi ? demanda Ariel.

— Peut-être qu'il a éprouvé du remord par la suite ? Tu m'as déjà dit qu'il faisait des crises d'angoisses, sûrement en a-t-il fait une.

Ari se mordit la lèvre un peu trop fort. Ce que lui disait Jim était trop cohérent pour lui, trop probable. Se pouvait-il que ce soit de sa faute ? Désormais, il ne voyait plus d'autre motif possible de le faire tomber dans les pommes.

Un soupir s'échappa de ses lèvres et nerveusement, il passa ses mains dans ses cheveux.

— Excuse-moi, Ari, je n'aurais pas du te dire ça, tu vas te sentir coupable, maintenant, s'en voulut son meilleur-ami, devant son air effaré.

— Non, tu as bien fait, tu sais que j'aime quand tu es sincère et franc avec moi, le rassura Ariel.

Les premiers clients de la boutique débarquèrent, coupant leur conversation. Jim s'occupa d'eux et Ari partit en réserve pour faire les comptes, il sortit son téléphone une fois à l'abri des regards et envoya des messages à Neven. A présent, il voulait absolument savoir ce qu'il s'était passé, tout en espérant qu'il n'y était pour rien. Il en serait malade, de savoir qu'il avait joué un rôle dans son état.

Cependant, il n'eut aucune réponse de toute la journée et ses doutes se confirmèrent par cette absence de communication...


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