XLI.
Le bouclé était toujours dans la même position, alors que cela faisait une heure qu'Ariel s'était échappé de chez lui, tel un voleur. Après tout, il s'y attendait. Et puis, il n'aurait pas aimé que celui-ci reste, ça aurait été très gênant et ils se voyaient mal pour une séance de câlin, comme Marion aimait faire après l'amour.
Il avait aimé, bien plus qu'en couchant avec sa propre copine, cependant, une ombre venait entacher le tableau. Il n'avait pas vu, à proprement parlé, Ariel jouir ou prendre du plaisir. Il se rappelait juste de petits gémissements étouffés et de son corps crispé.
Cela le travaillait beaucoup, plus les minutes défilaient, plus la boule d'angoisse logée dans son ventre se décuplait. Neven repassa en boucle leur ébat, tentant de déceler la moindre petite chose qui aurait fait qu'Ariel veuille arrêter ou n'ait pas aimé. Il se forçait à ressentir les sensations de son corps et du sien, de chaque son qui sortait de sa boche, de chaque mouvement qu'il avait effectué. Il se rappelait très bien quand son voisin avait balancé ses hanches vers lui, venant à la rencontre des siennes, avant de s'arrêter subitement. C'était, lui semblait-il, à partir de ce moment qu'il avait senti le corps d'Ari se rigidifier.
Neven se leva, il sentait des palpitations dans sa poitrine. Il s'empressa de remettre un boxer, qu'il trouva dans le dressing de sa chambre et enfila un t-shirt ainsi qu'un short. Il essuya la sueur de son front et prit des grosses respirations pour se calmer, comme on le lui avait appris.
— Il a accepté, il a accepté, Ariel a accepté, se répéta-t-il afin de se persuader.
Ses mains commencèrent à trembler et sa vue vacilla, l'obligeant à s'asseoir sur son lit. Il chercha des yeux le jean qu'il avait balancé dans la pièce, un peu plus tôt, et le trouva. Il le ramassa et récupéra le téléphone que contenait l'une des poches. Automatiquement, il appela Marion. Celle-ci décrocha rapidement.
— Enfin tu m'appelles ! lança-t-elle, le ton réprobateur.
Le bouclé avait sa respiration qui s'emballa de plus en plus et sa petite-amie le remarqua bien vite.
— Oh merde, Neven, tu vas bien ? Mon cœur ? s'inquiéta-t-elle.
Seulement, le jeune homme n'arriva pas à parler, sa voix était bloquée dans sa gorge et il n'arrêtait pas de penser à ce qu'il venait de faire.
" Tu l'as forcé ! ", " tu l'as touché sans son consentement ! " ou encore " il n'a pas osé te dire non ! ", c'était le genre de pensées qui polluaient sa tête, bourrée de remords à présent. Il se sentait mal, il se sentait comme eux.
De sa main libre, il la posa sur sa bouche, qui s'apprêtait à rejeter tout ce que contenait son ventre. Il essayait de se retenir, mais il n'y parvint pas et se mit à vomir sur le parquet de sa chambre. Il entendait sa copine crier le prénom d'Anna, mais ne distingua pas ce qu'elle lui dit.
— Marion... réussit-il à articuler, la voix brisée.
Il sentait des larmes sur ses joues et savait que ses yeux étaient grands ouverts. Il se prit de plein fouet son passé, il se mit à délirer en mélangeant ce qu'on lui avait fait et Ariel. Il s'imagina en tant que bourreau et Ariel en tant que victime, dans ce trou à rats qui puait la pisse. Il revoyait les seringues, les gélules, la poudre et les bouteilles d'alcool. Il sentait des odeurs immondes, qui parvenaient de plus loin, mais aussi de lui. Il se remémora la sensation des piqûres qu'on lui faisait aux bras, dans les doigts et sur les pieds. Il ressentait des mains, rappeuses, parcourir sa peau, sans jamais aller plus loin, de ce qu'il pouvait se souvenir.
Sa conscience s'évanouit sans prévenir, pour ne laisser qu'un trou noir derrière elle. Il s'écroula, tel un poids mort, sur le sol.
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Chapitre très très court je vous l'accorde, mais c'est pour ça que je bosse déjà sur l'autre pour vous le poster le plus rapidement possible ! :D
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