XIII.
Ariel ne se départit pas de son sourire et continua à regarder son voisin, qui en fit de même. Il se mordit soudainement la langue, son esprit lui intimait " non, n'essaie même pas ! ", mais son idée le démangeait trop et il s'élança :
— Les filles vont probablement manger ensemble alors... Est-ce que ça te dit qu'on mange à deux ? Je veux dire, on peut command...
— Non, le coupa Neven en se relevant.
Son ton ferme et sans appel le refroidit, mais il se détendit en se souvenant que c'était le caractère de Neven.
Ariel souffla bruyamment, comme le ferait un enfant, et détendit ses jambes devant lui en posant ses mains derrière lui. Après tout, Marion n'arrivait pas à le faire bouger, pourquoi lui y parviendrait ?
Ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi Neven le dévisageait de la sorte. Ce n'était pas la première fois qu'il sentait son regard sur lui. À vrai dire, le savoir en train de le fixer l'avait quelque peu perturbé quand il était en train de trifouiller les files de sa télé. Comment devait-on réagir quand le mannequin nous servant de voisin nous fixe à n'en plus savoir détourner les yeux ?
Il décida finalement de se lever et le suivit jusque dans la cuisine.
— C'est moi que tu n'aimes pas ou c'est juste que tu ne supportes pas les gens en général ? osa Ariel en posant son épaule contre la chambranle de la porte.
Neven leva la tête, se demandant sûrement pourquoi il était encore là. Il continua à essuyer la table en lui répondant :
— Les deux.
Ariel eut un mouvement de recul. Il ne l'aimait pas ? Pourquoi ?
— Qu'est-ce que j'ai fait pour que tu ne m'apprécie pas ? demanda-t-il, les sourcils froncés.
Le bouclé daigna enfin lui accorder plus d'importance et reposa l'éponge sur la table. Il s'avança vers lui, d'une démarche lente, et, Ariel aurait pu le jurer, féline. Un bras se posa sur la chambranle sur laquelle il s'appuyait, une proximité qui le rendit timide. Il était quand même face à son visage parfait et à ses bouclettes, que même les femmes devaient lui envier.
— Peut-être parce que tu me colles, comme là, maintenant ?
Ariel eut un deuxième mouvement de recul. Lui, le coller ? N'importe quoi !
— Tu te fais des idées, moi je veux juste bien m'entendre avec toi parce que ma copine apprécie la tienne, ce qui fait qu'on va devoir se voir régulièrement.
— Parce que nos copines s'aiment bien, on devrait faire pareil ? demanda Neven en haussant les sourcils.
Le bouclé s'avança d'un pas pour rompre la distance qu'avait imposé celui au prénom de princesse. Neven le dépassait d'une bonne tête, ce qui dû faire relever la tête d'Ariel pour le regarder.
— J'ai jamais dit ça. Juste... Qu'on ne se fasse pas la guerre, quoi, lâcha Ariel en baissant le regard.
Les yeux gris de son interlocuteur le rendaient vraiment fébrile et gêné.
— Je te fais pas la guerre, je ne veux pas qu'on se parle. Je ne veux rien avec toi, rien de rien, souligna-t-il en plissant les yeux.
Le brun sourit. Une autre idée lui vint en tête, tout aussi foireuse que l'autre, mais tant pis. Il posa ses mains sur ses épaules et dit, les yeux dans les siens :
— Tu sais qu'il y a des gens que plus tu les repousses et plus l'envie de persister est puissante ? sourit-il de toutes ses dents.
Étonnamment, Neven ne l'avait pas repoussé. Peut-être avait-il été perturbé par leur proximité ou sa soudaine audace ? Enfin, cela n'était pas pour lui déplaire. Il le lâcha et détourna les talons, telle une diva ayant balancée la meilleure réplique de sa vie, et sortit de la maison de son voisin.
Il rentra chez lui, tout fier, le torse gonflé et la tête relevée. Néanmoins, dès qu'il passa le pas de sa porte, il se rendit compte de plein fouet quelle stupidité il avait balancé. Il l'avait provoqué ! Ariel était censé être gentil avec, lui montrer qu'ils pouvaient parler ensemble, pas lui lancer ce genre de phrase absurde. Anna allait le tuer si elle l'apprenait, c'était clairement lui faire comprendre qu'il allait le faire chier jusqu'à ce qu'il cède !
— Oh merde, soupira-t-il en passant ses mains sur son visage.
Le brun tenta de faire abstraction de cette gaffe et prit son téléphone en mains. Si Neven avait refusé de commander, tant pis pour lui, Ariel était bien décidé à manger chinois à s'en exploser le ventre !
Il se fit livrer vers vingt-et-une heure et lança un vieux film à la télé, qu'il avait enregistré, entouré de ses pots de nourriture. Le jeune homme s'inquiétait tout de même pour sa petite-amie, il ne l'avait pas vue du dimanche alors qu'ils le passaient toujours ensemble. Enfin, elle avait le droit à sa vie, elle n'était pas non plus liée à lui.
Puis, un peu de calme n'était pas de trop. Il soupira longuement, les jambes étalées de toute leur longueur sur le canapé, le verre d'eau sur la table, un carton et ses baguettes entre les mains, il se sentait juste bien. Malgré ça, il aurait aimé que Neven soit là. Il aurait souhaité apprendre à le connaître, discuter, rire avec lui. Il préférait la compagnie à la solitude, ce qui n'était visiblement pas le cas de son voisin. Peut-être que si le bouclé le connaissait un peu, il l'apprécierait ? Il réfléchit quelques minutes avant de se dire que c'était peut-être une bonne idée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top