XI.
Ariel papillonna des yeux, le lendemain, en se réveillant. Il regarda le cadran de son réveil et son cœur s'emballa en voyant dix heures du matin, avant de se souvenir que c'était dimanche et qu'il n'avait, par conséquent, pas de travail. Il se laissa tomber sur son matelas en soupirant. Il tendit les bras et tâta la place vide de sa petite-amie. Elle avait probablement dû passer la nuit avec sa nouvelle grande copine.
La soirée d'hier avait été assez mouvementée et il sourit en y repensant. Anna et Marion s'étaient littéralement défoulées, elles avaient beaucoup ri — il devait l'avouer, lui aussi s'était amusé — beaucoup parlé, beaucoup mangé et beaucoup chanté aussi. C'était un petit restaurant qui invitait qui voulait à venir sur scène, avec une sorte de karaoké si besoin, et les deux jeunes femmes ne s'étaient pas empêchées d'apprécier la vie ensemble. Elles étaient aussi très détendues grâce à l'alcool qu'elles avaient peu à peu ingurgité au fil de la soirée. Ariel, lui, s'était abstenu et avait préféré jouer les Sam.
Au moment de rentrer chez eux, Marion avait insisté pour qu'ils viennent chez eux pour entamer une bouteille d'alcool particulière délicieuse, aux dires de sa propriétaire. Mais, Ariel avait refusé, il était fatigué et souhaitait se reposer, ce qui n'était pas le cas de son Italienne.
Soudainement, la sonnette de la porte retentit et Ariel se demanda si c'était Anna, qui avait oublié ses clés. Il se dépêcha donc d'aller ouvrir, ne prenant pas le temps d'enfiler de vêtements. C'est donc en sous-vêtement qu'il ouvrit la porte. Cependant, il se rendit compte qu'il s'était trompé sur la personne et qu'il se retrouvait à moitié à poil devant Leïla, la fille qui était folle amoureuse de lui et qui le collait toujours.
Gêné, il posa aussitôt ses mains sur son entre-jambes quand il vit le regard de la blonde descendre, curieusement et avec une admiration mal placée, sur son corps.
— Leïla ! prononça-t-il, mal à l'aise.
— Eh bien, quelle surprise... lâcha la femme avec un sourire pervers aux lèvres.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il en se tortillant sur lui-même.
— Je t'ai acheté tes pâtisseries préférées ! annonça-t-elle, toute joyeuse, en tendant un sachet rempli.
Ariel lâcha mentalement un "oh, fuck " avant de sourire en apparence. Il la vit tenter de regarder à l'intérieur de la maison.
— Anna n'est pas là ?
— Euh non, mais je... J'ai des trucs à faire. En tout cas, merci pour les pâtisseries. Au revoir !
Il s'était précipité pour lui prendre le sachet des mains et pour refermer la porte, mais la sangsue était plus maligne et avait barré la porte de son pied, un grand sourire malicieux sur les lèvres.
Au final, ils étaient dans le salon, dans un silence de mort, en mangeant les pâtisseries marocaines qu'avait ramené Leïla. Ariel s'était rhabillé entre temps. Il avait simplement enfilé un t-shirt et un short à la va-vite et avait rejoint la jeune femme.
Il se forçait à l'écouter déblatérer sur sa vie, sur ses petites aventures futiles du quotidien. Elle était très ennuyante comme femme, mais Ariel ne voulait pas la blesser. Oh, il lui avait bien dit qu'il ne serait jamais avec elle, elle s'était résignée durant quelques jours, avant de revenir à la charge en lui disant qu'elle voulait devenir leur amie. Mais, dès que l'occasion se présentait, elle venait squatter et accaparait toute l'attention d'Ariel pour elle.
Le jeune homme s'endormit mentalement et la traita de psychopathe.
La sonnette retentit une nouvelle fois après une heure, et Ariel, plein d'espoir, bondit du canapé, se précipitant vers l'entrée pour ouvrir à son ou sa sauveuse. Il fut surpris en voyant le mannequin bouclé qui habitait à côté de chez lui, le regard toujours aussi las et ses doigts jouant avec un de ses bracelets au poignet.
— Les filles m'ont envoyé pour me dire que...
Ariel eut soudainement une idée et le coupa dans sa phrase en s'exclamant :
— Oh mon amour ! Tu es enfin rentré, je t'attendais justement !
Le visage de Neven changea du tout au tout et le brun le vit interloqué par sa phrase. Il se mordit la lèvre inférieure et prit son poignet pour le tirer à lui, mais le bouclé trébucha avec la marche dans l'entrée et posa accidentellement une main à plat sur le torse de son voisin pour reprendre son équilibre. Quand il se rendit compte d'où était posée sa main, Neven écarquilla les yeux en regardant Ariel, qui n'était qu'à quelques centimètres de lui et qui avait tenté de le retenir par le poignet. Il avait exactement la même expression que quand ils avaient eu leur cuisse en contact. Aussitôt, Neven retira sa main de son corps et reprit celle qui était enfermée par les doigts de son voisin. Il se recula à une distance raisonnable de celui-ci.
— Je... Je suis désolé, s'excusa Ariel, qui connaissait ou, du moins, qui pensait connaître, sa peur de toucher.
Neven n'eut aucune réaction et fuyait son regard en serrant ses poings.
— Ariel, tout va bien ? entendit-il dans son salon.
Le pot-de-colle qu'il se coltinait lui revint en mémoire et le fit immerger à la réalité.
— S'te plaît, aide-moi à me débarrasser d'elle ! J'en peux plus, je ferais tout ce que tu veux, je convaincrais même Marion de te laisser tranquille pour les cinq prochaines sorties, même les dix, si c'est ce que tu veux ! le supplia pathétiquement Ariel avec des yeux de chiots battus.
L'Apollon devant lui sembla réfléchir et fixa son regard dans le sien, il jugeait très certainement la proposition. Cependant, Leïla fit son apparition à ce moment-là et, découragé, Ariel se rendit à l'évidence : Neven ne l'aiderait sûrement pas.
— Tu es là ! Je croyais que tu l'avais appelé " mon amour ", rit-elle faussement.
Ce fut à cet instant qu'une main glissa dans la sienne, ne manquant pas de faire son effet auprès de Leïla, qui blanchit en voyant les deux hommes se tenir la main.
— Tu devrais partir, maintenant, je n'aime pas que des inconnus s'incrustent chez moi et s'accaparent mon copain.
Ariel et Leïla en restèrent bouche-bée et la blonde bégaya quelques mots incompréhensibles avant de se diriger vers le salon, de récupérer sa veste et de déguerpir.
Neven retira rapidement sa main de la sienne et la plongea dans la poche de son jean. Le faux bad boy sauta presque de joie et allait l'étreindre, mais il se ravisa très vite et lui dit juste :
— Merci beaucoup.
— Tu m'en dois dix, lui rappela le bouclé en partant, à son tour.
Cependant, Ariel se lança à sa poursuite.
— Attends, Neven ! Tu allais me dire quoi, au fait ?
— Anna m'envoie te dire qu'elle restera chez moi toute la journée avec Marion, elles vont décuver d'hier et, comme elle n'avait pas son téléphone, elles m'ont forcé à t'en informer.
Ariel sourit et hocha la tête. Il ne savait pas pourquoi, mais il garda son sourire pendant longtemps. Ce que venait de faire Neven pour lui lui avait redonné espoir en le brun, même si ce n'était pas de bon cœur, il était heureux.
Et puis, ça compensait le fait qu'il n'avait pas daigné venir hier soir.
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