VI.
Neven avala son doliprane en massant ses tempes douloureuses. Il n'était que dix-sept heures, mais il avait envie de s'enfermer dans sa chambre et de descendre les stores pour se couper de toute vie extérieure.
Il regarda l'horloge, ils s'étaient rendus là-bas vers onze heures du matin et étaient repartis à dix-sept heures. Le bouclé avait subi six heures de sociabilité, entouré de personnes. Il soupira une énième fois.
— Je vais chez mes parents, prévint Marion.
La jeune femme savait qu'après ce genre de sortie, son petit-ami avait besoin d'être seul pour se ressourcer et pour calmer ses nerfs. Elle voulut l'embrasser pour lui dire au revoir, mais il pencha la tête sur le côté, il n'avait pas envie d'un baiser après ce qu'elle l'avait obligé à faire. Marion, habituée à son comportement, partit sans rien dire.
Il s'empara de son ordinateur portable et le posa sur ses genoux, confortablement installé dans son canapé et ayant préalablement tiré les rideaux. Un soda à sa gauche, un paquet de fruits secs à sa droite, il mit ses lunettes et commença son travail. Il était informaticien dans une assez grande boîte, heureusement, il bénéficiait d'un bureau personnel où personne n'avait le droit d'entrer, mis à part son patron ou les secrétaires pour quelques secondes seulement.
La chaleur s'immisça peu à peu chez lui et il n'eut pas le courage de se lever pour allumer la clim, alors il retira son t-shirt. Son regard fut attiré par son ventre plat et il passa une main dessus. Il n'était pas le plus à plaindre, mais, en voyant le corps bien sculpté de son voisin, l'envie de faire du sport le reprit.
Il souffla, désespéré par lui-même. Depuis quand regardait-il les autres ? Mais surtout, depuis quand voulait-il faire comme les autres ? Il s'en fichait pas mal, en temps normal.
Et puis, Ariel était ridicule. Il ne l'aimait pas, comme tous les autres.
Sa semaine fut lente et chiante, comme toujours, quoi. Mais, le jeudi, Marion vint le déranger, alors qu'il venait à peine de rentrer du travail.
— Chéri, le voisin a un problème avec son pc, je lui ai dit que tu y jetterais un œil. Le pauvre était en panique, il avait une commande importante à passer et le numéro est sur son ordinateur, expliqua sa compagne.
— Il y a des spécialistes pour ça, rétorqua-t-il en s'affalant dans le canapé.
Il décapsula sa canette de bière et en but une gorgée.
— Neven, s'il te plaît, je ne te demande pas de devenir ami avec Ariel, juste de lui rendre un service. Ça lui fera plaisir et les tensions s'apaiseront, avec le comportement que tu as eu à leur barbecue... supplia presque sa petite-amie.
— Je n'ai pas envie de lui faire plaisir.
La jeune femme se mit face à lui, les mains sur les hanches et le regard menaçant. Lui qui voulait regarder cette émission...
— Tu veux vraiment que je m'énerve Neven ? Parce que crois-moi, mon pote, j'en ai en réserve, des choses à te reprocher ! cracha-elle.
Le bouclé jura dans ses dents et se leva. Il détestait l'entendre brailler, ça valait bien dix minutes à réparer ce fichu pc. Et puis, elle avait raison.
Il se rendit donc chez le fameux voisin et sonna. Le brun vint lui ouvrir avec un petit sourire, ne comprenant toujours pas que même en essayant d'être aimable avec lui, ils ne deviendront jamais amis. Il lui serra tout de même la main.
— Il est où, ton pc ? demanda-t-il, ne souhaitant perdre de temps.
— Par là, suis-moi.
Neven s'exécuta et marcha derrière Ariel. Il ne put se l'expliquer, mais son regard descendit vers ses fesses, qu'il trouvait étonnamment rebondies pour un mec. Décidément, son corps était vraiment bien fait et il commençait à s'en inquiéter. C'était lui, le beau mec, qui faisait craquer tout le monde d'un sourire charmeur —quand il y mettait du sien, c'est-à-dire rarement—mais il sentait la concurrence avec son voisin. C'était décidé, il reprendrait le sport.
Ariel montra le petit macbook et Neven s'installa sur le sofa, prenant le pc sur lui pour y jeter un œil.
— Tu veux quelque chose à boire ? proposa le plus petit.
— Non.
Les yeux rivés sur l'écran, ses doigts s'activèrent à taper des codes et à faire des recherches pour régler le problème.
— Ok... souffla l'autre en s'asseyant un peu plus loin.
Il mit tout de même plusieurs minutes pour réparer l'erreur et, à la fin, il décida de faire un petit geste de sympathie, parce qu'il n'avait pas envie de revenir pour un autre problème :
— Bon, tu vois, là ? l'interpella-t-il.
Automatiquement, Ariel se rapprocha et aussitôt, Neven écarquilla les yeux et se recula dans un sursaut quand leurs jambes se touchèrent. Leurs regards se croisèrent, l'un était surpris et l'autre avait les yeux grand ouverts. Son voisin se rendit compte du malaise du bouclé et s'écarta de nouveau, reprenant sa place initiale.
— Pardon, lâcha Ariel.
Neven continua son explication sans faire attention à son excuse. Une fois terminé, il posa le pc sur la table et décampa rapidement, répondant un simple " Ouais, salut " à Ariel.
En rentrant chez lui, il monta aussitôt dans sa chambre et donna un coup de poing dans sa porte.
— Fais chier ! jura-t-il, très énervé.
Rien ne fonctionnait. Toutes ses heures en compagnie de spécialistes et il n'était toujours pas capable de se tenir près d'une autre personne que sa copine.
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