LXXVIII.
Lou était au volant de la voiture, Ari regardait la route, les yeux dans le vague. Il était pensif, il revoyait sans cesse son humiliation devant tout le monde, il repensait à ses accusations et ça le rendait si malheureux. Il avait réussi à calmer ses pleurs, mais ils menaçaient à chaque fois que son esprit se perdait dans les événements de la soirée chez Fab.
Il se reconnecta à la réalité seulement quand Lou arrêta le moteur. Il regarda autour d'eux et vit qu'ils étaient sur un parking, entouré de végétation, dans une forêt.
— Où est-ce que tu nous as emmené ? dit-il d'une petite voix.
Ariel se sentait tellement comateux. Il n'avait envie que de deux choses : dormir et pleurer. Il se sentait nul et sale. On venait tout de même de l'accuser de violeur ! C'était une chose monstrueuse. Même si Marion ne savait probablement pas ce qu'elle disait, les mots avaient passé la barrière de ses lèvres et tout le monde avait entendu.
Lou se pencha vers lui et posa ses paumes contre ses joues. Son regard était triste et Ariel s'en voulait de la rendre ainsi alors qu'ils venaient de se revoir. Il aurait tellement aimé la rendre joyeuse et lui présenter Neven, passer une agréable soirée et dire au bouclé qu'il avait prévu un rendez-vous pour eux.
— On va aller se promener un peu, d'accord ? Il faut que tu te changes les idées, annonça-t-elle doucement.
Ariel hocha simplement la tête, même s'il savait qu'il n'arriverait pas à oublier cette soirée de sitôt.
Ils se retrouvèrent donc à marcher côte à côte, sans dire un mot. La tombée de la nuit adoucissait le temps et un vent frais venait caresser leur peau. Cela faisait énormément de bien à Ariel, son esprit était moins en vrac. Il souffla et ferma les yeux quelques secondes.
— Je suis désolé, Lou, soupira-t-il soudainement.
— Pourquoi tu t'excuses ?
Le brun se tourna vers sa sœur, qui le regardait déjà.
— Pour cette soirée. Je suis désolé que tu aies entendu ça, que tu aies assisté à ça...
Lou lui attrapa le bras et se colla à lui, continuant de marcher en longeant un lac.
— Ce n'était pas de ta faute, Ariel, si tu te fais du soucis pour tes amis, ils ne croiront jamais ce que cette fille a dit. Puis, tu n'auras qu'à leur expliquer la situation et c'est tout.
— Comment tu peux savoir que ce qu'elle a dit est faux ? demanda Ari.
— Ariel, je sais que tu es une bonne personne. Et clairement, ça se voyait qu'elle était pleine de rancœur et qu'elle ne souhaitait que te punir et te faire porter le chapeau de l'infidélité de son mec.
Elle n'avait raison qu'à moitié. Marion s'en prenait uniquement à lui, alors que Neven y avait aussi joué un rôle, mais Ariel le méritait. Il ne se reconnaissait plus. Depuis quand il couchait avec une personne en couple ? Il pensait qu'il avait des valeurs et des principes, mais visiblement, ils étaient moindre comparé au désir coupable...
Ils décidèrent de s'allonger dans l'herbe fraiche. Ariel lui raconta son histoire avec Neven, de leur début tumultueux, à leur premier baiser et pour finir, la séparation avec leur ex car ils s'étaient rendus compte qu'ils avaient des sentiments l'un envers l'autre. Il se livra complètement et laissa sa sœur juger de leur situation toute seule, sans essayer de la convaincre qu'il n'avait rien fait de mal ou qu'il était le pauvre malheureux de cette histoire.
— Est-ce que tu es amoureux de ce type ? demanda-t-elle finalement.
Ariel se mordit la lèvre inférieure. C'était une question subtile. Il avouait avoir des sentiments, être attaché et attiré par cet homme, mais en être amoureux... C'était une question trop difficile pour lui.
— Je sais pas, Lou, soupira-t-il. On était censé se voir, se donner des rendez-vous et voir si ça collait entre nous, mais après cette histoire...
— Comment ça ? Tu comptes arrêter parce que son ex a pété les plombs ? questionna Lou en tournant son visage vers le sien.
Est-ce qu'il avait envie d'arrêter ? Oui et non. Oui parce que depuis qu'il avait quitté Anna, toute sa vie était chamboulée et c'est ce qu'il craignait le plus. Il était resté avec sa meilleure-amie pour justement garder cette routine et ce confort bienfaisant. Maintenant, il se retrouvait fâché avec sa meilleure-amie, mal-vue par ses amis, détesté profondément par sa voisine et aucune nouvelle du mec qu'il convoitait. Sa vie devenait un vrai bordel sans nom.
— Je sais pas, Lou, répéta-t-il. Je suis en train de me demander si on doit continuer, si je ne dois pas tout couper maintenant, avant qu'il soit trop tard...
Toute sa tristesse revint aussi vite. Et non, car il se sentait si bien avec Neven, il avait ce besoin énorme de prendre soin de lui et de le voir, de savoir qu'il était heureux. Entendre le rire ou voir le sourire du bouclé lui procuraient tellement de joie. Il aimait passer du temps avec lui, apprendre à le connaître, l'embrasser...
Cependant, tout était remis en question. Ces derniers jours, Ariel avait beaucoup pensé à tout le mal qu'ils avaient commis, mais avec aujourd'hui, cette pensée s'en voyait renforcée. Ari n'était pas une personne qui faisait du mal aux personnes, il essayait toujours de rendre heureux les autres alors il peinait à intégrer l'idée qu'il ait pu rendre une femme aussi malheureuse.
— J'ai fait beaucoup de mal à cette fille, je devrai sûrement arrêter avec Neven avant qu'on en fasse davantage...
Lou se releva sur un coude et fronça les sourcils.
— Arrête, Ariel, c'est la vie ! Tout couper avec Neven ne changera rien. Vous avez entamé une relation, finissez la ! Tout le monde vit des ruptures douloureuses, c'est la normalité. C'est pas en décidant de rompre avec lui que cette fille ira mieux. Et puis, tu vis pour toi ou cette fille ?
Sa sœur n'avait pas tort. Le mal était fait et il ne vivait pas pour Marion. Elle finirait par retrouver quelqu'un qu'elle aimera encore plus que Neven. Cependant, ils lui avaient provoqué une douleur qui restera longtemps en elle. Arrivera-t-elle à refaire confiance en un homme après ça ?
— Je suis tellement perdu, souffla-t-il.
— Ca va aller, Ari. Là vous passez un moment dure, mais soyez là pour vous, entraidez-vous, montrez-vous que vous êtes là l'un pour l'autre. Un couple c'est ça, un couple c'est se relever dans les moments dures, c'est se soutenir quoiqu'il arrive. Annonce la vérité à tes amis, vas-y avec Neven et dites leur que vous vous plaisez et que vous essayez de construire quelque chose ensemble, ils comprendront et s'ils te reprochent quoique ce soit, c'est que ce ne sont pas des vrais amis. C'est votre vie, vivez là pour vous avant tout.
Encore une fois, ses mots étaient justes. Malgré ça, Ariel n'arrivait pas à être optimiste. Les changements dans sa vie le perturbait et l'angoissait. Il ne se sentait pas bien du tout.
Ils restèrent encore une heure allongés, discutant de tout et de rien, avant de décider de repartir chez Fabien pour que Lou puisse reprendre sa voiture et rentrer chez elle.
— Dors chez moi cette nuit, il est trop tard pour que tu rentres en Allemagne, proposa Ari.
— Dans la même maison qu'Anna ? Non merci, rit doucement Lou.
— Allons à l'hôtel alors, j'en connais un bon, moi non plus je n'ai pas envie de dormir avec elle. On se rejoint là-bas ? Je passe chercher des affaires chez moi et je reviens.
Lou hocha la tête et descendit de la voiture pour prendre la sienne. Ils se donnèrent rendez-vous dans un hôtel d'une autre ville près de celle d'Ariel.
Devant chez lui, il passa un coup de téléphone à Jim. Après quelques minutes, il raccrocha : l'affaire était jouée. Il cliqua sur sa conversation avec Neven et lui écrit un message.
" Je pars quelques temps loin d'ici. Ne m'en veux pas, ce n'est pas contre toi, mais j'ai besoin de prendre l'air et de remettre tout en ordre. Ma vie est trop en bordel et je ne pourrais pas continuer si elle le reste... Je suis désolé, prends soin de toi, Neven. "
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