LXXIX.
Neven avait son téléphone dans les mains, il ne cessait de relire ce message, tel un couteau en plein cœur. Ariel avait donc décidé de prendre la fuite. Il était à la fois furieux et déçu, il ne pensait pas que son ancien voisin prendrait la fuite si facilement, au moindre problème et en même temps, il essayait de ne pas s'énerver et de rester compréhensif. Il avait tout de même sorti Ari de son petit cocon de sécurité pour le lancer dans la mare aux crocodils. C'était normal qu'il se sente déboussolé et qu'il ait besoin de faire le vide. Mais il aurait préféré qu'il lui en parle et qu'ils règlent ce problème ensemble...
Le bouclé se retrouvait seul. Cela faisait une semaine qu'il avait reçu ce message et chaque jour, il se mettait à le relire, comme s'il devait avoir la preuve qu'il était bel et bien parti. Comme si, à tout moment, ce message pouvait disparaître et qu'Ari reviendrait chez lui pour lui proposer un putain de rendez-vous.
Il se sentait si mal, ils avaient prévu de se voir, de faire plus ample connaissance et de passer des bons moments ensemble. A la place, il ne se passait que des mauvaises choses et maintenant, Ariel répondait aux abonnés asbents. Neven avait tenté de le contacter, en lui envoyant des messages ou en l'appelant, mais silence radio jusque là.
Chaque jour, Neven s'enfonçait un peu plus dans la déprime. Il recommençait à se gaver de dolipranes et à jouer aux jeux vidéos dès qu'il rentrait du travail, jusqu'au petit matin.
Jim l'avait appelé, mais il ne lui avait pas répondu. Il n'avait pas envie de discuter de cette horrible soirée. Il souhaitait juste l'oublier à tout jamais. Cependant, plus le temps passait et plus il songeait à accepter de le voir. Son meilleur-ami était comme une sorte de petite partie d'Ariel, dont il avait extrêmement besoin en ce moment. Chaque chose qui se raccrochait à son ancien voisin était bon à prendre.
Finalement, quand la troisième semaine fut entamée, il se décida à lui répondre et ils prirent rendez-vous dans un café du coin. Ce n'était pas pour plaire à Neven, mais il ferait avec.
Après son boulot, il se dépêcha de rejoindre Jim, il avait des questions à lui poser et il espérait que celui-ci en sache plus que lui sur Ariel. Pourquoi était-il parti ? Où ? Pour combien de temps ? Jim était forcément plus au courant que lui ! C'était son meilleur-ami et patron, il avait probablement dû lui donner des raisons pour son départ si brusque.
Jim lui avait envoyé un message pour le prévenir qu'il était déjà dans le café. Il n'eut pas à chercher longtemps avant de le trouver. Il s'assit à sa table et ils se serrèrent brièvement la main. Jim avait une mine fatigue, alors qu'en temps normal, il était toujours extrêmement enjoué.
— Hey, lança Jim.
— Pourquoi Ariel est parti ? demanda-t-il directement.
Le meilleur-ami de celui-ci eut un mince sourire.
— Tu ne perds pas de temps, toi. Mh... Ariel m'a appelé, juste après l'embrouille chez Fabien et il m'a demandé des congés, il m'a simplement dit qu'il avait besoin de faire le vide et remettre sa vie en ordre. J'ai essayé de parler avec lui mais il ne voulait rien entendre, alors j'ai accepté...
Neven baissa les yeux. Alors il n'en savait pas plus que lui.
— Les congés, combien de temps ?
— A durée indéterminée.
Cette fois, le bouclé frappa la table de ses poings.
— Non mais tu te fous de moi ? s'énerva-t-il. Qui donne des congés à durée indéterminée à ses employés ?
— Neven, calme-toi. Ca ne sert à rien de t'énerver, ça ne fera pas revenir Ariel. Il avait besoin de temps pour lui, c'est une personne très précieuse à mes yeux alors je préfère qu'il prenne soin de lui plutôt que de le faire travailler et qu'il soit malheureux, tu ne penses pas ?
L'informaticien se mordit la lèvre et posa son front contre la table, dépitée. Il avait tant espéré que Jim lui apporte une date limite, ça aurait été plus facile à supporter. Etre dans l'ignorance la plus totale était la pire chose.
— Je veux le voir... souffla-t-il, la voix bouleversée.
— Je sais, il me manque à moi aussi et je m'inquiète pour lui, mais je suis sûr qu'il va bien et qu'il reviendra bientôt.
Jim avait la voix douce et posée, comme s'il était persuadé de ce qu'il disait. Il avait tant confiance en son meilleur-ami ?
— Pourquoi il ne donne pas de nouvelles ?
— Il a sûrement besoin d'être coupé du monde, pour réfléchir calmement et prendre des bonnes décisions, répondit Jim.
Neven releva la tête et ancra ses yeux gris dans ceux du patron d'Ariel.
— Quand il reviendra, il va m'abandonner, n'est-ce pas ? Il va me dire qu'il ne veut plus de moi ! Que je suis toxique, que je ne suis pas la personne qu'il lui faut, hein ? paniqua le bouclé.
Jim écarquilla les yeux, il ne s'attendait pas à voir Neven montrer ses sentiments de la sorte, lui qui était toujours froid et impassible, voilà qu'il montrait ses angoisses et laissait même voir son attachement envers le brun.
— Non ! Enfin, je sais pas, je ne peux rien te promettre mais je suis sûr que non. Il t'aime, Neven, il ne le sait pas, mais il est amoureux.
Neven serra les dents et se leva d'un bond de sa chaise.
— C'est faux ! Quand on aime une personne, on ne l'abandonne pas aussi lâchement ! Je le déteste ! Je le frapperai quand il reviendra, cria-t-il devant tout le monde.
Puis il s'enfuit du café, les mains tremblantes et le coeur palpitant. Il referma la portière de sa voiture avec rage. Il allait la démarrer, mais frappa sur le volant en criant de frustration. Après quelques minutes, il décida de rentrer chez lui. Ariel avait bouleversé sa vie et maintenant, il tanguait entre la haine et le manque constamment. Il avait envie de le frapper et de le serrer dans ses bras. Il voulait lui dire qu'il le détestait à mort et qu'il l'aimait comme jamais.
Neven se rendit compte à quel point il touchait le fond lorsqu'il se retrouva devant chez ses anciens voisins, où résidait encore Anna à l'heure actuelle. Il connaissait à peu près ses heures de travail, à force de s'être fréquentés ces derniers mois. Même s'il n'aimait pas du tout cette femme, c'était son dernier recourt pour en savoir davantage sur Ariel. Il ne savait pas dans quoi il mettait les pieds, mais il devait le faire.
Ses doigts, mal-assurés, appuyèrent contre la sonnette. En temps normal, il ne prenait jamais le temps de sonner, il entrait comme s'il était chez lui, désormais, il ne pouvait plus le faire. Il eut une boule au ventre en attendant la sortie de l'italienne, non pas car il la craignait, mais parce qu'il ne l'aimait pas et qu'il avait peur qu'elle le rejette sans rien dire. Il avait tellement besoin de réponses.
Quand la porte s'ouvrit, il reprit une grosse bouffée d'air pour affronter Anna. Il ne savait pas dans quel état il allait la retrouver, si elle était triste, déprimée ou si elle s'en fichait et qu'elle vivait sa meilleure-amie avec sa copine.
— Neven ?
Leur regards se rencontrèrent et il vit la jeune femme surprise. Forcément, qu'elle ne s'attendait pas à sa venue. Elle referma la porte derrière elle, elle acceptait donc de discuter avec lui mais pas longtemps.
— Je suis venu te demander si tu avais des nouvelles d'Ariel ou si tu en savais plus que moi, questionna le bouclé sans détour.
Anna lâcha un petit rire aux consonnances ironiques.
— Alors il t'a lâché aussi sans dire un mot. Je pensais pas. J'étais même persuadée que vous étiez à deux, en train de vous prélasser dans un endroit de rêve alors que mon amie fait une dépression.
Neven serra la mâchoire. Il avait tellement envie de la reclaquer ! Il détestait cette fille et il n'arrivait pas à comprendre comment Ariel avait pu lui courir après durant plusieurs années. Une vraie conne. Il décida de ne pas s'attarder sur elle, ça ne servirait à rien, de s'en prendre à elle. Il tourna les talons, prêt à rentrer chez lui, mais il se retourna à la dernière minute. Anna était encore sur le perron.
— Je peux savoir pourquoi t'as balancé à Marion, pour Ariel et moi ?
— J'étais juste bourrée, c'est sorti tout seul, lâcha-t-elle comme excuse.
Le bouclé revint sur ses pas, pour l'avoir en face de lui.
— Et tu ne penses pas que c'était à moi de le dire ?
Il essayait de garder son calme, mais c'était compliqué.
— Est-ce que t'aurais eu les couilles de le faire ? le provoqua-t-elle.
— Tout ce que je sais, c'est que toi, en revanche, tu n'en as pas eu pendant très longtemps, alors que tu trompais ton mec depuis un moment déjà, répliqua-t-il froidement.
— On était pas amoureux l'un de l'autre et tu ne peux pas me juger, si tu ne sais pas ce qu'il s'est passé dans mon couple, se défendit-elle.
— Bizarre, pour une femme qui juge celui des autres.
Cette fois, Neven était déterminé à repartir. Leur conversation ne servait strictement à rien. Cependant, l'Italienne continua de lui parler, alors qu'il regagnait sa voiture.
— Neven ! J'espère qu'Ariel fera les bons choix et qu'en rentrant, il décidera de ne rien poursuivre avec toi.
Neven préféra répondre par le silence à cette imbécile.
Qu'est-ce qu'il avait espéré en allant chez elle ? Il croyait vraiment qu'Anna allait lui donner des informations et que tout finirait bien ? Parfois, il était vraiment stupide.
Cela faisait maintenant un mois qu'il était parti. Neven perdait espoir et se disait même qu'Ariel avait probablement dû faire des projets loin d'ici et qu'il n'allait plus revenir. Peut-être que Jim l'avait muté à ce poste, au Canada ? Ari lui avait déjà fait part de son envie d'y aller. Quant à lui, il n'arrivait pas à se tirer de sa petite dépression et partait au travail avec une mine affreuse, parce que chaque jour et chaque nuit, il pensait à lui. Neven avait même été voir sur les réseaux sociaux, mais aucune trace d'activité depuis un mois.
Le bouclé vacillait constamment entre l'amour et la haine. Il ne trouvait pas la paix dans son esprit en bordel.
Tel un mort-vivant, il récupéra son courrier avant de rentrer chez lui. Cependant, une enveloppe attira son attention, il était juste écrit son prénom au dos attira son regard. Il arracha le haut avec ses dents en montant les escaliers et en sortit une petite feuille pliée, où il était inscrit :
" Rejoins-moi demain à l'hôtel de San-Monica, à vingt heure, chambre 112. "
Neven fronça les sourcils et retourna la lettre, mais aucune adresse n'était écrite. Aucun moyen de savoir qui était le destinataire. Il avait peur que ce soit Marion, même s'ils ne s'étaient pas reparlé depuis la soirée, il craignait qu'elle soit capable, encore, de le récupérer. Mais en même temps, il avait un infime espoir que ce soit Ariel. Une boule d'excitation se logea dans le creux de son ventre.
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