LXVIII.


       Ariel n'était pas concentré sur sa course, son esprit était trop occupé à penser à son voisin. Depuis quand Neven allait voir des collègues ? Depuis quand se sentait-il redevable envers une personne ? C'était louche, cette histoire et il se promit d'en savoir plus. Honnêtement, au bout de la rue, il était à deux doigts de rebrousser chemin, de prendre sa voiture e de suivre Neven tel un espion en mission, mais s'il souhaitait construire une relation avec lui, c'était mal commencer. La première chose à faire, était d'apprendre à lui faire confiance. 

Mais comment faire confiance en un homme qui a trompé sa copine et qu'on connait peu ? 

Ca le torturait. Avec Anna, il n'avait pas réellement ce genre de craintes, enfin, il les avait mais pas pour les mêmes raisons. 

C'était tellement différent, avec Neven. Il s'était toujours considéré hors cliché du parfait petit couple, des réactions communes à tous, mais désormais, il commençait petit à petit à les intégrer. Dans un sens, ça prouvait qu'il s'intéressait réellement à lui, qu'il développait des sentiments amoureux pour Neven. Mais d'un autre, c'était absolument effrayant. Comment les gens pouvaient vivre avec la peur constante de perdre leur moitié ? Est-ce qu'il était prêt à vivre ça ? Après tout, il ne l'avait jamais ressenti. Lui, il avait juste eu peur que sa meilleure-amie s'éloigne, parce que ça avait été son centre du monde jusqu'à récemment. 

Il réussit à courir seulement une trentaine de minutes, il finit par s'arrêter et insulta dans le vent, alors qu'il était dans un bois, seul. Il sortit son téléphone et appuya, sans réfléchir une seconde, sur le nom de son voisin. Ariel colla le smartphone à son oreille en entendant les bips s'enchainer. 

" Allô ? " 

Rien qu'entendre sa voix le rassura un peu. Depuis était-elle si désirable, si sensuelle ? 

" Euh, salut... Fin, on s'est vu mais... Bref. Est-ce que... Ca va ? " 

Il se traita aussitôt de con. C'était quoi, ces bégaiements ? Et cette question ? Ils venaient juste de se voir  !

" Ouais, pourquoi ça n'irait pas ? On vient de se voir, Ariel, répondit Neven, d'un ton calme et posé. "

Oui oui, pas besoin de le faire remarquer ! 

" Euh, je sais pas, je voulais savoir si ça allait toujours bien. Bref... Tu... Tu es toujours chez ton collègue ? " 

Allons droit au but. 

" Non, je suis dans la voiture, je rentre dans quelques minutes. " 

Déjà ? 

" T'es pas resté longtemps, fit-il remarquer. " 

" Je te l'ai dit, Ari, c'était juste histoire de boire une bière et dire merci, basta. Je n'aime pas ça, alors je ne vais certainement pas m'éterniser. " 

Ariel ne put s'empêcher de sourire. Il adorait ça chez lui. C'était égoïste de sa part, mais de savoir que Neven n'aimait personne à part lui, ça le mettait dans une joie immense. Le mec inaccessible, qui lui fait du rentre-dedans et qui le veut, c'était pas classe, ça ? Ca faisait un peu film romantique, limite du Twilight. 

" Cool. Enfin, je veux dire... D'accord. Il faut faire comme tu le sens, de toute façon. Bref... " 

Le brun entendit le rire du bouclé et cela le surpris, avant de le faire sourire davantage. C'était rare, d'entendre ce son si mélodieux, roque, virile. Merde, ça aussi, il adorait. 

" Par pitié, Ariel, arrête avec tes " bref ". Tu veux que je vienne te chercher ? T'es où ? demanda-t-il. "

Cette proposition lui plut énormément et il indiqua aussitôt sa position. Il devait le voir, s'assurer qu'il était encore attiré par Ariel et personne d'autre. 

Quelques minutes après, le bouclé débarqua devant l'entrée du bois et Ari monta dans sa voiture. Généralement, c'était le plus vieux qui prenait toujours sa voiture, quand ils étaient à deux, alors cela lui faisait bizarre, de monter dans la sienne. 

Lorsque leurs yeux se croisèrent, Ari eut envie de se jeter sur ses lèvres. Pourquoi il avait demandé qu'ils apprennent avant se connaître ? Il était stupide ou quoi ? Il aurait dû dire qu'ils devaient apprendre à se connaître, mais en continuant de coucher ensemble et de s'embrasser. Quel idiot. 

Neven reprit la route et Ari ne sut quoi dire. 

— Euh, merci de me reprendre. Enfin... 

— Non, Ariel, ta phrase ne nécessite pas de " bref " à la fin, le coupa-t-il en se moquant. 

Ariel se tourna vers Neven, qui était toujours concentré sur la route, un petit sourire en coin. 

— Hey ! Je t'interdis de te moquer ! Je disais ça car... 

— Tu étais jaloux, le coupa-t-il une seconde fois. 

— Tu me laisses finir, oui ? Et non, alors là, pas du tout, tu vois. Je... voulais seulement savoir si tu pouvais venir me chercher, car je me suis blessé à la cheville et tu m'as devancé, voilà tout, lança Ariel pour excuse. 

Il n'allait certainement pas lui révéler que sa sortie avec son collègue le rongeait. Neven se contenta de lâcher un petit rire sans rien redire. 

Ariel était plein de frissons. A la fois par la présence de son voisin à ses côtés, mais aussi car il venait de courir, donc de suer, et toute sa chaleur venait de redescendre, le laissant à moitié greloter de froid

— Tu sais... Je sais pas si c'est nécessaire, de tout arrêter pour apprendre à se connaître... tenta le galeriste. 

— Je pense que ça l'est. Ca me montre que tu ne me choisis pas par défaut et que tu veux savoir avec qui tu t'engages, expliqua Neven. 

Le brun fit une moue boudeuse. Il avait essayé d'enlever le stupide principe qu'il avait lui-même instauré, mais les mots du bouclé étaient sensés et vrais. Ils devaient s'en tenir, s'ils voulaient être un couple solide. Il soupira et posa sa tête contre l'appui-tête. 

En quelques minutes à peine, ils arrivèrent chez eux. Trop rapide.

— Tu voulais retirer ce que tu avais imposé ? questionna Neven, pouvant enfin le regarder. 

— Ces derniers-jours, c'était vraiment trop bien entre nous. On s'embrassait dès qu'on en avait envie et là, on a envie de s'embrasser mais on le peut pas. Ca me frustre, ronchonna Ariel. 

Neven passa sa main dans les cheveux lisses de son voisins. Il faisait noir, ils étaient à peu près cachés, dans la voiture, alors il s'autorisa à une marque d'affection.

— On le pourra, une fois qu'on aura fait tous ça. 

Ariel ne fut pas vraiment convaincu. Il avait envie maintenant, comment pourrait-il se retenir ? Combien de temps ça allait mettre ? Est-ce qu'ils allaient vraiment se mettre en couple un jour ? 

— Dans ce cas, on arrête de s'aguicher et on se dit plus qu'on a envie de s'embrasser, décréta soudainement le plus vieux. 

— Dommage, j'allais te le dire, là, sourit Neven. 

Ari prit un faux air choqué. 

— Salaud ! 

Neven pouffa et Ariel détacha sa ceinture et ouvrit la porte. 

— Je te déteste ! lança-t-il, frustré au possible. 

Son voisin continua de rire et il partit vers chez lui, un sourire se dessinant sur ses lèvres. 

Ouais, il prenait la bonne décision. 

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