LXI.

   

       Le bouclé était assis sur une chaise, alors que tous étaient debout en train de bavarder, un verre à la main. Sa venue à l'anniversaire d'Anna était l'une des dernières faveurs de Marion, alors il ne pouvait pas se défiler. Après tout, il lui avait fait assez de mal comme ça, pour refuser de venir chez les voisins. 

C'était d'ailleurs Ariel qui était venu leur ouvrir la porte. Neven avait bien cru que sa bouche se décrocherait en le voyant devant lui, la main de Marion poser sur son avant-bras, comme s'ils étaient toujours en couple. Le fait que son voisin croit qu'ils s'étaient reconciliés le réjouissait légèrement, il pouvait observer sa réaction face à ça. Après avoir vu la stupéfaction sur son visage, il voyait désormais de la colère dans son regard. Pourquoi était-il en colère ? Après tout, il avait été le premier à paniquer de sa séparation avec sa compagne. Où était le problème ? 

Neven se mit à espérer que ce ressentiment était en réalité de la jalousie et qu'Ariel ne l'utilisait donc pas seulement pour tester avec le même sexe ou le prenait pour sa pute personnelle. 

Ce fut avec un air satisfait, mais terriblement ennuyé, que le bouclé était assis sur une chaise, les yeux rivés sur son téléphone. Il avait oublié ses lunettes alors il devait froncer les sourcils pour regarder l'écran, mais en aucun cas, il ne s'intéresserait aux personnes présentes. De plus, il y avait toute la bande qu'il connaissait, mais également d'autres personnes, qui semblaient tout autant superficiels que celle dont on fêtait l'anniversaire. Il détestait ça. 

Il relevait les yeux de temps en temps pour voir ce que faisait Ariel. Généralement, il était accompagné d'une personne avec qui il parlait joyeusement. Il arborait toujours un sourire sur les lèvres et discutait facilement avec tout le monde. Ca l'emmerdait un peu, mais il ne pouvait plus rien faire. 

— Salut, toi, lança une voix taquine à ses côtés.

Trop plongé dans sa contemplation d'Ariel et un autre type, il n'avait même pas remarqué qu'une personne s'était assise sur la chaise à sa droite. Neven tourna lentement son regard pour voir le meilleur-ami de son voisin, un sourire en coin. Le bouclé reporta son intention sur son téléphone. 

— T'es qui ? lâcha-t-il d'un ton détaché. 

Jim pouffa en réaction à sa question et rapprocha sa chaise de la sienne, donnant un frisson à Neven. Il faisait bien attention à ce qu'il y ait assez d'écart entre eux. 

— Comment peut-on oublier une beauté comme moi ? blagua-t-il. 

— Il serait temps de se poser des questions, alors, répliqua le bouclé. 

De nouveau, sa remarque amusa grandement Jim. 

— Je peux te montrer à quel point je suis sexy, mais pour ça, tu dois me suivre jusque dans une chambre à l'étage, l'aguicha Jim, la voix devenue mielleuse. 

Neven posa son téléphone sur la table et s'assit au fond de sa chaise, les jambes légèrement écartées d'une manière nonchalante et tira ses cheveux en arrière. 

— Parce que t'as besoin de faire quelque chose pour paraître sexy ? questionna le plus jeune. 

Jim sourit et se mordit la lèvre. De nouveau, il rapprocha sa chaise et leurs jambes étaient à deux doigts de se toucher. Était-il réellement en train de le draguer ? 

— T'as une bonne répartie, je le reconnais, rit Jim de bon cœur. 

Le patron de la petite-sirène connaissait leur liaison, c'était son meilleur-ami, alors pourquoi lui faisait-il du rentre-dedans ? Il le testait ? Ou alors, il a appris qu'Ariel l'avait rejeté, donc il tentait sa chance ? 

— A quoi tu joues ? lâcha Neven, pas vraiment ravi de son attitude. 

Jim prit aussitôt un air sérieux. Il regarda autour d'eux et se pencha vers lui pour lui dire : 

— Je veux que mon meilleur-ami arrête de se voler la face, annonça-t-il. 

Neven fronça les sourcils. Il ne comprenait pas très bien ce qu'il voulait dire. 

— Qu'est-ce que tu veux dire ? 

— J'entends par là, qu'il arrête de se complaire dans son petit train-train de vie bien rangée et qu'il se rende compte qu'il est dingue de toi, avoua Jim. 

— Laisse-tomber, il m'a rejeté, il aime trop sa meuf pour ça, lâcha Neven. 

Ses yeux gris se rivèrent sur l'italienne, qui était en train de rire avec un autre mec. Le bouclé avait même l'impression qu'ils flirtaient ensemble. Ca l'écœurait, comment pouvait-il la choisir elle ? 

— Anna ? 

Neven hocha la tête et se tourna vers Jim, qui avait eu l'air surpris, avant de se mettre à rire. 

— Ce salopard ne t'a donc rien dit, continua-t-il de pouffer. Mec, ils ne sont pas amoureux l'un de l'autre. 

— Comment tu peux en être si sûr ? Parce qu'il l'a trompé avec moi ? La preuve, quand je lui ai dit que je quittais Marion, il était totalement paniqué, cracha Neven, encore sur les nerfs.

— Je crois que tu ne comprends pas très bien ce que je vais te dire alors...

Jim avança lentement sa main vers son visage et Neven eut le temps d'assimiler son mouvement pour ne pas le rejeter. Ses doigts se posèrent sur sa joue pour qu'il lui tourne le visage vers lui, les yeux dans les yeux. 

— Ariel a pensé durant toute son adolescence qu'il était amoureux d'Anna, il lui courrait sans cesse après, même si celle-ci sortait avec une multitude de mecs. Puis, quand il a enfin réussi à l'avoir, ils sont restés plusieurs mois ensemble, ils ont même acheté cette maison un mois après qu'ils se soient mis ensemble, Ari parlait même de bébés. Quelques mois sont passés et mon meilleur-pote a fait une découverte : il n'était pas du tout amoureux d'Anna. Il la considérait encore comme une amie précieuse et malgré l'attirance physique, il ne ressentait pas une once d'amour pour elle, juste de l'amitié. Comme la vie est bien faite, Anna non plus, ne ressentait pas d'amour pour lui. 

Neven sentit sa mâchoire se contracter et une haine folle s'empara de son esprit. 

— T'es au courant que ce que tu me racontes est encore pire ? Je ne lui ai pas cassé la gueule car je pensais qu'il ressentait encore des choses pour Anna, et là tu me dis qu'ils sont juste potes ? gronda-t-il. 

— Ecoute-moi jusqu'à bout, avant de t'énerver. Ariel et Anna ont décidé de rester tout de même ensemble, il y a un amour et un attachement très fort entre eux, mais ça reste de l'amitié. Ils étaient bien à deux, alors ils se sont fait une promesse : s'ils trouvaient quelqu'un, ils devaient se le dire et se quitteraient, entre guillemets. Le problème, c'est qu'ils sont tombés dans une routine confortable et un bien-être tel qu'ils ont du mal à se lâcher et à prendre des risques. A s'aventurer dans une vraie relation qui pourrait les blesser, les décevoir, vivre avec de la jalousie, avec la peur que la personne aimée s'en aille. Ils ne sont tout simplement plus habitués au danger et ça les effraie au point qu'ils se refusent de tomber amoureux, enfin, surtout pour Ariel. 

Le bouclé se détendit au fur et à mesure de son explication, il arrivait à mieux comprendre, désormais. Mais ça le frustrait tellement, de se dire qu'Ariel se refusait à lui seulement par peur d'être blessé. Jim retira sa main, maintenant qu'il avait tout l'attention de son vis-à-vis. 

— Mais je peux t'assurer que mon meilleur-ami tient énormément à toi. Depuis qu'il te connait, soit il est super pensif, soit il est super joyeux. Mais ce gros boulet se persuade que s'il quitte Anna, elle ne lui parlera plus. Il essaie de se persuader que le problème c'est Anna, alors qu'en réalité, c'est la crainte qui le retient et seulement ça. 

Neven encaissait toutes ses nouvelles informations. D'un côté, il était en colère car Ariel ne lui avait jamais dit pour Anna et lui, leur faux couple, et d'un autre, ça le soulageait de savoir qu'il n'avait pas été un passe-temps pour Ari et qu'il ressentait lui-aussi des choses. 

— Alors, je vais te demander une chose, Neven, est-ce que tu veux vraiment Ariel ? 

Le bouclé ne mit pas longtemps à se décider. Bien sûr qu'il le voulait. Il hochait simplement la tête pour lui faire comprendre. Cela provoqua un énorme sourire de son complice pour la soirée. 

— Bien, dans ce cas, flirtons un peu ensemble. Car si je ne me trompe pas, je crois que tu n'as même pas remarqué que notre chère petite princesse nous regarde depuis tout à l'heure, l'air décidément furieux que son meilleur-ami se rapproche de sa chasse-gardée et que le mec pour qui il en pince se laisse draguer, sourit Jim. 



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