LVIII.
Les deux meilleurs amis passèrent une bonne partie de la nuit à se raconter leur journée, enfin plus Anna qu'Ariel, qui mentit en disant qu'ils avaient juste été voir sa pauvre maman malade. Etrangement, Anna ne parla que très peu de Marion et Ariel suspectait réellement quelque chose entre elles. S'étaient-elles disputées ? Il voulait en parler, mais il était trop fatigué pour commencer une histoire, car il était sûr que sa compagne allait se lancer dans un long récit plein de péripéties ou alors, elle allait refuser d'en parler, mais dans le doute, il se tut.
Ils s'endormirent vers cinq heures du matin. Ariel prit Anna dans ses bras et la serra fort contre lui, auquel la jeune femme poussa un soupir de bien-être. Il avait envie de tendresse, après ce qu'il s'était passé dans la soirée. Même si, honnêtement, il aurait préféré avoir Neven à la place d'Anna.
Il aurait bien aimé terminé ce deuxième round avec son voisin, mais c'était pas pour aujourd'hui.
Avant de s'endormir, Ariel chuchota :
— Anna, tu m'aimes ?
— Je t'aimerai toute ma vie, Ari', avoua-t-elle, la voix à moitié endormie.
Ariel fut rassuré, il avait besoin de savoir qu'Anna serait toujours là pour lui. Il l'aimait trop pour la voir partir loin de lui.
Le lendemain, le jeune homme se leva paresseusement du lit, après avoir passé quelques minutes à bailler et à s'étendre, les draps emmêlés sur son corps. Il descendit et comme d'habitude, il se retrouva seul à la maison, Anna était partie, il ne savait où encore. C'était toujours la même chose, mais il ne s'en plaignait pas vraiment. Il se fit chauffer du lait, mis quelques cuillères de chocolat et partit s'asseoir dans le canapé. Pas de petit-déjeuner équilibré pour aujourd'hui, comme Anna avait l'habitude de lui faire. Il prit quelques gâteaux et les fourra dans sa bouche en savourant.
Cependant, il fut interrompu par la sonnette de sa porte. Automatiquement, il sut que c'était Neven qui se trouvait derrière la porte. Il se permit donc d'ouvrir alors qu'il était en sous-vêtement.
— Neven, sourit Ariel, content de le voir.
— Anna est là ? demanda-t-il aussitôt.
Il entra dans la maison, mais se tint loin d'Ari.
— Bonjour à toi aussi, et non elle est partie, je sais même p...
Le bouclé n'attendit pas une seconde de plus et se colla à lui pour l'embrasser. Le plus vieux se laisse faire docilement, mouvant ses lèvres contre les siennes avec un plaisir non-feint. Un baiser doux et tendre qui fit énormément de bien à Ariel.
— Ah oui, il n'y a même plus de paroles entre nous, maintenant ? questionna-t-il en pouffant doucement.
Neven se pourlécha les lèvres et lui donna un autre baiser papillon.
— C'est bon, avec Marion, annonça-t-il.
Il embrassa ensuite son front et Ariel sentit son cœur s'emballer. C'était un geste si affectueux, attendrissant et respectueux. Il s'attendait à tout, mais jamais il n'aurait pensé recevoir une chose si touchante. Ariel se sentit comme une grosse guimauve dégoulinante de tendresse. C'était la chose la plus mignonne qu'on ne lui ait jamais faite. Il déposa sa bouche contre celle de Neven quelques minutes, comme pour le remercier silencieusement.
— Qu'est-ce qui est bon, avec Marion ? demanda-t-il d'une petite voix apaisée.
Ariel n'était même pas sûr de vouloir savoir, actuellement, il était plus que prêt pour une séance de câlins. Son esprit venait d'être apaisé avec un baiser seulement.
— Que je la quittais.
Cette phrase mit du temps à atteindre son cerveau, mais une fois qu'il en assimila chaque mot et la portée de celle-ci, il écarquilla les yeux. Avait-il mal entendu ? Depuis quand voulait-il quitter Marion ? Pourquoi lui disait-il ça, comme s'ils s'étaient mis d'accord sur le sujet ?
— Quoi ? lâcha-t-il, perdu.
Toute cette béatitude et cette satisfaction envolées. A la place, un sentiment de peur le prit au ventre. Ariel posa ses mains sur son torse pour le repousser doucement. Il se sentit soudainement à l'étroit, pris au piège. Neven fronça les sourcils de contrariété en réponse.
— Je te l'avais dit, Ariel, prononça-t-il d'une voix froide et distante.
Comme pouvait-on passer du chaud au froid si rapidement ?
— Tu ne me l'as jamais dit, Neven ! s'exclama Ariel, ayant l'impression qu'on l'acculait contre un mur en balançant de fausses infirmations.
La panique commençait à gagner les traits de son visage et le bouclé dut s'en rendre compte, car son expression s'adoucit.
— Je te l'ai dit, hier soir.
— Quand on était en train de... ? demanda Ariel.
Neven hocha la tête. Ariel posa ses mains sur son visage et souffla. Il était totalement effrayé par cette annonce. Ils s'étaient enfin mis sur la même longue d'onde, ils avaient cessés leurs chamailleries incessantes, ils prenaient un plaisir jamais ressenti auparavant et ils s'entendaient super bien, pourquoi tout cassé maintenant ?
— Bon sang, Neven ! A quel moment tu te dis que le meilleur moment d'annoncer ça, c'est au moment de baiser ? Je suis quasi plus là, quand tu me touches, quand tu m'embrasses, quand tu me fais... Des trucs. J'entends plus rien autour, je ne vois plus que toi et moi, finit-il, la voix tremblotante.
Son voisin prit ça pour une déclaration et s'approcha de lui dans l'optique de poser ses mains sur ses hanches nues, mais le brun se décala pour ne pas qu'il le touche. Plutôt ironique, quand on y pensait. Celui qui a peur d'être touché qui veut toucher sans pouvoir le faire. Mais là, Ariel était dans le désarroi le plus total pour faire attention à ce genre de chose.
— Tu ne veux pas que je la quitte ?
— C'est pas la question, Neven, tu... Tu concrétises des choses, en faisant ça et c'est pas ce dont j'avais besoin en ce moment... répondit Ariel, attristé.
— Pour toi, je suis juste un plan-cul pour essayer avec un gars, en fait, lâcha Neven, retrouvant sa voix dure et réservée.
Ariel écarquilla les yeux devant l'absurdité de sa phrase. Jamais il ne l'avait considéré comme tel !
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Tout ce que je vois, c'est que je viens te dire que je quitte Marion et toi, t'es angoissé à l'idée qu'on soit plus ensemble. Ca t'arrangeait, qu'on ait toutes les deux des compagnes ? Comme ça, tu pensais que je ne te collerai pas et que ce serait juste de la baise, entre nous, cracha-t-il, méprisant.
— Neven, arrête tout de suite avant d'aller trop loin, le prévint Ariel, qui sentait le dérapage à plein nez.
Il était angoissé, c'est vrai, mais il ne voulait pas qu'ils s'embrouillent ! Ariel était bien trop attaché à lui pour qu'ils se fâchent ou pire, qu'ils ne se parlent plus. Son cœur se serra en voyant les yeux noirs de colère de son voisin. Neven s'approcha de lui, jusqu'à être à quelques centimètres de lui.
— T'aime trop Anna pour ça, hein ? Je suis une genre de pute qu'on garde sous le coude et qu'on utilise quand la petite-copine n'est pas là, c'est ça ?
Neven passa sa main dans les cheveux d'Ariel pour les tirer en arrière, afin que leurs yeux soient ancrés les uns dans les autres.
— Est-ce que t'as peur que je balance tout à ta copine, Ariel ? Parce qu'en vérité, seule elle compte à tes yeux, alors qu'est-ce qu'elle dirait si elle savait que son chéri se tape le voisin ?
Ariel ne sut même pas reprendre sa respiration, totalement apeuré qu'il puisse avouer leur relation à Anna. Après tout, lui n'avait plus rien à perdre... Ariel, en revanche, avait sa meilleure-amie qu'il aimait énormément et il était sûr qu'elle le prendrait mal.
— Je suis pas assez bâtard pour faire ça, mais crois-moi, t'auras toujours nos moments en tête, quand tu la baiseras, quand tu l'embrasseras et que tu lui diras que tu l'aimes, finit par lâcher Neven, le visage dégoûté.
Puis, il le lâcha et tourna les talons, sortant de chez lui. Ariel resta pantois dans l'entrée, regardant fixement la porte qui s'était ouverte et refermée avec brutalité. Ils venaient de passer à " je t'aime passons la journée au lit " à " je te hais sale petite merde " en l'espace de quelques minutes à peine...
Cependant, il ne sut dire ce qui lui faisait le plus de mal, entre perdre sa meilleure-amie et perdre Neven. Sur le moment, sans même réfléchir, il se dit que c'était sûrement Anna.
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