IV.
Quand Marion lui apprit qu'ils allaient participer à un barbecue organisé par ses voisins, en fin de semaine, Neven se sentit vidé de son énergie rien qu'en y pensant. Pour éviter une énième dispute dans son couple, le bouclé avait approuvé sans rechigner, étonnant même sa conjointe, qui avait écarquillé les yeux devant son acceptation.
Cependant, si elle croyait vraiment qu'il allait se pointer là-bas, c'est qu'elle croyait aveuglément aux miracles. Cela le dérangeait déjà quand Marion recevait des copines, alors subir un dîner avec du monde, ça, il en était incapable. Enfin, si, mais il n'en avait absolument pas l'envie ou même la force. Il avait donc pris la décision de trouver une échappatoire, peu importe la nature.
Il passa donc sa semaine à chercher, et, dès qu'il rentrait avec une idée en béton, sa charmante compagne trouvait un moyen pour rétablir le problème afin qu'il puisse venir samedi. Neven sous-estimait trop sa petite-amie : quand elle voulait quelque chose, elle l'obtenait. Plus le week-end rapprochait et plus il se faisait à l'idée de supporter plusieurs amis en compagnie de personnes qu'il ne connaissait même pas.
Le vendredi soir, il capitula. Marion avait été plus forte sur ce coup. Mais, une chose était sûre; il ne ferait aucun effort pour parler à qui que ce soit. Quitte à paraître vraiment irrespectueux, il resterait sur son téléphone tout le long du dîner.
Le jour du rendez-vous arriva, laissant un Neven grognon, qui fit quand même un effort pour bien s'apprêter. Son apparence avait beaucoup d'importance. Dans sa salle de bain, Neven s'empara d'une mousse pour ses boucles, l'un de ses nombreux pots, et en mit soigneusement dans ses cheveux. Il avait, d'ailleurs, bien plus de produits pour les cheveux que Marion n'en avait. C'était un atout qu'il ne devait pas négliger. Il nettoya son visage et finit par se laver les dents. Il « checka » son look, qu'il jugeait très bien, et daigna enfin rejoindre sa copine dans le salon, qui tapait du pied, impatiente.
— Ce n'est pas trop tôt, lui reprocha-t-elle.
Il lui sourit et tendit sa main pour qu'elle vienne y poser la sienne. C'est donc comme un couple normal qu'ils se dirigèrent vers la maison d'à côté, chez les gens d'à côté.
Neven crut qu'il allait s'enfuir en entendant tout ce bruit, cette musique qui était assez forte pour qu'ils l'entendent de devant la maison. Il aimait la musique, mais pas ce genre de choses commerciales et absolument barbantes. Mais, le pire était les voix qui discutaient gaiement entre elles. Il savait qu'il allait se chopper un mal de crâne dans moins d'une heure.
C'est en retenant un soupir las qu'ils sonnèrent à la porte et que le fameux Ariel vint leur ouvrir. Il lui serra la main rapidement et Marion lui fit la bise en lui demandant si ça allait et en abordant d'autres banalités. Sa petite-amie appréciait malheureusement le couple, elle lui en avait fait part durant toute la semaine, étant donné qu'elle y avait été une deuxième fois le mercredi et une troisième fois le vendredi. Elle commençait à tisser des liens amicaux avec eux, tandis que lui faisait tout pour les esquiver et les ignorer.
La petite sirène les conduit jusqu'à leur jardin, où étaient déjà installés quelques invités autour d'une grande table. Le couple dit bonjour à chaque personne et s'assit un peu à l'écart. Neven observa chaque personne attablée, il semblait y avoir deux couples et trois filles seules, mais apparemment amies au vu de comment elles se touchaient et se parlaient avec aisance.
Les invités avaient l'air trop banaux pour qu'il tente de les décrire, alors son regard se posa sur Ariel, qui était revenu. Cette fois, le jeune homme portait un t-shirt et un short en jean, ses cheveux n'étaient pas vraiment coiffés et il paraissait bien plus à l'aise comme ça. Alors, voilà le vrai Ariel ? Il sourit. Il le trouvait encore plus insignifiant.
— Je suis sûr, t'es pas cap de faire ça, rit l'un des garçons.
Neven scotcha son regard sur son voisin, qui rigolait lui aussi et passa ses mains sous son t-shirt pour le retirer. Puis, vint le tour de son short et il ne se retrouva qu'en boxer. Les exclamations se firent et des sifflements le flattaient. Ariel salua l'assemblée et Neven devait admettre que le brun était plutôt bien bâti, autant pour son corps musclé comme il le fallait que pour ce qui semblait être dans son caleçon. Il ne se priva pas de le fixer entièrement. Ok, il était bien moins insignifiant lorsqu'il était presqu'à poil.
Il le regarda sauter dans la piscine, alors qu'Anna posait ses mains sur sa bouche, malgré ses yeux plissés de malice.
— Mais t'es fou ! s'exclama celle-ci en riant.
— Je tiens toujours mes paris, chérie, lança-t-il, juste en ayant la tête sortie de l'eau.
Les invités rirent et même Marion trouvait la situation drôle, alors que c'était complètement bête. Il avait juste sauté dans une piscine en sous-vêtement, où était le risible là-dedans ?
Il sortit donc son téléphone de sa poche et s'occupa de la sorte, jusqu'à ce que le repas fut servi.
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