Les sources du chagrin (4/4)

Le combat était terminé, et Byleth était épuisé. Bien qu'il se soit couché plus tôt que les autres élèves après la bal la nuit précédente, sa fatigue n'était pas tout à fait partie, et cette mission d'urgence n'avait rien arrangé : tôt le matin, alors que le professeur venait à peine de finir son petit déjeuner, des monstres étaient apparus dans la chapelle qu'il avait pour mission de surveiller plus tard dans la journée. Heureusement, son père était arrivé juste à temps. Byleth avait rapidement rassemblé ses élèves et le combat n'avait pas duré.


Le professeur partit rejoindre son père, qui examinait ce qu'il restait de la chapelle.

« Attendez un instant ! » fit une voix.

C'était Monica, la jeune fille qui avait été retrouvée avec Flayn.

« Hmm ? Une autre élève ? » fit Jeralt avec un regard inquisiteur en direction de son fils, qui acquiesça.

Byleth s'arrêta un moment pour souffler tandis que son père discutait avec la jeune femme.


« Allez maintenant, du vent, » dit le capitaine avec un sourire.

« Merci pour votre aide, monsieur ! » répondit joyeusement l'élève en le contournant pour passer derrière lui.

Cependant, alors qu'elle faisait mine de s'éloigner, elle se retourna brusquement, une courte épée noire en main, et elle l'enfonça dans le dos de Jeralt.

« Espèce de vieillard pathétique. »

Byleth réprima un violent tremblement. Il maîtrisait la situation. Il lui restait encore l'Impulsion Divine, ce mystérieux pouvoir qui lui permettait de remonter le temps.

« Ça t'apprendra à te mettre en travers de mon chemin, bouffon, » continua Monica, un sourire dément au lèvres.

Le temps s'arrêta. Byleth composa ses émotions. Tout allait bien se passer.


« Allez maintenant, du vent, » dit le capitaine avec un sourire.

Son fils n'attendit pas la suite et dégaina l'épée du Créateur sous sa forme de fouet, la propulsant vers le bras de Monica pour ensuite l'attirer vers lui.

Mais un homme se plaça entre l'arme et sa cible, et l'épée du Créateur fut repoussée.

Byleth aurait voulut pouvoir décrire cet homme dans le futur, mais il ne lui avait jeté qu'un coup d'œil pour apercevoir une imposante silhouette noire et blanche. Non, ce que le professeur regardait à cet instant, c'était le dos de son père, alors qu'une tâche rouge apparaissait sur ses vêtements, tandis que Monica retirait sa lame.

Le sang de Byleth se glaça et sa respiration se coupa. Il ne pouvait plus utiliser l'Impulsion Divine.

« Hm ? Que faites-vous là ? » s'enquérit la meurtrière.

« Tu dois survivre, » répondit l'homme. « Car tu as encore une tâche à accomplir pour moi. »

Alors que les deux s'évanouissaient dans l'obscurité, Jeralt s'effondra sur le sol. Byleth jeta la relique sacrée comme un vulgaire bout de bois et se précipita aux côtés de son père.


« Je crois que... tu vas devoir continuer sans moi. »

Byleth l'avait compris, lui aussi. Il n'y avait plus aucun espoir. Une tristesse incommensurable l'assaillit. Jusqu'à peu de temps, il n'avait jamais voulu pour le futur autre chose que de pouvoir rester avec son père. Et ce futur venait de lui être volé.

Jeralt écarquilla les yeux alors qu'une larme tomba sur son visage.

De toutes les nouvelles choses que Byleth pouvait ressentir, celle-ci était de loin la moins agréable. Et pourtant, les larmes qui roulaient sur ses joues lui apportaient un infime réconfort.

Son père, lui, esquissa un sourire.

« Dire que la première fois que je te vois pleurer... tes larmes sont pour moi. C'est triste, et pourtant... j'en suis heureux. »

Byleth ne tenta pas de formuler une réponse de ses lèvres tremblantes. Il commença a hoqueter légèrement alors que les larmes coulaient de plus en plus vite.


Comme en écho à sa tristesse, la pluie se remit à tomber.

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