Les sources du chagrin (2/4)
Les cinq notes sonnant la fin des cours sonnèrent. Byleth soupira avec soulagement, désormais certain que ses élèves ne confondraient pas une formation initiative avec une formation adrénaline.
« Alors, vous êtes excités pour demain ? » demanda-t-il tranquillement.
Il n'était pas tard, mais en cette période de l'année, il faisait déjà nuit dehors. Cela rendait le professeur légèrement somnolant, et après ces épuisantes dernières semaines, il avait hâte de pouvoir se glisser entre les couvertures de son lit dans le calme de sa chambre.
« C'est le seul bal de l'année, » répondit Dimitri, « et on comprend pourquoi. Tout le monde a l'air de l'attendre avec une impatience à la limite de l'absurde... »
Byleth soupira. Dimitri avait beau communiquer son manque d'enthousiasme, son professeur était intimement convaincu qu'il aurait remporté la Coupe du Héron Blanc haut la main, sans même avoir à assister à un seul cours de danse.
« Votre Altesse, vous semblez parler comme si cela de vous concernait pas, mais... nous sommes tous conviés à nous y rendre demain, » lâcha Dedue, le voisin de Dimitri.
« Oui, c'est vrai... » soupira Dimitri en baissant la tête. « J'en tremble d'avance... »
« Hmm... C'est bien la première fois que nous sommes d'accord, » fit Felix depuis le fond de la salle. « Je préférais aller m'entraîner à l'épée plutôt que d'inviter une fille à danser au bal. »
« Ça n'a pas forcément à être une fille, » dit tranquillement Byleth en rangeant ses affaires. La pensée de Felix dansant avec Sylvain lui traversa l'esprit et il esquissa un sourire, songeant que cette vision semblait étrangement juste.
Sylvain, justement, ne manqua pas de manifester sa surprise.
« Felix ! Altesse ! Vous plaisantez, j'espère ! C'est une occasion unique de danser avec toutes les filles de l'école, sans exception ! C'est le plus beau jour de l'année, et toi, tu préfères aller t'entraîner à l'épée ? T'es complètement fou ! »
« Moi aussi, j'ai hâte d'aller au bal, » avoua Ashe. « Ce n'est pas souvent qu'on a des réjouissances comme ça. »
« T'as bien raison, Ashe ! Tu sais quoi ? Je vais t'apprendre à parler aux filles. Entraînement intensif jusqu'à demain ! »
« En fait, je préférerais apprendre à danser... » soupira le jeune garçon, tandis que Dimitri lançait à Sylvain un regard désapprobateur.
« Pour ce qui est de la danse, ne vous inquiétez pas, » lança joyeusement Annette. « Je peux vite vous l'apprendre ! »
« C'est le grand bal ! » sourit Mercedes. « Il va falloir se maquiller un peu, n'est-ce pas, Ingrid ? Juste un peu ? »
« Je... Hmm... » fit l'interpellée, qui tentait pourtant de rester discrète jusque là. « Peut-être. J'y réfléchirai. »
« Très bien ! » déclara Annette en levant les bras. « Nous n'avons qu'à nous retrouver demain matin dans la chambre d'Ingrid ! Comme j'ai hâte ! »
Dimitri poussa une fois de plus un profond soupir.
« Qui sait... où la vie nous mènera quand nous aurons quitté le monastère. »
Byleth releva la tête, surpris. Il ne s'attendait pas à cela.
« J'aimerais que nous puissions tous nous réunir à nouveau, comme aujourd'hui. »
Dedue sourit.
« C'est une belle idée, Votre Altesse. Disons... dans cinq ans, jour pour jour ? Qu'en pensez-vous ? »
Byleth observa attentivement ses élèves. Cinq ans... Il n'avait jamais envisagé un futur aussi lointain.
« Dans cinq ans, dis-tu ? » répéta le prince. « Ah ! Bien sûr, le monastère de Garreg Mach fêtera alors son millénaire. »
« Et d'ici-là, nous ne vous appellerons plus ''Votre Altesse'', mais ''Votre Majesté'', » fit songeusement Ingrid.
« C'est vrai, » soupira Sylvain tristement. « J'avais presque oublié, mais on ne fera plus partie du même monde. »
« Allons... » souffla Dimitri, l'air un peu triste. « Tu me connais mieux que ça. Mon titre changera, mais je resterai le même. Et n'oubliez pas que, d'ici cinq ans, vous occuperez vous aussi des postes prestigieux. Je crois cependant que le festival du Millénaire sera de loin plus grandiose que toutes les fêtes auxquelles nous avons pu assister... »
Un sourire se dessina finalement sur son visage. « En d'autres termes, c'est le prétexte parfait pour nous réunir ici. »
« Une réunion ? » fit Annette. «Ça me plaît ! Je ne la raterai pour rien au monde ! »
« J'aimerais vraiment que vous soyez de la partie, professeur, » déclara Dimitri. « Sans vous, la maison des Lions de Saphir serait incomplète. »
Byleth ouvrit la bouche, sincèrement ému par cette déclaration. Il sourit.
« Je serai là. »
« Bien, alors c'est décidé. Évidemment, si je devais avoir un quelconque empêchement, l'organisation vous reviendrait, professeur. »
Sans se départir de son sourire, Byleth planta ses yeux dans ceux de l'héritier du Royaume de Faerghus et déclara avec le plus grand sérieux, d'un ton qui ne se discute pas :
« Empêchement ou pas, vous viendrez. »
« Le professeur a raison ! En temps que roi, vous serez sûrement très occupé, mais je pense qu'il est un peu tôt pour commencer à annuler vos plans, » protesta Mercedes.
« Oui... c'est vrai. »
En voyant le visage songeur de Dimitri, son professeur se demanda si le délégué lui cachait encore des choses à son sujet.
« Mes excuses. Je fais le serment... de revenir. Vous pouvez compter sur moi. »
Entendre ces paroles réchauffa le bout des doigts glacés de Byleth. Peu importe ce que le futur leur réservait, ils tiendraient tous cette promesse. Le jeune homme se fit le serment de la tenir, quoi qu'il arrive.
Même si le monde venait à s'effondrer, il serait là.
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