Chapitre 14: Le prince irresponsable

La joie de Byleth était une joie calme, mais modérée. Dimitri était en vie, mais il était détruit. Ses élèves s'étaient souvenus de la promesse, et ils étaient là, avec lui, mais leur royaume était en guerre, et en grande partie soumis aux forces impériales.

Cependant, Byleth avait l'intime conviction que tout se passerait bien et qu'au bout de ce long et sinueux tunnel attendait la lumière. Mais il savait également que tout ne serait pas simple. Loin de là. Il leur faudrait conquérir l'Empire, reprendre le Royaume et sauver Dimitri de lui-même. Toutes ces tâches semblaient impossibles à accomplir, mais il fallait bien que quelqu'un essaye. S'il était honnête avec lui-même, Byleth savait que, même si ça n'avait été que Dimitri et lui-même, ils auraient quand même tenté. Mais ils n'étaient pas seuls. Non seulement ses anciens élèves étaient là, mais aussi une partie des anciens soldats du Royaume et également l'église de Seiros, dirigée par Seteth. Petit à petit, une armée de résistance commençait à se former au monastère de Garreg Mach.


La seule véritable ombre sur le tableau, c'était que l'un de ses anciens élèves n'était pas pu revenu. Dedue était mort, et rien ne pourrait réparer cela. Byleth ne connaissait pas les détails, mais il avait été tué à la place de Dimitri, que tout le monde pensait mort, décapité pour avoir tué son oncle ; une accusation qui était, bien entendue, fausse, et qui avait probablement été inventée par Cornélia, la femme qui avait vendu Faerghus à l'Empire. Byleth ne l'avait jamais rencontrée, mais il ressentait envers elle quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis ce jour où Kronya avait plongé sa lame dans le dos de son père : le désir de tuer. Pas par vengeance. Par dégoût et mépris. Par haine, une haine qui faisait trembler tout son corps d'un surplus d'énergie qui lui était inutile tant qu'il n'était pas sur le champ de bataille. Mais il prenait son mal en patience. Le jour viendrait où il pourrait plonger son poing dans sa poitrine, son épée dans sa gorge, et observer son visage hypocrite se tordre de douleur en se dissolvant par l'effet de ses sorts de lumière.


Byleth poussa un long soupir. Dans ces moments-là, il était toujours réconforté par le garde. Sa bonne humeur dissipait ses doutes, sa haine, ses inquiétudes et ses colères. Il ne lui suffisait que de quelques mots :

« Salutations, professeur ! Rien à signaler aujourd'hui ! »


Ledit professeur se retourna d'un coup. Avait-il rêvé sa voix ?


Il ne l'avait pas rêvée. Il était là, son uniforme de soldat un peu cabossé, son sourire immense parcourant son visage d'une oreille à l'autre et son regard étincelant comme s'il reflétait toutes les étoiles du ciel nocturne.

Le vent caressa les cheveux de Byleth et il resta planté là, sans réagir, peinant à réaliser la présence de celui qui se tenait devant ses yeux.

« Vous savez, ça m'émeut tellement de pouvoir à nouveau vous saluer ainsi ! »

« Je... je... Quoi ? »

Il était en vie. Il était là, à Garreg Mach, sous cette grande porte qui avait été abandonnée pendant cinq ans, lance en main, prêt à reprendre du service comme si c'était la chose la plus naturelle à faire.


« Il y a cinq ans, j'ai bien failli y rester, » avoua-t-il. « Lorsque je vous ai vu tomber, je... »

Il secoua la tête comme pour en chasser le mauvais souvenir.

Byleth ne le laissa pas prononcer un mot de plus. Il posa les mains sur les épaules du garde et l'attira à lui dans une étreinte d'une douceur dont il ne se croyait pas capable. C'était une bonne chose que son coeur ne batte pas. Si ça avait été le cas, il aurait probablement tambouriné si fort dans sa poitrine qu'il n'aurait pas pu serrer dans ses bras cette personne si chère à son cœur.

Le jeune homme – qui avait désormais 5 ans de plus – ne perdit pas un instant pour enlacer lui aussi le professeur.

« Mais je peux vous dire qu'il n'est pas né, le prochain ennemi qui passera cette porte ! » finit-il par dire d'un ton rieur, mais Byleth ne manqua pas l'émotion dans sa voix. « Le Chevalier Macabre peut lui-même pointer sa trogne, je m'en vais le... »

Il s'interrompit un instant, comme s'il se rendait seulement compte de ce qu'il venait de dire, puis lâcha un rire.

« En fait, je vais m'entraîner un peu, histoire d'être à la hauteur ! »

Byleth se détacha un peu et ouvrit la bouche pour se confondre en excuses, mais il fut devancé par le garde.

« Ça vous dit, la taverne, ce soir ? On a des choses à rattraper, depuis cinq ans, non ? »

Ses yeux lui piquèrent et il sentit sa lèvre inférieure trembla légèrement. Avant qu'il ne s'en rende compte, les mots avaient déjà quitté sa gorge.

« Tout ce que vous voudrez. »

Le sourire éclatant du garde s'adoucit, prenant une expression de tendresse qui resterait à jamais gravée dans la mémoire de Byleth.

« Bienvenue à la maison, professeur. »

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