Chapitre 8- As de coeur
"Je briserai sans doute ton coeur. Mais je ne briserai jamais une promesse que je t'ai faite."
Musique en médias-toi close Alex Clare
****Six ans plus tôt.****
Alors que ma mère est agenouillée au sol, la toile étendue à ses pieds, je la regarde jeter de la peinture aléatoirement. Ce mélange de couleurs, bien qu'il me fascine, ne représente pas quelque chose que je connais.
Les tons rouges dominent le reste, comme si une bulle de sang venait de se poser sur une peinture quelconque. Le liquide rouge s'assombrit au contact de la peinture bleue déjà à moitié sèche.
Je pose mon cahier à côté de moi sur le lit et me penche par dessus le matelas.
-Qu'est-ce que c'est?
Les yeux gris de ma mère, si pétillants fixent la toile alors qu'un sourire nait sur sa bouche. Je plisse mes paupières, espérant voir ce qu'elle aperçoit elle même. Mais rien, mis à part ce gribouillis de couleurs.
Parfois, j'aurai voulu être dans sa tête pour comprendre les choses à sa manière, pour voir les choses selon sa vision.
-Je ne sais pas précisément, me répond-t-elle en lâchant un petit rire. Toi, que vois-tu?
Elle passe sa main sur son front en sueur, étalant de la couleur rouge sur sa peau. Alors que je plisse le nez, je descends du lit, m'agenouille à ses côtés et regarde la toile:
-Hum, on dirait comme...Comme si tu avais mélangé toutes les couleurs de la terre, je rigole en faisant de grands gestes avec mes petites mains.
Ma mère se penche vers moi et m'embrasse le bout du nez:
-Noooon, je proteste en riant encore plus fortement, tu vas mettre pleins de peinture dessus!
Ma mère replace une mèche de mes cheveux blonds, si semblables aux siens, derrière mon oreille et me regarde attentivement:
-Allez Abi, dis moi ce que tu vois. A quoi penses-tu en regardant ce tableau?
Je soupire, pose mes deux mains sur le sol, m'accoude et regarde la toile, fronçant les sourcils.
-On dirait comme..Comme une bataille de couleurs. Le rouge l'a emporté, il a noyé ses adversaires, les a recouvert de sa couleur. Je fronce encore plus mes sourcils. Il les domine et les autres sont obligés de se fondre en lui. Ouais, maman on dirait un combat. BOOOM, je crie en rigolant.
Ma mère ne me répond pas, je me tourne vers elle alors qu'elle m'observe.
-Mon petit kotyonok, elle murmure. Tu vois que tu y arrives.
Je frappe dans mes mains, ravie:
-J'arrive à voir comme toi? Alors je pourrai aussi être une artiste.
Ma mère secoue sa tête en riant. Elle se relève et m'entraine avec elle.
Alors qu'elle m'emporte hors de la pièce, ses mots résonnent en moi.
-Fait ce qu'il te plait et ce qui te plait sera fait.
**** AUJOURDHUI***
Baptiste, l'autre barman qui partage l'arrière du comptoir avec moi ce soir, me sort de mes pensées.
-Tout va bien, belle au bois dormant? Tu dormais sur place.
Il pose son chiffon sur le bar et se tourne vers moi. Alors qu'il croise ses bras, il me fait un sourire. Ses dents blanches légèrement de travers se montrent peu à peu.
Je plisse les yeux et reprends la préparation de mon cocktail tout en lui répondant d'un air innocent:
-Je rêvais simplement que j'étais en train de te tuer.
Baptiste explose de rire tout en prenant la commande de la jolie brune qui arrive en face de nous. Ce lundi soir est assez calme. Vanessa, la manager sert les boissons dans le coin VIP alors que Maya, ma future colocataire si j'accepte son offre, est en train de l'aide. Je vais accepter son offre, c'est ne certitude. Après avoir passé un weekend à réfléchir, je n'ai pas trouvé d'autres solutions. Juste le temps de mettre un peu d'argent de côté. Je ne roule pas sur l'or et payer ma chambre d'hôtel commence à faire un trou dans mes économies. heureusement, j'ai découvert que les pourboires étaient assez généreux ici, surtout le weekend.
-Et comment est-ce que tu te débarrassais de mon corps, si viril et si sexy? Me demande Baptiste en venant près de moi.
Il fait jouer ses sourcils tout en prenant un pseudo air séducteur, et je ne peux m'empêcher de me moquer de lui. Je dois avouer que j'aime bien l'ambiance du club, c'est si...Différent de ce que j'ai toujours connu, si différent de ma vie près de Sean. J'aime cette nouveauté, ne compter que sur moi même. Même si c'est ce que j'ai fait ces dernières années, à essayer de survivre entre les malins de mon demi-frère. Ou plutôt du monstre qui en avait l'apparence.
Alors que j'essuie une tache de rhum sur le bar, je me baisse vers Baptiste et murmure, sur le ton de la confession:
-Je te découpais en petit morceaux après avoir sectionné tes artères les plus importantes.
Contrairement à ce que j'imaginais, il ne rigole pas, il me regarde une fronçant les sourcils. Je me redresse, assez gênée.
-Heu, c'était une blague? Il tente en passant une main sur sa nuque.
Nous ne devons pas avoir le même sens de l'humour.
-Mais oui, je hausse une épaule.
Il secoue la tête, ses cheveux blonds illuminés par les lumières bleutés du club puis fait mine d'être sérieux:
-Un conseil ma petite, ne tente jamais la carrière d'humoriste.
-Mudak, je grogne presque en lui mettant son chiffon au visage alors qu'il s'éloigne en rigolant.
Malgré moi, un petit sourire me vient, que j'efface rapidement de mes lèvres en me tournant vers le côté gauche du bar, mon côté pour ce soir.
Je fais semblant d'ignorer l'homme qui s'assied sur l'un des tabouret en métal du bar et m'approche d'un jeune gars qui patiente, juste à côté.
-Je peux vous servir quelque chose? Je demande alors qu'il s'accoude sur le bar.
-Pourquoi pas spécialité de la maison, chérie?
Voilà l'un des points que je n'aime pas dans ce travail. Ces petits cons qui pensent que tu n'es qu'une femme qui serre des verres, et qui fermera sa bouche face à leurs propose souvent déplacés. Ce qui n'est pas mon cas.
Je relève un sourcil en me tournant vers les rangées d'alcool dans mon dos:
-Nous sommes dans un club, pas dans un restaurant gastronomique, chéri.
J'entends un rire rauque sur ma gauche, mais j'ignore mon spectateur. Ce qui n'est pas le cas du type en face de moi qui tourne sa tête et écarquille les yeux en découvrant le grand brun assit juste à côté de lui, en train de nous observer.
-As? Demande le jeune en se penchant vers lui, l'air impressionné.
As ne l'écoute pas. Ses yeux sombres l'observent rapidement, quelques secondes. Puis il tourne une nouvelle fois son attention vers moi. En bougeant sa tête, ses cheveux froissent le col de son tee shirt noir et je me fais encore une fois la remarque qu'ils sont trop longs, bien que l'on s'en fiche. Alors que la lumière du bar éclaire son visage, je peux enfin distinguer ses traits. Ses sourcils épais se froncent tandis qu'il m'analyse à mon tour. Ses deux pupilles noirs fixent mon débardeur un poil trop grand et je me redresse en carrant les épaules, le défiant ouvertement. Son nez est un peu trop droit et sa barbe, un peu trop longue. J'ai toujours préféré les hommes sans barbe. Mais je dois bien avouer que celle de quatre jours en face de moi est assez agréable à regarder. Elle entoure bien sa bouche, sa lèvres supérieure retroussée alors qu'il continue de me fixer.
Son visage n'est pas parfait. Pourtant, il est magnétique. Je mentirais si je vous disais que je ne suis pas attirée par ce qu'il dégage. Je sens comme un trop plein de testostérone, de dangerosité et de dominance s'échapper de lui, et cela me donne envie de m'amuser. Disons que j'ai plusieurs conceptions de l'amusement.
-Finalement, je vais prendre un Malibu ananas, me demande le type de tout à l'heure, rompant ouvertement notre connexion.
Je sors de ma léthargie en secouant ma tête. Bordel, mais ça ne va pas de presque baiser un type dans ma tête, sur mon lieu de travail?
Alors que je serres le type, je remarque quelques regards surpris ou en core méfiants braqués dans ma direction. Je comprends rapidement qu'ils sont dirigés vers As.
Je me tourne vers lui. Il n'a toujours pas bougé d'un centimètre. Soit il ne voit pas tous ces gens qui le dévisagent ouvertement, soit il s'en moque complètement.
Donc, il est vraiment spécial.
Je penche plus pour la deuxième option. Alors qu'il pose ses avants bras sur le comptoir, je ne peux m'empêcher de leur jeter un coup d'oeil. Ses veines ne sont pas saillantes mais ressortent légèrement sous sa peau halée. Je remarque un tatouage, un serpent est enroulé autour de son poignet droit et remonte le long de son avant bras pour rejoindre d'autres taches d'encres gravées sur sa peau.
Je ne peux retenir mes prochains mots:
-Pourquoi un serpent?
Il ne réponds pas à ma question. A la place, il me demande:
-J'aimerai...il jette un coup d'oeil vers les bouteilles derrière moi, essayant de se décider.
Je soupire et reprends:
-Ne me dis pas que tu veux une spécialité de la maison, ou je ne réponds plus de rien.
Il sourit doucement penche la tête comme je l'ai souvent vu faire comme si il analysait la situation.
-Pourquoi est-ce que tu ne me montrerai pas ça? Ça pourrait m'intéresser.
Je relève un sourcil et reprends effrontément:
-Eh bien peut être justement, que moi, cela ne m'intéresserait pas.
Quelques secondes passent alors qu'aucun de nous ne parle.
-Une bière, il termine sa phrase alors que je m'empresse de le servir, pressée qu'il s'en aille et arrête de me perturber.
Alors que je lui tends la bouteille glacée, il l'attrape et mes yeux se posent une nouvelle fois sur le serpent noir qui semble si toxique sur sa peau.
-Alors? Je redemande tandis qu'il prend une gorgée de bière, pourquoi un serpent?
-Tu es ce genre de personne qui déteste celles qui se gravent la peau?
Je fronce les sourcils, perdue. Quel est le rapport au juste?
Aucun, note ma conscience. Il a l'air plus compliqué qu'une femme, si tu veux mon avis, rajoute-t-elle innocemment.
-Pas du tout, je réponds à As en haussant les sourcils, je suis moi même tatouée et-
-Vraiment? Il me coupe, et où ça?
-Ça ne te regarde pas.
Alors qu'il baisse ses yeux le long de mes jambes puis pose son regard entre mes cuisses, je pousse un juron:
-Pas ici, trou du cul.
Ses yeux brillent de malice alors qu'il prend une nouvelle gorgée:
-Ça ne serait pas pour me déplaire, il reprend, sur de lui.
Une femme m'appelle et je la serre rapidement. As ne bouge toujours pas. Il suit chacun de mes faits et gestes attentivement. Comme si il cherchait à comprendre chacun de mes actes. Et malgré moi, son regard me réchauffe de l'intérieur. Je sens mes tétons se durcir sous mon soutien gorge alors que j'essaye d'ignorer son regard. Je finis par en avoir marre et m'approche de lui d'un pas furieux:
-Qu'est-ce que tu veux?
-Je bois simplement ma bière.
Il se penche vers moi. Son haleine légèrement alcoolisée se mélange à son parfum viril alors qu'il murmure:
-Pourquoi, il y a un problème avec ça?
J'essaye de garder contenance et me redresse:
-C'est toi le problème.
Il pose sa bière bruyamment sur le bar et ses yeux s'assombrissent encore plus, sous le coup de la colère, ou du désir. Peut être les deux.
-C'est toi, qui m'a cherché, l'autre soir, il me rappelle.
J'émets un rire sans joie et le regarde de travers:
-Moi je t'ai cherché?
Il hoche la tête et reprends:
-Oh oui, tu m'a défié. Tu m'as rendue bouillant. Mais tu sais quoi? Il chuchote presque, je sais que tu l'étais aussi. Bouillante.
-Je t'assure que je suis froide à l'heure actuelle, je rétorque.
Ses yeux se posent une nouvelle fois sur mes seins, puis directement entre mes cuisses. Il passe sa langue sur sa lèvre alors qu'il ne semble absolument pas me croire. Fumier, je grogne intérieurement. Un fumier sexy, précise ma conscience tout en se demandant à quoi il joue.
Une vibration continue met fin à notre petite...entrevue. As tire un téléphone de la poche arrière de son jean, semble lire quelque chose d'intéressant, soupire, puis le range une nouvelle fois. Il finit sa bière, se relève en étirant ses longs muscles. Alors qu'il commence à s'éloigner, je l'interpelle.
-Eh!
Il se stoppe, se tourne vers moi en relevant un sourcil.
-Tu me dois 5 euros!! Je montre du menton sa bière vide, qui reste impayée.
-Tu vas devoir venir les chercher, et j'entends une pointe de défie dans sa voix.
Je le fusille du regard en lui demandant:
-Et où ça?
-De l'autre côté du couloir.
Il me jette un dernier coup d'oeil, s'arrêtant sur mes lèvres, puis s'éloigne une nouvelle fois. Mais avant de disparaitre, j'entends sa dernière phrase:
-A moins que tu n'ai peur?
________
Suite dans le prochain chapitre!
J'espère qu'il vous a plu, qu'en pensez vous?
Le souvenir entre Abi et sa mère?
L'entrevue entre As et Abi?
A bientôt ;)
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