Chapitre 3-Nouvelle vie
« Dieu donne ses plus durs combats à ses plus durs soldats ».
Musique en médias-Strangers-Halsey
De nos jours Juin 2017.
Je passe la douane de l'aéroport, le ventre noué. Et si Sean avait découvert où j'allais? Et si pendant que je pensais être discrète, il savait que je me dirigeais vers la capitale française? Peut-être est-il déjà sur les lieux à m'attendre, prêt à se venger pour ma fuite.
Les doutes qui m'habitent diminuent au fur et à mesure que les minutes passent. Tout va bien. Il n'est pas là. Mes yeux captent le panneau de Bienvenue au milieu du hall. « Bienvenue à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle. »
Maman, j'y suis enfin.
Mon unique bagage accroché à mon dos, je traverse le terminal, essayant de me repérer. Et maintenant, qu'est-ce que je fais? Je remarque dehors les dizaines d'autres stationnés un peu partout. Je bénie intérieurement ma mère pour m'avoir forcé depuis mon plus jeune âge à apprendre plusieurs langues, dont l'anglais et le français. Vous vous demandez sans doute pourquoi est-ce que j'ai choisi ce pays pour refaire ma vie? La vérité, c'est que je ne savais exactement où aller. J'avais mon nouveau passeport, indiquant Abigail Taner et non plus Abigail Serov. J'étais libre, et pourtant enchainée de l'intérieure.
Mon père biologique, qui est mort pendant que ma mère était enceinte de moi, était français. C'est sans doute pour cela que ma mère tenait tant à ce que j'apprenne cette langue. Je n'ai jamais rien su de lui. Mis à part son prénom Alexis. Parler de lui avec ma mère était beaucoup trop douloureux. J'ai grandi et je me suis façonné sans image paternelle, avant que Roman n'entre dans ma vie.
Pendant toute mon enfance, une part de moi se sentait comme patriote de ce pays. Un bout de moi est français. Il était inconcevable de rester en Ukraine. Chaque rejoint de chaque petite région ne pourrait me cacher de Sean. Je sais à quel point il est tenace pour retrouver quelqu'un. Rester chez ma seule amie, Lioudmila, l'aurait condamné directement à subir ses foudres.
-Mademoiselle? une voix masculine retentit sur ma droite.
Je me tourne vers l'homme d'une quarantaine d'années qui me regarde d'un air bienveillant. Pourtant, je reste sur mes gardes, je sais à quel point il est simple de contrôler ses émotions, pour attirer sa proie près de nous et la détruire. Cependant, quand je remarque qu'il est adossé contre une portière de taxi, je me détends légèrement.
-Je peux vous emmener quelque part?
Je jette un coup d'oeil autour de moi, puis hoche la tête et m'approche.
-Et votre valise?
Je secoue la tête.
-J'ai juste mon sac.
J'entre dans le véhicule, serrant mon bagage contre moi.
-Où est-ce que je vous emmène?
-Paris.
-Ah ma petite dame, il me faut un peu plus de précisions.
Les mots me manquent. Comment lui indiquer une direction alors que je ne sais pas où aller.
-Je vous dirai simplement quand vous arrêter.
Il hausse les épaules négligemment puis s'insert dans la circulation, me laissant dans mes pensées.
Les minutes défilent alors que le paysage change plusieurs fois. Agglomérations, autoroutes, et pourtant je suis sure que des étoiles brillent dans mes yeux quand nous atteignons la capitale. Les gens grouillent dehors. Les trottoirs sont bondés. Rapidement, la circulation se ralentie. J'observe ce qu'il se trouve de l'autre côté de la fenêtre.
Mon attention est soudain retenue sur un édifice au loin. Une sorte de basilique qui me fait penser à la cathédrale Sainte-Sophie, à Kiev. Ses angles et arrondis ressemblent cependant aux battissent de Tchernihiv.
-C'est beau, je ne peux m'empêcher de dire à haute voix.
L'homme suit mon regard et me répond gaiement:
-C'est la Basilique du Sacré coeur que vous pouvez voir au loin. Et encore, ce n'est pas ce qu'il y a de plus beau dans Paris. Cette ville regorge de merveilles.
Mais c'est celle là qui me plait.
-Arrêtez-vous ici, je demande soudainement, sans réfléchir.
-Ici? Vous ne voulez pas que je vous emmène voir notre Dame de fer?
-Qui ça?
L'homme rigole doucement.
-La tour Eiffel. Ou non, j'ai mieux, une jeune femme comme vous, je peux vous déposer aux galeries Lafayette, cela regorge de boutiques en tous genres.
Je jette un coup d'oeil à mon short, puis à mes bottines cloutées.
-Non merci, ici, cela sera très bien.
Je rejoins les rues bondées, le regard toujours porté vers la Basilique. En passant devant les nombreux restaurants, je me dis que je pourrai essayer de trouver un travail dans la restauration. Je n'ai jamais travaillé dans ce domaine, mais je suis prête à apprendre. Mais pour le moment, je choisi de m'arrêter dans un petite café, le « Botak café ». La petite terrasse devant est déserte. Exactement ce qu'il me faut.
Quelques minutes plus tard, je m'assois à l'une des quelques chaises, mon regard perdu dans le vide. Je pose mon porte monnaie sur la table, mon sac sur la chaise voisine de la mienne, et bois une gorgée de café.
Tellement français. Et tellement bon, la liberté. Je ne cesse de retenir mon sourire en découvrant toutes les choses autour de moi.
J'aurai aimé joindre Lioudmila pour lui dire de ne pas s'inquiéter. Mais mon portable est resté à la demeure. Le risque d'autre localisée était trop grand. Le seul appareil électronique que j'ai emmené est mon Ipod, que je sors et allume. La musique retentit dans mes oreilles. Ma musique. La pulsation des basses, des sons électro me met à l'aise. Les rayons du soleil qui tapaient sur mon visage sont soudainement cachés.
J'ouvre mes yeux jusqu'à là fermés et découvre un individus qui se tient devant moi. Son sourire ne me dit rien qui n'aille.
-Je peux m'assoir? me demande-t-il avec un accent en désignant la chaise sur laquelle est posée mon sac.
-Cette chaise est prise, je réponds sèchement.
Alors qu'il perd son sourire, je me redresse, attentive. Ce serait trop beau que ce con s'éloigne. il continue lourdement tout en fixant ma poitrine:
-Je vais chercher une autre chaise.
-Non, je ne crois pas non, je le coupe.
L'homme réalise enfin que je ne suis pas intéressée. il me jette un dernier regard, lève ses mains devant lui comme pour s'innocenter et me nourrit gentiment.
-D'accord mademoiselle. D'accord.
Alors que j'attends qu'il s'éloigne, sur mes gardes, l'homme se pense légèrement et s'empare de mon porte monnaie.
Mon porte monnaie qui regroupe mes seules économies, soit environ deux milles euros.
-Attendez! Je hurle en récupérant mon sac et en courant derrière lui. Au vol!
Je traverse la route, furieuse et manque de me faire écraser. mon coeur loupe un battement alors que la voiture noire ma klaxonne. Mais pas le temps de ralentir, l'homme tourne à un coin de rue. Je me lance une nouvelle fois à sa poursuite tout en hurlant. Nous arrivons sur une rue bondée de gens.
-Au voleur, je hurle une nouvelle fois.
Pourtant, personne ne fait attention à moi. Quelques regards se tournent bien dans ma direction, mais pas une seule personne ne se décide à m'aider. L'homme continue son chemin alors que je joue des coudes pour passer. Je suis bonne en course, très bonne même. Mais je suis épuisée, et les passants ne font que me ralentir.
-Arrêtez-le! Je hurle, en vain, perdant espoir.
Alors que l'homme s'apprête à traverser une nouvelle fois, un autre homme le percute. Une main puissante s'empare de mon porte monnaie tout en repoussant le voleur. J'arrive près des deux hommes, essoufflée. je m'apprête à bondir sur le type qui a essayé de me voler, prête à le défigurer, mais il s'enfuit en courant.
-Espèce de lâche! Mudak! Podonok! je hurle ensuite en russe.
Les mots me manquent alors que je me tourne vers l'homme qui vient de m'aider. je n'attends pas une seconde, ne lui jette pas un regard et lui arrache mon porte monnaie des mains.
-Oula, doucement, sa voix s'impose calmement.
-Merci, je grogne en rangeant rageusement mon porte monnaie dans mon sac.
Mes yeux se relèvent enfin vers l'inconnu, que je découvre peu à peu. Un blond d'environ un mètre quatre-vingt se tient devant moi, attentif. Ses yeux marrons m'analysent de la tête au pied alors que je fais de même rapidement. Il n'est pas d'une beauté remarquable, mais il a du charme.
Bordel Abby, ne pense pas à cela maintenant, alors que tu a failli perdre la seule chance de t'en sortir!
Il tend une main halée vers moi:
-Je suis Baptiste.
-Enchantée Baptiste, je lui réponds toutefois sans tendre ma main en retour.
Il rigole d'un air gêné et plisse les yeux, un petite sourire en coin. Il croise ensuite ses bras sur sa large poitrine, dissimulée derrière un tee shirt gris.
-Es tu es?
-Hum, je suis Abby.
Je jette un coup d'oeil autour de moi, essayant de me retrouver. Merde, ou est-ce que je suis?!
-Je dois y aller, j'annonce en commençant à m' éloigner.
-Attends! Me crie Baptiste en réapparaissant à côté de moi. Je peux t'aider?
-Ça va aller, je secoue la tête.
-Tu as l'air perdue, et si j'en crois ton accent que j'entends, tu dois pas venir d'ici.
-Perspicace, je dis simplement, froidement.
-Alors si tu veux-
-Ecoute, Baptiste, je le coupe. Je n'ai pas envie de faire ami-amie avec qui que ce soit, ok? Alors que je te remercie, mais ça va aller.
Il ne me répond pas, garde son sourire et continue de m'analyser. Ses yeux se posent enfin sur le bout de mes cheveux blonds, tenté de bleu. Merde, il a l'air coriace. Il ne semble pas se vexer le moins du monde face à ma remarque.
-Tu veux peut-être que je t'indique le chemin?
-Heu, non, je finis par répondre une minute plus tard.
Je m'éloigne, et remarque qu'il reste à ma hauteur. C'est quoi son problème?
-Tu viens pour les études?
Je n'ai jamais été studieuse, après mon diplôme général en poche, je me suis toujours permis de m'éloigner assez de Sean pour pouvoir travailler dans l'univers musical, ce qui n'a jusqu'ici jamais aboutit.
Un rire sort de ma bouche. Ah si il savait.
-Pas vraiment non.
Je vois à sa tête qu'il veut en savoir plus. Sans doute me trouve-t-il charmante, bien que cela m'étonnerait. Mais je ne le connais ni d'Adam, ni d'Eve. Et je n'ai pas envie de le connaitre.
-Pourquoi est-ce que tu me suis? je lui demande ensuite. T'es une sorte de psychopathe?
Je m'arrête rapidement devant une autre sorte de café, la pancarte affichée devant stoppant mes pas. Elle indique qu'une serveuse ou serveur est recherché.
-Tu cherches un taffe? me demande Baptiste alors que je le regarde étrangement.
-Un taffe? Je répète, septique.
-Un travail quoi.
Je hoche simplement la tête et me tourne une nouvelle fois vers le café, puis hausse les épaules.
-C'est pas vraiment l'univers que je cherche, mais faut bien commencer quelque part.
-C'est quoi ton univers.
-Etre derrière les platines, je murmure pour moi même.
-Ah ouais? T'es de quel genre, electro, tout ça? C'est cool, c'est rare pour une fille.
Du coin de l'oeil je le vois Baptiste regarder sa montre.
-Je dois y aller. Ecoute, t'es mignonne, vraiment mignonne. Et je travaille dans un endroit où on cherche des filles comme toi.
-Des filles comme moi?
-T'as de quoi noter? me demande-t-il sans répondre à ma question.
Alors que je sors rapidement un morceau de feuille froissé et un stylo, Baptiste gribouille dessus quelque chose.
-Tu vas aller à cette adresse, et dire que tu viens de ma part.
-C'est quoi, cette adresse? Je demande en me penchant vers lui pour voir son écriture.
-L'un des meilleurs endroits de Paris mademoiselle, il m'annonce fièrement en bombant le torse. Impossible à atteindre si tu n'as pas les contacts pour, ou l'argent. Mais c'est ton jour de chance.
-Est qu'est-ce qu'ils proposent, comme travail?
Il jette un oeil à la pancarte derrière moi puis me répond.
-Bah, les serveuses mignonnes sont de rigueur, t'as une chance. Si c'est ça qui t'intéresse. Mais si t'es douée pour mixer, tu peux voir aussi. D'autres choses peuvent te plaire là bas, il me dit en souriant tout en regardant mes jambes, puis ma poitrine.
Je n'ai pas le temps de réfléchir, ou de lui répondre, qu'il me donne la feuille pliée et s'éloigne, décrochant son téléphone.
Qu'est-ce que je dois faire, là?
Suite dans le prochain chapitre
J'espère que Baptiste vous plait, dans le genre garçon borné, vous allez voir, il est pas mal. L'intrigue commence bientôt, n'oubliez pas de me donner votre avis.
Je voulais vous montrer un contexte général, mais je suis sure que le reste va vous plaire. Cette histoire sera sombres, et les personnes tout autant, vous connaissez mon gout pour le dark ;)
Love, Waka.
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