Ride in forest

Une fois arrivée chez moi, j'embrassai ma petite sœur assise sur le canapé devant la télé. Elle regardait son dessin animé préféré, celui dont le héros principal est un petit zèbre farceur. Après lui avoir posé des questions sur sa journée, je montai dans ma chambre et m'y enfermai à double tours. Je déposai mes affaires scolaires en tas sur mon lit et sortis un petit bloc note d'un des tiroirs de mon bureau. Je le feuilletai en regardant mes précédents dessins. J'avais pour habitude de dessiner mes pensées ou mes rêves lorsque je m'en rappelai. Je pris un de mes crayons de bois et commençai à dessiner pour oublier tous mes soucis du moment. Je mis en scène une forêt majestueuse avec des arbres atteignant des sommets vertigineux. Quelques coups de crayon me permirent de rajouter de la mousse, des feuilles volant dans les airs ou de petits bosquets de fleurs colorées. Je contemplai mon dessin. Il me faisait penser à la forêt où m'emmenait papi lorsque j'étais petite. Si mes souvenirs sont bon, c'était pour lui une sorte de jardin secret, je me souviens avoir été très flatté qu'il montre ce lieu à moi et à personne d'autre.
Ma sœur m'appela depuis le salon et me sortit par la même occasion de ma torpeur mélancolique.

Je descendis rapidement les escaliers. Ma sœur, toujours assise sur le canapé m'interpella à nouveau.

- Luna, j'ai faim! Dit-elle

Je la regardai et souris. Son petit air innocent lorsqu'elle demandait quelque chose ne changerait donc jamais? Lilou, ma sœur de neuf ans, me ressemble en miniature. Ses cheveux, quoi que plus court que les miens, sont tout aussi bruns. Elle a les yeux marrons foncés évoquant la couleur alléchante du chocolat contrairement à moi, qui suis plus proche de la couleur noisette. Nous avons toutes les deux une grand taille fine et élancé, nous donnant parfois un air un peu trop maigre. Avant, mon grand-père disait que c'était mon portrait miniature.

Je me dirigeai vers la cuisine et ouvris l'un des placards. Il était entièrement vide, mis à part deux sachets de spaghetti. Je soupirai... Nous n'allions pas pouvoir continuer à vivre ainsi éternellement...
Depuis la mort de mon grand-père, il y a deux semaines, nous étions orphelines moi et ma sœur. Mes parents sont morts dans le crash d'un avion lorsque j'avais onze ans. Ils se rendaient en voyage d'affaire en Turquie. Depuis ce terrible accident, j'ai une peur bleu du vide et je refuse de monter dans un avion. Même si celui-ci est à l'arrêt.
Quand mon tuteur légal, mon grand-père, est mort de vieillesse et nous a laissé seule, j'ai entamé un début de dépression. Je serai déjà en famille d'accueil si ma sœur ne m'avait pas rappeler que je n'avais pas le droit de tout laisser tomber. Je me suis donc remis, petit à petit du choc émotionnel. Je le devais.
Maintenant, c'est moi qui cuisine et m'occupe de la maison. Je sais que ça ne durera pas. Nous avons peut-être échappé aux problèmes jusqu'à maintenant, mais nous ne pourrons pas les fuir éternellement. Je n'ai que seize ans, je n'ai pas le droit de vivre seule.

Je fis bouillir de l'eau et y plongeai les pâtes. Je les ressortis une fois cuite et apporta une assiette à ma sœur. Nous mangeons notre repas en silence, captivé par la télé toujours allumé.

Une fois le repas terminé, je montai ma sœur et la couchai. Je retournai dans ma chambre et continuai mon dessin, l'agrémentant de petits détails.
Il était 22 heures quand j'entendis le gong familier de la sonnette. Je descendis en bas, espérant que le bruit n'est pas réveillé ma petite sœur. Je traversai le salon. Qui pouvait bien venir à cette heure? J'ouvris la porte d'entré et tombai nez à nez avec un grand monsieur. Je ne distinguai pas très bien son visage dans la pénombre mais j'étais sûre d'une chose: je ne le connaissais pas. Méfiante, je demandai:

- Oui?
- Vous êtes bien Luna Fox? demanda l'homme sans aucune forme de politesse
- Ou... Oui, c'est moi. Pourquoi? questionnai-je, apeuré

L'homme ne m'inspirais pas confiance. J'arrivais à distinguer un élégant costume noir, rehausser d'une cravate. Je ne savais pas pourquoi, mais sa présence m'inquiétais. J'avais un mauvais pressentiment.

- Je peux entrer? s'informa-t-il
- Euh... Non.

Ne prenant pas en compte ma réponse, il entra dans la maison. Je restai interdite. Il s'installa sur le canapé du salon et m'invita à m'assoir à mon tour, comme si l'étrangère ici, c'était moi.

- Bien, d'après mes informations, tu vis seule avec ta sœur, hors, tu le sais sûrement, c'est interdit. Il vous faut un tuteur. Tu n'as pas le droit de garder ta sœur.

Il sortit des papiers de sa poche et me les montra. Tremblante, je les saisis et commençai à les lire. C'était un acte prouvant mon interdiction de vivre seule avec ma sœur. Je le regardai à nouveau, espérant lire sur son visage une quelconque trace d'humour ou de blague. Rien.

- Et alors? Je suis quand même sa seule et unique famille, je ne vois pas pourquoi je n'aurai pas le droit de garder ma sœur avec moi.
- Mais Luna tu n'as que 16 ans et pas 18, l'as tu oublié?
- Non mais... Je sais mais... C'est ma sœur.... Je... Je suis sa seule famille, je ne veux pas la laisser! Que ferait-elle sans moi? argumentai-je en bégayant
- Elle ira en famille d'accueil, comme toi. Vous serez peut-être dans une même famille ou dans la cas contraire, tu pourrai toujours la voir les week-ends.
- Je..., commençai-je
- Tu n'as pas le choix Luna, me coupa-t-il. La police est déjà en route pour vous ramener dans un centre en attendant de vous trouvez une famille. 
- Je vais la chercher et nous allons faire nos bagages, me résignai-je

Tout en disant cette dernière phrase, je me levai du canapé et montai les escaliers. Je me dirigeai vers la chambre de ma petite sœur. Il était hors de question que je l'abandonne. J'entrai dans sa chambre et m'assis près d'elle. Je regardai sa bouille d'ange quelques instant et lui secouai légèrement l'épaule pour la réveiller. Je chuchotai:

- Lilou, il faut partir. Maintenant. Prépare deux ou trois affaires et rejoins moi dans ma chambre, j'étais presque sorti quand je rajoutai quelque chose, et grouille toi surtout!

Je sortis de la pièce et me dirigeai dans ma chambre. Je pris à sachets de chips et mon carnet à dessin et fourra le tout dans mon sac. J'ouvris la fenêtre de ma chambre en silence. Nous étions au rez de chaussé, il serait facile de sortir discrètement. Ma sœur me rejoignit et je la fis passer par la fenêtre en lui intimant le silence. Je me faufilai à mon tour entre les battants et me réceptionnai sur le sol. Je regardai Lilou.

- Prête?

Elle hocha la tête. Je pris sa petite main et nous nous sommes dirigées vers le bois au fond du jardin. La police arrivait à peine sur les lieux. Ma sœur ne comprenait pas ce qui se passait mais chaque fois qu'elle faisait mine de parler, je posai mon index sur mes lèvres. Nous nous frayèrent un chemin dans les arbres en courant.

Les buissons m'éraflaient les genoux et les bras. Ma sœur suivait difficilement mon rythme et je fus bientôt dans l'obligation de la porter sur mes épaules. Sitôt installée, elle s'endormit. Des bruits de pas se faisaient entendre derrière nous, présageant que la police avait commencé ses recherches. Je craignais qu'il nous repère avec le faisceau lumineux de leur lampe torche. Mon cœur battait à mille à l'heure, menaçant d'exploser. Je tremblai de toute par, pourtant il me fallait avancer. Je cherchai une solution miracle, mais mon cerveau était embué, comme si la peur avait paralysé mes neurones.
Les arbres me paraissaient sombres et effrayants dans la nuit noire. J'avais de la chance, c'était un soir de la pleine lune et j'étais éclairée par le doux reflets argentés de l'astre. Pour la première fois de ma vie, je priai. Je priai pour que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, un mauvais rêve que j'oublierai sitôt réveillée.

Pourtant, je ne me réveillai pas. Ce n'était pas un rêve. Je continuai à courir, m'épuisant de plus en plus. La fatigue me gagnait et je ne pourrai bientôt plus tenir le rythme. Déjà, je sentais que mes poursuivant me rattrapaient. Ils seraient bientôt là.
Avec un temps de retard, mon cerveau fut atteint par la montée d'adrénaline de ma course. Je réfléchis plus vite que jamais, analysant chaque arbre, chaque pierre, chaque buisson. Il devint vite évident que je ne pourrai pas les semer. Ma seule possibilité: grimper à un arbre.

Je m'enfonçai encore un peu dans la forêt et, au moment ou je repérais un arbre susceptible d'être grimper, je dérapai sur de la mousse. Je tombai tête en avant, m'éraflant les genoux et le menton. Ma sœur se réveilla en sursaut, regardant autour d'elle pour se repérer. Je frottai mes blessures et me relevai les jambes pantelante. Je repris mon souffle et indiquai l'arbre à ma sœur. Elle hocha la tête et commença son ascension. Pour elle, c'était simple: elle avait fait de l'escalade quand elle était petite. Pour moi, ce serait plus dur.

Quand ma sœur fut perchée, j'entamai ma propre montée. L'écorce glissait sous mes doigts et les prises était rares sur l'énorme tronc. Je parvins maladroitement jusqu'à une branche basse et m'arrêtai là, le souffle court. Un policier surgit d'entre les buissons et inspecta les lieux avec sa lampe torche. Je retins ma respiration.

Le faisceau lumineux balaya les lieux sans nous trouver. Le policier allait continuer ses recherches quand ma sœur, poussa un cri de surprise. Je leva la tête. Elle venait de glisser de sa branche et se retenait à celle-ci avec ses deux mains, les jambes basculant dans le vide. Le policier cria à ses collègues de venir et ils furent bientôt une dizaine à lever la tête vers nous.

Je regardai ma sœur qui tentait vainement de reprendre son équilibre sur une branche plus basse quand une de ses mains lâcha. Mes yeux s'agrandirent d'horreur. Une chute de cette hauteur pourrait la tuer! Ou du moins, la blesser à vie.

Sans réfléchir, lorsque sa deuxième main dérapa et que Lilou poussa un nouveau cri, je me jetai sur elle. Je réussis à la prendre dans mes bras juste avant l'impact avec le sol.  

Tout ce passa en quelques seconde seulement. Je percutai violemment le sol et une vive douleur m'empli partant de mon dos et de mon crâne se répandant dans tout mon être. Je vis trente-six chandelles. Et, lorsque ma vue se brouilla, juste avant de prononcer mon dernier souffle je réussis à articuler un simple mot.

- Lilou...

J'espère que tu me pardonneras...

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Voilà, c'est le texte réalisé avec JessyLounna pour un concours!

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