Pourquoi les bons moments passent-ils aussi vite ?

Lorsque je me réveille, vers six heures, je soupire bien malgré moi. Mais je me reprends très vite en songeant que dans moins d'un mois, Éline viendra me rejoindre à Bruxelles.

Je regarde alors ma fiancée, blottie contre moi : et si j'accélérai un peu les choses ?

Je prends mon smartphone et je lance alors une recherche via le net.

Les maisons à vendre ce n'est pas ce qu'il manque à Bruxelles. J'ai pas mal d'argent de côté étant donné que j'ai placé tous mes compléments de salaire que j'ai reçu pour mes missions à l'étranger mais également l'argent issu de l'héritage de mes grands-parents paternels que j'ai reçu il y a cinq ans après leur décès.

Bruxelles c'est clairement pas la ville la plus accessible financièrement pour un jeune couple qui veut s'installer mais parfois on peut tomber sur de superbes occasions.

Je surfe pendant une dizaine de minutes sur un site spécialisé et je m'arrête brusquement lorsqu'une photo attire mon attention.

Il s'agit d'une splendide villa de style fermette située à Woluwé Saint Lambert, exactement ce que je souhaiterai et le titre est très clair :

A vendre, disponibilité immédiate pour cause de divorce. Prix à discuter

Disponibilité immédiate, c'est parfait. Prix à discuter... vu la baraque...

Je consulte rapidement la fiche technique : cinq chambres, trois salles de bain, piscine intérieure, surface habitable de 560 mètres carrés et un jardin de 45 ares...

Ouhlà, c'est peut-être pas dans mes cordes ça...

Mais plus je regarde les photos plus je m'imagine déjà dans cette maison.

Ça doit chercher dans les 900 000 euros au moins. Même en additionnant l'argent de l'appart d'Éline, le mien et un prêt, ça va pas le faire.

Je vois cependant qu'il y a une adresse mail de contact et je décide d'envoyer un message pour connaître le prix. J'indique que je suis un futur enseignant de l'ERM et que la localisation de la maison me conviendrait parfaitement afin de m'y installer avec ma future femme.

Je dépose mon smartphone et je décide de ne rien dire à Éline.

Ma fiancée se réveille lentement : je ne peux m'empêcher de contempler son corps nu lorsque le drap glisse petit à petit à cause de ses mouvements.

Je soupire une nouvelle fois : je ne veux plus la quitter, je la veux près de moi tout le temps...

- Quelle tête ! Tu as l'air super emballé de me voir...

- Hein, quoi ? Mais...mais non ! Je réfléchissais c'est tout.

- Pas trop crevé de ta nuit ? Ton...engin se porte bien ?

- Petite effrontée ! Comme tu le vois, je vais très bien, parfaitement bien. Et je peux te le prouver si tu en doutes encore...

- Plus tard. J'ai faim.

Elle pose une main sur mon torse en un geste autoritaire et elle me fixe presque avec sévérité.

- Quoi, déjà ? Sérieusement, Éline, je vais finir par croire que...

- Bon Lieutenant Dalmans...Ah non Capitaine.

En fait c'est moche Capitaine.

- Bah merci.

- Bref. Capitaine Dalmans, sachez que si jamais vous avez réussi votre coup, je n'en sentirai les effets que dans trois ou quatre semaines, pas avant. Je ne doute pas de votre capacité exceptionnelle à réussir tout ce que vous entreprenez mais quand même !

- N'empêche, tu ne te plaignais jamais d'avoir faim le matin.

- La faute à qui ? j'ai fait plus d'exercice sur deux nuits et un jour que sur trois mois complets !

- Dis que ça te dérange...

- Ah mais pas du tout ! Mais je t'assure, j'ai faim.

- Oui oui ça va j'ai compris. Vous ne perdez rien pour attendre Mademoiselle Castellan !

- J'ai peur...

Éline se lève en rigolant et, elle s'habille si rapidement que je suis encore affalé dans le lit quand elle dévale les escaliers à toute vitesse.

Je l'entends ouvrir la porte dix minutes plus tard lorsqu'un employé de l'hôtel vient apporter notre petit déjeuner.

Le sourire aux lèvres, je m'habille à mon tour et je rejoins ma compagne qui termine d'installer la table.

- Ne mange quand même pas trop, n'oublie pas que je t'emmène au restaurant ce midi...

- Ah c'est pour ça la robe noire ?

- Oui, il y a un dress code qu'il faut absolument respecter. Rien de très strict mais bon, pas question de s'y rendre en baskets et pantalon de jogging.

- Et pourquoi cette robe en particulier ?

- Parce qu'elle te va magnifiquement bien et...

- Ça va, ça va, pas besoin de m'en dire plus. Ton regard parle pour toi. Bon, je dois me limiter ce matin alors ?

- Pas forcément. Je vais te faire dépenser toutes ces calories grâce à une longue promenade !

Le temps semble brusquement s'être accéléré. Alors que nous nous promenons dans la neige pendant plus de trois heures, j'ai le sentiment que cela dure à peine quelques minutes. Mais au moins le sourire d'Éline me réchauffe le cœur. Un peu avant de rentrer à l'hôtel pour nous changer nous débutons une bataille de boules de neige qui dégénère très vite et nous nous retrouvons tous les deux couchés dans la neige, pliés en deux à cause d'un fou rire qui ne nous quitte plus.

C'est cela qui est incroyable avec Éline : malgré le fait que nous approchons de la trentaine tous les deux, nous pouvons être très sérieux puis nous lâcher totalement et partager de fantastiques moments ensemble.

Je me sens si bien avec elle. Dire que...qu'elle est ma future femme à présent. J'ai hâte de l'annoncer à Greg et à Florian, j'ai tellement hâte !

Ah oui, merde, faudra quand même que j'en parle à Éline d'abord. Je veux qu'elle soit à mes côtés lorsque j'annoncerai la grande nouvelle à ma famille.

Et si j'attendais de pouvoir les surprendre avec une annonce à laquelle ils ne s'attendent évidemment pas ? Ouais ce serait bien ça.

- Toi...quand tu as cet air là sur la tronche c'est que tu prépares un mauvais coup !

Éline s'est relevée et elle m'observe attentivement. Je me remets debout à mon tour et je lui explique ce à quoi je pensais.

Elle n'est cependant pas du même avis que moi : elle préfère que mes frères sachent d'abord que nous allons nous marier.

- Je ne vais peut-être pas tomber enceinte tout de suite Romain. Certaines femmes doivent attendre plus d'un an avant que ça marche.

- Tu as raison. Et...minute...tu ne vas quand même pas faire exprès de ne pas...hum...pour avoir plus de nuits torrides hein ?

- Oh mon dieu mais tu es impossible toi ! Comment veux-tu si je ne prends plus ma pilule que je fasse en sorte de ne pas tomber enceinte ? Ohlàlà Romain mais comment tu es !

- Oh ça va hein, je demande c'est tout. Et au fait, on va faire comment quand...

- Stop, stop, stop Lieutenant Dalmans. On se calme, on respire un bon coup et on arrête de sortir des conneries ! Misère, c'est toi qui va me pourrir la vie pendant neuf mois finalement, ça ne va pas être le contraire !

Je devrai t'expédier en stage chez tes frangins pour avoir la paix je crois !

- Je m'étais fait à l'idée que...que nous devrions passer par l'adoption alors tu vois, ça...ça me stresse.

- Oh, à peine ! Je n'avais pas remarqué.

- Bon, arrête de dire des bêtises et viens. Sinon on sera en retard.

- Euh...tu oublies un peu que c'est toi qui as commencé !

Une demi-heure plus tard, nous sommes installés dans la salle du restaurant. Nous terminons l'entrée lorsque je reçois un mail. Je le lis rapidement et mon visage s'éclaire immédiatement.

J'explique alors à Éline ce que j'avais fait lorsque je m'étais réveillé et je l'informe que je viens de recevoir une réponse à ma question.

Le couple qui vend la maison, a besoin d'argent très vite et ils préfèrent brader le prix pour s'en débarrasser rapidement au lieu de rester plusieurs mois avec un bien qui ne trouve pas d'acquéreur. En fait, ils sont prêts à conclure la vente et céder leur demeure pour la moitié de sa valeur réelle afin de pouvoir terminer les formalités du divorce.

Dans ces conditions, cela change tout. J'ai cependant peur qu'Éline ne puisse apporter autant d'argent que moi et cela m'ennuie de lui demander quelle somme elle est prête à investir pour notre future demeure.

Elle me regarde en souriant :

- Et bien mon appart est relativement récent, il est très bien situé et là, je viens de voir que j'ai un acheteur potentiel qui semble assez...pressé.

- Et, hum...tu le vends combien alors ?

- 360 000 euros.

- Hein ?

- Il a coûté 100 000 de plus à mon père et il est très bien situé. Ce sont les prix du quartier où je vis tu sais.

- Ah.

En faisant rapidement les calculs, nous en concluons que nous n'avons même pas besoin de faire le moindre emprunt bancaire et que si nous le souhaitons nous pouvons acheter la maison que j'ai repéré tout de suite.

- Éline... je ne veux pas t'imposer quoi que ce soit. Si elle ne te plait pas, dis le moi et je chercherai autre chose.

- Tu plaisantes ? Je l'adore !

- Alors,...euh... ?

- Contacte tout de suite le vendeur et va faire une visite le plus rapidement possible.

- Tu veux bien ?

- Oui ! Surtout à ce prix-là. En plus si je vois bien sur la carte, nous ne serons pas loin du centre de Bruxelles sans en avoir les désagréments ?

- Oui. La situation est vraiment idéale.

- Alors tu attends quoi ?

Je regarde ma fiancée totalement éberlué. J'ai un peu de mal à réaliser qu'elle est d'accord et elle doit me répéter deux fois d'envoyer un nouveau mail aux propriétaires.

Nous discutons ensuite avec animation durant tout le dîner de nos projets d'aménagement. Je suis assez soulagé de constater qu'Éline a les mêmes goûts que moi et je sens que cela va être vraiment un truc de fou de nous installer dans cette maison.

Avant de quitter l'hôtel, j'avais demandé à pouvoir bénéficier du chalet jusqu'à 17h30, nous passons un peu plus de deux heures dans notre spa privé.

Éline a les yeux qui brillent lorsqu'elle meparle de ses idées pour notre futur « chez-nous » et moi,...je suis leplus heureux des hommes