8 décembre 2016 - Romain
Putain, si Greg ne m'avait pas retenu, je crois que j'aurais pu camper à l'aéroport.
J'avais passé la soirée à tenter d'annuler mon billet d'avion du 9 pour en dénicher un autre en last minute dans la soirée mais je n'avais pas réussi. A 2 heures du mat j'avais fini par dénicher une place sur un vol partant à 7h50 de Zaventem.
Je suis sur les nerfs. Et ce Loïc bordel, heureusement que ce con s'est fait chopé une heure plus tard pour avoir grillé un feu rouge parce que je crois bien que je l'aurais traqué dans tout Lyon et que je lui aurais défoncé la gueule sans aucun remord.
Mais merde quoi, il a foncé volontairement sur Éline ce connard !
Au moins, Jade m'a confirmé que le bracelet électronique lui avait été retiré et qu'il allait devoir continuer sa peine en prison. A cela s'ajoute la plainte que la mère d'Éline a déposé pour tentative d'homicide et moi, si je peux porter plainte également je le ferais.
Bref, à ses trois ans en tôle vont sans doute s'ajouter une ou deux années supplémentaires au minimum.
J'ai dormi deux heures. Je n'ai pas pu faire plus, je suis trop tendu. Kasja, la mère d'Éline a passé le début de la soirée à l'hôpital où ma compagne a dû rester une nuit en observation. Elle m'a appelé vers 17 heures hier en pleurs pour m'expliquer les circonstances de l'accident puis elle m'avait rassuré en me disant qu'Éline s'en sortait sans blessure grave. Une légère entorse à la cheville, un gros bleu à la tête et les mains égratignées par sa chute sur la route.
Le médecin la laissera sortir sans doute après sa visite du début d'après-midi sauf si ses maux de tête sont trop importants.
L'ascenseur étant en panne, je dévale quatre à quatre les deux étages et arrivé au rez-de chaussé je fonce littéralement dans Gaël qui m'interpelle immédiatement sans avoir remarqué qui lui était rentré dedans.
- Oh putain tu...Oh c'est toi.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre quoi que ce soit, je ramasse mon sac et je descends au garage.
Je perds quelques minutes à m'énerver sur la porte qui est une nouvelle fois coincée puis je sors en trombe sur la rue encore déserte à cette heure matinale.
Juste à la sortie d'autoroute pour l'aéroport je suis ralenti par un camion qui est renversé sur le flanc au beau milieu de la chaussée. Au bout de vingt minutes, voyant que la file de voitures devant moi ne bouge toujours pas, je commence à m'énerver et quand je vois passer une voiture de flics je les interpelle pour savoir si cela va encore durer longtemps car j'ai un avion à prendre. Juste à ce moment-là, les véhicules devant moi se remettent à avancer et je soupire de soulagement.
Lorsque j'arrive dans le hall des départs, je salue rapidement deux de mes collègues puis je me précipite vers le comptoir d'enregistrement. Je manque d'avoir une attaque quand l'hôtesse me dit qu'elle ne trouve aucune trace de ma réservation.
Je suis vraiment à deux doigts de péter un câble là.
Je lui montre la preuve du paiement et le mail de confirmation que j'avais la présence d'esprit d'imprimer et de prendre avec moi.
Mais cette cruche me fait non de la tête et me dit que ma réservation n'est pas valable.
Là c'est trop pour moi :
- Ecoutez, vous avez la réservation et la preuve de paiement. Ma compagne a été renversée par une voiture à Lyon, elle se trouve à l'hôpital, je dois la rejoindre immédiatement. Alors vous allez faire ce qu'il faut pour que je puisse prendre ce putain de vol !
Sans doute apeurée par mon ton agressif, je la vois faire discrètement un signe derrière moi. Je me retourne et je me retrouve face à face avec mes collègues.
- Un problème Romain ?
L'hôtesse me dévisage alors avec incompréhension en réalisant que je connais les deux militaires qu'elle a appelés.
- Et bien apparemment ma réservation de vol n'a pas été enregistrée. J'ai toutes les preuves mais ce n'est pas suffisant. Et je dois prendre ce vol absolument. Ma compagne est à l'hôpital et... ah bordel de merde fait chier !
- Le lieutenant Dalmans dans toute sa splendeur...
- Joris, je suis pas d'humeur là...
- Ouais ouais j'ai remarqué.
Entre temps l'hôtesse a été chercher une de ses collègues et comme par miracle, elles retrouvent à deux ma réservation et elles enregistrent mon bagage sans trop oser me regarder. Je salue mes collègues et je file vers le terminal.
Au moment de l'embarquement, deux personnes âgées font tout un foin parce qu'elles n'ont pas été appelées en premières alors qu'elles avaient soi-disant payé pour avoir un embarquement prioritaire. L'hôtesse doit leur expliquer qu'ils ont payé pour être dans les rangées qui sont appelées en premier et non pour entrer eux les premiers dans l'avion.
Ça ne leur plaît pas aux deux ptits vieux et ils exigent de parler à un responsable. Du coup, la procédure d'embarquement est suspendu le temps que tout soit réglé à l'amiable.
Après ce qui me semble être une éternité je me retrouve enfin assis à ma place et je tapote nerveusement mes mains sur mes genoux.
Quand le commandant de bord nous annonce que notre vol est retardé de dix minutes je pousse un juron qui fait sursauter mon voisin qui me dévisage d'un air scandalisé. En retour il a droit à mon regard le plus noir.
Cela a le mérite de le dissuader d'engager la conversation avec moi et cela tombe bien, je n'en ai pas la moindre envie.
Pour une fois, lorsque nous atterrissons à Lyon, je suis le premier à me lever et je trépigne d'impatience derrière les passagers qui n'avancent pas assez vite à mon goût.
Au moins, il ne me faut que quelques minutes pour récupérer mon sac puis je me précipite dehors pour trouver un taxi.
Je grimpe dans le premier disponible et dans un souffle je donne l'adresse au chauffeur :
- Hôpital de la Croix Rousse, 103 Grande Rue de la Croix-Rousse.
Celui-ci me fait un petit signe de tête et nous partons immédiatement.
Après une demi-heure de trajet, le taxi s'arrête devant l'hôpital. Je le paie puis je sors précipitamment du véhicule. Lorsque j'entre dans le bâtiment, je me rends compte que, con comme je suis, j'ai oublié de demander à Jade le numéro de la chambre d'Éline. Je me présente à l'accueil, je sors ma carte d'identité militaire et je la montre à la dame qui est assise face à moi.
- Lieutenant Romain Dalmans de l'armée belge. Je viens voir ma compagne, Éline Castellan, qui a été admise ici hier soir après avoir été renversée par une voiture.
A mon avis, la préposée ne doit pas avoir vu beaucoup de militaires dans sa vie parce qu'elle me regarde avec des yeux ronds. Elle finit par se rendre compte de son attitude puis elle tapote rapidement sur son ordinateur pour m'indiquer l'étage et le numéro de chambre d'Éline.
Il est pratiquement 10h30 lorsque je frappe doucement à la porte de la chambre. Avec une certaine appréhension j'entre dans la pièce et je suis soulagé lorsque je vois que ma compagne est assise dans son lit et qu'elle discute avec Jade. Cette dernière lui donne un coup de coude dès qu'elle m'aperçoit. Éline se retourne mais je ne lui laisse pas le temps de se lever. Je me précipite sur elle et je l'embrasse furieusement.
- Putain mon cœur ne me fait plus une peur pareille ! J'ai cru que j'allais devenir fou !
- Je vais vous laisser les amoureux. Éline ma belle, tu m'appelles dès que tu es rentrée ok ? Romain, je te la confie.
Je souris à Jade et lorsqu'elle a quitté la chambre, j'enlace Éline plus fermement encore et je l'embrasse à nouveau avec ardeur.
Je lui demande de m'expliquer ce qu'il s'était passé la veille. Elle m'explique l'alarme incendie et l'évacuation de l'école puis cette voiture qui avait foncé droit sur elle alors qu'elle se trouvait sur le passage pour piéton.
- Je te jure que si je le revois celui-là, je...
- Il ne risque pas de sortir de prison avant un bon moment maintenant.
- Y a intérêt oui ! Merde, il voulait te tuer !
Je regarde ensuite Éline avec un petit sourire puis je lui dis :
- Je devrais presque le remercier ce cinglé.
- Ah bon, pourquoi ?
- Parce que je suis là avec toi. Alors que je ne devais arriver que demain. Bon, je n'avais pas prévu de te revoir dans une chambre d'hôpital mais...bordel qu'est-ce que ça fait du bien de t'avoir dans mes bras !
- Romain...
Éline me regarde à présent avec une petite moue gênée :
- Je suis vraiment désolée pour...la photo. Je...
- Je ne veux plus en parler. Je sais que tu me fais confiance. Oh, attends.
Je prends mon smartphone et en voyant que c'est l'ERM qui m'appelle je décroche immédiatement. Le réseau n'étant pas bon dans la chambre, je fais signe à Éline que je vais aller dans le couloir pour mieux entendre ce que la personne du service du personnel me dit.
J'avoue que j'expédie un peu la conversation tant j'ai encore du mal à me remettre de mes émotions. Sans y faire vraiment attention j'ai marché dans le long couloir de l'étage où se trouve Éline et je me trouve à présent complètement à l'opposé. Lorsque je raccroche, je me dirige rapidement vers sa chambre et je laisse ma main sur la porte lorsque j'entends dans la pièce des voix que je ne connais pas.
Je m'avance lentement puis deux femmes se tournent simultanément vers moi et elles me dévisagent des pieds à la tête. Éline est devenue rouge écarlate et je suppose qu'il s'agit de deux de ses collègues à qui elle n'avait pas encore parlé de mon existence.
D'une toute petite voix elle leur dit alors :
- Hum...Christelle, Sandrine, je...je vous présente Romain, mon...petit ami.
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Plus de peur que de mal....ça va on respire tout le monde ? MDR
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