8 décembre 2016 - Éline
Je n'imaginais pas que Romain pourrait trouver un billet d'avion comme ça en quelques heures. Mais à force de le côtoyer, je me doutais bien qu'il aurait été incapable d'attendre jusqu'à demain pour venir me rejoindre tranquillement. J'imagine ce qu'il a dû ressentir lorsque ma mère l'a appelé hier soir et je me le représente parfaitement dans son appartement, tournant en rond comme un chien fou. Je ne sais pas s'il a croisé des collègues hier soir mais je suis certaine que si c'est le cas ils ont dû en prendre pour leur grade. Florian m'avait envoyé un message ce matin qui avait eu le don de me faire sourire : il me prévenait que l'ouragan Romain était annoncé sur Lyon, qu'il était vraisemblablement passé en catégorie 5 et qu'il allait tout dévaster sur son passage.
C'est une manière particulière de voir les choses mais finalement....pas si éloignée que ça de la réalité.
Sauf qu'à présent l'ouragan s'est transformé en...bah je ne sais pas en quoi d'ailleurs. Ah si, le Lieutenant Dalmans a retrouvé son costume d'homme sûr de lui, surprotecteur, possessif et jaloux car il salue mes deux collègues qui le regardent toujours totalement ébahies, il s'installe à côté de moi et il me serre tout contre lui.
Et moi, je rougis bêtement tout en le dévisageant. Je n'avais pas prévu qu'il rencontrerait mes collègues et je ne sais pas trop comment leur expliquer les circonstances de notre rencontre. Comme il est habillé en civil, elles ne peuvent pas savoir qu'il est militaire et je me demande comment faire pour leur présenter les choses.
Romain remarque mon trouble car c'est lui qui prend la parole rapidement.
- Vous êtes sans doute des collègues d'Éline ?
- Oui. Je suis Christelle et voici Sandrine. Elle...elle ne nous avait rien dit, nous n'étions pas au courant !
- Nous sommes en couple depuis peu de temps bien que...bien que nous nous connaissons depuis le mois de mars.
- Mars ? Mais ?
Mes deux collègues me fixent sans comprendre et Romain enchaîne très vite :
- Je suis militaire dans l'armée belge. Je me trouvais à l'aéroport le jour des attentats et...j'ai pu faire en sorte qu'Éline ne soit que légèrement blessée.
- Oh mon dieu Éline, mais tu ne nous avais jamais dit que tu étais là-bas à ce moment-là !
Je regarde Christelle avec un petit sourire gêné :
- Je n'arrivais pas à en parler c'était...c'était trop dur et je voulais juste...oublier. Et puis Romain est parti en Afghanistan et...je n'ai plus eu de nouvelles de lui pendant deux mois.
- Ce qu'elle ne dit pas c'est que j'ai été porté disparu et sérieusement blessé pendant une opération. Nous nous sommes seulement retrouvés mi-octobre lors de mon retour en Belgique.
Romain me caresse doucement les cheveux et je sais qu'il pense comme moi à ces longues semaines où il n'avait pu me donner signe de vie.
Je vois bien que mes collègues essaient d'assimiler les informations que nous leur avons données. Je suis certaine qu'elles ne doivent pas comprendre grand-chose mais je n'ai pas envie de m'étendre plus aujourd'hui. J'ai mal à la tête et j'attends avec impatience le feu vert du médecin pour enfin rentrer chez moi.
Au moins, elles comprennent qu'après la frayeur que nous venons de vivre, Romain et moi nous souhaitons un peu d'intimité.
- Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps. Tu ne reviens pas avant mercredi c'est ça ?
- Oui. J'ai un certificat médical.
- Il faut bien cela. Repose-toi, on assurera tes surveillances de lundi.
- Merci les filles.
Le regard de Christelle s'attarde sur Romain. Oooooh je sais parfaitement à quoi elle pense. Je vois même une petite pointe de jalousie dans ses yeux.
J'imagine déjà les commentaires à mon retour à l'école...
Et je peux dire adieu à ma tranquillité car les connaissant elles vont m'assaillir de questions à longueur de journée.
Je sais bien qu'un jour ou l'autre je n'y aurais pas coupé de toute façon mais j'aurais aimé que ce soit moins rapide. Finalement Romain aurait peut-être bien raison, c'est que je deviens possessive moi...
- A quoi penses-tu ?
La voix rauque de mon beau militaire me fait sortir de mes pensées :
- A toi.
- C'était laquelle des deux celle qui fantasme sur les militaires ?
- Je suis certaine que tu le sais...
Mon homme n'a pas le temps de répliquer car le médecin revient dans la chambre avec un papier à la main. Il m'explique que je peux rentrer chez moi mais que je dois impérativement être accompagnée et que je dois signer la décharge. Comme j'ai évité la commotion je fais un signe de tête. Je déteste les hôpitaux, je préfère être chez moi avec mon compagnon.
Romain est également de cet avis et il est ravi de pouvoir partir. Je téléphone à ma mère pour lui demander de venir nous chercher et elle arrive quinze minutes plus tard.
Elle embrasse chaleureusement Romain puis elle me serre dans ses bras. Nous ne nous attardons pas sur le parking de l'hôpital et nous arrivons assez vite chez moi.
Ma mère, qui s'est toujours comportée comme une vraie maman poule avec moi refuse d'entrer avec nous et avant même que je puisse insister elle est déjà repartie.
Lorsque je dépose mon sac dans le hall d'entrée de mon appart je me tourne vers Romain :
- J'ai...j'ai dit quelque chose de mal ? Pourquoi est-elle partie comme ça ?
- Elle voulait nous laisser seuls.
- Oh.
Je repense alors à la conversation que j'avais eue avec elle à mon retour de Bruxelles. Ma mère veut que j'aille vivre avec Romain, Jade me pousse à quitter Lyon également. Et lui...il va finir par ne plus vouloir partir de chez moi à cause de ce crétin de Loïc.
Tandis que Romain prépare le repas pour nous deux, je reste assise dans le divan de mon salon et je réfléchis.
- Ça ne va pas ?
Je relève la tête et je constate que Romain se tient devant moi le visage anxieux.
- Hum...si,...si ça va.
- Oh non. Je connais ce regard. Je sais qu'il y a quelque chose qui te tracasse. Éline...s'il te plait...
Je détourne le regard, incapable de lui exprimer tout haut mes pensées. Puis je me lève et je vais m'installer à table.
Nous mangeons en silence mais à la fin du repas, Romain vient près de moi et il me prend les mains :
- J'ai parlé avec ta mère il y a quelques jours. J'en peux plus de vivre loin de toi et je...
- Elle me pousse depuis deux semaines à...démissionner. Et Jade s'y met aussi.
- Mais ?
- Je t'aime Romain, n'en doute pas. Mais j'ai besoin d'y réfléchir sereinement. C'est dur aussi pour moi de...d'être ici à Lyon et de te savoir aussi loin de moi mais je...mes racines sont ici et j'ai besoin d'un peu de temps. Je ne peux pas quitter mon boulot comme ça et je ne veux pas...dépendre de toi.
Non, s'il te plait ne dit rien.
Je veux juste que...que tu me laisses un peu de temps.
- D'accord. Je comprends. Je vais être honnête avec toi Éline : j'aimerais qu'on vive ensemble toi et moi. C'est totalement dingue, on...on s'est à peine retrouvés il y a un mois et demi mais...c'est toi que je veux. Chaque fois qu'on se quitte c'est comme si je repartais en mission et j'en peux plus. Je suis prêt à attendre mais...pas trop longtemps, la patience c'est pas vraiment mon point fort. Ce qu'il s'est passé avec Axana, je ne veux plus que ça se reproduise. Elle est capable d'instaurer le doute entre nous et ça...
- Je te promets que je vais y réfléchir. Là je suis en pleine période d'examens et...
Ma mère dit que je me pose trop de questions.
- Je trouve aussi.
- Arrête c'est pas drôle. Tu sais, avec mes ex, je...je n'ai jamais rien envisagé avec eux. Je veux dire.... Vivre ensemble, fonder une famille...tout ça. Alors qu'avec toi c'est tout le contraire et je...ça m'effraie un peu.
Un peu déstabilisée par le regard de Romain, je me lève de table et je fais quelques pas vers le salon. Il me suit et il m'enlace tendrement tout en m'embrassant délicatement dans le cou.
- Il y a tellement de trucs qui ne vont pas autour de nous en ce moment. Je comprends que...que tu as peur.
Je ne vais pas te cacher que je suis soulagé de savoir que l'autre connard va rester en tôle pour un bon bout de temps. Parce que je crois que je serais resté ici si ça n'avait pas été le cas.
- Je sais. Je suis désolée Romain, je...tu ne m'en veux pas ?
- Quoi ? Non, bien sûr que non. Je ne veux pas te forcer et je veux que tu prennes le temps. Je veux que ta décision soit vraiment la tienne et que tu ne la prennes pas juste pour faire plaisir à ta mère ou à moi. Je me sens déjà super emmerdé à cause de mon job de...
Je sens qu'il est mal à l'aise à cause de cela car il sait parfaitement que je n'ai pas le choix si je veux vivre avec lui.
Je mets lentement un doigt sur ses lèvres pour l'empêcher de continuer. Je ne veux pas poursuivre cette discussion parce que je sais qu'elle risque de raviver certaines tensions.
Nous passons l'après-midi et le début de soirée étroitement enlacés dans le divan à discuter de tout et de rien tout en zappant à la recherche d'un film ou d'un programme sympa à la télé.
Vers 21 heures, voyant que je somnole par à-coup, Romain m'embrasse tendrement puis il me soulève dans ses bras et il m'emmène dans ma chambre.
- Hum....le médecin a dit que je devais me reposer alors...ne me regardez pas comme ça Lieutenant Dalmans !
- Mais je ne pensais pas....Mais non, je voulais juste....je ne peux même plus m'allonger à côté de toi ?
Il me regarde avec une petite moue boudeuse. Il est tellement craquant comme ça !
- Oh mais si tu peux ! Tu tombes toujours dans le panneau c'est trop marrant.
- Parle pour toi ! Je peux me comporter en homme civilisé de temps en temps tu sais !
Blottie dans les bras de mon compagnon, je netarde pas à m'endormir. Avant de sombrer totalement, je songe qu'il va falloirque je prenne rapidement une décision au risque que Romain ne finisse pardouter de moi.
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