25 décembre 2016 - Romain (1ère partie)

Je vois bien qu'elle est triste. Depuis que nous sommes sortis de la piscine, Éline reste silencieuse et je sais parfaitement à quoi elle pense. Lorsque je lui ai avoué que je ne pouvais pas avoir d'enfant naturellement, elle n'avait pas cessé de me rassurer alors que je doutais réellement de la mériter. A présent les rôles se sont inversés. Depuis hier elle n'arrête pas de s'excuser pour tous les problèmes qu'elle apporte à ma famille et ça ne me plait pas du tout de la voir ainsi.

Au moins, j'ai une semaine complète devant moi pour lui prouver qu'elle a tort.

Après avoir mangé, nous faisons la vaisselle en silence puis, comprenant qu'Éline va tenter de s'esquiver, je la soulève dans mes bras pour l'assoir ensuite sur le dressoir en chêne dans la cuisine.

- Regarde-moi au lieu d'essayer de t'enfuir.

- Je ne voulais pas m'enfuir !

- A peine. Éline...je veux que tu arrêtes de penser que c'est toi la source des conflits dans ma famille parce que c'est faux. Mon père est le seul responsable. Donc, je ne veux plus t'entendre dire ce genre de bêtises. Flo et Grégoire te le confirmeront au cas où tu en douterais vraiment.

Éline me dévisage avec un petit sourire gêné mais elle ne dit rien. Elle pose ses bras sur mes épaules et instinctivement je me rapproche d'elle. Avec ses jambes nouées autour de mes hanches, il ne m'en faut pas plus pour m'enflammer.

- Heureusement que j'ai dit aux enfants de rester dehors moi ! Sérieusement, vous êtes en train de faire des cochonneries dans la cuisine ? Vous êtes en manque à ce point-là ou quoi ?

Comme si j'avais reçu une décharge électrique, je m'éloigne brusquement d'Éline et je me tourne vers Florian qui vient de faire son entrée dans la salle à manger et qui nous dévisage d'un air taquin.

- Et au lieu de rester là à me regarder comme si j'étais un fantôme, ça te dirait de venir me donner un coup de main pour décharger la voiture petit frère ?

Je dois sans toute être aussi rouge qu'Éline. Putain il fallait qu'il nous surprenne dans un moment pareil celui-là ! D'accord il a raison, si mes neveux et nièces m'avaient vu, j'imagine même pas les questions qu'ils m'auraient posé !

Je m'approche donc de mon frangin en lui lançant un regard noir puis je le suis à l'extérieur non sans m'être retourné une fois vers Éline qui n'ose absolument pas tourner la tête vers Florian.

Dehors, c'est un peu le bordel.

Niels et Aymeric se disputent un sac dans lequel ils ont rangé quelques jeux et Malia tente de filer en douce avec sa cousine qui n'a que trois ans, vers la prairie située à l'arrière du gite mais elle se fait repérer par Myriam et elle fond en larmes lorsque sa maman la gronde.

Puis toute cette charmante petite troupe accourt vers moi en poussant des cris stridents.

- Tonton ! Chouette tu es là ! Tu pourras demander à papa de me laisser rouler en vélo dans le champ ? Il ne veut pas il dit que c'est trop dangereux avec le gel.

- Et il a parfaitement raison Niels. Tu commences à peine à rouler correctement sans tes petites roues.

- T'es même pas marrant. Je croyais que tu étais mon copain !

- Mais je le suis. Seulement ton papa sait que si tu vas rouler là-bas tu risques de te faire très mal. Et je ne pourrais plus jouer avec toi si tu te blesses.

En ronchonnant, Niels rentre alors dans la maison en criant que je ne suis plus son copain.

Et bien, il est encore de bonne humeur mon filleul à ce que je vois !

- Déjà une dispute entre vous deux ?

Grégoire s'approche de moi en souriant et je hausse les épaules.

- Il croyait que moi j'allais l'autoriser à dévaler la colline avec son vélo.

- Ha, je comprends pourquoi il est parti en râlant. Il n'avait que ça à la bouche dans la voiture. Et...c'est quoi cette histoire avec le meuble de la cuisine ? J'ai pas vraiment compris ce que Flo me disait vu que Malia a encore décidé de réveiller tout le coin avec ses hurlements...

- Ha...hum...rien. Rien du tout.

- T'es sûr ? Parce que tu tires une drôle de tête.

- Ouais, ouais c'est rien.

- Vous deux parfois j'ai vraiment du mal à vous suivre.

En soupirant, j'aide Grégoire à amener les bagages à l'intérieur de la maison. Je remarque très vite qu'Éline est assise dans l'un des divans du salon avec sur les genoux, Margot, la fille de Florian et Annelise. Ma nièce frotte ses yeux et je suppose qu'elle aussi a eu droit aux remontrances de sa maman.

Je m'arrête un instant pour contempler cette scène qui me prend vraiment aux tripes : à cet instant précis, je n'ai jamais autant désiré pouvoir fonder une famille avec la femme que j'aime.

Nos regards se croisent un instant et je sais que nous songeons à la même chose. Ses yeux se voilent de tristesse et je suis heureux de l'arrivée d'Annelise qui me permet d'emmener Éline un peu à l'écart.

Elle se blottit dans mes bras et pendant quelques minutes nous restons ainsi sans rien dire. Ce n'est pas vraiment le moment d'avoir une discussion entre nous sur notre désir d'avoir des enfants car j'entends du chahut non loin de nous mais je lui chuchote à l'oreille avant d'aller rejoindre le reste de la troupe que dès ce soir, lorsque nous serons seuls dans notre chambre, je lui propose de me dire ce qu'elle envisage comme solution et que je suivrai son choix.

Nous regagnons le salon puis j'aide mes frères à monter les sacs de tout le monde à l'étage. Ensuite les enfants, qui sont déjà venus plusieurs fois ici, réclament un passage à la piscine. Florian tente de négocier un moment mais devant les cinq petits monstres, il abdique rapidement. Je ne peux m'empêcher de le taquiner tandis que nous nous rendons dans les vestiaires :

- Jolie autorité pour un militaire.

- Ta gueule Romain. On verra quand ce sera ton tour...

Merde, c'était peut-être pas le bon truc à dire finalement.

- Tiens...le para n'a pas l'air très confiant d'un coup...T'as peur de pas savoir assurer ?

- N'importe quoi.

- Tu sais quoi, j'ai une excellente idée. Je vous confie, à Éline et toi, Liam et Margot pour la semaine. Ça vous fera de l'entraînement et moi ça me fera des vacances.

Je lève les yeux au ciel. Il va vraiment pas me lâcher celui-là...

Annelise et Myriam s'occupent des enfants tandis que Greg, Flo, Éline et moi nous sommes les premiers à entrer dans la piscine.

Ma compagne va vraiment nous prendre pour des cinglés mais nous ne pouvons nous empêcher de réaliser notre petit rituel : sauter tous les trois en même temps dans l'eau pour éclabousser un maximum tous ceux qui se trouvent autour de nous. En l'occurrence, nous attendons que les enfants arrivent avec Myriam et Annelise et nous sautons tous les trois en éclatant de rire en entendant leurs cris de protestation.

- Mais vous avez quel âge sérieusement ?

Myriam nous regarde tous les trois d'un air exaspéré. Puis elle s'approche d'Éline avec Malia et je vois ma compagne se pencher vers ma nièce en lui chuchotant quelque chose à l'oreille.

Hum...je crois bien que je vais devoir me méfier moi...

Mais finalement nos trois femmes décident de nous ignorer complètement et elles s'occupent des enfants de mes frangins. Éline nage doucement avec Malia et je vois qu'elles ne cessent de se lancer des regards complices.

Je me sens terriblement coupable en l'observant puis je repense à cette maudite soirée d'hier. Plus jamais je ne laisserai mon père l'approcher. Et Axana...dès que je rentre à Bruxelles je m'occupe de son cas. Elle va en chier cette salope. Oh que oui.

Un ballon lancé sur ma tête me fait sursauter et Niels me regarde en se tordant de rire. Je plonge alors rapidement vers lui : il tente de s'échapper mais je suis plus rapide que lui. Je le soulève facilement et je le jette dans l'eau. Lorsqu'il remontre à la surface, il m'éclabousse en tapant violemment dans l'eau avec ses pieds sous le regard amusé de sa maman.

Très vite, les garçons se rassemblent et nous nous lançons le ballon à tour de rôle. Les filles de leur côté se regroupent autour de Margot qui reste sagement assise sur l'escalier. Elle adore l'eau mais elle n'a que trois ans et vu le chahut que nous faisons, elle préfère rester prudemment à une distance raisonnable.

Au bout d'une demi-heure, Grégoire, Florian et moi nous nous asseyons sur le bord de la piscine tandis que Niels et Aymeric vont chercher quelques jeux dans une petite armoire. Je vois alors Éline sortir de l'eau avec Malia et elles rejoignent les garçons en rigolant toutes les deux.

Je ne fais plus attention à elles car je discute avec mes frères du programme de la semaine et je suis incapable de réagir lorsque je sens que je suis vigoureusement poussé vers l'avant. Tout comme Greg et Flo, je tombe à l'eau et quand je me retourne pour comprendre ce qu'il vient de se passer, je vois Éline, Malia et Niels nous dévisager d'un air très satisfait.

Annelise, qui observe la scène de loin nous dit en rigolant :

- On se demande bien où ils vont chercher des idées pareilles...

Au bout d'une heure et demie, Malia demande à Greg si elle peut aller se rhabiller car elle commence à avoir froid. Nous en profitons pour sortir toute la troupe de l'eau car Margot, qui est sortie depuis longtemps et qui dormait sur un transat bien emmitouflé dans une serviette de bain, réclame son goûter.

Pour bien connaitre mes neveux et nièces je sais que lorsqu'ils disent qu'ils ont faim, nous n'avons pas vraiment intérêt à les faire attendre ! 


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Installation de toute la fratrie Dalmans dans le gite. Elles ne serons sans doute pas de tout repos ces vacances ;-) 

Pour vous rassurer, je prévois qques chapitres un peu plus calme ;-) 

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