24 décembre 2016 - Romain (1ère partie)

Alors là, si mon père ne trouve pas Éline assez bien pour moi, je ne vois vraiment pas ce qu'elle pourrait faire d'autre.

Elle est canon. A tel point que j'ai juste envie de lui retirer sa robe et....

Non, non, non c'est pas le moment de fantasmer sur ce qu'elle peut bien porter la dessous.

Oh, je crois bien que je vais écourter cette putain de réception moi !

Lorsqu'Éline s'avance vers moi, je me lève d'un bond de mon divan pour la détailler des pieds à la tête.

Elle m'observe également un peu timidement puis elle effleure lentement mon nœud papillon.

- C'est tellement étrange de te voir comme ça.

- T'inquiète, ça ne risque pas de m'arriver souvent. Je déteste ça.

- Pourtant, comme dirait Jade, tu es à tomber.

- Et toi alors ! Tu es...merde mais comment je vais faire pour empêcher toute cette bande de vieux pervers et leurs rejetons de te mater, de te...

Éline pose un doigt sur mes lèvres.

- Taisez-vous Lieutenant Dalmans. Ils n'ont aucune chance contre toi. Le seul homme qui m'intéresse c'est toi. Et je te le prouverai dès que nous serons rentrés. Mais à présent nous ferions bien de partir sinon nous allons vraiment être en retard.

Ma compagne me regarde avec un petit sourire en coin : elle effleure négligemment mon épaule puis elle laisse courir ses doigts sur mon torse et s'arrête au niveau de la ceinture de mon pantalon. Ensuite, elle s'écarte de moi pour se diriger rapidement vers la porte d'entrée de mon appart tandis que je reste en plan dans le salon, à ressasser ma frustration.

Sérieusement ? Elle a vraiment osé me chauffer alors que nous sommes sur le point de partir ?

Mademoiselle Castellan, vous allez le regretter, je vous le promets !

- Éline, c'est pas du jeu ! Tu ne peux pas me laisser comme ça !

- Mais bien sûr que je peux ! Ah mais je vois, au garde à vous soldat hein ?

- Ça va, rigole. On verra bien tout à l'heure !

Je m'écroule dans le divan en maugréant.

- Je vous entends Lieutenant. Arrêtez de râler ça ne sert à rien.

Elle me cherche là mais c'est pas possible ?

En feignant d'être très en colère je m'approche lentement d'elle, tel un fauve prêt à bondir sur sa proie. Mais Éline me connait bien, elle sait parfaitement que je ne suis pas capable de garder mon sérieux face à elle tandis qu'elle...il lui suffit de me fixer un bref instant pour que je perde mes moyens et que j'éclate de rire.

- Bon, Monsieur le militaire, on peut y aller ?

- Oui Madame.

Éline fait une moue assez bizarre lorsqu'elle entend la manière dont je viens de l'appeler. Elle n'imagine même pas à quel point j'ai hâte que cela devienne la réalité, que nous soyons mari et femme, que je puisse la présenter comme étant Madame Dalmans mon épouse,...

Je dois laisser transparaître mes émotions sur mon visage car Éline pose doucement une main sur mon épaule et elle me fixe avec inquiétude.

- Romain ? Est-ce que ça va ?

- Hum...Quoi ?

Oh...oui, oui ça va. Je...je songeais juste à un truc...

Mais... on va y aller, sinon on va être en retard.

- Ça ne fait jamais que dix minutes que je te le dis...

Dans ma voiture, je ne cesse de jeter des regards furtifs sur Éline. Mon Dieu je suis fou d'elle....

J'espère vraiment que tout se passera bien ce soir et j'espère que mon père nous fichera la paix. Je me demande s'il pense sincèrement que je vais venir seul.

S'il n'a toujours pas compris que j'ai des projets sérieux pour Éline et moi, il va très vite le comprendre ce soir.

Jamais jusqu'à présent je n'étais venu accompagné. Pas même avec Sofia. Parce que cette réception est on ne peut plus officielle : il n'est pas question de venir ici avec une conquête d'un soir parce que tout le monde vous regarde, tout le monde scrute le moindre de vos gestes surtout si vous vous pointez avec une personne inconnue de l'assemblée.

Alors ce soir, tous les amis de mon père et mes collègues verront que j'ai enfin sauté le pas, que la jeune femme que je vais leur présenter n'est pas n'importe qui pour moi et que notre relation est vraiment très sérieuse.

Mal à l'aise dans mon costume je me tortille à plusieurs reprises sur mon siège pendant que je conduits. Bordel j'ai l'impression de ressembler à un pingouin dans Mary Poppins !

Lorsque nous arrivons sur l'Avenue Louise, là où se trouve le très chic hôtel Steigenberger Wiltcher's où se déroule la réception, mes mains se crispent sur mon volant.

J'ai envie de faire demi-tour, j'ai envie de me barrer, de me retrouver chez moi juste avec Éline et de passer une soirée tranquille rien qu'elle et moi. Mais je ne peux pas me montrer aussi égoïste. Tous mes supérieurs seront présents, je n'ai pas le droit de me défiler sinon je vais en prendre pour mon grade.

Je tourne lentement vers l'entrée de l'hôtel où trois voituriers sont chargés de conduire tous les véhicules des invités vers le parking Stéphanie-Louise tout proche.

L'un d'entre eux ouvre la portière du côté d'Éline puis il s'empresse de venir prendre ma place. Je rejoins rapidement ma compagne et avant d'entrer dans l'hôtel, nous sommes interpelés par Manu qui attend un peu plus loin.

- Je suis heureux de voir que tu es venu en charmante compagnie mon pote.

- Tu es tout seul ?

- Oui, Caroline est malade. Elle n'arrête pas de vomir, tout ce qu'elle mange repasse aussitôt. Dire que lorsqu'elle était enceinte d'Alizée ça ne lui est jamais arrivé une seule fois ! Et tu sais ce qu'elle a osé me dire avant que je ne parte ?

- Tu me fais peur...

- Elle a dit que que c'était sûrement un garçon pour être aussi emmerdeur que son père !

- Vous ne savez pas encore si c'est une fille ou un garçon ?

- Non. C'est encore trop tôt. J'espère le savoir lors de la prochaine écho dans trois semaines. J'appréhende de ne me retrouver qu'avec des filles à la maison. Tu imagines le calvaire ?

J'espère en tout cas pour toi qu'Éline ne sera pas aussi malade que Caroline parce que je te jure c'est galère. En plus, elle qui est toujours calme, là...elle me pique une crise pour tout et n'importe quoi.

J'ai du mal à ne pas m'enfuir en courant et à éviter le regard d'Éline. Bien entendu, nous savons tous les deux que nous ne vivrons jamais cela et entendre Manu nous parler de son expérience, aussi désagréable soit-elle, c'est dur, très dur. Heureusement, un de nos collègues vient nous chercher pour nous conduire dans la salle de réception et je me sens légèrement soulagé.

Nous allons devoir discuter de tout cela Éline et moi car un jour, nous ne pourrons plus esquiver les questions de nos proches.

Bien malgré moi je suis assez impressionné par le faste déployé par l'hôtel pour nous accueillir. Nous ne risquons pas d'oublier que nous sommes dans un palace cinq étoiles mais tous ces serveurs hyper guindés et apprêtés autour de nous ça m'énerve. Je préfèrerais encore me retrouver à Marche-les-Dames pour le count-down.

Éline laisse son manteau au vestiaire puis nous nous dirigeons vers la vaste salle qui va accueillir la réception.

A l'entrée, je retrouve avec plaisir Joris, l'un de mes collègues qui patrouille régulièrement à Zaventem.

- Alors, calmé mon Lieutenant ?

Je grimace légèrement et Éline me dévisage avec étonnement. Je la présente rapidement à Joris qui engage immédiatement la conversation avec elle.

- Vous l'auriez vu devant le comptoir d'enregistrement. Les deux hôtesses étaient prêtes à fondre en larmes. Et lui,...je me demande encore comment il a fait pour ne pas tout démolir sur son passage ! C'est qu'il était à deux doigts de braquer un avion pour arriver plus vite à Lyon. Il ne nous a même pas salué, nous avons juste eu droit à un vague grognement en guise d'au-revoir.

Je manque de m'étrangler en entendant Joris évoquer ma mésaventure à l'aéroport trois semaines plus tôt mais Éline, manifestement, trouve cela très drôle. Elle discute joyeusement avec Joris pendant que je la regarde à moitié ébahi avec Manu.

- Genre...elle t'a mis un vent non ?

- Ta gueule Manu.

- Ou alors,...tu as peur que ton camarade ne cherche à lui mettre le grappin dessus ? Ouais ouais t'as la trouille mon gars.

- Jamais de la vie ! J'ai confiance en elle.

- Bah alors arrête de regarder Joris comme ça on dirait que tu veux l'assassiner.

L'arrivée de mes frangins me permet d'entraîner Éline un peu plus à l'écart. Evidemment Manu s'empresse de leur dire qu'ils doivent me garder à l'œil pour que je ne fasse pas de bêtise.

Ok, c'est parfait, ils se sont tous donné le mot pour se foutre de ma gueule. Oh que cette soirée va être longue...

Pris d'une inspiration soudaine, je demande à Manu s'il sera à notre table. Celui-ci ne peut me répondre mais il me dit qu'il y a de fortes chances pour que je doive le supporter pendant tout le repas.

Il me donne une grande tape dans le dos et il s'en va saluer d'autres invités.

Au moins Éline semble parfaitement détendue et quand je la vois glisser quelques mots à l'oreille de Florian, je me dis que je dois vraiment tous les surveiller de près.

Je n'ai pas encore regardé sur le plan où nous sommes placés, je m'apprête à le faire lorsque j'entends la voix grave et sévère de mon père derrière moi. Je me retourne lentement pour lui faire face et je tente de le fixer avec tout le mépris dont je suis capable.

En guise de bienvenue mon père me sermonne comme un gamin :

- Que faisais-tu ? Je t'attends depuis plus de vingt minutes. Le général-major Daems souhaite te parler.

- Il a une fille de mon âge qu'il souhaite me présenter ?

Je n'ai pas pu me retenir c'est plus fort que moi. Mon père se retient de faire une remarque mais je vois qu'il est furieux.

- Tu vas me faire le plaisir de te comporter comme un véritable officier de l'armée belge. Le général-major a un service à te demander.

- Pourquoi ? C'est Flo qui fait partie de la composante Air, pas moi.

- Ne discute pas Romain. Et je vois que tu as cru bon passer outre mes ordres...Cette fille n'a pas sa place dans notre famille. Comment as-tu osé l'amener ici ?

Je vais exploser. Je vais vraiment finir par lui foutre mon poing dans la gueule. Non mais comment il me parle ? Ses ordres ? Il est retraité et n'a jamais fait partie du même bataillon que moi, il se prend pour qui ?

Je suis prêt à lui sortir une réponse cinglante lorsque le général-major Daems arrive à nos côtés.

- Lieutenant Dalmans, quelle joie de vous voir parmi nous !

- Général-major. Comment allez-vous ?

- Oh et bien je profite de ma retraite. Gisèle et moi n'avons sans doute jamais autant voyagé mais c'est très plaisant. Et puis nous pouvons enfin nous occuper de nos petits-enfants.

Ah non c'est pas vrai, tout le monde s'est donné le mot ce soir ? Lui aussi va me parler de gamins ?

- Mais venez Romain, allons-nous assoir, j'ai plusieurs choses à vous demander.

En grimaçant, j'essaie de me tourner vers Éline mais elle est en grande conversation avec Florian. Tant pis, je ne peux pas envoyer le général sur les roses, je la rejoindrai plus tard en espérant qu'elle ne m'en veuille pas. 

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