19 octobre 2016 - Romain (3ème partie)

J'essaie de me tenir le plus droit possible. Je mesure 1m83 mais mon père qui a deux centimètres de plus que moi me semble à cet instant bien plus imposant et il me toise sévèrement.

Bon, clairement, c'est pas gagné.

D'une voix pas vraiment très assurée, je lui présente Éline et mon père se contente de lui serrer brièvement la main sans même prendre le temps de la regarder.

D'accord, ça aussi c'est très clair : mon père ne veut pas d'Éline parmi nous. Sauf que cette fois il va devoir faire avec ce que moi j'ai décidé et s'il n'a pas compris l'importance qu'elle avait dans ma vie tant pis pour lui. Je n'ai plus l'intention de me laisser faire, je ne suis plus le petit garçon qui lui obéissait sans dire un mot de peur qu'il me prenne mes jouets ou me punisse sévèrement.

Je décide alors, en voyant qu'Éline est de plus en plus pâle, de prendre mon père à l'écart pour mettre les choses au point avec lui.

J'embrasse doucement Éline et je lui fais comprendre qu'elle peut aller vers Greg et Florian. D'un geste sec je montre à mon père un coin de la cafétéria un peu plus loin. Il fait un signe de tête et nous partons tous les deux. Je me retourne un bref instant et je vois que Flo a pris Éline dans ses bras sous le regard ému de ma mère.

- C'était quoi ça ?

Je ne cache même pas ma rage envers mon père. Son attitude envers Éline qui est déjà bien bouleversée par nos retrouvailles, m'a vraiment mis hors de moi.

- Qui est-elle Romain ?

- Il faudra que tu t'habitues à la voir à mes côtés à présent. Que ça te plaise ou non.

- Je te repose la question : qui est-elle ?

- La femme qui partage ma vie.

- Sa famille...

- Ils ne sont pas militaires et j'en ai rien à foutre.

- Romain, tu...

- Non c'est toi qui va m'écouter. Tu as intérêt à t'y faire rapidement. J'ai 28 ans, j'en ai marre d'être célibataire. J'ai trouvé celle avec qui je veux vivre et tu n'as pas intérêt à me faire un coup tordu. Éline a beaucoup souffert ces derniers mois et je veux qu'elle soit heureuse.

- Ai-je au moins le droit de savoir où tu l'as rencontrée ?

- Je lui ai sauvé la vie à l'aéroport. Le 22 mars.

- Tu fais une erreur Romain. C'est elle qui t'a incité à poser ta candidature pour l'Ecole ?

- Non je l'ai décidé tout seul.

- Tu vas le regretter. Tu es fait pour le terrain, pour...

- Non, toi tu étais fait pour cela. Pas moi. Je suis fatigué des missions, je suis fatigué de patrouiller dans les rues. C'est ma vie, pas la tienne. Je n'ai pas envie d'avoir la même carrière que toi et...le poste de Général, je m'en moque. J'en ai assez que tu veuilles à tout prix contrôler ma vie et je...

- C'est pour ton bien !

- Arrête papa ! Je sais parfaitement ce que je veux et tu ne me feras pas changer d'avis. Je veux pouvoir profiter de mes enfants et de ma famille plus tard, j'ai pas envie de passer l'essentiel de ma carrière loin de mon pays, à risquer ma vie à chaque minute. Je veux être présent pour mes proches et pas continuellement absent comme tu l'étais toi. Ma carrière passera toujours après, que ça te plaise ou non.

Je m'apprête à le laisser en plan pour ruminer mes paroles mais je le regarde une dernière fois avant de quitter la salle :

- Je te jure que si tu fais quoi que ce soit à Éline, je ne réponds plus de rien.

Ce n'est pas dans mes habitudes de menacer mon père ou n'importe qui. Mais là, je le sens mal. Je connais mon père et ce regard, ce regard qu'il a pour le moment me fait peur.

Je me dépêche de retrouver les autres membres de ma famille et je prends immédiatement Éline contre moi :

- On y va. On a assez traîné ici.

- Son sac est dans ma voiture Romain.

- OK.

Ma mère s'approche alors d'Éline et moi et avec un air attristé elle nous dit :

- Je suis désolée qu'il le prenne aussi mal, mais vous avez notre soutien à tous. Remember, wathever happens...

- Je sais. Thanks Mom.

- Nous avons fait les courses pour vous deux avec Myriam. Tu as de quoi tenir le reste de la semaine.

- Tu...vous allez passer à l'appart ?

- Demain après-midi si tu veux. Vous avez surtout besoin de vous retrouver seuls Éline et toi. Tes frères et moi nous pouvons attendre.

Je souris à ma mère. Je l'adore. Je me demande toujours comment elle fait pour supporter le caractère exécrable de son mari. Elle est trop gentille, je lui ai déjà dit je ne sais combien de fois. Mais elle sera un précieux soutien pour moi, pour Éline. J'espère que mon père finira par l'écouter.

Je saisis mon sac pour le remettre sur mon épaule puis de ma main libre j'empoigne fermement le bras d'Éline pour la mener à l'extérieur. Au passage je lance un regard noir à Gaël qui continue toujours de la reluquer et vraiment pas de la manière la plus discrète qui soit. Toi mon gars si tu n'arrêtes pas ça tout de suite, ça va aller mal...

Je le vois finalement détourner la tête mais je note mentalement de le surveiller, surtout qu'il habite dans le même immeuble que moi.

Il ne touchera pas à ma jolie Éline, ça, c'est hors de question.

Lorsque nous arrivons sur le parking, j'entends Grégoire et Flo qui discutent à voix basse derrière moi

- Il est flippant quand même...

- Il est amoureux.

- C'est pire que ça !

Je me retourne vers eux avec un léger sourire sur les lèvres.

- Je vous ai entendu les gars.

- Rassure-nous, t'as quand même l'intention de la laisser respirer hein ?

- Tu te fous de ma gueule Flo ?

- Je n'oserais pas ! Dis,...on aura quand même le droit de l'approcher ta femme ? Et de parler avec elle ?

- Et tu as fait quoi pendant que j'étais pas là ?

- Ha non, c'est Greg qui était en contact avec elle pas moi. Non mais sérieusement, t'as pas l'intention de te barricader chez toi ?

- Et toi, t'as pas l'intention d'arrêter de sortir des conneries ?

Florian fait mine d'être catastrophé et il se tourne vers Éline qui nous observe avec un petit sourire embarrassé :

- Je te souhaite bon courage avec lui...

Puis, il se tourne à nouveau vers moi tandis que Grégoire ramène le sac d'Éline :

- Soyez quand même sympas pour les voisins cette nuit...

- Aaaaah mais je vais le tuer lui !

Myriam, Annelise, ma mère, Flo et Greg embrassent rapidement Éline puis je l'entraîne vers ma voiture que Florian a eu la gentillesse de me ramener.

J'avoue j'aime pas qu'on touche à ma bagnole mais bon, j'avais pas trop envie d'aller à patte jusque chez moi, surtout après avoir vécu une mission aussi éprouvante.

Eline observe un instant mon coupé BMW gris quasiment neuf et elle se tourne vers moi avec un petit air moqueur sur la figure.

- Frimeur en plus ?

Je lève les yeux au ciel en feignant d'être exaspéré puis je lui demande de s'installer sur le siège passager tandis que je balance nos sacs dans le coffre.

- Et tu as quand même de la place pour mettre tes affaires dans ce machin ?

- C'est pas un machin ! C'est une BMW Série 6 Coupé F13.

- Blablabla. J'y connais rien en voiture alors tu pourrais me raconter n'importe quoi ça n'y changerait rien !

- Nan mais c'est pas possible, tout le monde s'est donné le mot pour me rendre cinglé aujourd'hui ?

Je me précipite vers Éline qui n'a pas bougé d'un pouce afin de pouvoir m'observer et je la prends dans mes bras pour l'embrasser passionnément.

- Mais toi,...tu es pardonnée.

- Ah quand même !

- Allez on y va. J'ai pas envie de traîner dans les parages.

Pendant le court trajet jusqu'à mon appart, nous restons silencieux. Régulièrement je pose ma main sur la jambe d'Éline et nos doigts se mêlent alors brièvement.

Lorsque nous arrivons devant l'immeuble où je vis, je me sens enfin libre et bien plus détendu.



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J'ai eu du mal à trouver des photos de Theo James avec des expressions qui pouvaient correspondre aux moments décrits mais j'aimais bien ces photos alors je vous les mets ;-) 

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