19 octobre 2016 - Romain (2ème partie)

Elle est là, à l'écart de la foule, elle semble totalement perdue et je vois des larmes qui coulent le long de ses joues. Oh putain elle est encore plus belle que dans mes souvenirs.

Mes jambes tremblent et mes pieds semblent être littéralement collés au sol. Je suis incapable de bouger, de faire le moindre mouvement et je me noie totalement dans le regard ensorcelant d'Éline.

Elle me fixe également sans bouger et je la vois serrer les poings.

J'entends alors Gaël, l'un de mes collègues célibataires, dire qu'il va aller à sa rencontre. C'est suffisant pour me faire réagir. Non mec, cette fille est à moi, rien qu'à moi.

Je m'avance alors d'un pas rapide à travers la foule, bousculant une dizaine de personnes au passage mais limite je m'en moque. Il n'y a plus qu'elle, juste elle.

Lorsque je ne suis plus qu'à deux mètres d'elle, je m'arrête brusquement pour la contempler à nouveau de tout mon soul.

- Éline...

Elle esquisse un petit sourire et frotte maladroitement ses larmes. Sentant que je suis à deux doigts de pleurer moi-aussi, je me précipite alors sur elle, j'attrape son visage entre mes mains et je l'embrasse furieusement tandis qu'elle noue ses bras autour de mon cou. Autour de nous, je distingue quelques sifflements, quelques exclamations de surprise mais je ne m'en préoccupe absolument pas. Au moins c'est clair pour tout le monde, Éline est à moi.

Lorsque je m'écarte lentement d'elle, je sens que je vais vraiment craquer. Sans dire un mot, je lui prends doucement la main et je sors de la cafétéria pour me rendre à l'écart de la foule, dans un couloir adjacent où il n'y a absolument personne.

Lorsque je suis certain que nous sommes seuls et que personne ne viendra nous déranger, je la prends dans mes bras et je commence à pleurer. Eline se blotti contre moi et aux tremblements de son corps je sais qu'elle sanglote également.

Nous restons là, sans bouger, sans parler, pendant de très longues minutes.

Ce que je ressens à ce moment-là c'est...indescriptible. J'ai cru mourir bordel, j'ai cru que jamais je ne reverrai Éline.

J'arrive petit à petit à me calmer, les muscles de mon corps se relâchent doucement et j'approche lentement ma main du visage d'Éline pour tourner sa tête vers moi.

Je l'embrasse à nouveau, mais cette fois, bien plus délicatement. Je ne veux pas la brusquer mais je ne peux plus me retenir non plus. Je sens qu'elle tremble contre moi et lentement j'approfondis notre baiser. Je sens qu'Éline a posé ses mains dans le bas de mon dos et à mon tour je frissonne. Mon corps n'est plus qu'un immense brasier et notre étreinte devient plus passionnée. Je suis presque surpris qu'Éline réponde avec autant d'ardeur à mon baiser et avant de perdre totalement le contrôle, je m'écarte d'elle presque à regret.

Je n'ai pas besoin de lui dire ce que je veux, enfin, ce que je veux plus tard car ce n'est ni le lieu ni le moment, mais je crois que c'était assez explicite.

Front contre front, nos respirations haletantes finissent par retrouver un rythme plus calme et avant que quelqu'un ne vienne interrompre ce moment, je plonge mon regard dans celui d'Éline :

- Je t'aime comme un fou. Tu n'imagines pas à quel point je...Merde, je ne veux plus te quitter Éline. Jamais. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Je tâcherai d'oublier qu'à notre première rencontre tu avais le visage en sang et qu'ensuite tu as vomi sur mes chaussures mais...

Éline me regarde en souriant et elle me donne une petite tape sur l'épaule. Je suis tellement soulagé de la retrouver enfin que je retrouve petit à petit l'envie de la taquiner encore et encore.

- Lieutenant Dalmans...

C'était une chose de lire les mails d'Éline et encore une autre de l'entendre par Skype mais là, face à moi, avec sa manière si particulière de me regarder, je craque complètement. Merde, elle me rend dingue !

- Tu me rends dingue à me parler comme ça !

- Et toi alors !

Éline noue une nouvelle fois ses bras autour de mon cou tandis que de mes mains fermement agrippées à sa taille, je la rapproche au plus près de moi.

- Je t'aime Romain.

Les yeux brillants, je dévisage Éline comme si c'était la première fois que je la voyais. Elle fait une petite moue boudeuse et elle me dit :

- Mais arrête de me regarder comme ça, je vais...

- C'est déjà fait.

- Oooooh vous êtes impossibles Monsieur Dalmans.

- Et vous, vous êtes adorable Mademoiselle Castellan.

Le bruit de plusieurs conversations nous fait sursauter. Je suppose que les familles commencent à quitter l'aéroport petit à petit.

Mon sourire se fige instantanément en songeant à ceux qui nous attendent sans doute impatiemment dans la cafétéria.

- Merde...

- Il va falloir...y aller ?

- Oui. Si on veut éviter que mon père ne lance un avis de disparition...

- Comment va-t-il réagit à ton avis ?

- Et bien...étant donné qu'il est le seul à ne pas te connaître... Greg a dit à Manu que tu avais parlé à ma mère ?

- Oui, à plusieurs reprises par téléphone. Et Grégoire m'appelait en général tous les deux jours.

- Éline...tu...tu repars quand ?

- Je n'ai pas encore acheté mon billet de retour.

- Ah...

- Par contre, il faudra que...que je me trouve un hôtel pour...pour dormir et je...

- Hors de question.

- Quoi ?

- Tu vas venir chez moi et cette nuit, et toutes celles qui suivront jusqu'à ton départ, tu les passeras dans mon lit, avec moi.

- Hey...arrêtez de me donner des ordres Lieutenant Dalmans, je ne suis pas un de vos soldats moi !

- Tu as...vraiment pensé à aller à l'hôtel ? Tu...tu doutais de moi, de... ?

- Quoi ? Non, je...

- Je n'ai pas osé. Avant de partir en Afghanistan. J'ai eu peur que...que si je t'avouais que j'étais tombé amoureux de toi, que...que tu me repousses. J'ai eu peur de perdre cette complicité qui débutait entre nous.

- Si tu savais le nombre de mails que j'ai commencé à écrire et que je ne t'ai jamais envoyé...J'ai l'impression que nous sommes pareils toi et moi...

Et si ça peut vous rassurer Lieutenant, j'accepte votre invitation. Ou plutôt, j'obéis à vos ordres.

Je souris puis je retrouve mon air grave. Doucement je fais comprendre à Éline qu'il est temps pour nous d'aller officialiser notre relation auprès de mon cher paternel et quand je la vois qui se crispe, je la serre contre moi en la rassurant du mieux que je peux.

Lorsque nous sommes de retour dans la cafétéria, Manu se précipite vers nous, un grand sourire sur le visage.

- Et bien, je croyais que je ne ferais jamais la connaissance de la jolie Éline...

- Manu...

Je regarde mon ami en fronçant les sourcils mais celui-ci continue sa tirade.

- Si vous saviez comme il m'a cassé les oreilles à votre sujet...Mais je suis heureux que tout s'arrange pour vous deux.

Sur le ton de la confidence, il me dit alors :

- Le Colonel est déjà au courant ? Enfin, je veux dire, vu que personne n'a loupé vos retrouvailles, tu lui as déjà parlé ?

- Non...

- Ah...Bon courage. N'oublie pas Romain, tes frères, ils te soutiennent. Et moi aussi.

- Je sais...

En tenant toujours fermement Éline par la taille, je me dirige alors très lentement vers mes parents et mes frangins qui n'ont pas bougé d'un pouce.

Je vois immédiatement que mon père est furieux. Génial, ça commence bien.

Je me tourne instinctivement vers Éline et je grimace quand je vois que son visage, si coloré il y a encore quelques instants, est devenu très pâle.

Je lui presse la main doucement pour lui faire comprendre que je suis là, près d'elle et que je ne l'abandonnerai pas.


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