18 novembre 2016 - Romain (1ère partie)


Je ne me suis jamais senti aussi bien. D'accord, j'ai l'impression d'avoir couru un marathon et j'avoue qu'il m'a fallu au moins cinq bonnes minutes pour retrouver une respiration normale mais...waouh...

J'attire Éline contre moi et lorsque nos regards se croisent, je comprends immédiatement qu'il y a un problème.

- Éline ?

- J'ai...il faut que je te parle de quelque chose.

Je me redresse lentement en prenant appui sur mon coude et j'attends avec inquiétude ce que ma compagne a à me dire.

- Je crois que Loïc ne t'a pas pris au sérieux.

Cette fois je me relève complètement, toute sensation de bien-être m'ayant définitivement fui à l'évocation de ce connard.

Le regard dur, le corps tendu à l'extrême, j'essaie de contrôler tant bien que mal la rage qui me saisit en entendant les mots d'Éline.

- S'il t'a touché une nouvelle fois, je te jure que je vais lui exploser la cervelle à ce con !

- Non, non en fait...je ne sais même pas si c'est lui.

- Hein ?

- La semaine dernière, j'ai reçu des appels d'un numéro masqué. Au début je décrochais, j'avais beau demander qui me téléphonait, je n'avais aucune réponse, j'entendais juste la personne respirer assez fort. Après je n'ai plus répondu mais ça m'a mis très mal à l'aise.

Je suppose que Loïc voulait me faire peur. Si c'est le cas, il a réussi. J'ai presque cru qu'il était dans le coin pour m'observer. Je recevais des appels systématiquement le matin avant que je ne parte et le soir quand je rentrais du boulot. Jamais entre les deux.

- Tu en as parlé à la police ?

- Non, je...je me suis dit que je me faisais des films.

- Tu as eu combien d'appels ?

- Hum...environs une dizaine...par jour.

- QUOI ? Éline, ça s'appelle du harcèlement ça ! Mais pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

- Je...je ne sais pas. Et puis, un numéro masqué, si ça se trouve c'est une carte prépayée et la police ne pourra rien faire.

- Ecoute-moi : je veux que tu portes plainte si ça recommence et je veux que tu m'en parles. Ne me dit pas que tu avais peur que...que je t'en veuille ?

- Non, ce n'est pas ça. Je...je ne voulais pas que tu te tracasses inutilement à mon sujet.

- Éline,...tu fais partie de ma vie, alors...quand je ne suis pas avec toi, surtout quand je ne suis pas avec toi, je m'inquiète pour toi. Et tu ne pourras pas changer ça.

Mon cœur...s'il te plait...je ne veux pas que tu aies peur de me parler de quoi que ce soit. Tout ce que je désire c'est que tu te sentes bien. D'accord ?

Elle me fait une petite moue gênée puis elle s'allonge à nouveau contre moi. J'essaie de ne pas lui montrer que je suis préoccupé car cette histoire d'appels multiples ne me plaît pas du tout.

Comme j'avais promis à mes frangins de sortir pour fêter mon engagement à l'ERM, j'avais prévenu Éline il y a quelques jours tout en lui précisant qu'il n'était pas nécessaire d'emmener avec elle une tenue de soirée. Le bar où nous avons l'habitude de nous rendre, mes collègues, mes frères et moi, est un endroit cool, où la tenue décontractée est de rigueur. Enfin,...décontractée,...il faut quand même que ce soit décent naturellement.

Il est un peu plus de 18h30 lorsque nous y arrivons Éline et moi. Comme l'endroit fait aussi brasserie et que je n'ai pas envie de bouffer gastronomique, Flo, Grégoire et moi nous avons convenu que nous mangerions sur place. La cuisine est simple mais efficace. Nous connaissons le patron depuis des années et je sais qu'il est très strict sur la qualité des plats qu'il propose à ses clients. L'AFSCA pourrait faire une descente dans son établissement je sais qu'ils ne trouveraient rien à redire.

Michel, le proprio nous accueille avec un grand sourire :

- La fratrie Dalmans au grand complet ? Y aurait-il un évènement particulier ?

- Romain va aller faire souffrir les ptits nouveaux de l'ERM.

- Non ? Les pauvres...

Et...au fait, qui est cette charmante personne ?

Comme à mon habitude lorsque je vais quelque part avec Éline, j'ai toujours mon bras étroitement noué autour de sa taille. Je m'apprête à répondre mais Florian me devance et il fait un petit clin d'œil à notre ami.

- C'est Éline, sa femme. Enfin,... non, sa copine, ils ne sont pas mariés. Pas encore. Mais ça va venir. Enfin,...je suppose ! Et un conseil Michel, fait attention à toi, il mord quand on s'approche trop près d'elle.

Je fusille mon frère du regard mais Michel éclate de rire et il se tourne vers moi :

- Je suis au courant pour vos retrouvailles à Melsbroek. Il parait que ce n'est pas passé inaperçu.

Je suis ravie de faire votre connaissance mademoiselle et j'espère que vous passerez une excellente soirée.

Greg, je vous ai réservé votre table habituelle. Vous souhaitez manger à quelle heure ? J'ai pas mal de réservations ce soir donc si vous ne voulez pas trop attendre...

Mon frère aîné, après nous avoir demandé notre avis, demande à Michel de pouvoir être servi vers 19h30. Nous aurons ainsi largement le temps de profiter de l'apéro.

Peu désireux de me laisser marcher sur les pieds, je provoque Florian dès que nous sommes assis :

- A force de dire à tout le monde que je suis agressif, tu vas finir par me faire une sale réputation. Tu as oublié le temps où TOI tu sautais sur tout le monde dès qu'on approchait Annelise de trop près. Tu perds la mémoire on dirait...

- Moi j'y mettais le style au moins. Toi...tu fonces dans le tas comme un bourrin. Ça m'étonne que personne n'a encore pris de coups...

Je regarde un bref instant Éline car nous avons convenu de ne pas parler de notre rencontre fortuite avec Loïc à Lyon et je dévie la conversation rapidement.

Nous plaisantons de tout et de rien jusqu'à ce que nous passions à l'étage, là où Michel a installé les tables de sa brasserie.

Éline ne connaît pas bien la gastronomie belge et je ne peux me retenir de sourire lorsqu'elle me demande ce que c'est le chicon. Il est vrai qu'en Belgique nous avons certaines particularités dans notre manière de parler qui nous a déjà valu quelques incompréhensions et quelques fous rires entre Éline et moi.

Je suis heureux de voir que ma compagne s'entend à merveille avec mes frères et leurs épouses. Je sais que nous aurons besoin d'eux pour faire comprendre à mon père que notre relation est très sérieuse et si nous formons un bloc soudé ce sera bien plus facile.

Après avoir bien mangé, nous redescendons vers le bar qui se transforme petit à petit en boite de nuit. Il est encore tôt, à peine 21 heures, mais comme la majorité des clients sont des militaires, dont certains assument toujours des missions de surveillance sur le terrain, ils sont rares ceux qui traînent sur place au-delà d'1 heure du matin.

Je fais partie de ces gars qui n'apprécient pas trop de se trémousser sur la piste de danse des heures durant donc, quand Myriam, Annelise et Éline se lèvent pour rejoindre ceux qui sont déjà en train de se déhancher comme des dingues, je refuse de les accompagner tout en précisant à ma compagne qu'elle profite justement de passer un petit moment agréable juste entre filles.

Bon, j'aurais peut-être dû lui préciser que je n'allais pas la lâcher des yeux mais ça, je pense qu'elle le sait déjà. Et mes frères aussi.

- Ça t'arrive de respirer normalement quand elle s'éloigne de toi ?

- Hein ?

- Romain...détends-toi mon vieux. Il ne va rien lui arriver, elle n'est pas toute seule et nous ne sommes qu'à quelques mètres.

Je ronchonne entre mes dents :

- Je sais. Mais c'est plus fort que moi.

- Maintenant que nous sommes entre nous, on peut savoir comment tu envisages les prochains mois ?

- Qu'est-ce que tu veux dire Flo ?

- Oh ça va Romain fait pas l'innocent ça ne te vas pas du tout. Si tu veux qu'on t'aide, autant qu'on sache un peu vers quoi tu te diriges.

- Tu en as déjà parlé avec maman et tu as évoqué le sujet devant moi la semaine dernière donc tu dois le savoir non ?

- Mais je préfèrerais te l'entendre dire tu vois...

- Je veux faire ma vie avec elle. Voilà, tu es content ?

- J'aime bien quand tu prends ce regard-là, on dirait que tu vas me bouffer ou me sauter dessus...

Allez viens, j'ai soif on va aller se chercher un truc et reprendre des cocktails pour nos femmes.

Tout en me levant, je jette un regard vers Éline qui, manifestement, s'amuse comme une folle avec Annelise et Myriam. Je m'approche du bar central avec Florian pour passer une nouvelle commande quand mon regard est attiré par un mec appuyé nonchalamment contre un mur et qui ne perd pas une miette des mouvements de ma compagne.


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Note d'info :

L'AFSCA c'est l'agence fédérale pour la sécurité de la chaine alimentaire. Ils s'occupent notamment des contrôles d'hygiène dans les restaurants par exemple. 

L'ERM c'est l'Ecole Royale Militaire qui est située à côté du Cinquantenaire à Bruxelles.


Je ne sais pas vous, mais j'ai l'impression qu'il va être mouvementé ce weekend à Bruxelles...

Et d'ailleurs, vos idées à ce sujet ? Vos hypothèses ?

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