18 novembre 2016 - Éline (2ème partie)
Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais plus lâchée de la sorte. Les garçons ne le savent pas, et heureusement, mais cela fait plus d'une heure que nous nous moquons gentiment d'eux. Je ne me fais pas prier et Romain en prend également pour son grade. Selon Myriam, sa transformation, depuis qu'il me connait et surtout depuis que nous sommes officiellement en couple, est vraiment surprenante.
Elle ne s'était jamais imaginée qu'il deviendrait aussi possessif et jaloux mais elle m'a également rassurée, cela montre à quel point notre relation est sérieuse pour lui et qu'il tient à moi.
La musique qui passe nous éloigne un peu toutes les trois à cause des mouvements des autres danseurs et je me retrouve un peu coincée du côté du bar. Lorsque je vois Florian et Romain qui s'en approchent, je me dirige lentement vers eux dans l'idée de leur faire peur car ils ne semblent pas m'avoir vue.
Ils sont plongés dans une discussion animée dont je ne peux saisir les mots. Mais quand je suis vraiment tout près d'eux, la phrase que lance alors Romain me laisse totalement interdite.
- Je t'ai dit que je ne voulais pas d'enfants Flo. Oui c'est très sérieux entre nous mais ça ne me fera pas changer d'avis. Alors arrête de remettre ça dans toutes les conversations et surtout en public OK ? C'est ma vie privée pas la tienne.
Je reste un instant plantée sur place, figée telle une statue de glace. La musique entraînante me ramène petit à petit au présent puis je sens que je me mets à trembler. N'ayant pas envie de fondre en larmes devant tout le monde, je retourne vers Annelise et Myriam et je leur dit dans un souffle que je dois aller aux toilettes.
Je descends rapidement au sous-sol et je m'enferme dans l'une d'entre elles. Je m'appuie contre la paroi et j'essaye de me calmer.
Autant les mots de Romain face à Axana m'avaient transportée en réalisant qu'il avait des projets sérieux pour nous autant ce qu'il a dit à son frère me font l'effet d'un poignard enfoncé dans le cœur. Bien entendu, nous n'avons pas encore évoqué notre futur commun mais...je sais qu'il veut faire sa vie avec moi et moi...je n'imagine plus pouvoir me passer de lui.
Et je veux des enfants plus tard. De lui.
De découvrir, de manière totalement accidentelle que cette envie n'est pas partagée me fait beaucoup de mal.
Je prends le temps de me calmer puis je décide d'oublier ce que j'ai entendu.
J'ai le temps, nous avons le temps pour parler de tout ça. Je viens à peine de le retrouver, nous venons à peine de débuter notre relation. C'est bien trop prématuré. Mais je ne peux pas nier que son affirmation dite d'une voix aussi tranchante m'a littéralement bouleversée.
C'est dans un état second que je sors des toilettes : je ne fais pas attention aux personnes qui se trouvent dans le petit couloir sombre qui mène au bar et je heurte violemment quelqu'un.
- Hey, vous pourriez... Tiens donc ! C'est vous la petite amie du Lieutenant Dalmans ?
Je relève la tête et je vois devant moi un homme assez bien bâti, un peu le même modèle que Romain mais avec les cheveux blonds.
Je lui fais un petit signe de tête et je m'apprête à passer à côté de lui quand il me retient doucement par le bras.
- Je ne pense pas que ce soit un gars pour vous. Et je ne voudrais pas qu'une jolie fille comme vous se fasse avoir...
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Après avoir entendu Romain dire qu'il ne voulait pas d'enfant, les mots de cet homme ont le don de me rendre encore plus paumée que je ne l'étais quelques instants auparavant.
- Ce n'est pas le genre à s'attacher. Je suis désolé pour vous mais vous n'êtes qu'une passade. Son but c'est de pouvoir s'afficher avec une nana et de ne pas rester le mec célibataire et isolé du groupe. Ça fait quatre ans que je le connais, je pense que j'en sais un peu plus sur lui que vous. Il a toujours été comme ça, il ne changera plus. A votre place, je ne m'investirais pas trop.
Interloquée, je suis incapable de répondre quoi que ce soit et je fixe bêtement celui qui me fait face. Je ne sors de ma torpeur que lorsque j'entends la voix furieuse de Romain.
- Dégage de là tout de suite Gaël. Je t'avais prévenu il me semble.
Je me tourne vers Romain et je vois qu'il est vraiment fou de rage.
- Il fallait bien que je la mette au courant. Qu'elle sache qui tu es réellement.
Romain bondit alors vers le dénommé Gaël mais il ne peut faire que quelques pas car Florian et Grégoire qui l'accompagnaient, le ceinturent fermement.
- Romain, arrête, laisse-le, tu sais bien qu'il ne cherche qu'à te provoquer.
Tétanisée, j'observe la scène sans pouvoir bouger d'un centimètre.
Romain se débat contre ses frères qui ne cessent de le supplier de se calmer. Je ne sais comment mais il parvient à se libérer de leur étreinte et il fonce vers moi et surtout vers son collègue.
Au moment où il l'empoigne fermement pour le plaquer violemment contre le mur, Grégoire hurle alors sur son frère, d'une voix si autoritaire que je sursaute bien malgré moi.
- Romain, ne fait pas ça. Ne m'oblige pas à t'en coller une et à devoir avertir Manu.
Au bout de ce qui me semble une éternité, Romain relâche lentement Gaël tout en continuant à le fixer d'un regard noir.
- Alors, on fait moins le malin Dalmans ? Tu obéis toujours au doigt et à l'œil comme un gentil petit toutou ou c'est parce que tu n'as rien dans le pantalon ?
Mon compagnon dont les poings se sont à nouveau crispés lance alors une réplique cinglante à son collègue qui lui fait perdre son air arrogant et sûr de lui :
- Tu es toujours sous mes ordres Gaël. Si je ne suis pas satisfait du comportement de mes hommes je suis parfaitement en droit de leur coller une sanction si je l'estime nécessaire. Ne m'oblige pas à te suspendre pour insubordination.
- Tu n'oserais pas !
- Tu oublies que j'ai déjà passé l'éponge une fois en ce qui te concerne. Tu veux que je fasse rouvrir le dossier ?
C'est bien ce que je pensais. Dégage et ne t'avise plus jamais de l'approcher !
Sans dire un mot, l'homme quitte rapidement le couloir des toilettes sous le regard furieux de Romain.
Il veut alors s'approcher de moi mais Florian l'en empêche. Je suis trop loin d'eux pour comprendre ce qu'il lui murmure à l'oreille mais mon compagnon fait un petit signe de tête et il repart avec Grégoire en nous laissant seuls.
Toujours sous le choc, je n'ai pas bronché d'un centimètre.
- Ça va ?
- Oui...oui ça va.
- Il a essayé de...est-ce qu'il a essayé de profiter de toi Éline ?
- Non. Non il m'a juste attrapé le bras et il...
- Il t'a dit des trucs sur Romain.
- Je...oui.
- Que tu devais te méfier de lui, qu'il allait profiter de toi et qu'il avait simplement besoin d'une fille pour ne pas se retrouver seul quand il sortait.
Je regarde Florian interloquée et je suis incapable de répondre.
- Il n'en est pas à son coup d'essai Éline. Quand ce n'est pas avec Romain c'est avec d'autres gars de son unité.
- Pourquoi est-ce que tu as demandé à Romain de partir ?
- Parce qu'il fallait qu'il se calme. Greg va l'emmener dehors pour discuter et lui faire comprendre qu'il ne peut pas réagir comme ça surtout avec un collègue. Et puis, je suis le plus à même de discuter avec toi au sujet de Gaël. Ce mec est un emmerdeur de première et un briseur de couples. Je connais mon frère bien mieux que lui. Alors s'il te plait, ne le laisse pas installer le doute dans ton esprit.
Nous rejoignons ensuite rapidement Grégoire, Romain, Myriam et Annelise puis nous quittons le bar : l'envie d'y continuer un peu la soirée nous a définitivement fuis et Florian préfère que nous nous éloignions de Gaël qui a déjà ingurgité un nombre impressionnant de verres.
C'est en silence que nous entrons dans l'appartement de Romain. Malgré l'heure tardive je ressens le besoin d'aller prendre une douche rapide. Mon compagnon me rejoint assez vite et nous restons quelques instants enlacés sous le jet d'eau chaude. Je sors la première, je me sèche rapidement et je revêts mon t-shirt et mon short. Au lieu d'aller dans la chambre, je me dirige vers la mezzanine et je regarde distraitement la grande fenêtre du salon.
- Dis-moi ce qu'il y a. Je sais que ça ne va pas.
Je sens qu'il est derrière moi et je suppose qu'il attend que je me retourne mais je ne peux pas. Ses mots durs et tranchants résonnent encore dans ma tête et ils finissent par avoir raison de moi. Je me maudis intérieurement de ne plus pouvoir cacher mes émotions comme j'en étais capable avant les attentats de Bruxelles.
Je sens deux bras vigoureux qui m'enlacent tendrement mais cela ne me calme pas. Les vannes sont ouvertes et je suis incapable de m'arrêter de sangloter.
- Il t'a fait mal. Je veux savoir Éline. Je veux savoir ce que Gaël t'a fait.
- Il n'a rien fait.
- Alors dis-moi pourquoi tu es aussi bouleversée parce que je suis perdu là.
Toujours sans oser me retourner tant j'ai peur de croiser son regard, je murmure presque dans un souffle que je me suis retrouvée près de lui lorsqu'il était au bar avec son frère.
Je sens alors que Romain a retiré assez brusquement ses mains de ma taille. Je sais qu'il a compris mais je ne peux plus faire marche arrière. Je n'ai pas été assez forte pour lui cacher mon désarroi, je suis obligée de lui en parler à présent.
- Tu ne m'as pas vue, je me suis approchée de toi et de Florian et je...j'ai entendu ce que tu lui disais...à propos de...de...
Je mets une main devant ma bouche et j'arrête de parler.
- Je regrette que tu nous aies entendus. Je ne voulais pas que...que ça se passe comme ça.
- Tu...avais prévu de m'en parler ? Quand ?
- Ce n'est pas ce que tu crois Éline. Oui, je voulais aborder le sujet avec toi pendant les vacances de Noël.
Je me retourne alors lentement et je suis frappée par la douleur qui marque le visage de Romain. Il m'entraîne en silence dans sa chambre et il m'invite à m'assoir à ses côtés sur le bord du lit.
- Je mens à mes frères depuis cinq ans. Vu que je tardais à m'engager sérieusement avec une fille ils n'arrêtaient pas de me taquiner en me demandant si cela ne m'intéressait pas d'avoir moi aussi des enfants car j'adore passer du temps avec mes neveux et nièces.
Il détourne un instant les yeux et je vois qu'il retient à grand peine ses larmes.
Il se lève alors brusquement et il appuie son front contre le mur de la chambre. Il reste un instant dans cette position puis il se tourne vers moi totalement accablé et dévasté.
- Je suis stérile Éline. Je ne pourrais jamais avoir d'enfant avec toi.
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mention spéciale à Anahug qui avait suggéré la stérilité il y a qques chapitres ;-) Tu comprends que je ne pouvais rien dire ;-)
Bon, et maintenant ?
Comment voyez-vous l'évolution de la relation entre Romain et Éline ?
Pensez-vous que cela risque de les éloigner l'un de l'autre ?
Et comment Éline va t-elle réagir à cette nouvelle ?
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