15 mai 2016 - Romain
Allemagne, 15 mai 2016
De : Romain Dalmans
A : Eline Castellan
Quelle différence avec le pauvre petit sourire que tu m'avais adressé quand tu es montée dans l'ambulance !
Tu es rayonnante Éline. Et cette photo est juste...sublime. C'est comme ça que je veux te voir, comme ça et pas autrement.
Par contre c'est très con, ça me donne déjà le cafard ! Mais qu'est-ce que je vais détester cette putain de mission à la con moi !
Oups, désolé. J'oublie la raison principale de ce mail moi... Malin ça Éline, très malin, tu m'as...perturbé dans mon élan !
Eline : 3 Romain : 0
Merde, il est temps que je me ressaisisse moi !
Bon ok, allons-y. j'arrête de dire des conneries. Quoi que...
Je ne sais pas si tu te rappelles mais Mademoiselle qui ne reluque pas les agents de sécurité ni les policiers ni les militaires, et bien Mademoiselle s'est attardée sur mon arme et celle de mon collègue. En fait tu semblais terrorisée à la vue de nos fusils.
Tu as dû sentir que je t'avais remarquée car nos regards se sont croisés à ce moment-là. Comme un enfant pris en faute tu as détourné rapidement la tête en rougissant.
Puis tu t'es arrêtée comme si tu cherchais ton chemin et c'est là que j'ai repéré le kamikaze. Je crois qu'à ce moment-là il était déjà trop tard, je n'aurais pas pu tirer et l'abattre, il aurait appuyé entre-temps (et encore, je n'avais aucune certitude qu'il en était bien un). Alors je me suis précipité vers toi, tu étais la personne la plus proche de moi.
Je t'ai empoigné le bras (désolé si je t'ai fait mal) et je t'ai dit « Cours ! ».
Heureusement tu m'as obéi. Nous n'avons fait que quelques pas mais cela a été suffisant pour ne pas être gravement blessés.
Quand la bombe a explosé nous avons été projetés au sol et, je ne sais plus exactement ce que c'était mais il y a une sorte de panneau en bois qui nous est tombé dessus en même temps. C'est ce qui nous a permis de ne pas être grièvement blessés en fait et d'éviter de recevoir sur nous de nombreux morceaux de verre.
J'ai juste eu le temps de placer ma main derrière ta tête car tu es tombée en arrière. J'ai pu amortir ta chute mais pas assez pour t'éviter la commotion manifestement.
Je suis tombé sur toi, non, j'étais totalement étalé sur toi. Je t'ai demandé de ne pas bouger et quelques secondes plus tard, il y a eu cette deuxième explosion.
J'ai attendu au moins cinq minutes avant de t'aider à te relever mais tu n'y arrivais pas. Tu tremblais, tu pleurais et puis tu as commencé à avoir du mal à respirer. J'ai compris que tu faisais une crise d'angoisse alors je t'ai amenée un peu à l'écart, je t'ai aidée à t'assoir contre un mur et je t'ai demandé de me parler de toi. Je t'ai demandé ton prénom, ce que tu faisais comme job, d'où tu venais...
Au début, tu m'as regardé comme si j'étais totalement cinglé. Et puis tu m'as attrapé la main, tu l'as serrée comme si tu voulais m'écraser les doigts et tu m'as demandé de ne pas te laisser seule.
Comment j'aurais pu ?
Je t'ai prise dans mes bras et je t'ai bercée, un peu comme une enfant. Tiens, je dois peut-être avoir encore la trace de tes ongles dans mon cou...Tu étais à la limite de m'étrangler tant tu avais la trouille que je te laisse en plan.
Donc, j'ai continué de te parler, de te rassurer et tu as fini par te calmer. Ensuite tu t'es rendue compte que tu avais du sang sur la figure (tu as eu quelques coupures à la tête à cause des morceaux de verre qui nous sont tombés dessus)
Et là, Éline dans toute sa splendeur, tu me regardes et tu me dis : « désolé, ton uniforme est plein de sang à cause de moi ».
Ma tête ! J'ai pas pu résister, j'ai rigolé. Tu étais tellement...attendrissante en fait.
Tu m'as ensuite sorti quelques phrases notamment sur ta collègue Christelle, on en a déjà parlé...
Puis il y a des policiers qui sont arrivés près de nous et qui nous ont demandé d'évacuer l'aéroport. Je t'ai porté dans mes bras, tu tremblais tellement que tu étais incapable de marcher...
Il y a une comparaison pas très flatteuse qui me vient à l'esprit mais je vais être sympa, je ne dirai rien...
Les ambulances commençaient à arriver, je t'ai amené vers l'une d'entre elles. Le secouriste m'a demandé ce que tu avais, au début je lui expliqué que nous avions été projetés au sol à cause de l'explosion et puis j'ai fait le lien avec une commotion parce que tu étais confuse, tu n'arrêtais pas de dire que tu avais mal à la tête, que tu avais des bourdonnements dans les oreilles, tu ne semblais plus savoir où tu te trouvais et pour conclure magnifiquement, tu as vomi à mes pieds.
Là je n'avais plus aucun doute. Je t'ai aidée à grimper dans l'ambulance. Au début tu ne voulais pas t'allonger sur la civière. Tu voulais que je reste avec toi mais je ne pouvais pas, je devais continuer à aider les autres victimes.
Tu m'as regardé une nouvelle fois, le genre de regard qui te prend aux tripes et tu m'as dit : « Alors tu vas m'abandonner ? »
Je t'avoue que c'est comme si tu m'avais donné un coup de poing en pleine figure.
Je t'ai pris la main et les yeux dans les yeux je t'ai juré de ne pas te laisser en plan et de reprendre contact avec toi.
J'ai vraiment dû prendre sur moi pour ne pas grimper moi aussi dans cette fichue ambulance.
Toute la journée ton visage m'a hanté. Alors, quand j'ai entendu un autre secouriste dire qu'il se rendait aux Cliniques universitaires, j'ai déniché un bout de papier et je lui ai demandé de te le donner.
Tu connais la suite...
J'ai hésité à mettre en pièce jointe de ce mail la photo que tu m'as demandé mais comme je ne sais pas quand je pourrais à nouveau me connecter, la voici.
Il faudrait peut-être que j'aille dormir...Il est 1h du matin et on décolle dans même pas trois heures. A tous les coups je vais encore ressembler à un zombie quand il faudra revêtir l'uniforme...
Prends soin de toi Éline.
Romain.
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Voilà, un long chapitre, bien plus long que les autres puisque Romain avait bcp de trucs à dire...
J'ai choisi l'acteur Theo James pour illustrer Romain.
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