10 novembre 2016 - Romain

Comme moi, Florian et Greg comptent les jours jusqu'à la venue d'Éline, sauf qu'eux, c'est pour une toute autre raison.

Elle m'a confirmé dès le lendemain de mon départ de Lyon qu'elle pourrait être à Bruxelles le weekend prochain et qu'elle arriverait le vendredi 18 en milieu d'après-midi. Elle a déplacé l'un de ses cours pour arriver le plus tôt possible en Belgique et je lui en suis reconnaissant.

Mes frangins disent que je suis infernal. C'est pas vrai, je suis juste impatient de pouvoir serrer ma chérie dans mes bras. Ça fait à peine une semaine que je l'ai quittée et je n'en peux plus.

Gaël a été le premier à faire les frais de ma mauvaise humeur : à croire qu'il guettait mon retour car j'avais à peine posé mon sac dans ma chambre qu'il sonnait à ma porte.

Et moins de deux minutes plus tard, je l'agrippais fermement par le col de son t-shirt pour le coller contre le mur.

Ce crétin avait eu le cran de me demander si Éline était juste un coup d'un soir et il voulait que je lui file son numéro de gsm pour la contacter afin de lui proposer un rencard. J'ai failli lui exploser la tête à ce petit prétentieux. Le pire, c'est que je ne suis même pas certain qu'il a compris le message.

Tant pis pour lui, s'il a le malheur d'approcher Éline d'un peu trop près, il se rendra compte très vite que je ne suis pas le meilleur de notre contingent en arts martiaux pour rien.

Ma mère est venue me voir à plusieurs reprises. Toujours seule. Elle m'a indiqué qu'elle avait essayé de raisonner mon père mais pour le moment c'est peine perdue, il ne l'écoute pas. Il prétend que je gâche mon avenir alors que j'ai toutes les chances d'atteindre un jour au moins le grade de Général-Major.

Si seulement il pouvait comprendre que j'en ai rien à foutre.

Au moins, ma mère, elle, me soutient dans mes choix. A ma demande, elle m'a raconté ce qu'il s'était passé lorsque j'avais quitté la maison de mes parents pour partir à Lyon avec Éline.

En fait, il ne s'était rien passé.

Le Vice-Amiral avait dit à plusieurs reprises que nous formions un très beau couple et qu'il était heureux pour moi.

Cela m'a donc confirmé que mon paternel avait manigancé son petit truc seul avec Axana. Je me suis senti légèrement rassuré car au moins, ce n'est pas toute la famille Van Der Bruggen qui complote dans mon dos.

Je suis heureux de pouvoir passer un peu de temps avec ma mère car je me rends compte que ces deux dernières années, je me suis un peu éloigné d'elle alors qu'elle m'a toujours soutenu.

Elle n'a pas renoncé à certaines traditions de son pays d'origine, aussi nous avons pris l'habitude de prendre le thé tous les deux en fin d'après-midi comme tout bon citoyen britannique qui se respecte.

C'est alors l'occasion pour moi de me confier, de manière plus personnelle. Le genre de truc que je ne faisais pas avant. Mais je sais que ma mère ne se moquera pas de moi et ses conseils sont toujours très avisés.

Il est un peu plus de 16 heures lorsqu'elle sonne à ma porte. Je l'accueille chaleureusement et je l'invite à se rendre dans mon salon.

- Encore une semaine à attendre n'est-ce pas ?

- Oui...

- Tu as tellement changé depuis que tu as rencontré Éline. Je n'imaginais pas que tu puisses perdre aussi facilement ce calme qui te caractérisait tant, du moins depuis que tu as rejoint l'armée mais...cela prouve aussi à quel point tu tiens à elle. C'est sérieux entre vous n'est-ce pas ?

- Oui, très sérieux. C'est la première fois que...que je ressens cela.

Je l'aime maman. Je suis fou amoureux d'elle.

- Tu envisages de vivre avec elle ?

- Oui. Mais...pour cela, il faudrait qu'elle déménage, qu'elle trouve un job ici,...Je sais qu'elle le ferait si je lui demandais mais...je ne peux pas, pas maintenant. Nous venons à peine de nous retrouver. Je compte lui en parler pendant les vacances de Noël.

- Elle le fera crois-moi. Elle n'a pas su nous cacher longtemps ses sentiments pour toi. Elle tient à toi. Ce n'est pas comme les trois autres files que tu nous as un jour présenté, je le sais Romain.

- Impossible de te mentir à toi hein...

Tu sais...je n'ai jamais été amoureux. Avant elle.

- Et Sofia ?

- Même pas. Ça nous arrangeait bien cette situation. J'avais juste pas prévu que ça parte en vrille comme ça. Oh attends.

Je me précipite sur mon smartphone que j'avais laissé à la cuisine et je manque de rejeter l'appel lorsque je constate que ce n'est pas Éline. Je suspends mon geste au dernier instant en remarquant le préfixe de la zone de Bruxelles.

- Oui ?

- Lieutenant Romain Dalmans ?

- C'est moi-même.

- Je suis Madame Adriaensen de l'ERM, du service Personnel et Budget. J'ai le plaisir de vous informer que votre candidature a été acceptée Lieutenant Dalmans. Nous serions ravis de pouvoir vous compter parmi nous à partir du 1er février 2017.

- Oh...merci beaucoup !

- Vos spécialisations sont bien le cross, l'athlétisme et les sports de combat.

- Tout à fait.

- Bien. Est-ce que vous pourriez prendre contact avec le capitaine Evrard lundi prochain ? C'est le responsable Education physique et sport.

- Oui bien entendu.

- J'ai reçu un courrier du capitaine Raes m'expliquant votre situation actuelle. C'est pourquoi vous ne passerez les tests physiques que quelques jours avant votre entrée en fonction.

- Merci beaucoup.

- Je vous souhaite un bon rétablissement Lieutenant Dalmans. Au plaisir de vous voir lors de votre premier jour chez nous. Bonne fin de journée.

- Merci, à vous également.

Lorsque je raccroche, j'ai un peu de mal à réaliser.

Puis je retourne lentement dans le salon et je prends ma mère dans mes bras.

- C'est oui ! Je peux commencer à l'ERM le 1er février !

- Je suis fière de toi Romain.

- Je suis soulagé de savoir que je ne devrais plus aller sur le terrain. Je ne veux pas qu'Éline revive ce qu'elle a vécu cet été. Jamais.

- Tu ne l'appelles pas pour lui annoncer la bonne nouvelle ?

- Elle est encore à l'école pour le moment, elle avait une réunion. Et...on se parle par Skype tous les soirs. Heureusement qu'il y a cela...Elle me manque tellement...

Je contemple un instant la photo d'Éline, qui est toujours en fond d'écran de mon téléphone depuis qu'elle me l'avait envoyée juste avant mon départ pour l'Afghanistan. Je suis tiré de mes pensées par l'arrivée de Florian. Vu qu'il possède une clé de mon appart et qu'il savait que je me trouvais avec ma mère, il se contente simplement d'un coup de sonnette puis il entre presque comme s'il était chez lui.

- Alors petit frère, encore huit jours à tenir ? Ça va tu survivras ? La pauvre Éline, tu vas l'étouffer quand tu vas la voir arriver non ?

- On ne te changera plus hein...

J'ai reçu un appel de l'ERM.

- Et ?

- J'ai le poste !

- Oh génial ! Ah je suis content pour toi. On fête ça ce soir ?

- Non, je fais un Skype avec Éline.

- Bon bah on s'organisera une sortie tous ensemble vendredi prochain alors !

Au fait,...j'ai croisé Gaël...

- Qu'est-ce qu'il veut encore ce con ?

- Bah...il a pas l'air totalement convaincu que...

- Nan mais il fait vraiment chier celui-là ! Il va voir quand je...

Je m'arrête brusquement, en me rappelant que je ne suis pas seul dans la pièce.

- Que tu...quoi ?

- Rien.

- T'es sûr ? T'allais pas dire un truc du genre « quand je lui en collerai encore une comme la semaine dernière » ?

- Ah, il a fallu qu'il te parle de ça aussi !

- Il a été un peu surpris par ta...réaction...

- Ouais bah ça va pas s'arranger s'il continue à faire le crétin.

- Tiens, une question...T'as l'intention de faire les choses dans l'ordre ou...

- De quoi tu parles ?

Je vois que ma mère et mon frangin se regardent d'un air complice et je me demande tout à coup ce qu'ils trafiquent dans mon dos.

- Vous me cachez quoi là ?

- Nous ? Mais rien du tout.

- C'est ça. Je te connais Flo, tu n'as jamais été très doué pour le mensonge.

Vous parlez dans mon dos c'est ça ?

- Qui ça, moi ? Euhhh, je veux dire...nous ? Mais pas du tout ! Je tiens à la vie moi, je ne suis pas fou. Et vu comment tu montes sur tes grands chevaux dès qu'on t'adresse la parole ces derniers temps...

- C'est bon Flo crache le morceau ! Tu en as trop dit.

- D'accord, si tu veux tout savoir, moi j'ai parié sur un mini Dalmans avant le mariage. Greg pense que tu seras plus traditionnel : la maison, le mariage, le bébé. Maman aussi d'ailleurs.

- Hein ? Nan mais...

- Mais quoi ?

- Flo, je viens à peine de la retrouver...Laisse-nous un peu de temps quoi !

- Bah tu vois, j'ai plutôt l'impression que tu vas nous la jouer façon speedy gonzalez en réalité.

Ose me dire que ça te plait d'être aussi loin d'elle. Et puis t'as 28 ans mon gars t'es plus tout jeune.

- Oh....toi...

- Hum hum on dirait que j'ai touché un point sensible...

Bon je vais te laisser, je faisais que passer. Maman je te ramène ?

Je raccompagne Florian et ma mère puis après leur départ je m'installe à mon piano. J'ai songé à un nouveau morceau que j'aimerais finaliser pour la venue d'Éline et j'ai encore pas mal de boulot.

Tout en laissant mes doigts effleurer les touches, je réfléchis alors aux paroles de mon frère.

Merde, comment ils ont fait pour me percer à jour ?

Comment peuvent-ils savoir que je cogite réellement sur le sujet ?

Il y a juste un point où Flo se trompe. Et ça...il faudrait aussi que j'y songe, que je planche sérieusement sur le problème...

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