Chapitre - 41

"- C'était... Au début de notre troisième année peut-être ? Elle était vraiment têtue votre mère vous savez. Elle ne m'avait pas parlé pendant une semaine. 

- Et pourquoi ? 

- Je lui avais dit qu'il allait pleuvoir et qu'elle ferait mieux de se couvrir. Elle n'en avait fait qu'à sa tête, avait bien évidemment attrapé un rhume, et quand j'avais eu le malheur de lui faire remarquer, elle m'avait boudé pendant une semaine entière." le visage de Rogue était fidèle à lui-même, froid et impassible, mais, l'éclat de lumière dans ses yeux se tordait dans un sourire, l'air de dire "vous vous rendez compte ?". Harry éclata de rire. 

"- Elle ne semblait pas si facile à vivre que ce qu'on m'a dit. 

- C'est ce qui faisait d'elle une merveilleuse personne. La sensation qu'aucun jour ne ressemblerait au précédent. Même boudeuse, elle se débrouillait pour vous faire sourire, et si vous aviez le malheur de céder, elle râlait contre votre "grimace tordue" alors que ses yeux éclataient de joie et de fierté d'avoir réussi à vous arracher un rictus. 

- Elle aimait faire sourire les autres ? 

- Pas comme les deux Weasley, Merlin nous en préserve, elle n'était jamais aussi abominable que les jumeaux. Ça c'était du ressort de votre père et ses petits camarades. Non, elle, elle était... Elle était comme une petite fée discrète. Oui voilà c'est ça, le mot "discrète", calme, apaisée. Elle n'aimait pas trop attirer l'attention sur elle. Souvent, elle était plus du genre à laisser traîner çà et là des petites attentions pour à peu près tout le monde, et souriait dans son coin d'avoir réussi son coup. Je crois que c'était un jeu pour elle, que personne ne puisse comprendre que ça venait de sa part. C'était son défi, être la bonne st-maritaine invisible. 

- Personne ne m'avait jamais dit ça de ma mère." Rogue hocha la tête, lissa un pli invisible sur sa robe noire avant de se lever pour aller mélanger le contenu glougloutant d'un chaudron." il continua à parler de derrière l'établi, alors que Harry était resté assis sur sa chaise à siroter le thé que son ancien professeur de potion lui avait proposé en grognant. 

"- Oh, une autre anecdote qui vous ferra sourire... Je me souviens, c'était en cinquième année, avant que je gâche tout..." ses yeux se perdirent un instant dans le vague, avant qu'il ne soupire et reprenne le cours du dialogue. " La St-Valentin arrivait et elle voulait absolument que personne à Poudlard ne se sente seul.  Elle m'avait bassiné avec ça pendant des semaines. "Oh Severus, Severus aide-moi !" j'avais essayé de refuser, je vous assure, la fête des amoureux, quelle belle connerie, comme si j'en avais quelque chose à fiche moi. Mais avec elle on pouvait tout aussi bien parler à un mur quand elle était comme ça, aussi déterminée... Elle avait son idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs. Ils disent tous que vous tenez ça de votre père, mais pour l'avoir connu... Potter, je dois vous avouer, vous ressemblez à votre mère... Au moins sur ce point-là." 

Harry eu un petit sourire que l'ancien Serpentard ne remarqua pas. 

"- Elle était fascinée par l'Ancienne Magie... La Belle Magie comme elle disait. Son plan était assez simple, elle avait seulement besoin de moi pour le côté "potion". Maintenant que j'y pense c'était aussi une excellente potionniste, j'ignore, je dois l'avouer, pourquoi elle avait réclamé que je l'assiste. Toujours est-il qu'on s'est retrouvé en pleine nuit à fouiller dans les armoires du professeur de potion de l'époque pour récolter ce dont elle avait besoin pour ses petites manigances. 

 - Vous vous êtes introduit dans le bureau de Slughorn ? 

- Je vous interdis de rire Potter, comme si vous, vous ne l'aviez jamais fait. " Harry leva les mains en l'air, le visage le plus angélique qu'il pouvait afficher et Rogue fronça les sourcils, avec la furieuse envie de lui signifier qu'il ne trompait personne. 

"- On a passé trois ou quatre soirées entières, planqués en haut de la tour d'astronomie à préparer son petit stratagème ridicule. Le mois de février écossais était pas le plus clément au niveau des températures. On mourrait littéralement de froid. Et elle s'en fichait, ses lèvres bleues se tordaient de rire à chaque remarque, à chaque sarcasme, à chaque plainte que je laissais échapper. Le lendemain quand je suis arrivée dans la Grande Salle, elle avait mis son plan à exécution. Pour être honnête, j'avais beau la connaître, je ne pensais pas qu'elle aurait été jusqu'au bout. Il y avait des bulles de savons qui volaient de partout, et lorsque vous rentriez en contact avec l'une d'elle, des mots gentils, des compliments, des phrases douces résonnaient à l'intérieur de votre tête. Les professeurs étaient perplexes, personne n'a jamais su qui avait fait ça. De toute façon, je crois que même s'ils l'avaient su, ils ne l'auraient pas puni. Et Lily était là, au milieu de toute la foule d'élèves émerveillés à se tenir debout avec un sourire grand comme un croissant de lune, fière d'elle comme jamais. Une semaine après il y avait encore quelques bulles qui trainaient un peu partout dans la Grande Salle. Je savais qu'elle était assez précise et minutieuse pour que le temps de vie de ces petites bulles de savon magique n'excèdent pas la journée du 14 février, on le savait tous les deux. Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça, j'avais eu le droit en tout et pour tout à un petit rire de lutin et le fait que selon elle, l'Amour ne devait pas se limiter à un seul jour de l'année. C'était ça, c'était tout, presque murmuré, à peine murmuré, pas grand-chose de plus à ajouter, elle n'aurait rien dit de plus que cette réponse taquine. Je crois qu'elle voulait cacher ses vraies motivations. Je n'ai jamais su vraiment. À cette époque, on supposait déjà la montée en puissance des ténèbres, on savait que quelque chose de grave allait se produire, on retenait tous notre souffle, on attendait. Peut-être simplement qu'elle voulait remonter le moral aux gens. 

- Elle avait l'air d'avoir réussi." Rogue hocha la tête en guise de simple réponse. 

Il y eut un moment ou aucun des deux ne parla. 
Harry était trop occupé à procéder l'information. À se rendre compte que le portait de sa mère que lui dressait son ancien professeur monstrueux et imbuvable qui lui avait mené la vie dure pendant toute sa scolarité était loin de tout ce que les autres lui avaient dit sur Lily. Il savait que Rogue ne mentait pas. Quand il parlait ainsi de la jeune femme qu'il avait toujours aimé. Harry ne doutait pas un seul instant de sa sincérité. C'était peut-être même le seul moment de sa vie où le quarantenaire irascible se trouvait être pleinement honnête. Mais si lui ne mentait pas, alors, tous les autres amis de sa mère l'avaient-ils seulement vraiment connus ? 

Rogue était trop perdu à ruminer qu'il aurait dû l'aimer mieux pour seulement capter le cheminement de pensée du plus jeune. 

"- Pourquoi je n'ai jamais vu ma mère ? " Il le regarda perplexe, presque un peu apeuré de cette question soudaine et étrange, hésitant à lui répondre "parce qu'elle est morte avant que vous puissiez vous souvenir de son visage" avant que Harry ne se corrige. " Dans nos cours de légilimencie, je veux dire, pourquoi lorsque j'avais pénétré votre esprit je n'y avais pas vu ma mère ?

Rogue soupira lentement, se déplaça lentement pour aller chercher une fiole sur l'étagère qu'il revint vider dans le chaudron, le plus lentement du monde. 

"- Parce que j'ai déchiré ma mémoire. 

- Vous avez quoi ? 

- Ne me regardez pas comme ça Potter. C'est uniquement métaphorique. C'est juste que... Quand Lily est morte... Je voulais plus me souvenir. Plus jamais. Je voulais tout oublier. J'ai été tenté, des dizaines de fois de m'arracher les souvenirs, de les ranger dans des fioles et de jeter les fioles à la mer. Un truc du genre. Peut-être pas aussi dramatique cela dit. 

- Pourquoi vous ne l'avez pas fait alors ?" l'homme grogna, passa une main dans ses cheveux graisseux, alla observer l'avancé d'une autre potion qui gargouillait dans un chaudron plus loin. 

"- Parce que ce n'était pas ce qu'elle aurait fait. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu que je fasse.

- Alors vous êtes resté fidèle à des souvenirs qui vous broyaient, et vous avez tenté de les nier dans le même temps ?  

- Les Gryffondors ont toujours aimé dramatiser les choses, je vois que ça ne change pas." Harry roula des yeux. " Elle n'était pas si dramatique elle. 

- Ma mère." hochement de tête. 

"- Je dois avouer qu'elle avait quand même un certain penchant pour la mise en scène. Il y avait ce petit ponton, derrière chez nous, sur la rivière. On adorait s'y retrouver, quand on avait le cœur lourd ou... Juste pour parler. Une sorte de planque de gamins, rien de plus que ça. Mais elle s'obstinait à l'appeler "le Ponton de la vérité" et babiller qu'on ne pouvait pas mentir sur ce ponton, que c'était impossible. " 

Le silence dura deux ou trois siècles avant que Rogue ne se racle la gorge et trouve la force quelque part, pour extraire les mots qui s'y noyaient. 

"- C'est... C'est là où j'avais prévu de lui dire que je l'aimais à la fin de nos études quand on aurait eu notre diplôme en poche et qu'on aurait été libres comme le vent... Avant que je fiche tout en l'air."

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