Chapitre - 27
"- ... Vous comptez rester dans l'embrasure comme ça jusqu'à ce que le temps se charge de faire de vous une statue ? Entrez ou sortez, mais bordel Potter, fermez cette satané porte ! " le jeune homme cligna des yeux avant de s'avancer et fermer la porte, alors que l'ancien directeur de la maison des Serpentards soupirait déjà de cette venue.
"- Par Merlin, ça se voit que vous ne dormez pas dans un minuscule cabanon en plein novembre, autrement vous auriez la décence de penser à conserver la chaleur. " Harry pencha la tête et regarda la grande tanière que le quarantenaire s'était aménagé dans l'abri de jardin des Weasley sans demander l'avis de personne. Minuscule ? Sincèrement ?
"- Et vous ça se voit que vous n'avez jamais visité un placard à balais..." l'ancien maître de potions grogna encore mais ne répondit pas, se retournant pour mélanger le contenu d'un de ces chaudrons et l'Élu en profita pour remarquer une part de tarte qui traînait sur l'un des bureaux. Il avait sûrement dû la chiper avant de s'éclipser. Alors comme ça même la chauve-souris aimait la cuisine d'Hermione ?
Il y eu un moment tendu sans que ni l'un ni l'autre ne desserre les lèvres.
"- Des nouvelles de Kingsley ? " Harry ouvrit grand les yeux face à la question de l'autre homme comme si ça l'étonnait qu'il puisse demander quelque chose d'aussi sympathique et humains, de son plein gré et sans sarcasme.
"- Notre Ministre est entouré d'une armada de médecins à Ste Mangouste. Ca a été difficile d'étouffer l'affaire, mais il devrait s'en sortir, ses jours ne sont pas en danger.
- Et vous êtes là pour me demander si je sais quoi que ce soit des Mangemorts qui l'ont attaqué je présume ? " Rogue se retourna en haussant un sourcil alors que le brun prenait le luxe de s'adosser à l'un des rares bureaux dénués de chaudrons ou de fioles instables.
"- Non je suis là pour discuter, à dire vrai.
- Parce que vous m'avez pris pour votre copine Potter ? Vous souhaitez peut-être un petit thé avec ceci ? " il secoua la tête.
"- Non, je me suis déjà pris une part de tarte. " à ces mots il redressa d'un mouvement de poignet léger l'assiette qu'il tenait. " En revanche ce ne serai pas de refus que vous fassiez une pause et dégustiez la vôtre avec moi. Après tout, une si bonne tarte ne se mange pas debout à l'arraché, elle se savoure, Monsieur. " Rogue grogna légèrement pour ne pas changer et s'apprêtait à desserrer les lèvres, avant qu'Harry soit plus rapide et ne l'arrête, en lui disant qu'il n'y avait pas lieu d'essayer de nier.
Étrangement le quarantenaire attrapa sa part de tarte, une chaise, sans lutter plus que ça, et coula un regard à l'intrus qui osait pénétrer sa tanière.
"- Potter, puisque c'est vous qui me l'imposez, ayez au moins l'obligeance de poser votre petit cul de royal sauveur. " et d'un mouvement de baguette du professeur, Harry était assis sur une chaise qui n'existait pas encore la seconde précédente. Ceci dit, ce n'est pas comme si Rogue avait eu besoin de beaucoup de chaises, lui si prompt à recevoir des invités.
Ils dégustèrent un peu, dans un silence et des jeux de regards, peu à l'aise à l'idée de se regarder, s'évitant parfois.
Il avait toujours les yeux de Lily.
"-... Et quel parfum avez vous choisi ?
- Citron Meringué. Et vous ?
- La tarte aux fruits rouges est juste trop succulente pour ne pas la finir comme il se doit.
-...
- Un problème professeur ?
- C'était le parfum préféré de votre mère, elle aussi. "...
Et un éclair de génie traversa Severus comme un Nimbus 2000. C'est pour ça qu'il était là. C'était ça qu'il venait chercher.
Oh par tous les dieux, il savait que ce moment allait venir, mais il avait espéré y échapper, au moins avant que leur monde ne vole en éclats et qu'ils aillent tous joyeusement manger les pissenlits par la racine.
"- Professeur... Ma mère...
- Potter...
- Non Monsieur j'ai trop de questions à vous poser, vous ne pouvez pas...
- Je ne comptais pas refuser. Je comprends, et je suis d'accord.
- Vous êtes d'accord ?
- Cela vous étonne tant ? " le regard de Harry souffla que, un peu, oui.
Il y eu un silence ou le jeune homme cherchait quoi dire et par où commencer. Et juste un peu à arranger le bordel de toutes les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête.
"- Je veux tout savoir.
- Tout savoir ?
- Racontez moi tout.
- Vous connaissez déjà l'histoire, Potter.
- Pas sous votre regard. " Rogue maugréa, souffla, tempêta un peu, quelque part, c'était bien plus simple quand il était encore mort.
Et puis, si les Gryffondors avaient ce côté borné et suicidaire de toujours vouloir régler leurs problèmes seuls, lui, il aurait pu vous le certifier, un homme qui parlait était un homme faible, un homme lâche, un homme qui ne valait que peu de choses.
Les sentiments ça ne servait pas, ça ne s'utilisait pas, ça se rangeait au placard et se glissaient sous le tapis et se noyait dans les chaudrons. Ca s'étouffait dans l'œuf, ça devait être tué le plutôt possible, histoire qu'ils n'existent pas trop, qu'ils ne traînent pas dans la poitrine.
Un homme qui se confiait, un homme qui dévoilait ses pensées aussi simplement était un homme faible, rien de plus. Un homme qui ne maîtrisait pas ses émotions étaient aussi faible qu'un animal, et vulgaire par dessus le marché.
Harry sembla suivre la trajectoire de pensée de son professeur le moins bavard et le plus discret et lui adressa gentiment un :
"- Eh Monsieur, ne vous tracassez pas, tout ce qui sera dit ce soir, restera ici et ne sortira pas. Je ne vous jugerai pas, vous avez ma parole.
- Vous dite ça juste pour obtenir ce que vous voulez, Potter, comme à votre habitude. " le gamin lui offrit le même sourire en coin arrogant qu'il avait tant détesté chez son père.
"- Il est vrai que je suis intéressé, mais, ce que je dis n'ai pas moins vrai pour autant. " Rogue grogna à nouveau en fixant l'assiette dans ses mains. La tarte au citron de l'autre Miss-je-sais-tout était moins appétissante, d'un coup.
"- Pas où dois-je commencer ?
- L'origine du commencement.
- Ça ne veut rien dire Potter.
- Ne faites pas celui qui n'a pas compris Professeur, vous êtes plus intelligent que ça.
- Plus intelligent que vous ? Ce n'est pas si compliqué.
- Professeur ! Vous gagnez du temps. "
Le quarantenaire grogna pour s'efforcer de garder sa couverture de méchant bougre, mais déglutit avec difficulté.
" - Je suis né le 9 janvier 1960, un petit quartier pauvre dans la ville de Cokeworth, l'ambiance de cet endroit était froide à geler sur place, hiver comme été. Maintenant que j'y pense, votre mère est née exactement 3 semaines après moi. Mais la famille Evans n'a déménagé dans le coin qu'en automne de l'année 68, et je l'ai rencontré peu après nos 9 ans respectifs. Je n'ai jamais trop compris pourquoi d'ailleurs, qui aurait bien pu vouloir habiter dans cet endroit infâme ? Je crois que votre grand-père avait des problèmes d'argent, mais je ne suis pas bien sûr, Lily était restée très évasive sur le sujet, elle ne savait pas trop répondre, et j'étais trop jeune pour chercher à savoir plus.
- Elle ressemblait à quoi ? Je veux dire... Ma mère ? La première fois que vous vous êtes rencontrés... " Harry se stoppa en se rendant compte combien sa question était idiote... Tout cela s'était passé il y a bien 20 ans, comment l'homme pouvait-il au juste s'en souvenir ?
Peut-être qu'on oubliait pas la lumière. Rogue répondit, les yeux dans le vague comme à se noyer dans la mer.
"- Elle portait une petit capeline brune, d'épais collants blancs sous une jupe sombres, ses cheveux étaient nattés proprement dans son dos et ses petites bottines noires cliquetaient sur le pavé au moindre de ses mouvements.
- Vous parlez d'elle comme si vous en étiez tombé amoureux ce jour-là...
- Le coup de foudre n'existe pas Potter allons. " Harry eut bien voulu lui opposer Ginny et leur première rencontre à la gare de King Cross où elle avait de suite sû qu'elle serait sa future épouse mais Rogue soupira et continua. " C'est juste... Lily a toujours eu une sorte d'aura. Je ne pourrai vous l'expliquer... Un peu comme un halo autour d'elle, une sorte de traînée de poudre ou un petit nuage de poussières de fée, je sais pas trop. Toujours est-il que... Lorsque vous la voyiez, surtout pour la première fois, vous étiez incapable de détourner le regard, vous étiez aimanté à ce petit corps qui riait comme si la Vie elle-même pouvait tout aussi bien aller se faire voir ailleurs. "
Le jeune homme retient un rire, qui aurait pût être déplacé quand à la gravité sincère des paroles du Maître des potions. Si si, il était bel et bien tombé amoureux ce jour-là, Harry aurait pu le parier.
"- Et vous lui avez parlé ? " Rogue le regarde comme si il eut été offensé par cette idée.
"- Pensez vous ! Elle était merveilleuse et sublime et moi j'étais juste... moi... Un petit con, qui traînait dans la rue avec son manteau élimé pour ne pas rentrer chez lui... Je n'aurai même pas sû quoi lui dire, et toute façon, elle avait disparu dans l'épicerie avant même que je comprenne si son apparition était réelle ou si je l'avais fantasmée.
- Juste ça alors ? Vous ne comptiez jamais la revoir ? Jamais lui parler ? " Rogue hocha la tête avant d'avaler une nouvelle cuillerée de sa tarte.
"- Ne jamais la revoir ? Si, à l'évidence, on vivait dans le même quartier et j'aurai eût toutes les peines du monde à éviter de la croiser. Ne jamais lui parler ? J'avoue bien que oui. Je... J'étais pas légitime à lui parler... Elle était à mille lieux de moi, on avait rien en commun, et même si on habitait tous les deux dans les lieux pauvres de la ville, elle, elle ressemblait à une princesse, souriante dans la fleur de ce que l'enfance à de plus beau à nous offrir... Moi ? J'étais juste un vulgaire pouilleux que son propre père aurait foutu à la porte aussi rapidement qu'on lui aurait offert le droit de dégager ce petit parasite pourtant sorti de ses tripes. "
Le brun n'avait jamais affectionné cet homme, mais la voix, le ton qu'il prenait pour parler de lui-même, de son moi du passé, de son moi enfant... lui tordait le coeur.
"- Alors c'est tout ? Juste ça ? Juste comme ça ? Comment se fait-il que...
- Que j'aie changé d'avis et fini par lui parlé ?" Harry secoua la tête de haut en bas, trop occupé à avaler son morceau de tarte. " ... Je l'avais croisé plusieurs fois par semaine pendant des mois... C'était un peu le rayon de soleil en dépit de l'hiver... En dépit du froid des rues et du froid de la maison, et du froid dans mes os et du froid de partout. Le printemps qui avait commencé à revenir gerber ses fleurs et ses rosées matinales un peu partout aux alentours l'avait rendu elle encore plus belle que les flocons de neige qui poudraient ses cheveux... Un jour... "
Il laissa passer un long silence, comme pour prendre le temps de se rappeler.
"- Un jour, j'étais... J'étais de sortie... Un jour où nous n'avions pas école. Oh bien sûr j'avais des corvées à la maison mais... Je ne voulais pas... Je ne voulais pas y retourner... J'traînais des pieds comme un condamné à mort, comme un gamin trop lâche pour affronter le regard de son propre géniteur. J'avais fait le détour le plus long possible en prenant des chemins qu'il n'était même pas logique de prendre... A force, j'avais fini dans la clairière, celle derrière les bâtiments du quartiers, juste derrière la maison des Evans et un peu plus loin de chez moi et... Elles étaient là toutes les deux.
- Toutes les deux ?
- Lily et la peau de vache qui lui servait de sœur.
- Pétunia...
- Oui Pétunia... " Même quand il lui avait crié Potter au visage des dizaines et des dizaines de fois dans les cachots de Poudlard, durant les cours ou en dehors, Rogue n'avait jamais paru aussi acerbe... Il y avait donc une personne qu'il détestait plus que les Maraudeurs ou Harry lui-même ? " Elles étaient sortie se promener, jouer ensemble peut-être... Elles n'avaient jamais été très proche, même avant que Lily ne découvre ses pouvoirs... Même si Lily eut été une moldue et uniquement ça, rien de plus, je crois que cette diablesse l'aurait détesté. J'ai toujours pensé qu'elle était jalouse de l'éclat de reine qui nimbait Lily, de la grâce, de l'esprit, de tout les cadeaux que la nature lui avait fait, et qu'elle, elle n'aurait jamais. En même temps, quand on voit l'espèce de porcelet aveugle qu'elle s'est choisit pour époux on se doute bien que...
- Vous connaissez Vernon Dursley ?
- Oui. " confirma Rogue, l'oeil noir, le sourcil haussé comme si tout cela était somme toute normal et qu'il y reviendrait plus tard, si Harry ne s'amusait pas à joyeusement l'interrompre toutes les deux minutes.
"- Et que s'est-il passé ? Ce jour-là, dans la clairière ?
- Potter ! Cessez donc de poser des questions et laissez moi vous raconter enfin !" l'Elu se tassa un peu et repris un morceau du dessert, attendant la suite patiemment comme un gosse à qui on raconterait une histoire avant de dormir.
"- J'étais assez loin, à bonne distance, en hauteur près d'un arbre... Je sais que ce n'est pas la bonne chose à faire mais, de là où j'étais elles ne pouvaient pas me voir, et... J'avais vraiment envie de rester là à la contempler comme on contemple les choses rares et belles, les choses qu'on ne rencontre qu'une seule fois au cours d'une vie... Je me souviens... Lily... Elle avait ramassé cette fleur fanée dans le creu de sa main, et d'un coup, d'un seul, elle était soudain aussi vive, aussi resplendissante que celles des motifs qui ornaient sa robe. Elle l'avait fait renaître, juste avec un toucher, juste avec un regard, avec ses petits yeux si verts des forêts, des émeraudes sous un lourd soleil d'été... Pétunia avait hurlé à la mort, hurlé qu'elle était un monstre, hurlé qu'elle irait tout raconter à leur mère, hurler combien elle était une créature ignoble sortie tout droit des entrailles de l'enfer, hurlé comme mon père... Je... J'oublierai jamais de quelle manière Lily était sortie de son état de grâce, de son allure de nuage pour s'effondrer presque sur elle-même, terrifiée. Elle n'a versé qu'une larme, une seule vous savez ? Votre mère, c'était une femme forte, une femme reine, une femme incapable de baisser la tête face à ses ennemis, à ses problèmes, à l'adversité, ou même face au plus grand mage noir de tous les temps. Et je l'aurai sans doute même pas remarqué cette fichue larme si les rayons de la lumière du jour n'y avaient pas été propice... Mais je l'ai remarqué et... J'ai jamais réussi à l'oublier... Elle a miroité au soleil comme un appel à l'aide... Comme un reflet de miroir et... J'étais sorti de l'ombre de l'arbre, j'avais ramassé une feuille qui s'était transformée en oiseau dans le crue de ma paume et avait volé jusqu'à Lily... Le sourire qu'elle m'a offert en comprenant qu'elle n'était pas seule... Lui aussi... Lui aussi je ne l'oublierai jamais..."
Harry se pauma un instant, les yeux dans le vague, se rappelant les souvenirs qui dansaient dans la pensine le jour de la bataille. Il redressa la tête en entendant Rogue se relever, poser son assiette vide dans un coin du bureau et retourner agiter ses potions.
"- Ce sera tout pour ce soir.
- Mais Professeur...
- Potter, si vous mourrez en mission demain parce que vous êtes trop fatigué pour mettre vos deux pieds d'idiot fini l'un devant l'autre, McGonagall m'empêchera éternellement d'aller boire mon whiskey pur feu et faire la bringue sur votre sépulture.
- Mais...
- On reprendra cette discussion plus tard Potter, rien ne presse.
- Vous ne fuyez pas ?
- Je ne fuis pas. "
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