Amis
— Qu'est-ce que tu fais là ? demandait l'homme en noir.
— Je viens t'empêcher de commettre une erreur, Jehan.
Les deux hommes se faisaient face. Derrière celui habillé de gris et de bleu se cachait un jeune enfant.
— Écarte-toi, ordonnait Jehan avec une expression crispée.
— Non. Je ne peux pas te laisser lui faire du mal et tu le sais.
— Il doit mourir, pour le bien du royaume.
Contre la jambe de Sanael, le garçonnet tremblait comme une feuille. On se demandait bien comment un si petit être pouvait faire aussi peur à Jehan.
— Sanael, je ne me répèterai pas.
Le blond tendit son bras gauche et de sa main droite mima le fait de tirer sur la corde d'un arc. Une flèche lumineuse apparue, prête à être lancée.
Mais Sanael ne se laissait pas impressionner. Campant fermement ses pieds dans le sol, il fit un geste de la main droite et un bouclier tissé de fil d'énergie blanche apparu devant lui, prêt à arrêter les projectiles de l'autre.
Jehan fronça les sourcils. Pourquoi son ami se mettait-il en travers de son chemin ?
— Cet enfant n'apportera que le chaos dans le royaume, affirma-t-il.
— Il n'a que cinq ans, Jehan. Et quand bien même il devenait puissant plus tard, rien ne te dit ce qu'il fera de son pouvoir ! Il pourrait devenir comme toi ou bien comme moi.
À ses mots, le visage de Jehan se crispa de plus belle. La première flèche s'écrasa contre le bouclier magique dans une pluie d'étincelle. L'enfant tressaillit.
— Écarte-toi !
— Non.
Une nouvelle flèche fut décochée sans parvenir à son but.
— Écarte-toi, c'est un ordre de ton prince.
— Ce n'est pas toi ça ! Qui t'a mis ces idées en tête ? Qui te pousse à tuer un gamin ?
— Personne ! La prophétesse... commençait Jehan.
— La prophétesse ? le coupait Sanael. Vraiment ? Tu crois à ses conneries maintenant ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit hein ? Que ce garçon de cinq ans allait détruire le monde ?
— Écarte-toi !
— Dis-moi !
— Je ne me répèterai pas, Sanael !
— Qu'a-t-elle prophétisé ? Hein ?
Une pluie de flèches s'abattit sur Sanael, mais son bouclier tenait bon.
— Réponds-moi ! Qu'a-t-elle dit ?
L'autre ne répondait pas, préparant sa prochaine attaque.
Sanael sentait les petites mains du garçon lui agripper avec force la cuisse. Et, alors que Jehan rassemblait son énergie, l'autre prit sa décision. Il allait riposter.
— Tu l'auras cherché.
D'une main, il maintenait le bouclier tandis que de l'autre, après plusieurs gestes experts, il fit apparaître de nombreuses petites billes devant lui. Elles flottaient comme des flocons de neige, prêtes à fondre sur l'adversaire.
Sanael vit que Jehan allait passer à l'attaque, il le connaissait par cœur. Ils s'entraînaient encore la veille ensemble. Alors, il lança sa propre attaque.
Les billes filèrent à la vitesse de la lumière pour percuter les bras et le torse de Jehan.
Le brun se protégea comme il put, mais quelques billes firent leur œuvre.
— Jehan, commença Sanael.
— Elle m'a dit qu'il allait prendre ma place ! balança Jehan sous le coup de la colère.
Sanael ne sut quoi répondre. C'était tout ?
— Tu ne peux pas tuer un enfant pour ça.
— Si, et regarde-moi le faire.
L'énergie afflua dans les paumes de Jehan. Un frisson terrible parcourut le dos de Sanael, il devait agir maintenant ou c'en était fini du garçon.
Il fit disparaître le bouclier qui ne tiendrait pas face à ce qui arrivait et fit plusieurs gestes des mains. Le sol ondula autour de Jehan, mais ce dernier, trop concentré sur son attaque, ne vit rien.
De longues bandes semblables à du tissu sortirent de terre et attrapèrent les poignets du Jehan. Stupéfait, il perdit sa concentration et l'énergie reflua. Jamais il n'avait vu Sanael faire ce genre de tour.
Les bandes tirèrent sur ses bras qui se retrouvèrent croisés dans son dos. Il tomba à genoux.
— Relâche-moi ! ordonnait Jehan.
— Seulement si tu renonces à tes projets pour ce garçon.
Jehan grogna, tirant de toutes ses forces sur les liens.
— Reste là, disait Sanael au garçonnet pour s'avancer vers son ami.
— Tu vas le payer.
— Je suis désolé, Jehan. Mais je devais t'arrêter. J'espère que tu comprendras un jour.
— Et moi, j'espère que tu apprendras qu'il ne faut jamais baisser sa garde.
Il siffla d'une manière si aiguë qu'il fit grimacer Sanael. Un mouvement derrière lui le fit se retourner. Une flèche lumineuse filait droit vers le garçon.
Sanael tendit la main pour l'intercepter, mais le bouclier se leva un instant trop tard. La flèche transperça le petit qui s'écrasa au sol.
— Non !
— Tu étais trop occupé avec mes autres coups pour remarquer ma flèche libre. Elle finit toujours par atteindre sa cible, fanfaronnait Jehan.
Sanael s'agenouilla au côté du garçon, ignorant l'homme. Il apposa ses mains sur la plaie, essayant de réparer les dégâts, en vain. Le garçon ne respirait déjà plus.
— Mon ami, disait Sanael les larmes aux yeux sans se retourner vers lui. Tu ne pourras plus jamais faire marche arrière. Tu es un meurtrier et, sache que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te faire tomber.
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